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Prud'homme Saint-BrieucPublisher René Prud'hommeRené Prud'homme Saint-BrieuxPublication date 1853Relationship textType printed serialLanguage frenchFormat Nombre total de vues 6761Description 1853Description 1853 11.Description Collection numérique Fonds régional BretagneDescription Collection numérique Fonds régional Pays de la LoireRights Consultable en ligneRights Public domainIdentifier ark/12148/bpt6k5723295bSource Archives départementales d'Ille-et-VilaineProvenance Bibliothèque nationale de FranceOnline date 30/11/2010The text displayed may contain some errors. The text of this document has been generated automatically by an optical character recognition OCR program. The estimated recognition rate for this document is 100%.ASSOCIATION BRETONNE Onzième Sessions, tenue à Vannes COMPTE RENDU ET PROCÈS-VERBAUX PUBLIÉS PAR LES SOINS DE LA DIRECTION. PARIS. MPRIMÉ PAR E. THUNOT ET Ce RUE RACINE, 26, PRÈS DE L'ODÉON 1855 PROGRAMME DES QUESTIONS A TRAITER. 1. Émigration des campagnes dans les villes. — Rechercher quelles sont les contrées de la Bretagne où la mendicité et l'émigration des populations rurales dans les villes ont pris le plus de développement. — Indiquer les points principaux sur lesquels se porte l'émigration. — Analyser les causes locales de ces plaies sociales, et examiner s'il y a des moyens véritablement pratiques de les guérir. 2. Recherche des engrais de mer et transport des engrais, amendements et matières premières. — Quelles pourraient être les mesures économiques et administratives à solliciter par l'agriculture bretonne 1° Pour la recherche sur nos côtes; 2° pour l'exploitation facile des engrais de mer de toute espèce ; 5° pour le transport de ces mêmes engrais dans l'intérieur de la Bretagne ; 4° pour le transport facile et économique de tous les autres engrais et amendements nécessaires à l'agriculture bretonne et des matières premières produites par elle. Quelle doit être la participation à demander aux conseils généraux, aux autorités locales, au gouvernement? — Quelle doit être, pour parvenir à ce but, l'entente et l'union de toutes les sociétés et comices agricoles de la Bretagne, aussi bien que l'action de chaque membre du congrès et de chaque agriculteur dans sa sphère? 3. Défrichement des landes. — Eu égard à l'état de l'agriculture en Bretagne, par quel procédé vaut-il mieux entreprendre le défrichement des landes? — Est-ce par la conversion en bois? — Par celle en pâturages améliorés et jannaies, ou par celle en terres labou1 labou1 2 PROGRAMME DES QUESTIONS A TRAITER. rables formant des corps d'exploitation complets ? — Dans ce dernier cas, par quels moyens peut-on et doit-on pourvoir à l'établissement et à l'entretien soutenu du bétail de travail et de rente ? — Quels sont jusqu'à ce jour les résultats obtenus et les points de la Bretagne où ces travaux ont pris le plus d'extension ? 4. Étrépage et tombes d'engrais. — Qu'y a-t-il d'utile et qu'y a-t-il de vicieux dans la pratique de la confection des tombes d'engrais dans les champs, et dans la combinaison de cette opération avec l'étrépage? — Si cette opération est vicieuse en quelque partie, comment la remplacer, et où chercher les engrais nécessaires, sans avoir recours à l'étrépage? 5. Drainage et irrigations. — Quels sont les obstacles habituels que peut rencontrer dans la Bretagne le drainage profond et couvert? — Quelle est leur influence sur le résultat économique de l'opération?— Comment peuvent-ils être vaincus? — Les eaux provenant du drainage peuvent-elles être employées à l'irrigation immédiatement, où bien faut-il leur faire éprouver quelque modification? — Quel serait, sous le rapport de l'économie des deux opérations, l'avantage à retirer de leur combinaison partout où elle serait possible? 6. Espèce bovine. — Existe-t-il des différences réelles et tranchées entre les races bretonnes des côtes septentrionales et des côtes méridionales de la Bretagne ? — La race des montagnes ou de l'intérieur est-elle aussi différente des deux autres? — Chacune de ces races a-t-elle une aptitude prédominante viande, lait, travail? — Y en a-t-il une qui l'emporte sur les autres par la facilité à s'élever et à s'entretenir, et par le degré supérieur de ses aptitudes? — Quels sont les procédés d'amélioration qui ont le mieux réussi jusqu'à ce jour, et quels résultats ont-ils produits, c'est-à-dire quelle est l'aptitude spéciale viande, lait, travail qu'ils ont fixée ou développée? 7. Espèce porcine. — Quelle est l'influence des approvisionnements de la marine sur la production du porc, soit au point de vue de la quantité, soit à celui de la qualité ou de la race? — En quoi les races indigènes font-elles défaut aux exigences de la marine? — L'espèce de lard qui convient le mieux à la marine est-elle aussi celle qui convient le mieux aux usages domestiques? — En un mot, y a-t-il ac- PROGRAMME DES QUESTIONS A TRAITER. 7. cord ou antagonisme entre les exigences des approvisionnements maritimes et celles de la consommation domestique, ou bien encore entre les aptitudes des races? — Comment peut-on satisfaire à ces exigences? — Quels ont été, jusqu'à ce jour, les résultats obtenus? 8. Espèce chevaline. — Quelles sont les mesures qui devraient être recommandées de préférence à l'administration des Haras, pour la faire parvenir, dans l'intérêt de la production du cheval de guerre, à tirer le plus grand parti possible des immenses ressources que pourrait offrir, dans ce but, l'industrie chevaline de la Bretagne? 9. Chanvres. — Quelles sont, pour les chanvres propres aux cordages et aux toiles à voiles, les exigences de la marine?— Par quels procédés de culture et de préparation doit-on et peut-on y satisfaire? — Quels sont, jusqu'à ce jour, les résultats obtenus? Indépendamment de la discussion des questions qui précèdent, dans lesquelles on a eu en vue la Bretagne entière, une enquête agricole, exclusivement relative au département du Morbihan, a été ouverte et suivie dans des séances particulières. ASSOCIATION BRETONNE ONZIÈME SESSION, TENUE A VANNES, EN 1855. COMPTE RENDU PUBLIÉ PAR LES SOINS DE LA DIRECTION. PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE D'OUVERTURE. Dimanche, 25 septembre 1853. La séance est ouverte le 25 septembre 1853, à une heure de l'après-midi, dans la salle d'audience du palais de justice. M. Olivier de Sesmaisons , Directeur de l'Association Bretonne, préside l'Assemblée. Sont rangés à ses côtés, M. Boulage, Préfet du département; M. Jollivet-Castellot, maire de la ville de Vannes; M. le colonel de Bourgoin, M. le Président Caradec, M. le général Boullé, M. de Blois, Président de la classe d'Archéologie, M. de Kergorlay, secrétaire général de l'Association, et M. Paul de Champagny, trésorier intérimaire. M. de Kerampuil remplit les fonctions de secrétaire. MM. les Inspecteurs de l'Association et MM. les Délégués des Conseils généraux et des Comices siègent sur les bancs au-dessous de l'estrade. Dans les rangs de la nombreuse assemblée, on distingue MM. les Vicaires généraux du diocèse, M. le doyen et plusieurs membres du Chapitre, ainsi que du clergé, M. le Commandant et plusieurs 6 ASSOCIATION BRETONNE. officiers de la garnison, M. le Recteur de l'Académie, M. le Procureur Impérial et ses Substituts, M. l'abbé Le Crom, ancien représentant, différents chefs d'Administration et fonctionnaires publics, le recteur du Collège saint François-Xavier et plusieurs notabilités des départements de la Bretagne. La présence de plusieurs dames de la ville ajoute encore à l'éclat de cette Assemblée. M. de Sesmaisons ouvre le Onzième Congrès de l'Association Bretonne par le discours suivant Messieurs, » Quiconque a un passé peut regarder le présent avec confiance et marcher vers l'avenir avec espoir. Or, il y a dix ans, le 20 septembre 1843, dans cette même et antique ville ducale de Vannes, se réunirent pour la première fois en congrès les premiers membres de l'Association Bretonne. Une pensée de patriotisme bien entendu, une pensée d'union entre des hommes dignes de se rapprocher et de s'entendre, les avait tous associés. J'ai là sous la main et sous les yeux, j'ai surtout dans la mémoire ces premiers et pacifiques débats; et quand je repasse ces comptes rendus de discussions où l'on voit à la fois tant d'élévation, tant de chaleur, de science et de lumières, et quand je relis la liste des premiers membres et des fondateurs du Congrès, je me sens partagé entre la confiance qu'inspirent de tels précédents et la crainte de ne pas les imiter assez bien. » Oui, j'ai peur quand je pense à tout ce que rappelle, par exemple, le nom du président qui dirigea cette première session où trouver en effet un caractère plus loyal, plus bienveillant et plus affable, plus de fermeté tempérée par plus de douceur, plus de politesse exquise unie à plus de simplicité? où trouver plus d'élévation d'esprit et de coeur que dans cet homme que vous avez tous nommé parce que vous l'avez tous aimé, et que sa mémoire est de celles qui ne périssent pas, le général marquis de la BourdonnayeBlossac? El quand je songe que je parle ici dans la ville où cette noble voix exprimait les sentiments de ce coeur si Morbihannais et si Breton, quelque douceur que j'éprouve à mêler un souvenir de SESSION DE VANNES. 7 famille aux souvenirs plus élevés de l'Association Bretonne, quand j'y songe, Messieurs, oui, j'ai peur. » Vous avez gardé le souvenir de ces discussions vives et animées où le secrétaire général de l'Association, M. Duchatellier, maigre toute son habilité et son éloquence, ne résistait qu'avec peine aux attaques de l'esprit vif et précis de M. Lorois, alors préfet de ce département, à qui cette première session a dû une partie de son éclat, et qui joignait à des connaissances étendues en agriculture un zèle peu commun pour elle et une pratique éclairée. » C'est ainsi que l'Association Bretonne fut comprise, ainsi qu'elle fut fondée et dirigée dans sa première session en congrès. Voilà les souvenirs qui nous feraient peur si nous n'avions pour vaincre cette crainte l'aspect de cette assemblée, son encourageante sympathie, l'appui que prête à nos travaux un préfet aussi dévoué aux intérêts de ce département qu'éclairé sur ses besoins, la bienveillance du premier pasteur de ce diocèse, celle de toutes les autorités, la générosité du conseil général, celle du conseil municipal et de M. le maire de Vannes, le zèle et le bon accueil des comices et des sociétés savantes du Morbihan. » N'ai-je pas aperçu d'ailleurs avec bonheur dans cette enceinte les hommes dont le zèle a posé les premières bases de notre association? Anciens directeurs et fondateurs, Monsieur Kerarmel, Monsieur Rieffel, remportez avec vous un souvenir reconnaissant, et si d'autres travaux ou une trop grande modestie vous ont amenés à vous effacer vous-mêmes, laissez-nous répéter ce que vous doit cette institution et ce qu'elle a trouvé de vie et de succès dans sa fidélité à suivre la ligne que vous aviez tracée. » Pourquoi faut-il qu'une pensée de deuil vienne assombrir ces encourageantes pensées? Mais comment oublier ceux qui succombent au champ d'honneur? Car si la direction a cessé d'être complète, si notre bien-aimé collègue Madec manque en ces lieux, vide cruel, c'est que son zèle et une activité au-dessus de ses forces l'ont consumé avant le temps, et presque dans l'exercice de ses fonctions. Malgré une santé délabrée, courir à l'inauguration du monument de M. de Lorgeril, pour y prononcer, en l'honneur du fondateur des comices en Bretagne, quelques chaleureuses paroles 8 ASSOCIATION BRETONNE. au nom de l'Association, revenir à Saint-Brieuc pour l'ouverture presque simultanée du Congrès, s'y livrer sans relâche à un incessant travail, voilà ce que nous l'avons vu faire, mais voilà ce qui l'a épuisé sa vie et sa mort appartiennent à l'Association Bretonne, qu'elles soient honorées et bénies par elle. » Revenons de ce passé, Messieurs, à l'examen du présent et aux perspectives de l'avenir. Parlons de l'agriculture en Bretagne, et en particulier dans ce pays du Morbihan où nous nous trouvons réunis. » Un contraste nous frappe à l'aspect de nos côtes de Bretagne et nous suggère la pensée d'appeler vos réflexions sur la question suivante Comment se fait-il que les côtes du nord nous offrent les plus riches cultures, les plus fertiles cantons, les plus grandes races d'animaux domestiques de la Bretagne, et les côtes du sud au contraire un aspect nu, de tristes landes trop souvent, de petites races? Et pourtant, les côtes septentrionales, battues par les vents froids du nord et du nord-ouest, sembleraient bien moins favorisées que les pays qui s'inclinent vers le sud sous les rayons bienfaisants du soleil du midi et sous les chaudes et humides haleines des vents du sud et du sud-ouest. Je ne parle pas des vents d'ouest communs à toutes nos côtes. Quelle part faut-il faire à la nature, quelle part faut-il faire à l'homme dans ces différents états ? et s'il doit être plus imputé à ce dernier qu'à l'autre, quels seraient les moyens en sa puissance pour faire disparaître ce contraste ? » Habitants du Morbihan, vos mers sont-elles moins riches que celles du nord, vos terres ont-elles moins de force et de fond? — Peut-être mais pourtant les avez-vous bien sondées, les avez-vous bien explorées, les connaissez-vous bien? La mer ne rejette-t-elle par sur vos rivages autant et plus de goëmons que sur les rivages du nord ? Connaissez-vous tout ce qu'elle dépose à vos pieds et tout ce qu'elle recèle sous ses premières eaux de ces amendements calcaires, de ces coquillages agglomérés dont les Bretons du nord font un si grand et si fructueux usage sous le nom de Merl et de Trez, et au moyen desquels ils modifient d'une manière prodigieuse la vigueur productive de leur sol? Est-ce que les côtes septentrionales n'ont pas des cantons de terres légères comme les vôtres? SESSION DE VANNES. 9 Est-ce que vous n'avez pas comme elles des cantons où la terre a de la consistance et du fond? Manquez-vous plus qu'eux de cours d'eau qui descendent des montagnes vers la mer ? Bien au contraire, vous en avez de plus longs et de plus importants; mais peutêtre que vous n'utilisez aussi bien ni vos mers ni vos rivières. Serait-ce là qu'il faudrait chercher la cause de ce contraste dont nous nous plaignons? » Jetez par la pensée un rapide coup d'oeil sur le système général des eaux de votre pays. Le Morbihan est embrassé par une ceinture formée, d'un côté par la Vilaine maritime jusqu'à Redon; de l'autre par le canal de Nantes à Brest, d'où descend, à partir de Napoléonville, vers la mer, le Blavet canalisé au moins de nom tout entier, et de fait navigable dans une longue partie de son cours; et pour ne rien dire du Scorff et de la rivière de Quimperlé, du dernier côté c'est la mer c'est la grande mer, oui sans doute ; mais nulles côtes ne sont plus profondément découpées que les côtes du sud; mais nulle part dans les côtes du nord la mer ne s'enfonce dans l'intérieur des terres autant que dans ce département qui a reçu du plus profond de ces golfes le nom de Morbihan, aussi heureux que caractéristique. Supputez les distances moyennes des points de l'intérieur à cette ceinture, vous ne les trouverez pas plus longues que dans les côtes du nord ; mesurez le réseau de vos routes et de vos chemins, vous en avez autant et vous en aurez peut-être davantage et d'aussi bons avant peu d'années. » Entrez donc de l'Océan dans les terres par Billiers, entrez-y par Pénerf ; pénétrez entre les rivages de Locmariaquer et d'Arzon, lieux chers à nos collègues de l'archéologie, pénétrez dans les rivières de Vannes et d'Auray; entrez encore par Etel, entrez enfin par Port-Louis et Lorient; enfoncez-vous, enfoncez-vous tant que le flot montant vous portera, et tâchez de reculer le rivage de la mer dans l'intérieur des terres aussi loin que possible. Remontez hardiment la Vilaine, qui vous est ouverte, remontez le Blavet qui doit l'être ; cernez tout le nord de votre département sur les eaux du canal de Bretagne, que les tarifs réduits depuis peu rendent aujourd'hui praticable et que nos ingénieurs achèveront sans doute de rendre toujours navigable, et portez dans le centre les noirs de 10 ASSOCIATION BRETONNE. Nantes et les chaux de l'Anjou; voilà comment de cette ceinture d'eau, que la nature et l'art vous ont donnée, que l'art et vos efforts et des sacrifices sagement prévoyants doivent achever et perfectionner, vous pourrez vous faire une ceinture d'or. Sur ces eaux remonteront vers l'intérieur les trésors d'amendements coquilliers, de sables et d'engrais maritimes que récèle l'Océan et que vous devez chercher à découvrir; sur ces mêmes eaux descendront vers vos ports les produits des vieilles terres devenues plus fertiles, et ceux des landes transformées en forêts, en prairies ou en terres, suivant leur site ou leur sol. » Ce jour-là le contraste que je signalais en commençant n'affligera plus les yeux, et l'on se dira peut-être en France Quel riche et beau pays que la Bretagne ! c'est le modèle de la plus belle culture et du meilleur système de navigation appliquée à l'agriculture et au commerce ! » C'est vers cet avenir qu'il faut avoir sans cesse les yeux fixés pour l'atteindre. Propriétaires et cultivateurs du Morbihan, membres des comices, des chambres d'agriculture et de commerce, vous surtout, membres des conseils généraux, vous toutes autorités supérieures de ce pays, vous enfin Messieurs les ingénieurs, qu'un décret récent vient d'unir au ministère de l'agriculture et du commerce, pour bien montrer quels doivent être toujours la direction et le but des travaux publics, vous dans la science et le bon vouloir de qui nous aimons à placer nos espérances de bon aménagement et de bonne navigabilité de nos eaux au profit de l'agriculture ; nous tous enfin, Messieurs, tous tant que nous sommes, marchons par des efforts communs vers le but que j'essaye de vous faire entrevoir, c'est-à-dire vers la prospérité future de toutes les côtes et du centre de la Bretagne. » Ce discours enlève tous les applaudissements. Un accueil également sympathique est fait à l'allocution de M. de Kergorlay, qui prend la parole en ces termes SESSION DE VANNES. 1 1 Messieurs, » Il est d'usage que votre secrétaire général vous fasse chaque année un rapport succinct sur les travaux de l'Association depuis sa précédente réunion. » Le principal de ces travaux est la préparation même du Congrès, et c'est assurément une agréable tâche que celle de parler du concours que l'on a trouvé dans des coopérateurs, dont quelques-uns sont déjà pour vous de vieux amis, et dont les autres, dans des relations plus récentes, mais également précieuses, vous ont donné le droit d'aspirer dans l'avenir à un semblable titre. » Vous le savez, Messieurs, l'Association est représentée dans chacun des vingt-cinq arrondissements de la Bretagne par un inspecteur, dont la mission est de propager la pensée de l'oeuvre, de lui conquérir des adhésions, d'attirer l'attention des cultivateurs sur nos concours pour les porter à y prendre part, enfin de recueillir, dans les diverses parties de notre province, quelques documents agronomiques instructifs, qui puissent, lorsque l'heure de notre réunion est venue, jeter la lumière sur nos débats. » Plusieurs Inspecteurs des départements, où ne se tient pas cette année le Congrès, ont entretenu avec nous une correspondance intéressante et contribué par leur dévouement à préparer le succès de notre présente session ; si quelques autres ont développé une activité moindre, nous osons espérer qu'une généreuse ardeur se réveillera en eux et qu'ils nous en donneront des preuves éclatantes, lorsque notre marche progressive à travers la Bretagne nous rapprochera de leurs frontières. » Mais nous devons des remercîments d'une nature toute particulière à MM. les Inspecteurs du Morbihan et aux membres de la commission locale que nous avions instituée dans la ville même de Vannes pour y procéder à l'installation du Congrès. Sans eux, nous n'eussions rien pu faire, et si la onzième réunion de l'Association Bretonne se présente, en ce moment, sous d'heureux auspices, qui nous font bien augurer de son résultat final, nous pouvons dire, sans craindre de donner à personne une louange imméritée, que c'est à eux que nous en sommes principalement redevables. » La commission locale, où nous avions réuni des hommes considérables, choisis dans les positions spéciales les plus diverses, a fourni ses membres, qu'ils me permettent de le leur dire, une occasion de rapprochement et d'obligeance réciproque, qu'ils ont appréciée en proportion du contraste de leurs occupations habituelles ; la plus parfaite entente n'a cessé de régner au sein de cette réunion improvisée; 12 ASSOCIATION BRETONNE. on y avait adopté le sage système de rendre l'action individuelle, tout en maintenant la délibération commune, et chacun acceptant ainsi, sous le contrôle de tous, la responsabilité d'une certaine classe de détails, est parvenu à s'en acquitter d'une manière satisfaisante. » Quant à MM. les Inspecteurs du Morbihan, ils ont eu à triompher d'une bien grande et bien inopinée difficulté ; deux d'entre eux se sont vus subitement atteints des maladies les plus graves et même les plus dangereuses qui ont arrêté, à une époque de l'année déjà très-avancée, tous les travaux qui supposaient une action collective ; leurs collègues demeurés valides ne se sont point laissé décourager par ce vide qui se faisait dans leurs rangs et ont continué avec constance l'accomplissement de leur tâche. M. l'inspecteur de Pontivy, à peine entré dans une imparfaite convalescence, se hâtait de nous écrire pour réclamer sa part d'un fardeau qu'il eût été imprudent de le laisser reprendre en entier ; nous avons dû réfréner une ardeur dont nous apercevions la témérité et interposer notre influence pour obtenir qu'il porportionnât ses efforts à ses forces. » Si nous devons, Messieurs, ajouter ici quelques mots sur les travaux de la Direction elle-même, ce sera uniquement pour vous soumettre un petit nombre d'indications destinées à bien fixer le sens de quelques-unes des questions inscrites à votre programme. » Vous aurez remarqué, au premier coup d'oeil, que plusieurs de ces questions étaient semblables, quant aux titres, à des questions de l'année dernière nous devons nous occuper des espèces bovine et porcine, du défrichement des landes, du drainage; nous avions déjà discuté à Saint-Brieuc sur le drainage, sur les défrichements, sur les bêtes porcines et sur le bétail à cornes. Quelle est donc la pensée qui a inspiré la Direction, lorsqu'elle a introduit de nouveau ces mêmes sujets dans votre programme de cette année? Cette pensée peut être sage; elle peut mériter votre critique; mais dans l'un et l'autre cas, il importe de la bien préciser, pour placer dans leur vrai jour les questions sur lesquelles nous avons appelé l'attention du Congrès de Vannes. » Il nous a paru que l'Association Bretonne ne devait pas se considérer elle-même comme un corps qui meurt chaque année après la clôture de son Congrès et dont les sessions successives sont autant de solennités isolées, qu'aucun lien ne rattache les unes aux autres. A nos yeux, ces réunions périodiques sont solidaires entre elles, et si nous attachons quelque prix à nos travaux, c'est parce que nous y apercevons une suite de recherches et une déduction de doctrines qui doivent nous amener pas à pas à la solution des principaux problèmes qui intéressent la Bretagne agricole; envisagés d'une autre manière, les Congrès peuvent être une chose frivole ; mais si tel est le sens que SESSION DE VANNES. 15 nous leur attribuons, nous sommes en droit d'y voir une institution sérieuse. » Nous voulons donc étudier de nouveau ce qui concerne le défrichement des landes, parce que nous l'avons étudié l'année dernière à Saint-Brieuc ; mais remarquez, Messieurs, dans quel esprit différent nous avons rédigé nos deux programmes successifs à Saint-Brieuc, nous demandons, sous la forme la plus générale, quels sont les obstacles qui s'opposent au défrichement, et nous recherchons les principales conditions d'ensemble qui permettent de l'aborder sans témérité ; nous obtenons une des discussions les plus instructives et les plus profondes dont nos Congrès aient conservé la mémoire ; nous faisons faire à cette grave étude du défrichement un pas notable que personne n'a nié, et nous en restons là pour 1852, nous réservant de reprendre la question en 1853 au point où nous l'avions laissée l'année précédente. Nous venons donc cette fois vous prier d'entrer dans le détail pratique des moyens d'exécution ; nous vous invitons à comparer le mérite des différents procédés connus; nous signalons les difficultés particulières qui s'y rencontrent et nous provoquons chacun de vous à nous citer des faits qui nous permettent de contrôler chaque doctrine par son application. Nous agissons, en un mot, comme des gens qui auraient donné l'année dernière un premier labour à toute l'étendue de leur terre sous lande et qui s'efforceraient cette année d'en préparer et amender avec soin les différentes parties, pour leur faire supporter les récoltes diverses auxquelles ils les auraient destinées ; non-seulement ce dernier travail n'est pas identique avec celui de la première année, mais il en suppose indispensablement la préexistence. » De même, en ce qui touche le drainage, nous avons obtenu à Saint-Brieuc des considérations générales et des renseignements sur les divers modes d'assainissement employés par le cultivateur breton ; nous nous attachons spécialement à Vannes au drainage profond et couvert, au drainage tel que le définissent les Anglais, et nous cherchons le lien que l'on pourrait établir entre cette pratique et celle de l'irrigation. » Sur les bêtes à cornes, la session de Nantes avait fourni des lumières qui s'appliquaient de préférence à la race intéressante, mais circonscrite, de cette contrée, et au commerce de boucherie qu'elle alimente ; la discussion de Saint-Brieuc avait surtout porté sur la question compliquée des croisements, sur les bons résultats obtenus, dans certaines conditions, par l'infusion du sang Durham et sur les funestes effets d'une aveugle promiscuité ; le Congrès de Vannes nous dira quelles sont les véritables nuances à établir dans toute cette grande famille qui porte, à juste titre, le nom de race de la Basse-Bretagne; 14 ASSOCIATION BRETONNE. il nous révélera les aptitudes prédominantes de ces diverses variétés, les moyens les plus sûrs de les développer et les relations commerciales dont elles sont le résultat ou la cause. » Enfin, sur l'espèce porcine, on peut dire que le Congrès de Vannes était mis en demeure par celui de Saint-Brieuc de se livrer à des études nouvelles; il s'est trouvé, en effet, qu'une discussion, entamée pour découvrir les circonstances qui paralysaient les débouchés, n'a point abouti à de vrais résultats ; on a senti que l'on manquait particulièrement de documents sur les causes qui éloignent la marine de nous demander nos produits ; et comme des gens qui se livrent à une étude sérieuse doivent avouer tout bonnement qu'ils ne sont pas en état de conclure, lorsque cela se rencontre, le renvoi de la question à l'année suivante était, en quelque sorte, une chose indiquée; aussi apercevez-vous, en jetant les yeux sur la septième question de notre nouveau programme, que nous resserrons le sujet dans des limites plus étroites que l'année dernière et que nous avons voulu concentrer votre attention sur le point de vue spécial des approvisionnements de la marine et sur les considérations qui s'y rattachent. Nous ne pensons pas, Messieurs, que nous ayons à insister davantage sur l'esprit du programme de 1853, pour vous le faire saisir; votre sagacité, votre application feront le reste, et nous arriverons à ce résultat, si précieux dans toute assemblée délibérante, de voir les matières qui font l'objet du débat, traitées avec cette véritable intelligence du sujet, cette complète appropriation des facultés de l'orateur aux questions qu'il étudie, qui produisent non-seulement de beaux discours, mais d'utiles enseignements. » Je ne puis, Messieurs, en vous rendant compte de quelques-unes des occupations de la Direction, chasser de mon esprit la douloureuse pensée de la perte que nous avons faite au commencement de cette année. M. de Sesmaisons, M. de Madec et moi, nous avions pris la douce habitude de vivre dans cette association restreinte de trois personnes, qui engendre souvent bien des mésintelligences, comme on vivrait, si je puis ainsi m'exprimer, au sein d'une bonne famille, où l'on est facilement d'accord, parce qu'on sait qu'on tend au même but et qu'on se veut du bien. Aujourd'hui nous ne sommes plus que deux ; nous avons été, il est vrai, assez heureux pour trouver, dans le zèle d'un jeune et intelligent collègue, les moyens de suppléer aux fonctions qu'avait remplies M. de Madec, et nous nous permettons d'espérer que les intérêts de l'Association sont déposés en bonnes mains ; mais la satisfaction que nous en ressentons n'efface point les regrets qui s'attachent à l'homme lui-même ; ces regrets, nous le savons , Messieurs, sont partagés par tous ceux d'entre vous qui ont connu et apprécié notre défunt collègue. Aussi nous feriez-vous de SESSION DE VANNES. 15 justes reproches, si nous négligions l'occasion solennelle qui se présente aujourd'hui pour rendre hommage à une mémoire qui nous est chère, et pour exprimer, au nom de l'association entière, des sentiments dont nous sommes tous pénétrés. » Petit-fils de ce célèbre René de Madec, qui avait porté les armes dans l'Inde, avec tant d'éclat, dans la dernière moitié du siècle dernier, Balthazard de Madec avait trouvé sous le toit paternel ces exemples du dévoûment au pays, ce précieux enseignement des souvenirs de famille qui se traduisent sous des formes différentes, selon les temps, mais qui exercent une si puissante et si salutaire influence sur toute âme généreuse. » Sa santé fut trop délicate dès l'enfance pour qu'on dût songer à lui faire embrasser la carrière où avait brillé son aïeul et qu'avait honorablement suivie son père; mais lorsqu'il fut en âge de chercher, à son tour, à se rendre utile, et que sa constitution fut un peu raffermie, il sut bien vite trouver dans des fonctions, en apparence moins pénibles, l'occasion qu'il cherchait; car quelles sont les occupations où un homme de coeur ne sache pas se préparer des fatigues, s'il sent profondément, comme nous devons le sentir tous, qu'il doit compte à Dieu de toutes les facultés qui lui ont été départies? » M. de Madec fut nommé en 1827 aux fonctions de contrôleur des contributions directes dans la ville de Quimper, sa patrie; cette première partie de son existence fut active mais courte ; il y rendit de précieux services ; il sut y montrer sa valeur et faire présager le bel avenir qui semblait lui être réservé si les circonstances l'eussent mieux servi ; mais des translations réitérées, qui étaient loin d'avoir un caractère d'avancement et qui l'écartaient de son sol natal, lui donnèrent à penser que ses sentiments et ses convictions le rendaient l'objet d'une défaveur, qui n'eût jamais atteint sa personne elle-même ; il comprit sa position et se retira. » Depuis lors, sa carrière a été de faire le bien autour de lui, ou, pour m'exprimer d'une manière plus complète et plus digne, de servir effectivement sa patrie, sans porter les insignes d'aucun service officiel. Membre actif de la Société d'Agriculture de Quimper, il fut de ceux qui contribuèrent le plus puissamment à vivifier cette intéressante réunion agricole et à s'élever au niveau de la tâche difficile qu'elle avait à accomplir. Son nom se trouve mêlé, pendant une période de quatorze années, à tous les travaux de cette Société ; il en devint vice-président en 1850, lorsque la mort eut enlevé le respectable M. le Bastard de Kerguiffinec , puis président en 1852, à l'époque où, sans changer la nature de ses travaux, elle adopta la dénomination de comice. » L'habitude et le goût du travail, des connaissances pratiques et 16 ASSOCIATION BRETONNE. théoriques en agriculture, le souvenir de ces formes régulières et systématiques, auxquelles vous façonnent les services publics, donnaient à M. de Madec un ensemble d'aptitudes dont la réunion le rendait éminemment utile dans toutes les affaires d'intérêt local auxquelles il prenait part. La commune de Penhars, où était située son habitation et dont il fut maire depuis 1841 jusqu'à sa mort, n'oubliera de longtemps tout le fruit qu'elle a recueilli de son administration éclairée. Les réunions agricoles, les commissions de diverses natures, au sein desquelles il a eu occasion de siéger, ont toujours également tiré profit des qualités et du zèle qu'il y apportait; et, lorsqu'en 1850, à Morlaix, l'Association Bretonne eut à pourvoir, par de nouvelles élections, au remplacement des membres de l'ancienne Direction, que nous avions le regret de voir se retirer, la notoriété qui s'était attachée de plus en plus à la personne de M. de Madec, attira naturellement notre attention sur lui et il devint notre trésorier. Vous savez trop, Messieurs, pour que j'y insiste, quel ordre il a constamment maintenu dans nos finances, dont les budgets se sont soldés chaque année, depuis cette époque, par un boni applicable au Congrès de l'année suivante. » Notre honorable Directeur vient de vous rappeler, en quelques paroles bien senties, comment notre collègue avait épuisé dans ces nouvelles fonctions, dans les fatigues des Congrès, dans le voyage de l'année dernière pour l'inauguration du monument de M. de Lorgeril, les restes d'une santé depuis longtemps chancelante ; il vous l'a représenté, avec une expression qui n'a rien de forcé, mourant sur la brèche; permettez-moi, en terminant, d'invoquer ici le souvenir de quelques impressions plus douces et de vous dire que quand on a eu l'honneur, comme moi, d'être reçu au foyer de Monsieur et de Madame de Madec, de se faire en quelque sorte, pendant un petit nombre de jours, membre de cette famille, où chaque sentiment était à sa place, où trois générations successives donnaient à la fois l'exemple de trois formes différentes que peut prendre une même et profonde affection ; quand on a vu de si près combien tout ce monde, qui se groupait autour de notre excellent collègue, était peu préparé à pouvoir vivre sans un fils, sans un époux , sans un père, on comprend mieux que personne que s'il est certaines existences éclatantes, sur lesquelles les portes de la mort se referment, sans que rien soit véritablement changé dans le milieu où elles ont vécu, il en est d'autres plus modestes et souvent moins aperçues, qui laissent après elles un vide qui ne sera jamais rempli. Depuis longtemps, heureux de ses sentiments intimes, cet intérieur où je prends la liberté de faire pénétrer vos regards, venait de recevoir un accroissement de bonheur par l'union fortunée qu'avait tout récemment contractée l'une de Mesde- SESSION DE VANNES. 17 moiselles de Madec ; ce fut ce moment d'expansion des coeurs, de rajeunissement des émotions d'un autre âge, que Dieu, dans une de ces sévérités que nous n'avons pas le droit d'approfondir, choisit pour briser toute cette félicité d'ici-bas ; la foi vive dans une vie meilleure, où ce qui a été séparé sera de nouveau réuni, a pu seule soutenir ces âmes vraiment chrétiennes. » Qui m'eût dit, il y a trois ans à peine, lorsque je faisais à Morlaix la connaissance de celui dont j'allais quelques jours après devenir le collègue, qu'appelé, après une si courte période, à jeter quelques paroles de souvenir sur sa tombe, je les prononcerais, malgré moi, avec cet accent de l'amitié émue, avec cette sincérité de regrets qui me rend difficile à moi-même de me bien rappeler que nos relations étaient si peu anciennes? Messieurs, on peut porter sur toutes les institutions du monde les jugements les plus contradictoires ; l'Association Bretonne, comme toute autre, a ses partisans et ses adversaires ; mais le bien inaliénable que personne ne nous peut enlever et qu'il faudrait être bien aveugle pour méconnaître, c'est que, fussions-nous des agriculteurs médiocres ou des archéologues d'une science douteuse, nous sommes, sinon une assemblée de savants, du moins une association d'amis. Puisque ces rendez-vous annuels auxquels nous venons des extrémités les plus éloignées de notre vaste province, éveillent en nous de si faciles et si réelles sympathies, nous n'avons pas besoin d'aller chercher bien loin pour savoir à quoi sort l'Association Bretonne ; elle nous sert à nous connaître, à nous apprécier, à nous unir. » M. Paul de Champagny joint à un exposé de la situation financière de l'Association les réflexions suivantes, qui donnent quelque charme à cet aride sujet. Messieurs, » A la mort de celui que votre confiance si bien méritée avait chargé du maniement de vos finances, la Direction de l'Association Bretonne a bien voulu me prier de les gérer, jusqu'à ce que le Congrès de Vannes réuni pût élire un successeur à M. de Madec. » Quoi qu'il dût m'en coûter de travail et de temps, j'ai été heureux de consacrer à votre association mes moments et ma peine. Comme vous, fils de la Bretagne, j'aime tous les liens qui nous réunissent ; ces liens me deviennent, s'il est possible, plus précieux encore lorsqu'ils sont basés sur l'agriculture, l'archéologie et l'histoire, car alors ils n'établissent pas seulement un faisceau entre nous, 18 ASSOCIATION BRETONNE. ils nous rattachent de plus à notre terre natale, tant par la coopération effective au bien-être de nos populations, que par le culte, si puissant sur les âmes élevées, des souvenirs. Suit un aperçu général de l'état financier de l'Association Bretonne. » Après avoir terminé ces quelques détails de comptabilité que j'aurais voulu pouvoir épargner à votre séance solennelle, mais qu'ont nécessités les circonstances, il me reste une tâche plus douce à remplir, c'est de remercier tous ceux qui ont bien voulu aider de leurs fonds à la consolidation de notre oeuvre, à l'éclat et au succès du congrès qui vient de s'ouvrir. » Le gouvernement et les conseils généraux des cinq départements bretons y ont, comme les années précédentes, apporté une large part; la ville de Vannes a aussi amplement contribué; plusieurs comices et sociétés d'agriculture nous ont envoyé de généreuses subventions ; enfin bon nombre de cotisations particulières nous ont donné la preuve de précieuses sympathies ; je citerai entre toutes une vingtaine de personnes éminentes appartenant pour la plupart à ce département et qui, par des souscriptions de 100 fr. chacune, ont bien voulu nous témoigner le désir qu'elles éprouvaient de voir notre réunion de Vannes au moins égale à toutes celles qui l'avaient précédée. » Que tous reçoivent ici, par mon organe et au nom de l'Association Bretonne entière, l'expression de notre reconnaissance. » Vous avec compris, en effet, qu'une société comme la nôtre était le moyen le plus efficace pour obtenir des améliorations agricoles durables et réelles. » L'isolement absolu est toujours funeste. — D'un autre côté, s'en rapporter à l'influence exclusive de l'État, c'est méconnaître la vérité de raison comme d'expérience que l'initiative particulière, fécondée par le libre rapprochement des connaissances et des essais individuels , fut et sera toujours la source la plus riche de progrès en agriculture. » Lorsqu'on veut embellir de riants ombrages une côte nue et aride, battue des flots, balayée par les vents, ce n'est pas en semant des arbres isolés, ce n'est pas non plus en étayant chacun d'eux d'appuis étrangers et factices que l'on peut espérer arriver à son but. Non ; il faut ensemencer une vaste étendue de terre d'un épais rideau, et alors les arbres grandissent, se soutenant mutuellement, et leur union défie l'orage. » Qu'il en soit ainsi de vous, Messieurs, qu'une alliance active et dévouée nous unisse tous dans l'intérêt du progrès de notre belle province , et nous verrons bientôt ses campagnes aussi remarquables par SESSION DE VANNES. 19 eur richesse en agriculture, qu'elles le sont déjà par leurs sites gracieux et pittoresques. » M. de Blois, Président de la classe d'Archéologie, lit aussi à l'Assemblée le discours suivant, qu'accueillent de nombreuses marques d'approbation Messieurs, dit-il, lorsque après avoir visité les villes principales de cette ancienne province , lorsque affermie par le temps et les témoignages de confiance et de sympathie du pays, l'Association Bretonne vient, pour la première fois , tenir ses assises dans la cité où elle prit naissance, nos regards se portent naturellement vers son berceau. » Elle a traversé toutes les épreuves du premier âge. Elle marche d'un pas ferme et sûr dans les voies de ce progrès sage et réfléchi que ses fondateurs avaient en perspective. C'est aujourd'hui que nous pouvons apprécier mieux que jamais le patriotique sentiment qui a inspiré la pensée de cette institution. Honneur donc aux hommes, amis du pays, qui l'ont conçue, à ceux qui l'ont mise en oeuvre, aux membres de la Direction qui ont porté le poids de cette entreprise pendant ses sept premières années , et qui ne l'ont abandonnée que lorsque d'autres affaires ou d'autres engagements ne leur ont pas permis de lui continuer leurs soins ! Honneur enfin à nos excellents amis et confrères qui la dirigent aujourd'hui avec une si vive sollicitude ! » Comme toutes les entreprises importantes, celle-ci eut ses obstacles à surmonter. Les luttes de partis étaient animées. La Bretagne contenait plus qu'aucun autre pays des éléments d'opposition au gouvernement qui dominait en France depuis 1830. Autoriser, au sein de cette ancienne province, la formation d'une association libre, n'était-ce pas ouvrir un champ aux dissidences, et les discussions même sur l'agriculture ne pouvaient-elles pas se prêter aux manifestations politiques ? Telles étaient les objections élevées par de timides amis du pouvoir, et elles retardaient la réponse favorable, sollicitée et attendue pour la fondation de l'oeuvre. Redisons ici ce que nous avons appris de membres de l'ancienne Direction, qui avaient connaissance personnelle de ces faits, alors tenus dans l'ombre. Ce fut le magistrat qui présidait alors à l'administration du Morbihan qui se rendit garant des véritables sentiments qui animent les hommes éclairés de ce pays. Il comprenait et il fit comprendre que toutes les divergences d'opinions se tairaient en présence d'un établissement accueilli comme un élément de progrès agricole en Bretagne. » L'autorisation réclamée fut promise, et bientôt M. Lorois conviait 20 ASSOCIATION BRET0NNE. les membres fondateurs à se réunir près de lui pour jeter les bases de l'organisation. Cette juste confiance de notre honorable compatriote n'a pas été trompée. Plusieurs révolutions ont depuis agité notre patrie, et aucune n'a même tenté d'apporter le souffle des passions au milieu de nous. Fidèle à sa neutralité politique, l'Association Bretonne n'a jamais perdu de vue l'idée que ce principe était encore plus le gage de l'union entre ses membres que la sauvegarde de ses destinées. » Aucune place , dans l'origine , n'avait été faite à l'Archéologie, quoique l'institution voulût prendre pour modèle l'Association Normande , où depuis douze ans l'étude monumentale marchait de front avec les intérêts agricoles. Mais cette soeur aînée avait ses délégués à la réunion des fondateurs c'étaient M. le vicomte de Cussy, et ce savant dévoué qui a créé la science archéologique et tant contribué à la répandre, M. de Caumont. Leur voix, non moins accréditée par un zèle connu comme promoteurs des intérêts de l'agriculture, fut écoutée, et leurs conseils, appuyés par les archéologues du pays et par le général de la Bourdonnaye, dont la Bretagne a eu bientôt après à déplorer la perte, décidèrent de l'adjonction d'une classe d'Archéologie. Avant de se séparer, l'assemblée, par l'organe de M. Duchatellier, son secrétaire général, déclara qu'il serait procédé à sa formation. C'est ainsi que l'année suivante, au Congrès de Rennes, nos études eurent accès dans l'institution à laquelle elles se rattachent aujourd'hui par une alliance indissoluble. » Appelée à la vie, la classe d'Archéologie s'est empressée de remplir sa mission de propagande. Des Sociétés départementales d'Archéologie se sont formées, et les recherches historiques et monumentales ont été entreprises en Bretagne avec une activité qui sans doute n'appartient pas tout entière à l'influence de l'Association, mais dans laquelle elle a une part importante à revendiquer. Cette part, nous ne chercherons pas à la mesurer ; de quelque côté que soit venue l'impulsion , elle a été féconde, et nous aimons à constater qu'elle tend plutôt à se développer qu'à se restreindre. » Ce serait une bien longue énumération que celle des divers travaux sur l'histoire nationale , entrepris par des membres de l'Association depuis qu'elle a été créée. Le recueil publié par la classe d'Archéologie n'en a pas reçu la plus grande partie. Plusieurs, tels que l'Histoire des peuples bretons et la collection des Chants populaires de la Bretagne , sont des ouvrages assez connus pour qu'en les citant on soit dispensé d'en faire l'éloge. D'autres travaux se sont disséminés dans la réimpression de l'Ancien Dictionnaire de la Géographie historique , dOgée , ou dans le Dictionnaire biographique de la Bretagne , que continue avec un zèle consciencieux notre honorable SESSION DE VANNES. 21 confrère M. Levot. Ces travaux, et bien d'autres encore, attestent le réveil des études historiques qui s'est fait en ce pays, et montrent qu'il n'est pas resté en arrière du mouvement qui dirige les esprits vers les souvenirs du moyen âge. » Grâce à ces travaux, la confusion que la critique signale dans la première période de nos annales, telle qu'elle est présentée par la plupart de nos historiens, tend à se dissiper. Et si quelque écrivain consciencieux reprenait la plume pour rappeler les événements de cette époque, il hésiterait au moins aujourd'hui à étendre la domination primitive des Bretons sur les contrées de Rennes et de Nantes, par exemple ; il ne montrerait pas non plus la Bretagne soumise d'abord aux lois de l'unité monarchique et voudrait bien tenir compte des petites principautés indépendantes qui, dans l'Armorique, comme dans la Cambrie, se partageaient alors le territoire occupé par la race des Bretons. » Les analogies et les applications que l'étude de l'antiquité galloise a fournies sous ce rapport à notre histoire sont d'une grande valeur, et cette mine féconde promet encore plus qu'elle n'a donné. » Quant à l'étude monumentale, je ne parlerai pas des descriptions d'édifices, de sculptures, d'objets d'art, ni des recherches sur les artistes bretons. Ce qui était à faire avant tout, c'était de reconnaître dans quel ordre s'étaient produites en Bretagne les diverses formes caractéristiques des âges et des développements de l'architecture ; car chaque pays avait ses traditions artistiques et les règles de la chronologie monumentale, spéciales à chaque province, ont besoin d'être déduites de l'histoire particulière de ses anciens édifices. Cette investigation a été entreprise et conduite avec un esprit d'observation qui donne aux conclusions de l'auteur le mérite d'une solution complète. Ce mémoire remarquable, ouvrage de l'un des hommes les plus distingués de ce département, ne laisse qu'un regret, c'est que M. de la Monneraye n'ait pas encore pu le compléter en achevant de traiter de la période ogivale. » Il ne m'est pas possible do parler des travaux sur les monuments du pays, sans que nos souvenirs nous reportent vers le savant abbé Mahé, et sans rappeler les recherches si patientes et si consciencieuses de M. Cayot-Délandre sur les antiquités du département du Morbihan. Peut-être votre laborieux compatriote n'a-t-il pas traité des monuments d'art avec la même sûreté, la même précision qu'il montre lorsqu'il parle de l'histoire ou qu'il décrit les monuments druidiques , ou ces vestiges de camps qu'il a retrouvés par centaines et dont il fait reconnaître si parfaitement, en peu de mots, le site et le caractère stratégique, précieux témoignage de la persévérance des Venètes à défendre la liberté gauloise. Ses notices dans les Annuaires 22 ASSOCIATION BRETONNE. du Morbihan n'en sont pas moins d'un grand intérêt et son principal ouvrage, le Morbihan et ses Monuments, demeure l'essai le plus important de statistique monumentale qui ait été publié dans la Bretagne. L'auteur malheureusement n'a que peu survécu à ce riche inventaire de vos richesses archéologiques; une mort prématurée l'a enlevé à la science et à ses nombreux amis. Nous nous associons aux regrets qui entourent sa mémoire. » Ces travaux, ceux de M. Gaillard et d'autres archéologues distingués de cette ville, semblaient annoncer qu'une Société d'Archéologie s'y formerait plus facilement que dans d'autres villes de nos départements bretons. Il n'en a pas été ainsi. Longtemps cette aggrégation n'a été qu'une ombre, qu'une société nominale ; mais voilà qu'elle a pris une existence effective et que sa vitalité se révèle par des recherches qui ont vu le jour et dont d'autres viendront animer et enrichir nos séances. Nous réclamons d'autant plus vivement le concours de nos confrères du Morbihan que la voix du plus laborieux de nos amis , d'un jeune et savant confrère, nous fait défaut. M. de la Borderie, retenu loin de nous par de douloureuses sollicitudes, ne pourra pas prendre part à ce Congrès. Que l'administration départementale, que M. le préfet, en particulier, veuillent bien agréer les sentiments de gratitude de la classe d'Archéologie pour les soins généreux qui entourent l'accueil fait au Congrès. Ces remercîments sincères nous les offrons aussi à l'administration municipale et à la commission d'organisation, qui lui font si dignement les honneurs de cette cité. » M. le Directeur fait ensuite connaître l'ordre des séances de l'Assemblée pour le lendemain. A huit heures, messe du Saint-Esprit à la cathédrale, avec invitation à tous les membres du Congrès d'y assister. A l'issue de la messe, séance d'enquête agricole dans la salle où l'on est réuni, pendant que, dans la pièce au-dessus et à la même heure, la classe d'Archéologie tiendra aussi sa première séance. A midi, séance publique, où l'on traitera la première question du programme de l'Émigration des campagnes dans les villes. M. le Directeur fait connaître que les travaux du Congrès seront répartis entre cinq Commissions. La première s'occupera des engrais de mer ; La seconde, des défrichements, de l'étrépage et du drainage ; La troisième, des espèces bovine et porcine ; SESSION DE VANNES. 23 La quatrième, de l'espèce chevaline, et enfin la cinquième, des chanvres. Chaque Commission se choisira un Président et un Secrétaire. On prévient aussi que, tous les jours de la semaine, on pourra visiter les objets de l'exposition dans les salles du collége de la ville. M. de Sesmaisons regrette que leurs nombreuses occupations ne permettent pas à M. le Préfet et à M. le Maire de présider les travaux du Congrès, et invite en conséquence à les choisir pour Président et Vice-Président d'honneur, et à en exprimer le vote par acclamation, ce qui se fait aussitôt avec empressement. M. le Directeur propose ensuite d'élire un Président, quatre vice-Présidents et six Secrétaires. On procède à ces opérations, dont suivent les résultats Président Nombre des votants. .......... 48 M. de la Monneraye est nommé par. ... 46 voix. Les deux autres sont données à M. de Sesmaisons. Vice-Présidents . Nombre des votants. . 48 M. Taslé, conseiller à la Cour impériale. . 48 voix. M. Gaillard, conseiller de préfecture. ... 48 M. Kerarmel, juge de paix à Lorient. ... 47 M. Rioust de l'Argentaye. 45 Les autres suffrages portent MM. Caradec, Taslé, notaire, de la Monneraye , et le général Boullé. ASSOCIATION BRETONNE. Secrétaires Nombre des Votants. 48 M. Charles Avrouin 48 voix. M. de Kerampuil 48 M. de Pompery 48 M. Paul de Saisy 48 M. de Virel 47 M. de Lescouet 45 Les autres suffrages sont donnés à MM. Keyser, Lallemand, juge de paix, Fouquet et Louis Gall. Les membres élus sont proclamés. L'Assemblée s'étant dispersée, M. le Préfet ajourne à demain les paroles qu'il veut bien adresser au Congrès. — La séance est levée à quatre heures. Le membre du Congrès faisant fonction de Secrétaire. A. DE KERAMPUIL. SESSION DE VANNES. PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU LUNDI 26 SEPTEMBRE. PRÉSIDENCE DE M. DE LA MONNERAYE. Première partie. La séance est ouverte à midi et demi ; le bureau est composé de MM. de la Monneraye, président du Congrès ; Boudage, préfet du Morbihan, et Jollivet-Castelot, maire de Vannes, président et vice-présidents d'honneur ; de Sesmaisons, directeur de l'Association Bretonne ; de Kergorlay, secrétaire général de l'Association ; de Kerampuil, Ch. Avrouin et de Virel, secrétaires. M. Ch. Avrouin tient la plume. M. le Préfet a la parole. Ce magistrat remercie l'Assemblée de la présidence d'honneur qu'elle lui a déférée ; il lui exprime qu'il suivra avec le plus grand intérêt toutes les questions qui y seront traitées ; il signale spécialement celles qui concernent la science archéologique à laquelle le Morbihan offre beaucoup de richesses ; entre autres monuments remarquables, il cite les églises de Kernascleden, de Saint-Fiacre et d'Hennebon. Grâce au concours actif et intelligent des membres de la Société archéologique qui ont trouvé de dignes appréciateurs au conseil général, des fonds ont été mis à sa disposition pour restaurer et conserver ces monuments. M. le Préfet reconnaît l'infériorité du Morbihan sous le rapport de l'agriculture ; elle a un puissant besoin d'encouragements, ses progrès sont lents, et il croit fermement que l'Association Bretonne contribuera à les rendre plus sensibles. M. le Préfet ajoute que les agriculteurs du Morbihan ne savent pas profiter des richesses que la Providence a mises à leur disposition ; ils ne tirent pas parti, par exemple, des cours d'eau qui sont très-nombreux dans leur pays, ils les laissent à l'état d'eaux stagnantes, et ainsi au lieu de venir 26 ASSOCIATION BRETONNE. en aide à la fécondité du sol, ces eaux deviennent, au contraire, des éléments d'insalubrité. Il y a beaucoup à faire sous ce rapport; le Conseil général, dans sa session de 1852, s'est occupé de cette importante question et a voté des fonds pour que des irrigateurs des Vosges soient appelés dans le département ; ces irrigateurs ont commencé leurs opérations, et les résultats obtenus sont satisfaisants. M. le Préfet parle du reboisement comme moyen de rendre les landes productives. Le Conseil général a proposé un prix pour le meilleur mémoire sur ce sujet; mais le redressement des cours d'eaux doit passer en premier lieu, le gouvernement l'a compris ; il vient de charger de cette étude spéciale un ingénieur qui sera secondé par des syndicats établis dans chaque vallée. M. le Préfet termine en promettant de prendre en sérieuse considération les voeux que l'Assemblée exprimera. M. Jollivet-Castelot, maire de Vannes, prend ensuite la parole en ces termes Messieurs, » En acceptant avec le plus vif sentiment de gratitude l'insigne faveur que vous me décerniez hier, d'une vice-présidence d'honneur au sein d'une association aussi distinguée par l'importance de ses travaux que par la rare modestie et les nobles qualités du coeur qui en rehaussent l'éclat, je ne saurais me défendre d'une impression de regret, presque d'envie, en songeant aux traits si distincts do nos missions respectives. Grand et généreux mandat, en effet, Messieurs, que celui que s'impose l'homme d'intelligence, de mettre en relief dans toute leur utilité les éléments du bien-être dont Dieu sanctionne la loi divine du travail, de célébrer dans toute sa splendeur un passé dont nous sommes les héritiers et les enfants. » A nous, humbles distributeurs des moyens de force et de félicité, produits dans le calme de la méditation, à nous de les répartir avec équité, mais aussi de nous incliner avec respect devant une mission supérieure qui n'est autre que le développement de l'homme luimême , de ses facultés, de ses sentiments, de ses idées. » Mais à chacun son oeuvre ici-bas. Une voix éloquente, une voix vibrante de cette chaleur de l'âme, qui est à la pensée ce que le colo- SESSION DE VANNES. 27 ris est à la peinture, nous retraçait hier dans cette enceinte deux nobles carrières, deux illustrations opposées et confondues dans un même deuil. Consacrant d'une génération à l'autre le fata sua secutus des anciens, l'un, cédant aux énergiques inspirations des grandes et tumultueuses voix de l'Océan, allant cueillir sur la mer des Indes la gloire d'un héros et la fortune d'un prince, recevant des mains de son monarque l'insigne de sa bravoure, et distribuant à de pauvres parents les immenses richesses conquises au prix de tant do périls ; l'autre, voué au culte de la science, au silence de la méditation, réalisant les nobles conquêtes de l'esprit et du coeur, et recevant trop tardivement, hélas! le tribut de reconnaissance de nos âmes bretonnes. Mais, grâce à Dieu qui les protége, tout ce qui est grand et généreux se perpétue au sein de ces oeuvres de progrès. Hier encore nous avons vu les destinées de notre sol méconnu, se dérouler à nos yeux sous les plus vifs et les plus attrayants aspects. L'agriculture, notre grande mamelle, à nous surtout, le défrichement de nos landes, que l'intérêt sacré de l'alimentation réclame avec une irrésistible force d'actualité, les ressources de nos campagnes, nos moyens de fertilisation, ont trouvé le plus ingénieux et le plus éloquent interprète dans le savant éminent qui dirige cette Association. Qu'elle soit la bienvenue parmi nous, au sein de notre Vannes la Ducale, cette pléiade d'intelligences et de coeurs d'élite qui porte avec elle le bien-être et la moralisation, les progrès de l'antique Cérès et le génie moderne du christianisme. Qu'elle sache que le plus beau fleuron de notre couronne ducale est la profonde reconnaissance et la sympathie sans borne que nous inspirent de si éminents services et de si nobles efforts. C'est là la première aristocratie de notre vieille cité et l'essence même de l'hospitalité qu'elle est si heureuse et si fière de pouvoir offrir, avec l'expression de la plus vive gratitude, aux membres de l'Association Bretonne. » M. de la Monneraye, président du Congrès, exprime à l'assemblée toute sa gratitude de l'honneur qu'elle lui a fait en l'appelant à la présidence ; il l'assure de son entier dévouement, et il a pleine confiance dans le concours bienveillant de l'Association. L'assemblée accueille ces trois discours avec l'expression de la plus vive sympathie. M. de Kergorlay, secrétaire général, donne lecture d'une lettre de M. Querret, qui apprend qu'il a envoyé à l'exposition des échantillons de lin. L'assemblée lui vote des remercîments. Un mémoire intitulé Projet de code rural, de M. Neveu des Ro- 28 ASSOCIATION BRETONNE. trie, inspecteur de l'agriculture à Nantes, est renvoyé, sur la demande de M. de Sesmaisons, à M. Taslé, qui devra l'examiner et en faire un rapport. M. Taslé exprime le désir de ne pas être chargé seul de ce travail, par le motif que le résultat de son examen ne serait que celui de ses appréciations personnelles. M. de Sesmaisons répond que les commissions se formant volontairement, M. Taslé pourra prier quelques-uns de ses collègues de s'adjoindre à lui. M. Taslé accepte. M. le secrétaire général communique à l'assemblée une lettre de M. Durand de Saint-Brieuc, qui appelle l'attention des membres de l'Association sur la question des chanvres. L'examen de cette question est renvoyé à la commission des chanvres. Une autre lettre, dans laquelle M. Thibault de la Guichardière, président du Comice de Saint-Brieuc, exprime, au nom de ce comice, sa sympathie pour l'Association Bretonne et sa reconnaissance pour les services importants qu'elle a rendus dans sa circonscription, est lue à l'assemblée par M. le secrétaire général. Ces lectures terminées, M. le secrétaire général prie MM. les secrétaires et rapporteurs des Commissions de lui remettre, au plus tard samedi prochain, leurs procès-verbaux et rapports ; il fait la même prière à MM. les inspecteurs chargés d'examiner les produits de l'exposition et d'en rendre compte. Il invite ensuite l'assemblée à ménager les finances de l'Association, en publiant seulement les travaux importants. M. le secrétaire insiste auprès de MM. les rapporteurs pour qu'ils prennent des conclusions positives sans lesquelles le compte rendu du Congrès laisserait beaucoup à désirer. M. le directeur de l'Association annonce à l'assemblée l'envoi qui lui a été fait par M. Neveu des Rotrie d'un ouvrage intitulé. Méthode simplifiée d'évaluation des bois. Cet ouvrage traitant principalement de questions forestières, il propose à l'assemblée d'en renvoyer l'examen à M. de Kerampuil qui, ayant fait partie de l'administration forestière, est très-compétent. L'assemblée adopte cette proposition. L'ordre du jour appelle l'examen de la première question du programme, intitulée Émigration des campagnes dans les villes. SESSION DE VANNES. 29 M. le directeur fait observer que M. de Kerampuil ayant été chargé par la commission établie à Vannes de faire un rapport sur les travaux et mémoires présentés au Congrès, comme il peut se faire qu'il y en ait sur la question qu'on va discuter, il croit qu'il serait convenable d'entendre d'abord M. de Kerampuil. L'assemblée se réunissant à l'opinion de M. le Directeur, la parole est donnée à M. de Kerampuil. L'honorable rapporteur, dans un travail plein d'intérêt, rend compte en ces termes des mémoires et ouvrages présentés à l'Association Messieurs, » La Commission établie à Vannes pour l'examen des travaux et mémoires présentés au Congrès, doit vous rendre compte des différentes communications qui lui ont été faites. Nous vous demandons de les parcourir successivement, l'une après l'autre, dans l'ordre de leur inscription. »1. M. Dahirel, contrôleur des contributions directes, dans un mémoire du 25 septembre 1850, fait connaître l'importance du commerce des marrons dans le pays de Redon ; il ne l'évalue pas au-dessous de 400,000 fr. pour 1849, et ajoute, en note, que ce chiffre a été doublé les deux années suivantes. Viennent ensuite divers documents sur la nature du sol propre au châtaignier, sur la multiplication do cette essence, au moyen des différentes sortes de greffes connues. Ce mémoire doit être renvoyé à la deuxième Commission. » 2. Un rapport, signé de M. Paugan, et déjà communiqué au Comice agricole de Brest, signale les caractères et les propriétés vénéneuses d'une plante connue sous le nom d'OEnanthe à suc jaune OEnanthe crocata de Linné, improprement appelée ciguë en français, et connue en breton sous les noms de pem bis, pem pes. Elle croît dans les prairies, sur le bord des ruisseaux, des fleuves et des étangs. Cette plante appartient au deuxième ordre de la cinquième classe de Linné, à la Pentandrie Digynie. » Delamarck et Candolle , dans leur Flore française, disent que les racines de l'OEnanthe sont très-fortement vénéneuses, qu'elle est connue à Nantes sous le nom de Pensacre et employée à la destruction des taupes. La première Commission qui doit examiner ce travail regrettera sans doute, avec nous, que l'auteur n'ait pas indiqué l'antidote auquel recourir en cas d'accident. 30 ASSOCIATION BRETONNE. » 3. Dans un rapport daté de Quéronic, du 27 août dernier, M. de Saint-Georges expose ses vues pour le défrichement des landes et leur reboisement en essences résineuses. Selon l'honorable exposant, au moyen de la culture par potets espacés de mètre en mètre, le prix de l'hectare de landes réensemencé en pin maritime ne reviendrait qu'à 130 fr. et se réduirait même à 70 fr., si on opérait sur une grande étendue de terrain. La plantation d'un hectare, mais à trois mètres de distance en tous sens, coûterait 84 fr. Ces prix nous paraîtraient bien faibles, si M. de Saint-Georges n'avait l'expérience pour lui. Il cite un reboisement qu'il a ainsi opéré de quatre-vingts hectares. » Après avoir passé en revue les propriétés des principales essences résineuses, dont le pin maritime lui semble préférable pour le repeuplement des landes, M. de Saint-Georges ajoute avec raison que pour les transformer et les soustraire à une éternelle stérilité, il est nécessaire d'en effectuer le reboisement. » Il appartient à la deuxième Commission d'examiner les divers documents de ce rapport. » 4. M. Leleurch , membre du Comice agricole d'Auray, donne un aperçu des causes qui, selon lui, retardent les progrès de notre agriculture d'abord , la désertion des campagnes ; l'affluence de la population laborieuse dans les villes, dans l'espoir d'un plus grand bienêtre et surtout d'un salaire plus élevé; le défaut des engrais de mer, sable, vases, etc.; le défrichement des landes toujours promis et toujours ajourné; la négligence des cultivateurs pour la confection de leurs engrais. A ces causes se joignent encore le défaut des opérations de dessèchement et d'irrigation, l'abandon de la culture du châtaignier, du chêne, du hêtre et du peuplier. D'après l'auteur, le labour des terres est aussi trop superficiel, ce qui favorise l'accroissement des mauvaises herbes; les blés sont coupés avant leur entière maturité , au détriment du consommateur, mais au profit des charançons qui n'en vivent que mieux. Enfin les fossés occupant une trop grande place dans l'exploitation agricole, M. Leleurch voudrait les supprimer, ainsi que les domaines congéables, qui ne lui plaisent pas du tout. En parlant de la race chevaline, on propose une loi dont l'urgence nous semble un peu douteuse. » La deuxième Commission en décidera. C'est à elle que revient l'examen de ce rapport, qui touche à bien des questions. » 5. Un ancien membre du Conseil général du département, M. de Castel, répond à la huitième question du programme Quelles sont les mesures qui devraient être recommandées de préférence à l'Administration des Haras pour la faire parvenir, dans l'intérêt de la production du cheval de guerre, à tirer le plus grand SESSION DE VANNES. 31 parti possible des immenses ressources que pourrait offrir dans ce but l'industrie chevaline de la Bretagne ? »M. de Castel termine l'exposé de ses judicieuses observations par l'ensemble des mesures à prendre tant auprès de l'Administration des Haras qu'auprès de celle des remontes. La première doit » 1° Amener dans le département des étalons arabes de taille moyenne ; » 2° Porter à douze, au moins, le nombre des stations du département ; » 3° Remplacer successivement les étalons réformés de manière à en augmenter peu à peu le nombre ; » 4° Supprimer la surtaxe des montes de stations ; » 5° Encourager la production des étalons particuliers. » De son côté, il faudrait que l'Administration des Haras consentît » 1° A payer sans trop marchander ; » 2° A abaisser de quelques centimètres la taille exigée pour quelques régiments de cavalerie légère, en faveur des produits des étalons arabes ; » 3° Enfin à choisir, dans chaque arrondissement, un ou deux jours de grande foire, pour acheter les chevaux de remonte. » Ce rapport et le suivant doivent être renvoyés à la quatrième commission. " 5 bis. Un second mémoire sur la même question vous est adressé par un homme spécial, M. Pollard , capitaine écuyer à l'École de Saumur. C'est encore un Breton qui apporte son tribut de lumières et d'expérience pour procurer à son pays une plus grande part de bienêtre. L'officier de Saumur admet pour la Bretagne deux races de chevaux , celle du littoral, plus lourde et plus étoffée, et celle de l'intérieur, plus légère, plus sobre et d'un sang plus riche. On propose d'améliorer la première par le croisement avec le cheval anglais demisang, le hunter fortement étoffé, et la seconde race, au moyen du cheval arabe. M. Pollard propose ensuite la fondation d'un établissement rural pour y élever 250 poulains. L'étendue de cette ferme , qui n'aurait pas moins de 150 à 200 hectares, nécessiterait l'entretien d'un personnel considérable , et des dépenses telles qu'il ne nous semble pas possible d'espérer que l'État fasse en notre faveur les frais d'un établissement aussi coûteux, même avec l'assurance d'un remboursement au bout de vingt ans, comme le propose M. Pollard. II voudrait encore user de tous les moyens de la publicité pour répandre dans les campagnes de bonnes méthodes à suivre pour l'éducation des chevaux qui est tout à fait inconnue aux cultivateurs. L'établissement d'une banque de prêt au profit des éleveurs ne nous semble pas facile à réaliser non plus. Nous avons enfin remarqué dans cet intéressant rapport les 32 ASSOCIATION BRETONNE. chiffres qui établissent les prix moyens des chevaux de remonte, pour les différents besoins do la cavalerie, d'où il ressort un prix moyen de 667 fr. Le cheval pour officiers se paye 900 fr. A ces conditions nos cultivateurs doivent trouver avantage et profit. » 6. M. de Pompery, inspecteur de l'Association Bretonne pour l'arrondissement de Châteaulin, présente un rapport faisant suite à celui de l'année dernière sur la première question de votre programme , de l'émigration des populations rurales dans les villes. Selon l'auteur , il faut développer l'instruction des propriétaires sur les diverses parties de l'économie agricole, pour leur inspirer le goût et l'amour de la campagne; établir des médecins cantonaux et des soeurs de charité, tout au moins ces dernières, au nombre de deux dans chaque commune, pour soigner et secourir les malades. L'absence de la classe aisée, la mobilisation du sol, devenu comme une sorte de marchandise, et par suite l'exagération du prix des fermages et l'état précaire des fermiers, tendent constamment à grossir la population mendiante et affamée qui se porte dans les villes. Les bureaux de charité, les dépôts de mendicité, les ateliers de travail n'y suffisent pas. Aussi est-ce dans son principe qu'il faut attaquer le mal, qui n'est pas ailleurs que dans l'état d'inertie où sont plongées les campagnes et une sorte de pléthore industrielle des villes , conséquence de leur puissance absorbante. A ces causes de souffrances et de malaise, il faut ajouter l'ivrognerie. Les cabarets réduits, et plus ou moins surveillés n'ont pas perdu leur trop nombreuse clientèle. Il faudrait des mesures plus énergiques; et les intérêts des possesseurs de vignobles , ceux-mêmes du fisc pourraient en souffrir. L'Angleterre, malgré toute sa philanthropie, cesset-elle son commerce d'opium avec la Chine qui s'enivre de ce breuvage jusqu'à se tuer ? Suit la triste peinture de l'ivrogne citadin, la honte et la terreur de sa famille, son bourreau même au physique et au moral. Le paysan plus éloigné du fatal cabaret, lui paye un plus rare tribut, mais il se multiplie jusque dans les villages et tend de plus en plus à favoriser les goûts et les penchants de l'ivrognerie. A ses ravages , il faut opposer le travail. L'auteur craint que l'action du prêtre n'y suffise pas, et déplore à ce sujet le vide de l'absence des propriétaires. Il leur rappelle qu'ils doivent toutes leurs jouissances aux produits de la terre dont le laboureur ne consomme qu'une faible parcelle , et que, tout compte fait, l'agriculture, la mère des autres industries, est toujours celle à qui on prend tout sans jamais lui rien rendre. Louis XVI, pour porter remède à la désertion des campagnes, voulut établir dans le domaine de Chambord un institut agronomique, dont la pensée semblait revivre de nos jours à Versailles. M. de Pompery regrette qu'il ait été détruit aussitôt que fondé , sans qu'on ait attendu même à en voir les résultats. C'était pourtant le moyen de remettre SESSION DE VANNES 33 en honneur les travaux des champs et de les faire aimer de ceux à qui ils offraient une si libre et utile carrière. Les Fermes-Écoles , en butte aux mêmes attaques, répandent les vrais principes de l'agriculture , relèvent à ses yeux la profession du laboureur et retiennent loin des villes le paysan enrichi que pourraient tenter les loisirs d'une vie inutile et oisive. » En résumé, dit M. de Pompery, les forces vitales de la société, c'està-dire l'intelligence et les capitaux, se concentrent dans les cités, et cependant le paupérisme les envahit ; l'agriculture languit, la misère s'accroît dans les campagnes délaissées appelons-y les forces qui peuvent les vivifier, en y ranimant le travail et l'industrie. Vous nous pardonnerez la longueur de ces détails, à cause de l'importance de la question et de la manière intéressante dont elle était traitée par quelqu'un dont vous avez déjà apprécié les travaux. » 6 bis. Un des membres de votre commission préparatoire ose aussi vous présenter ses vues et ses observations sur le même sujet. » Après un hommage rendu à la pensée toute chrétienne des directeurs de l'Association Bretonne qui ont placé en tète do leur ordre du jour une question qui intéresse la classe la plus dénuée de secours, l'auteur constate les progrès du mal et la privation des moyens que l'on avait autrefois pour les combattre , à savoir, la présence dans les campagnes » 1° Des propriétaires riches et puissants qui usaient de leur fortune au profit des populations au milieu desquelles ils passaient toute leur vie ; » 2° Des communautés religieuses qui étaient, comme elles sont encore aujourd'hui, là où il en existe, la providence des pauvres, et leur refuge contre le nombreux cortége des misères humaines. » L'absence de ces deux classes de la société augmente toujours, parce que les fortunes amoindries ne permettent plus de faire, comme autrefois, des fondations pour l'établissement des ordres religieux, en même temps que ces fortunes divisées et subdivisées établissent leurs possesseurs dans une égale impuissance pour le soulagement des pauvres vivant autour d'eux. Avec un tel état de choses, ou ne voit de remèdes efficaces que ceux puisés aux sources fécondes de la religion, et c'est l'institution, au sein des campagnes, des conférences de saint Vincent de Paul qui ont opéré des prodiges dans les cités les plus populeuses, que l'on propose comme une des plus puissantes barrières à opposer aux continuels envahissements du paupérisme. Les objections et les difficultés abondent, mais elles ne sauraient résister au zèle de la charité. » 7. M. Carré, président du commice agricole du Faouët, en faisant connaître l'état et les besoins de l'agriculture du canton, signale les 34 ASSOCIATION BRETONNE. progrès de la mendicité ; il évalue le nombre des pauvres à trois mille, c'est-à-dire au cinquième du chiffre de la population entière. Il n'y voit d'autre remède que si l'abondance des travaux dans la localité permettait d'appliquer avec rigueur les règlements contre la mendicité. Ce rapport est du ressort de la deuxième commission. » 8. M. Guillaume, président du comice de Questembert, fait connaître un procédé qu'il emploie pour la destruction du puceron laniger si funeste aux pommiers. Il expose dans le même rapport la composition d'un terreau qui ne revient qu'à 3 francs le mètre cube. Selon l'auteur trois mètres suffisent pour l'hectare de prairie ; il en faut le double pour l'hectare à mettre sous sarrazin. C'est un mode de chaulage qui nous semble en effet bien économique. » 9. Dans un tableau statistique divisé en seize colonnes et accompagné des explications désirables, M. Gaillard, conseiller de préfecture, établit, pour chaque arrondissement, l'étendue des terres arables ; des courtils , vergers et jardins; des prairies et herbages; des pâturages et marais ; des bois, et enfin des landes. Nous remarquons que l'arrondissement de Napoléonville comprend, en chiffre rond, 68,000 hectares de terres arables et 64,000 hectares de landes ; celui de Ploërmel 59,000 hectares de terres arables et 61,000 hectares de landes; celui de Lorient 52,000 hectares de terres arables et 55,000 de landes; enfin, pour l'arrondissement de Vannes, 60,000 hectares de terres cultivées et 81,000 hectares de landes ; c'est-àdire que l'arrondissement de Napoléonville est le seul où l'étendue des terres en culture excède l'étendue des landes, et pour le département entier la surface en landes excède de mille hectares celle des terres arables. Pour les trois premiers arrendissements ci-dessus désignés , les prairies et herbages occupent à peu près le quart de l'étendue des terres cultivées. Cette proportion est de plus du tiers pour l'arrondissement de Vannes. » Ces documents sont à remettre à la deuxième commission. » Enfin, votre commission préparatoire a reçu des cantons de la Gacilly, de Questembert, du Faouët et du Guémené les réponses aux diverses questions du programme de l'enquête agricole. Nous ne pouvons analyser ces documents statistiques, parmi lesquels nous avons remarqué ceux qui ont été fournis par M. de Gouyon, pour le canton de la Gacilly. Le mémoire de M. Dahirel sur le commerce de marrons dans le pays de Bedon, et sur les moyens de multiplier les plantations de châtaigniers, est renvoyé à la deuxième commission. M. le secrétaire général pense que le renvoi à une commission SESSION DE VANNES. 35 du mémoire de M. Paugan sur l'oenante à sur jaune, est sans utilité, et que l'assemblée doit se borner à remercier l'auteur; mais sur l'observation d'un membre, que cette plante croissant principalement au bord des ruisseaux, l'examen des questions traitées par l'auteur tient à celle des irrigations et revient naturellement à la deuxième commission, le renvoi à cette commission est prononcé. Le mémoire de M. de Saint-Georges sur le défrichement des landes et leur reboisement en essence résineuse, est déjà entre les mains de la deuxième commission , ainsi que le mémoire de M. le Leurch, membre du Comice agricole d'Auray, sur les causes qui retardent les progrès de notre agriculture. Le mémoire de M. de Castel, ancien membre du Conseil général, sur la huitième question du programme, et celui de M. Pollard, capitaine écuyer à Saumur, sur la même question, c'està-dire sur l'amélioration de l'espèce chevaline, sont, sur la demande de l'honorable rapporteur, envoyés à la quatrième commission. Le mémoire de M. Carré, président du Comice agricole du Faouët, sur l'état et les besoins de l'agriculture du canton et sur les progrès de la mendicité, est renvoyé à la deuxième commission, ainsi que celui de M. Guillaume de Questembert, sur un procédé pour la destruction du puceron laniger. L'assemblée renvoie également à la deuxième commission le tableau de statistique de M. Gaillard, conseiller de préfecture à Vannes, faisant connaître par chaque arrondissement, l'étendue des terres arables, des courtils, vergers, landes, etc. M. de Sesmaisons lit le rapport suivant sur un ouvrage intitulé Leçons élémentaires d'agriculture raisonnée et d'économie rurale, et présenté au Congrès de Saint-Brieuc par M. Bahier, membre de l'Association et délégué cette année au Congrès par le Comice de Saint-Brieuc Parmi les ouvrages dont il a été fait hommage au Congrès à SaintBrieuc, il y en a un qui, par son caractère spécial, mérite une attention particulière je veux parler d'un petit traité d'agriculture par demandes et par réponses, composé par M. Bahier, auteur déjà d'un excellent traité de comptabilité rurale édité, comme ce dernier, à Saint-Brieuc par M. Prudhomme. 36 ASSOCIATION BRETONNE. » N'y a-t-il donc pas assez d'ouvrages d'agriculture ? dira-t-on. Oui et non. Les excellents ouvrages d'Olivier de Serres, de Mathieu Dombasle, de Boussingault, de Payen et surtout de M. de Gasparin rendent à peu près inutiles de nouveaux traités généraux et ne laissent plus guère place qu'à des traités particuliers aussi n'est-ce point de cela qu'il s'agit, mais de livres propres à l'instruction de nos populations rurales. Or, à mon avis, il s'en faut qu'il y en ait assez, et si le Congrès veut me permettre d'exprimer ma pensée à cet égard, j'en voudrais presque un par canton. » Mais la composition de ces livres ou manuels est soumise à des conditions particulières, parce qu'ils s'adressent à des moeurs, à des pratiques agricoles et à des sols très-différents les uns des autres. Il faut qu'ils en soient l'image et qu'ainsi la doctrine n'arrive que localisée pour ainsi dire et ne saisisse les esprits que par les aspects auxquels ils sont faits. » Ces ouvrages, ou plutôt ces petits manuels, doivent être de leur nature incomplets, quant à la théorie; ils doivent être faits par les comices c'est un membre intelligent, observateur, connaissant bien l'intérieur du paysan, qui doit le composer, et il faut qu'il renonce à la prétention de le faire adopter ailleurs que dans son rayon. » Ce livre doit saisir les faits existants, les progrès même du canton; il doit surtout être une application du calcul à l'agriculture, afin de pouvoir servir dans l'école primaire d'exercice pour les enfants. » Oserai-je en donner un exemple? Prenons un cas compliqué la location d'une terre ou l'entrée en ferme. Il y a nécessairement ici des calculs que le paysan fait bien ou mal, et qu'il faut l'aider à bien faire. Ce problème, d'ailleurs, peut se décomposer en plusieurs, pour laisser l'esprit se reposer après la solution de chacun d'entre eux. 1er Problème. — A l'usage du pays combien y aura-t-il de terres à fumer chaque année, et quelle est par conséquent la quantité de fumier nécessaire ? 2e — Quel est le rendement en fumier d'une tête de bétail de différentes espèces, ou de 100 kilogrammes poids en vie de bétail? 3e — Combien faudra-t-il donc de bétail pour produire le fumier nécessaire ? 4e —- Combien faudra-t-il de fourrages en foin pour nourrir ce bétail nécessaire? 5e — Le domaine en question que produit-il en qualité de fourrages dans son état actuel? Est-ce suffisant ou insuffisant? 6e — Si c'est insuffisant, où faudra-t-il chercher le supplément? L'acheter, combien cela coûterait-il ? SESSION DE VANNES. 37 Le produire, comment ? Sera-ce par la conversion d'une portion des pâtures en prés temporaires, ou en prairies artificielles, ou en culture de choux d'hiver? Sera-ce par l'ensemencement de récoltes dérobées de trèfle incarnat , de vesces ou de navets ? Sera-ce par la réduction de la sole d'été au profit des racines sarclées ? » Je m'arrête ici, car voilà la nécessité du progrès démontrée, et il s'agit de varier suivant les lieux l'énoncé des problèmes avec une prudence infinie. » On finira par faire le calcul de l'emplacement nécessaire au bétail, de la quantité proportionnelle d'animaux do travail et de rente, du rendement de la terre en produits bruts et nets, autrement dit en argent, et de la possibilité de donner tel ou tel prix pour le loyer de la terre. " Tout cela est saisissant, c'est la vie même du paysan c'est par là qu'il faut tâcher de se faire entendre de lui et lui suggérer de nouvelles idées. » C'est ce qu'a fait particulièrement M. Bahier dans le chapitre intitulé Devis d'opération, comme dans celui qui porte le titre de Comptabilité. » Il y a aussi dans son livre toute la partie sur l'économie rurale, qui contient sur la propriété, sur le travail, l'industrie, d'excellentes, très-simples et très-utiles notions, et que personne encore n'avait songé à insérer dans un semblable manuel. » Je suis moins convaincu de l'utilité des notions de physique et d'histoire naturelle, non pas qu'elles ne soient claires et précises, mais je les crois encore trop au-dessus de la portée de nos populations; en un mot, si j'avais un reproche à faire à cet ouvrage, ce serait précisément de ne pas assez résister à la tendance vers la généralisation. » Réjouissons-nous, au reste, de voir tous ces efforts pour la vulgarisation de la science de l'agriculture ; tous atteignent un but. Dans le sein même de l'Association quatre ouvrages se sont produits tour à tour. M. Querret, le premier, a fait le Catéchisme Breton, à l'usage de la jeunesse; puis, pour nos ménagères futures, il a écrit la Fermière Bretonne, dont j'avais l'honneur de rendre compte au Congrès de Quimper en 1847, deux livres dont de nombreux exemplaires ont été distribués et seront encore distribués cette année, grâce aux dons de l'auteur toujours si plein de zèle et de générosité. Puis M. de Pompery, après le Congrès de Morlaix, où une commission l'avait examiné, faisait paraître un ouvrage dans les deux langues française et bretonne, et, si j'en crois les échos, écrit dans cette dernière avec une pureté de style digne de servir d'exemple. Voici M. Bahier au- 38 ASSOCIATION BRETONNE. jourd'hui avec son livre substantiel ; d'autres viendront demain, je l'espère. Comme je le disais, il y a place pour tous, et il faut croire qu'un jour chaque Comice aura le sien manuscrit ou imprimé bien approprié à sa circonscription. » Au moment même où je finissais ce rapport, on me remettait, de la part de son auteur, M. Charles Lemaout, à Saint-Brieuc, un livre intitulé Adages et proverbes agricoles. Il est en vers raison de plus pour le bien accueillir, non pas que ce soit de la haute littérature, mais bien parce que c'est un excellent moyen d'inculquer et de faire retenir les principes qu'ils contiennent. » L'assemblée, sur la proposition de M. de Sesmaisons, vote aux auteurs des remercîments. M. de Kerampuil obtient ensuite la parole pour rendre compte du mémoire suivant de M. de Pompery, inspecteur de l'Association Bretonne pour l'arrondissement de Chateaulin, sur l'Emigration des populations rurales dans les villes. Les contes, les romans, les pièces de théâtre, tout tourne en dérision la simplicité des moeurs rustiques; tout prêche les manières et les plaisirs du grand monde c'est une honte et un malheur de ne pas les goûter. Ainsi les préjugés et l'opinion , renforçant l'effet des systèmes politiques, amoncellent les habitants de chaque pays sur quelques points du territoire, laissant tout le reste en friche et désert ainsi, pour faire briller les capitales, se dépeuplent les campagnes » ROUSSEAU. L'association Bretonne, ayant maintenu au programme du congrès de Vannes, l'importante question relative à l'émigration des populations rurales dans les villes, que l'on ne saurait trop sonder et approfondir, je crois devoir continuer l'oeuvre que j'ai commencée, et compléter le mémoire que j'ai produit sur la matière à Saint-Brieuc. Le congrès, ayant voté l'insertion de ce mémoire au compte-rendu de sa dernière session, m'a, en quelque sorte, imposé l'obligation de donner aux conclusions posées dans mon premier travail tous les développements nécessaires pour le faire comprendre, et pour convaincre les esprits de la gravité du fait social dont nous nous occupons. » D'ailleurs, on m'a adressé le reproche de n'avoir fait qu'indiquer SESSION DE VANNES. 39 seulement les moyens de réparer les maux que l'absentéisme cause aux campagnes, et même d'avoir poussé à cet égard la brièveté jusqu'à l'insuffisance. A mon sens , je devais spécialement constater ce fait, que l'émigration des populations rurales n'est pas, en Bretagne, aussi considérable qu'on la cru, et que les souffrances des campagnes proviennent essentiellement de l'émigration des propriétaires; d'un autre côté , il ne m'était pas permis de dépasser les bornes où un écrit de ce genre doit toujours se renfermer en développant d'une manière didactique les diverses améliorations foncières que je propose aux propriétaires d'accomplir, il me semble que je me serais laissé entraîner à faire hors de propos un cours complet d'économie rurale ; or, il existe assez d'ouvrages de cette nature que l'on peut consulter. D'ailleurs, les préceptes que l'on trouve dans les livres, fort utiles souvent aux hommes de pratique, ne peuvent être d'aucun secours à ceux qui manquent de l'expérience nécessaire pour en tirer profit ; car ils sont dépourvus des connaissances usuelles qui peuvent seules donner le tact qu'il faut posséder pour entrer avec certitude dans la pratique de ces théories. Je dirai même plus quand on est tout à fait neuf dans les matières agricoles , la lecture des ouvrages qui en traitent, loin d'être une boussole sûre, peut fréquemment égarer ceux qui les prennent pour guides , et leur préparer des déceptions onéreuses et décourageantes. C'est en familiarisant les propriétaires, par les moyens qui seront indiqués plus loin , avec les diverses branches de l'économie rurale , dont il n'ont pas reçu d'ordinaire la plus légère notion, que l'on fera surgir parmi eux le goût des améliorations foncières et l'amour de la campagne. » J'ai aussi proposé d'établir des médecins cantonaux et des soeurs de charité au sein des populations rurales , pour les soulager dans leurs misères et leurs maladies. Je conviens qu'ici l'on peut m'opposer de sérieuses objections, en ce qui concerne les médecins gratuits le médecin cantonal , en effet, serait insuffisant pour satisfaire aux besoins d'un service de cette nature bientôt les clients l'assiégeraient et absorberaient ses moments et ses facultés. Il faudrait donc , pour qu'il pût accepter cette pénible mission , lui assigner un traitement assez élevé pour équivaloir au gain que lui aurait produit, dans les circonstances ordinaires, l'exercice de sa profession et, comme les forces et le temps d'un homme ne sauraient suffire pour porter des soins partout où ils seraient nécessaires dans un pays où les populations sont éparses et certains cantons fort étendus , il faudrait bientôt multiplier les médecins gratuits dans une proportion qui constituerait sans doute, pour les ressources publiques, une charge qu'elles ne seraient pas en état de supporter actuellement. » Contentons-nous donc des soeurs de charité ; elles sont moins in- 40 ASSOCIATION BRETONNE. struites, mais plus dévouées; et les soins assidus et désintéressés que donne le dévouement, sont souvent plus efficaces que les secours de la science, indifférente et mercenaire. Il n'y a ici aucune intention blessante contre le corps médical ; mais cette distinction me paraît nécessaire le médecin exerce un état, une profession , dans le but d'obtenir un gain assurément fort légitime ; la soeur remplit une mission toute d'abnégation, de dévouement et essentiellement charitable. Mais, pour suffire aux exigences de ce rude service, il faudrait placer deux soeurs au moins dans chaque commune ; et, quoique ces courageuses filles, qui bravent toutes les fatigues pour porter des soins aux malheureux qu'elles soulagent, vivent de peu et se contentent du strict nécessaire , on conçoit que leur entretien , après avoir ainsi accru leur nombre, occasionnerait une dépense considérable. A qui la demander ? au budget de l'État, à celui des départements et des communes, chacun dans la proportion de leurs ressources ; enfin, à la générosité des riches ou des personnes charitables qui voudront bien venir en aide à une oeuvre aussi utile et aussi méritoire. Mais, quand bien même cette charge serait lourde pour le trésor, les services que les soeurs rendront, dans les campagnes, au point de vue du soulagement et de la moralisation des populations, sont incontestables. D'ailleurs, les ressources de notre énorme budget sontelles si bien employées qu'on ne puisse , avec avantage pour le pays , changer en partie leur destination? Par exemple, demandez au peuple des campagnes si la soeur de charité, sous la bure qui la couvre , ne lui serait pas plus utile que ce grand nombre de sinécuristes parasites , qui étalent vaniteusement dans les villes l'éclat d'un luxe de plus en plus fastueux, et qui excitent dans les rangs inférieurs de jalouses convoitises? Cependant la misère grandit, et si les émigrants des campagnes ne sont encore qu'une fraction minime de leur population , le contingent qu'elles fournissent actuellement au minotaure industriel, les travailleurs qu'elles versent sans cesse dans les cités, y deviennent souvent des mendiants, dont le flot immonde grossit toujours, et envahit de plus en plus leurs pavés. Oui, cette multitude de pauvres qui infestent les villes, c'est, sans se dépeupler, la campagne qui les envoie, qui écoule dans leur sein le trop plein de sa population famélique et inoccupée. Ces bras se portent nécessairement dans les oeuvres d'industrie; car notre agriculture, délaissée aux misérables et aux ignorants, ne peut être et n'est en effet qu'une pauvre agriculture , incapable de salarier et d'employer les travailleurs que la terre réclame pour la féconder. Ses ressources vont toujours s'amoindrissant, par l'exagération croissante du prix des fermages et par l'état précaire du fermier, depuis que les propriétaires s'éloignent SESSION DE VANNES. 41 du sol, et que la terre, d'immeuble qu'elle était jadis, est devenue une marchandise, un meuble que l'on échange, et qui passe de mains en mains presque aussi rapidement que le numéraire luimême. » Les mesures que l'on emploie pour arrêter les développements du paupérisme, telles que les bureaux de charité, les dépôts de mendicité, la régularisation des aumônes, essayée dans d'autres départements , et qui consiste dans la répartition proportionnelle des pauvres d'une localité entre les diverses familles aisées, chargées de subvenir à leurs besoins; les ateliers de travail, qu'il faut bientôt fermer, parce qu'ils ne peuvent plus contenir la foule des mendiants qui s'y portent, comme on en a fait la triste expérience à Morlaix ; tous ces moyens ne sont qu'une sorte d'empirisme, impuissant à guérir cette hideuse plaie sociale, l'opprobre des sociétés modernes. Tant que l'on n'aura recours qu'à des palliatifs, que l'on n'agira que sur l'effet au lieu de s'attaquer directement aux causes qui le produisent, on n'obtiendra pas de résultats réels, le mal ira toujours croissant; car les travailleurs, que le mouvement industriel entraîne dans les centres, contractent de nouvelles habitudes, de nouveaux besoins matériels et moraux ils ne veulent plus quitter la ville, dont le mouvement et les émotions diverses leur sont devenus nécessaires une fois qu'ils y ont mis le pied, ils y restent. Quand le travail les attire, ils affluent; lorsque les chômages surviennent, ils se font mendiants et ne refluent jamais. Pourquoi retourneraient-ils dans les campagnes, puisque c'est la misère qui les en a chassés? » Pour combattre efficacement le paupérisme, il faut l'attaquer dans sa source, dans son principe, dans ses causes, qui sont, comme je crois l'avoir suffisamment exposé, l'état d'inertie dans lequel les campagnes restent plongées, et la pléthore industrielle des villes, conséquence de leur puissance absorbante. »Mais une autre cause qui contribue avec les précédentes à générer le paupérisme, c'est l'ivrognerie. Depuis longtemps, l'opinion publique demandait un remède contre les effrayants progrès que fait, dans les rangs du peuple, la passion des boissons alcooliques, qui détériore physiquement l'espèce humaine et la dégrade au moral. Ce cri semble enfin avoir été entendu ; mais les mesures que l'on a prises pour combattre le mal, ne l'empêcheront pas de subsister et de continuer à se propager dans les masses il consiste dans la réduction insignifiante du nombre des cabarets, et l'exercice d'une surveillance plus ou moins sévère sur les débits autorisés. On ne s'enivre donc pas moins qu'auparavant ; car réduire le nombre des cabarets, c'est augmenter la clientèle de ceux que l'on tolère, mais ce n'est pas 12 ASSOCIATION BRETONNE. diminuer le nombre des ivrognes ; et, comme il est impossible de surveiller la multitude des buveurs, on prévient ou l'on réprime jusqu'à un certain point les rixes et le désordre, mais non les funestes effets de l'ivrognerie. C'est qu'il existe sans doute bien des intérêts puissants qui font obstacle à l'adoption de mesures sérieuses et vraiment efficaces contre l'abus des liqueurs fortes les possesseurs de vignobles crieraient bien fort, et le fisc aussi, tout moral qu'il puisse être, si l'on entravait la consommation du liquide pernicieux dont la vente les enrichit. Faut-il rappeler ici l'exemple de la Chine, contrainte par un odieux abus de la force, par le canon de l'Angleterre, à laisser entrer sur son territoire cet opium homicide, qui abrutit et décime sa malheureuse population, trop abandonnée à ses instincts pour avoir la force de repousser, en s'en abstenant, l'enivrant poison qui infiltre goutte à goutte la mort dans ses veines? » Chez nous, les classes laborieuses mènent une existence rude et pénible, et endurent habituellement des privations qui les portent à se jeter sans mesure dans les excès, quand les circonstances favorisent leurs dispositions à s'y livrer. Elles en viennent même à se faire un besoin journalier de l'ivresse il y a dans les villes des ouvriers qui s'enivrent trois jours et davantage chaque semaine, dont la femme verse des larmes et les enfants crient la faim, tandis que le père trinque et chante au cabaret. Souvent, au retour, il bat la triste compagne qu'il devrait aimer et protéger, brise ses meubles, gronde ou brutalise ses enfants affamés. Quelle école pour ces malheureuses petites créatures , à un âge où les impressions sont si vives et si durables! où l'homme se façonne, se pétrit, pour ainsi dire, dans le moule de la famille, pour prendre, suivant les exemples qu'il reçoit, l'habitude du vice ou le goût d'une vie honnête et laborieuse. » Le paysan, en général, s'enivre moins fréquemment que l'ouvrier urbain, parce qu'il n'a pas toujours, comme celui-ci, le cabaret à sa portée. Ce n'est que quand l'occasion l'en rapproche, les jours de foires et de marchés, dans les festins nuptiaux, qu'il donne pleine carrière à ses penchants bachiques. Malheureusement des cabarets s'élèvent en tous lieux; dans les bourgs, dans les villages, au sein des campagnes les plus écartées ; il s'en établit même sur les routes , en si grand nombre, que bientôt on en comptera autant que de bornes kilométriques ! Aussi combien ne voit-on pas de cultivateurs, que leur proximité du bourg ou d'un cabaret placé dans leur voisinage, entraîne à contracter l'habitude de passer toutes leurs journées dans ces funestes lieux, finir par mener une existence toute bestiale, et ne conserver bientôt plus de l'homme que le nom. Pourquoi auto- SESSION DE VANNES. 45 rise-t-on ces repaires du mercantilisme, où le paysan, négligeant la culture de sa ferme, prend l'habitude de l'oisiveté , altère ses forces et sa santé et consomme souvent sa ruine et celle de sa famille? Cependant ceux qui spéculent sur cette déplorable industrie parviennent à la fortune, et sont considérés et admirés ; car la foule est toujours prête à s'incliner devant la richesse et le succès, sans s'inquiéter des moyens que l'on a mis en oeuvre pour l'obtenir aujourd'hui l'idée de conscience et d'honnêteté n'est plus qu'une métaphore poétique, qui se traduit dans le langage positif, par le mot duperie. » Le travail est le grand moralisateur qu'il convient d'opposer aux progrès de l'ivrognerie. Il importe , pour entrer dans cette vue, que les parents donnent de bons exemples et des habitudes laborieuses à leurs enfants. Mais comment animer les populations rurales de ce bon esprit ? où iront-elles le puiser ? d'où leur viendra l'impulsion ? le prêtre ne peut pas tout faire à lui seul ; et les propriétaires, que la possession oblige et semble investir de cette grande mission, déclinent cette tâche , et préfèrent habiter les villes, pour y vivre dans le luxe et l'oisiveté. » Il s'agit de leur présenter un attrait assez puissant pour les rappeler dans leurs terres, et de les convaincre que l'agriculture est l'une des plus utiles et des plus nobles occupations de l'homme. Jusqu'ici cette industrie, considérée comme infime, comme une besogne de manants par les classes aisées, ne semblait pas digne d'attention. La plupart des habitants des cités ignorent même présentement que tout le luxe dont ils jouissent, le superflu qu'ils prodiguent, représentent des produits créés et épargnés par les laborieux cultivateurs, qui ne consomment, pour opérer cette épargne, dont les oisifs profitent , que le plus strict nécessaire ; et qui bravent les rigueurs de l'hiver ou les chaleurs brûlantes de l'été, pour contraindre la terre, souvent ingrate ou rebelle, à faire sortir de son sein les trésors de sa moisson. Hommes d'État, hommes du monde , pénétrez-vous bien de cette vérité tout vient du sol la richesse publique ou le capital que possède la société dans la fortune de chacun de ses membres, ce sont les produits de la terre économisés et accumulés peu à peu par les travailleurs, qui l'ont créée et qui l'accroissent chaque jour; enfin, le riche budget dont l'État dispose, l'impôt, sous quelque forme, sous quelque dénomination qu'on le prélève, c'est toujours le sol qui le produit et l'agriculture qui le paye 1. Mais puis-je espérer me faire com1 Pour rendre cette proposition plus saisissable, quelques développements me semblent ici nécessaires. Si les diverses industries tirent un gros lucre de leurs produits, c'est parce que l'agriculture leur livre les siens à un prix minime, et qui est loin d'être rémunérateur. En second lieu, lorsqu'un nouvel impôt 44 ASSOCIATION BRETONNE. prendre des hommes qu'emporte le tourbillon vertigineux des affaires politiques ou des plaisirs du monde ! Les premiers n'ont pas le temps de réfléchir, comment pourraient-ils abaisser jusqu'à l'humble agriculture leurs regards olympiens ? Les autres ne sauraient envisager du côté sérieux les choses de la vie. » Cependant tout le monde conviendra que l'appauvrissement des campagnes, conséquence de l'émigration des propriétaires, est un fait social inquiétant, et digne de l'attention d'un gouvernement sage et prévoyant. Cette question, avant notre époque , semble avoir déjà préoccupé les hommes d'État. Dès 1788, le gouvernement du roi Louis XVI, alarmé des tendances à la désertion des campagnes qui commençaient à se manifester parmi les propriétaires, et comprenant qu'il faut chercher dans le développement de l'agriculture les sources de la richesse d'un grand pays , pensa à créer une institution qui pût être de nature à donner essor à cette grande industrie, par le concours des possesseurs du sol. Dans cette vue , il désigna donc le domaine de Chambord pour devenir le siége d'une sorte d'institut agronomique, destiné à l'enseignement de cent cinquante gentilshommes et d'autant de séminaristes , lesquels , en contractant le goût de l'agriculture, se seraient fixés dans les campagnes et auraient servi de moniteurs ou de guides aux populations rurales. Cette inspiration était digne du monarque qui donna pour instruction à La Pérouse, dans le voyage de découverte autour du monde dont l'issue a été si funeste, de distribuer aux sauvages, sur toutes les côtes qu'il devait parcourir, des graines de légumes et de fruits d'Europe, avec les notions sur leur culture qu'il était possible de donner à ces peuples , en visitant passagèrement leur pays. La révolution, dont cet infortuné prince devait être la victime, éclata sur ces entrefaites et arrêta la réalisation de cette féconde pensée. Les gouvernements qui suivirent, ne purent guère , on le conçoit, songer à l'agriculture , au milieu des luttes terribles qu'ils eurent à soutenir. Mais l'idée de Louis XVI devait être reprise un jour ; et nous l'avons vu réaliser par vient frapper un produit industriel quelconque, le fabricant élève proportionnellement ses prix ; et c'est, en définitive, le consommateur qui paye, ou, pour mieux dire, le cultivateur, soit qu'il consomme lui-même, ou parce qu'une augmentation dans les fermages suit toujours la hausse des objets de consommation. Il est à remarquer que l'agriculture subit le joug et l'exploitation des autres industries dont elle est la source , et que, mère et créatrice du capital, lequel, comme on vient de l'expliquer, est le produit de ses oeuvres et de ses épargnes, elle ne peut obtenir le numéraire qu'à titre onéreux; encore ne l'obticnt-ello pas toujours. C'est donc sur l'agriculture que pèsent en réalité toutes les charges; car, de ricochets en ricochets, c'est toujours à elle que l'on prend, sans jamais lui rendre. SESSION DE VANNES. 45 la création de l'institut agronomique de Versailles. Malheureusement les attaques de la foule des esprits étroits ou tracassiers qui traitent d'insensées toutes les oeuvres utiles dont ils ne comprennent ni le but, ni la portée, ont amené presque aussitôt la chute de cette institution, qui pouvait être si pleine d'avenir. La critique, qui épargne en France de monstrueux abus , devenus en quelque sorte respectables par leur ancienneté et parce qu'on est accoutumé à les voir, a la triste manie de s'élever contre toute création nouvelle qui vient à peine d'être fondée, et de la briser sans avoir la patience d'attendre les résultats pour la juger, et avant de l'avoir vue à l'oeuvre. » L'Institut de Versailles, par son enseignement élevé, le mérite et la renommée des professeurs chargés des cours, était entouré de toute la considération nécessaire pour satisfaire l'amour-propre des élèves et attirer les jeunes gens de famille aux études agronomiques. Or, on ne saurait poursuivre ce but, qu'il est si désirable d'atteindre, avec trop de persévérance, afin de réparer le mal que l'absentéisme cause à nos campagnes. Déjà les élèves de cette catégorie accouraient nombreux aux cours de Versailles, et l'on doit présumer que beaucoup parmi eux n'auraient pas tardé à être animés du désir d'appliquer sur leurs domaines les connaissances acquises dans ce grand établissement national. Désormais, ils continueront, comme par le passé, à se faire industriels ou à mener une existence parasite et désoeuvrée. L'Institut agronomique semblait créé par une heureuse inspiration, par une compréhension clairvoyante des besoins de notre siècle; car, en développant les goûts agricoles dans les hautes classes, il pouvait donner une impulsion nouvelle à la société française, dont les tendances sont aujourd'hui trop exclusivement industrielles. Sans doute, si le gouvernement, mieux avisé, avait aperçu ce côté de la question, il se serait gardé de la trancher aussi légèrement. En effet, il est de l'intérêt d'une administration sage d'user de tous les moyens d'influence dont elle dispose, pour faire rentrer les propriétaires dans les campagnes; car, tandis qu'ils encombrent les fonctions publiques, la plus grande partie de notre sol est en friche ou cultivée sans intelligence. Eh bien, on semble vouloir surexciter encore cette fièvre des emplois publics qui s'est emparée de toutes les classes, car le gouvernement prodigue les honneurs et les récompenses aux fonctionnaires, et il ne les accorde que rarement, avec parcimonie, aux hommes utiles et laborieux qui honorent et enrichissent le pays, en faisant progresser l'agriculture et l'industrie. » J'ai constaté précédemment les tendances du paysan enrichi à quitter la campagne pour se métamorphoser en bourgeois. Les fermesécoles, qui sont actuellement en butte aux attaques des adversaires de l'Institut de Versailles, étaient destinées à remplir, dans les rangs 46 ASSOCIATION BRETONNE. de la population rurale, le même office que celui-ci avait mission d'accomplir dans les classes élevées l'Institut devait ramener dans leurs terres les possesseurs du sol; la ferme-école, fixer au village les cultivateurs aisés qui portent aujourd'hui leurs pas vers la ville. Et ce n'est pas d'un résultat conjectural qu'il s'agit ici, mais d'un fait acquis et constaté, dans le Finistère, depuis la création de la fermeécole, dont les élèves, enfants de cultivateurs, retournent tous à la campagne, pour se vouer entièrement à la carrière agricole, qu'ils aspiraient pour la plupart à quitter, au sortir de l'école primaire. Si l'on a des reproches à faire à ces institutions, qui sont encore, on peut le dire, à leur naissance, s'il en est de mal venues, de déplorablement dirigées, dans certains départements, c'est une raison sans doute pour se hâter de les mettre en d'autres mains, mais non pour condamner le principe même qui les a fait établir. La création des fermes-écoles relève et anoblit aux yeux du paysan l'état de cultivateur. C'est par elles, par les élèves qu'elles répandront au sein des campagnes, que l'agriculture deviendra vraiment un art. Sans ellesf en effet, les paysans seraient fatalement condamnés à suivre longtemps encore les errements de la routine sauvage qu'ils tiennent de leurs pères ; car, sans boussole pour s'orienter, sans guides pour quitter les sentiers battus, ils ne sauraient prendre d'eux-mêmes, par une sorte de révélation, l'initiative du progrès. » Résumons-nous. Les forces vitales de la société, c'est-à-dire l'intelligence et les capitaux, se concentrent dans les cités ; cependant le paupérisme les envahit, l'agriculture languit, la misère s'accroît dans les campagnes délaissées appelons-y les forces qui peuvent les vivifier, en y ranimant le travail et l'industrie. Commençons par créer la viabilité rurale, car, tant qu'elle n'existera pas, les campagnes resteront inertes, l'agriculture languiradans la stagnation, le défrichement de nos terres incultes ne s'opérera pas ; qu'y a-t-il à faire, en effet, dans un pays inabordable et d'où l'on ne peut pas sortir? Comment y apporter les engrais, et en transporter les produits sur les points commerciaux où l'on en trouve le débouché? Quand les voies de circulation sillonneront les campagnes, il sera facile de donner l'impulsion à l'agriculture ; le progrès naîtra de lui-même, comme nous en avons des exemples partout où les routes pénètrent, où la petite vicinalité s'améliore et devient praticable. On peut établir, quand on le voudra, dans les campagnes, un vaste et utile atelier de travail, la confection de la viabilité rurale, qui doit précéder et préparer les défrichements. Bientôt quand l'agriculture, devenue florissante, pourra disposer de ressources et de moyens suffisants en fourrages et en engrais, il sera possible d'entamer les landes dans de bonnes conditions ; et ce sera encore un moyen d'utiliser fructueusement de SESSION DE VANNES. 47 nombreux bras. Commençons d'abord par les employer à transformer notre voirie bourbeuse en chemins solides et carrossables. On pourrait employer à cette oeuvre les mendiants valides et les ouvriers sans ouvrage; on pourrait même exonérer les prestataires d'une partie de la tâche qui leur est imposée, et qu'ils ne peuvent remplir qu'au détriment de leurs occupations agricoles. » L'objection que l'on ne manquera pas de m'opposer, l'énormité de la dépense qu'exigeraient de semblables travaux, tandis que les ressources de l'État sont absorbées par d'autres besoins, est une fin de non-recevoir plus banale que sérieuse. On se récrie toujours contre la dépense alors qu'il s'agit, sinon de guérir, d'atténuer au moins une plaie qui fait l'opprobre et le danger de la société; mais quand il est question de prodiguer des sommes considérables pour des dépenses qui ne sont ni nécessaires ni même utiles, alors on trouve des raisons spécieuses pour les justifier ; alors on n'hésite pas, on ne s'arrête pas un instant devant la considération de la dépense. Que faut-il, cependant , pour que les campagnes changent de face, pour y ramener la vie et le travail ? Il suffirait d'y verser quelques-uns de ces millions que l'on emploie annuellement, avec si peu de réserve, à l'embellissement des villes et à une foule de besoins factices ou superflus auxquels on donne satisfaction avant d'avoir pourvu au nécessaire. » Il est temps de jeter un regard sur les campagnes qui produisent tout, et de faire tomber aussi sur elles une part de cette manne du budget qui tombe si abondamment dans les centres. Car, ce monceau d'or si injustement réparti, ce sont elles qui le tirent chaque année, à force de sueurs, du sein de la terre. Rétablissons l'équilibre de même que l'horticulteur habile fait refluer la sève dans la branche souffrante, faisons refluer loin des centres une partie des forces sociales qu'ils absorbent et condensent, et dont une plus égale répartition est nécessaire à la prospérité du pays. Alors toutes les forces productives recevront une nouvelle impulsion ; le commerce et l'industrie redoubleront d'activité ; car les conquêtes de l'agriculture multiplieront les divers produits , qui sont la base de la richesse publique, et la consommation, qui excite à produire , grandira avec l'accroissement du bien-être général. » TH. DE POMPERY. » M. le Rapporteur donne ensuite lecture de ses considérations personnelles sur la question. Elles sont ainsi rédigées En tête des questions à discuter se trouve celle-ci Rechercher quelles sont les contrées de la Bretagne où la mendi- 48 ASSOCIATION BRETONNE. » cité et l'émigration des populations rurales dans les villes ont pris le » plus de développement. » Indiquer les points principaux sur lesquels se porte l'émigration. » — Analyser les causes locales de ces plaies sociales et examiner s'il » y a des moyens véritablement pratiques de les guérir. » » Cette question, la première du programme, par la place même qu'elle occupe, prouve quel intérêt on porte à la classe indigente, et combien on est loin de l'oublier dans les améliorations de toute espèce dont on voudrait faire jouir notre chère Bretagne. C'est un hommage à rendre à une pensée toute chrétienne des hommes dévoués qui dirigent notre Association Agricole, et je suis sûr d'être ici, envers eux , l'interprète des sentiments de tous. » Il nous semble qu'il n'y a aucune contrée, en Bretagne, où la mendicité et l'émigration des campagnes dans les villes se soient plus particulièrement développées ; c'est partout que l'on se plaint de cette désertion 1. Les hommes valides vont demander de l'ouvrage à la ville, avec espoir d'un salaire plus élevé. Les jeunes filles ambitionnent aussi de servir en ville. Elles y trouvent une condition plus douce; elles apprennent le français et souvent elles ne résistent pas au désir d'aller tenter fortune dans les plus grandes villes, et à Paris même. Ce n'est pas seulement dans la vigueur de l'âge que l'on déserte la campagne ; c'est surtout dans la vieillesse que les pauvres se rapprochent de la ville voisine et tâchent d'y établir leur triste demeure. Tant que les infirmités ne les empêchaient pas de courir les champs, 1 Les Annales de la Charité, dans leur livraison du mois dernier, citent en entier un rapport sur les moyens à employer pour l'extinction de la mendicité dans la ville de Fougères, qui, sur une population de neuf mille et quelques cents habitants, compte sept cents familles indigentes, ou trois mille individus, c'est-à-dire presque le tiers de la population totale. Pour opposer une digue aux progrès du paupérisme, dans cette localité, les moyens proposés et adoptés ont été l'organisation des secours , et la réglementation de la mendicité. Une Association générale d'assistance, par l'organe d'un Conseil, relie et concentre toutes les ressources de la bienfaisance publique et de la charité privée pour les répartir entre les pauvres, selon l'importance de leurs besoins. Toutefois cette Association générale a bien soin de laisser, aux diverses institutions charitables, leur esprit individuel, afin de ne point paralyser leur action, ni tarir la source du bien qu'elles opèrent. Dans le règlement pour la mendicité, deux choses nous semblent dignes de remarque c'est 1° l'obligation pour tout mendiant de porter la médaille qui lui est délivrée par l'administration ; 2° la défense aux cafetiers et autres de vendre à tout porteur de médaille, ni café, ni cidre, ni spiritueux, pour être consommés sur place, sous peine d'une condamnation de simple police, et, en cas de récidive, sous peine de retrait de l'autorisation de vendre. Le mendiant pourra aussi être privé de secours pendant un temps déterminé par le bureau. SESSION DE VANMES. 49 ils préféraient vivre sous le toit qui avait abrité leur enfance ; mais les forces venant à défaillir, il faut renoncer à la vie errante, et alors ils tournent leurs regards vers les centres de population où de charitables institutions fourniront de plus abondants secours à leur abondante misère. Voyez si, dans toutes nos villes de Bretagne, comme ailleurs du reste, la campagne ne fournit pas à la classe pauvre un nombre considérable de vieillards et d'infirmes. Ils vous tendent la main dans les rues, sur les places publiques , aux portes des églises. Leur langage et leurs haillons disent assez qu'ils n'ont pas toujours été citadins, qu'ils n'en ont pas encore acquis les droits qui, pour eux, se résoudront en un simple droit d'admissibilité à l'hôpital. Plus donc la misère fera sentir ses rigueurs, plus les pauvres, comme par instinct, afflueront vers la ville. Le luxe y étale ses richesses, et l'indigence espère en obtenir de quoi apaiser sa faim et couvrir sa nudité, qui contraste douloureusement avec la nudité des toilettes opulentes 1. » Un pareil état de choses était inconnu autrefois. La campagne , plus que la ville, était alors habitée par des familles riches et puissantes , qui répandaient autour d'elles le travail et l'aumône. Les habitudes et les croyances religieuses , exerçant alors leur souverain empire, unissaient les deux classes de la société, le riche et le pauvre, par le double lien des bienfaits et de la reconnaissance. Partout aussi, la Religion avait peuplé la solitude de nos campagnes d'hommes voués au travail et à la prière, dont les exemples et la charité étaient un enseignement pour tous, et pour l'indigent une source féconde de secours dans toutes ses misères. Celles de ces maisons qui ont pu se relever de leurs ruines ne sont-elles pas aujourd'hui encore, malgré 1 Le principal remède, disait dernièrement un journal, l'Univers, le principal remède a été quelquefois indiqué ; on ne s'est pas borné à déplorer cette immigration du peuple des campagnes dans les villes et dans tous les centres industriels et manufacturiers, où il perd à la fois ses idées religieuses, ses qualités morales, et jusqu'à ses forces physiques; on a si bien senti un mal plus grand encore, et qui est, selon nous, la cause première et réelle de l'autre, qu'on l'a spécifiée par un mot particulier l'absentéisme, l'habitude qui entraîne les propriétaires les plus aisés à vivre loin de leurs domaines, ou à n'y faire que de courtes apparitions. Ce n'est plus ici l'exemple des grands qui a entraîné les petits c'est le déplacement de la richesse qui a fait affluer les populations aux lieux où elle s'établit de préférence. » L'auteur termine cet article fort remarquable par cette conclusion En tous cas, il est un point que l'on ne peut méconnaître c'est que sous l'empire de la législation révolutionnaire nous devons continuer ù avoir des révolutions dans l'avenir, comme nous venons d'en avoir dans un passé déjà bien assez long; la législation révolutionnaire ayant tout fait pour mobiliser la propriété, un des obstacles à opposer aux révolutions est une législation conservatrice de la propriété, comme de la famille et de la religion. » 4 50 ASSOCIATION BRETONNE. la médiocrité de leurs ressources, le refuge et l'asile des pauvres? Vous savez tous avec quelle charité ils sont accueillis par les religieux de la Meilleray et par ceux de Rymadeuc, nos plus proches voisins. Dans le Dauphiné et en Lorraine, nous avons été témoin des prodiges de la charité des enfants de Saint-Bruno. Un village entier, aux portes de la Grande-Chartreuse, devient un jour la proie des flammes pas une maison ne fut sauvée, l'église même ne put être préservée. Ce village , le plus pauvre du diocèse de Grenoble, fut en entier reconstruit par les religieux, qui s'empressèrent de mettre à l'abri cette population, dont ils étaient l'unique ressource. Ce trait, qui a été publié dans le temps, vous est peut-être connu; mais à cause de notre voisinage de la Chartreuse et de ses impérissables souvenirs, on me pardonnera sans doute de rappeler un si bel exemple du dévoûment des Chartreux de nos jours. » Hélas ! les ordres religieux ne renaissent pas vite ; il a été facile de les supprimer et de les détruire ; il n'est pas aussi facile de combler le vide de leur absence au sein de la société. Les institutions venant aussi en aide à la révolution achevèrent de pulvériser la richesse des anciennes familles, en sorte que tous, qui que nous soyons, nobles ou roturiers, nous devenons réellement égaux, mais dans une parfaite médiocrité, et comme l'a si bien dit l'illustre restaurateur de l'ordre de Saint-Dominique en France, nous ne sommes plus » tous que de petits bourgeois et nous nous rapetissons encore tous » les jours. » Donc, sous l'empire des circonstances actuelles, il devient difficile, très-difficile de faire disparaître la mendicité qui désole nos campagnes. » Néanmoins, là où la politique et la sagesse humaine font défaut et sont réduites à l'impuissance, la religion a encore ses merveilleuses industries. Elle a suscité dans nos villes la société de Saint-Vincent de Paul pour subvenir aux besoins moraux et matériels des pauvres. Pourquoi aux mêmes maux dans les campagnes ne pas opposer le même remède? La population est trop disséminée, dira-t-on, les hommes de bonne volonté y sont plus rares qu'ailleurs. D'abord, le pauvre dresse sa cabane ou sur le bord d'une route, ou aux portes d'un village où il puisse toujours demander son pain. Dans un village, ne trouverons-nous donc pas un chrétien à qui nous puissions dire Mon brave, par amour pour Dieu, avec un ou deux de vos amis, chargez-vous de visiter une fois par semaine deux ou trois familles pauvres qui sont là près do votre demeure. Portez-leur vous-même les secours que vous aurez recueillis entre vous trois, faites-leur entendre des paroles de consolation et d'encouragement, détournez-les d'une vie oisive, parlez-leur de Dieu, dites-leur qu'il prend soin des pauvres et que c'est lui qui vous inspire de venir en ce moment à leur aide. Ce SESSION DE VANNES. 51 langage sera compris, et au contact de ces trois hommes soutenus par les encouragements de leur pasteur et le concours de ceux qui les verront à l'oeuvre, ces familles renonceront à leurs anciennes et mauvaises habitudes. Comme il y en a déjà tant d'exemples, les parents, dépouillés de leur paresse, se livreront au travail, les enfants ne seront pas élevés à mendier, ce qui les en préservera à l'avenir, car la pudeur et le souvenir de leurs parents les protégeront contre cette mauvaise inspiration qui, pour un grand nombre aujourd'hui, est une sorte de pis-aller, dont ils ne cherchent pas à se garantir. Dieu et saint Vincent de Paul aidant, ces familles entières prendront de bonnes habitudes qui seront pour elles autant de sources de richesse et de bonheur. On aura ainsi plus fait pour leur régénération que si l'on eût versé dans leur sein tous les trésors du monde. Vous doutez encore. Eh bien ! écoutez ce que racontait dernièrement à Florence le célèbre professeur M. Ozanam, l'un des fondateurs de la société de Saint-Vincent de Paul et qui malheureusement vient de mourir à son retour d'Italie en France. » Je me rappelle, disait-il, que dans le principe, un de mes bons amis, abusé un moment par les théories saint-simoniennes, me disait avec un sentiment de compassion Mais qu'espérez-vous donc faire? Vous êtes huit pauvres jeunes gens, et vous avez la prétention de secourir les misères qui pullulent dans une ville comme Paris ! Et quand vous seriez encore tant et tant, vous ne feriez toujours pas grand'chose! Mous, au contraire, nous élaborons des idées et un système qui réformeront le monde et en arracheront la misère pour toujours! Nous ferons en un instant, pour l'humanité, ce que vous ne sauriez accomplir en plusieurs siècles. » » Vous savez, reprend M. Ozanam, à quoi ont abouti les théories qui causaient cette illusion à mon pauvre ami ! Et nous, qu'il prenait en pitié, au lieu de huit à Paris seulement, nous sommes deux mille et nous visitons cinq mille familles, c'est-à-dire environ vingt mille individus, c'est-à dire le quart des pauvres que renferment les murs de cette immense cité. Les conférences de Saint-Vincent-de-Paul établies en France, en Angleterre, en Espagne, en Italie, en Belgique, en Amérique et à Jérusalem, s'élèvent aujourd'hui au nombre de onze cents. » Concluons, avec assurance, qu'à la campagne comme à la ville, c'est à la religion et à ses pieuses institutions qu'il nous faut demander le secret d'améliorer le sort du pauvre. Sans dédaigner aucun de ces secours, en les accueillant, au contraire, tous avec une sorte d'avidité, il nous semble qu'il n'y en a pas de, plus efficace et de plus utile, au riche et au pauvre , que la création des conférences rurales. Employons donc à les répandre toute l'influence que nous exerçons 52 ASSOCIATION BRETONNE. autour de nous. Que les difficultés ne nous effrayent pas, mais que l'exemple d'un de nos compatriotes nous anime! A lui seul, et à ses persévérants efforts, le diocèse de Nantes doit l'établissement de quinze conférences rurales. » Étendre et propager la société de Saint-Vincent de Paul, ce sera d'ailleurs multiplier son action bienfaisante, et plus elle sera répandue , plus les résultats en seront merveilleux. Qu'on en juge plutôt par l'oeuvre si populaire de la Propagation de la Foi qui, sans demander autre chose qu'un sou par semaine, mais en le demandant à tous, élève à plusieurs millions le chiffre de ses trésors annuels. N'est-ce point l'oeuvre capitale du XIXe siècle? N'est-ce pas à sa diffusion dans tous les rangs de la société qu'elle doit ces prodigieux succès dont la plus belle part revient encore à la France, son heureux berceau ? » A. DE SAISY DE KERAMPUIL. » Le Secrétaire, » CH. AVROUIN. » Seconde partie. M. de Virel remplace M. Avrouin comme Secrétaire. M. le Président appelle la délibération sur la première question posée par le programme de l'Association. Elle est ainsi formulée Émigration des campagnes dans les villes. Rechercher quelles sont les contrées de la Bretagne où la mendicité et l'émigration des populations rurales dans les villes ont pris le plus de développement. Indiquer les points principaux sur lesquels se porte l'émigration. Analyser les causes locales de ces plaies sociales, et examiner s'il y a des moyens véritablement pratiques de les guérir. » M. l'abbé Lemeur prend la parole. Il envisage la question de la migration des populations rurales dans les villes au point de vue religieux. Le problème de l'extinction du paupérisme est posé depuis longtemps, mais non encore résolu ; son importance croît de jour en jour. Les classes inférieures s'accumulent, au fond des SESSION DE VANNES. 53 sociétés et déjà le van déborde. Au point où en sont les choses, l'amélioration de leur condition est une question de vie ou de mort. Le développement de la richesse semble lui-même ajouter au péril d'une telle situation en évoquant le contraste de l'extrême opulence et l'extrême misère. Il n'est plus d'ailleurs permis de penser que cette misère tienne à des causes accidentelles ni locales ; le mal est dans des proportions telles qu'il faut se résoudre à l'attribuer à des causes générales et permanentes, et que devant ce flot montant sans cesse la charité elle-même est tentée de confesser son insuffisance. Quelles sont ces causes ? M. l'abbé Lemeur les place dans l'ordre moral. Qu'est-ce en effet que la misère? Sur ce point tous les économistes sont d'accord et répondent La disproportion entre les productions et les besoins. Que faut-il donc pour y porter remède ? Augmenter la somme de productions. Or toute production exige un agent nécessaire, le capital. Le capital ne manque pas absolument; il est fort supérieur à ce qu'il était jadis. Le mal est qu'il émigré des campagnes et se porte dans les villes; pourquoi? Parce que le besoin de jouissances immodérées, le principe sensualiste, détournent le capital des profits certains mais modestes de l'agriculture pour le livrer aux chances brillantes et aléatoires du commerce et de l'industrie. Pour lui faire prendre une route inverse, M. l'abbé Lemeur pense qu'il convient avant tout de ramener dans les esprits l'équilibre entre les désirs et les ressources. Il faut raviver la doctrine du sacrifice. A ce point de vue remettre en honneur l'agriculture, c'est contribuer à la solution du problème. C'est aussi y contribuer que de maintenir la population au niveau des subsistances, niveau forcé, qui s'impose de soi-même, mais que le principe chrétien établit plus doucement par son action salutaire sur l'éducation et sur la bonne discipline de la vie, qui éloigne les passions et retarde les mariages précoces. Ici la contrainte n'est pas forcée, elle est toute volontaire, et cette contrainte est l'essence même du christianisme. M. l'abbé Lemeur termine en remarquant que quelque influence 54 ASSOCIATION BRETONNE. que puisse avoir le principe chrétien, jamais il n'éteindra radicalement la misère. Si pour y parvenir il était contraint de porter atteinte à la liberté humaine, il s'arrêterait, parce que pour lui la liberté humaine est chose inviolable. La misère est donc une plaie incurable qu'il s'agit simplement d'atténuer. Dans son rapport à la suppression de la misère, la puissance humaine ressemble à ces lignes géométriques qui se rapprochent sans cesse et ne se confondent jamais. M. de Pompery pense que M. l'abbé Lemeur a donné trop d'importance aux causes qu'il a signalées; il ne nie ni les effets du sensualisme ni ceux de l'excès de la population. Mais se borner à signaler les causes, c'est rester dans le vague ; il en faut venir à signaler des remèdes précis. Restreindre la liberté des mariages, c'est peupler les hospices. Comme M. l'abbé Lemeur, M. de Pompery reconnaît que le paupérisme des campagnes vient de l'insuffisance du capital agricole. Agriculture sans capitaux, agriculture pauvre , il peint en quelques traits l'impuissance de nos laboureurs. Le meilleur remède serait d'appliquer les pauvres et les mendiants à suppléer les prestataires pour travailler à la viabilité rurale qui amène les défrichements; de la sorte double gain, restitution aux prestataires de leur travail productif, emploi utile de ceux qui ne servent à rien. L'appel aux propriétaires n'est qu'un vain palliatif. Créer ces grands travaux dans les campagnes, tout est là. M. de Kerampuil insiste sur la charité chrétienne , sur son efficacité. Il propose d'établir aux sources mêmes de la mendicité une bonne organisation de la charité chrétienne et son corollaire naturel, un système de patronage, et de faire pour les campagnes ce que l'on a si heureusement tenté pour les villes. Cette organisation, ce patronage existe, fonctionne. C'est la société de SaintVincent de Paul, qui dans la Lorraine allemande, où la misère est extrême, a suffi pour changer les conditions du pays. La charité fera-t-elle moins chez nous?Ce remède, d'ailleurs, n'exclut pas les autres. M. de Pompery craint que le préopinant ne s'exagère l'influence de la charité, qui dans les campagnes serait à peine un palliatif. A SESSION DE VANNES. 55 un mal immense il faut un remède héroïque, et ce remède, encore une fois, c'est de créer du travail. Avec quoi, dira-t-on ? Avec les millions que l'on prodigue aux choses inutiles. Il termine en demandant que la question soit maintenue à l'ordre du jour, pour examiner la question de l'emploi des mendiants aux travaux de viabilité. M. de Kergaradec. recteur de l'Académie du Morbihan, prend la parole pour une motion d'ordre. La question lui semble jusqu'ici traitée à un point de vue trop général et en désaccord avec les termes du programme qui veut que l'on se borne à examiner les causes de la misère bretonne et les remèdes bretons. M. l'abbé Fournier, curé de Saint-Nicolas de Nantes, commence par faire voir comment la question de l'émigration n'est qu'un fait de la question du paupérisme. Il approuve la doctrine précédemment émise , que celui-ci émane du sensualisme, et en donne la preuve, en considérant l'ivrognerie, ce triste vice de nos campagnes qui n'est après tout qu'un mode de sensualisme. Ne pas considérer les causes morales du mal, c'est voir le mal sans remonter à sa source. Réformez le moral d'un homme, vous le sauvez. La misère est le mal physique; pour y atteindre il faut viser au mal moral. Comment empêcher les migrations?Convient-il d'avoir recours à des prescriptions administratives? M. l'abbé Fournier pense que dans une certaine mesure ce moyen peut n'être pas à dédaigner, et qu'il est bon d'appeler là-dessus la sollicitude du pouvoir. Par elles-mêmes ces migrations sont un mal réel. Tel homme, sur le sol natal, sous les yeux de ses proches, est un bon paysan, qui jeté seul sur le pavé des villes est un citadin détestable. Il combat l'opinion du préopinant touchant l'impuissance de la charité. Impuissante! Non comment le serait-elle? La charité, c'est l'emploi de toutes les forces humaines vers le bien. Il observe que le mal physique n'est pas sans compensations morales, et sans doute c'est pourquoi Dieu l'a permis. Il examine enfin l'opinion de M. de Kerampuil sur les sociétés de Saint-Vincent de Paul, et constate leur existence dans une trentaine de communes rurales de la Loire-Inférieure, où elles ont déjà fait un très-grand 56 ASSOCIATION BRETONNE. bien, et c'est se méprendre, dit-il, que de croire que dans ces conférences pour faire le bien il faille beaucoup d'argent. Il y faut bien plus, il y faut du coeur. A côté de la misère, les conférences de Saint-Vincent de Paul distribuent ces remèdes préventifs qui la tarissent dans sa source. Ce discours, fréquemment interrompu par de très-vifs témoignages de sympathie, est salué par plusieurs salves d'applaudissements. M. de Pompery proteste qu'il n'a pas voulu glorifier le sensualisme ; qu'il a seulement engagé à tenir compte de ce qui existe. M. le secrétaire général de l'Association demande que l'on serre la question de plus près. Il rappelle les termes du programme qui pose ainsi la question — Où existe la misère ? Où se portet-elle ? Quels en sont les remèdes ? Il demande sur ces deux premières questions que l'on procède à une sorte d'enquête. Répondant à l'appel de M. le secrétaire, M. Bahier donne des renseignements précis sur l'émigration dans les Côtes-du-Nord. Il distingue trois sortes d'émigrations la définitive, la temporaire, et une troisième qu'il appelle de vanité. S'attachant de préférence aux deux dernières, il indique que l'émigration temporaire frappe surtout les contrées tirant naguère leur existence de la fabrication à la main des toiles, fabrication ruinée par l'introduction des appareils mécaniques. D'Uzel, de Quentin et des localités environnantes, le courant se dirige vers Nantes et vers les ateliers de chemins de fer, et là, le tisserand dépaysé perd le peu qu'il avait de qualités natives; car de sa nature la race est peu prévoyante et adonnée au vice fatal de nos campagnes, à l'ivrognerie. C'est pourquoi dans des temps meilleurs, vivant au jour le jour et négligeant de se pourvoir de capitaux, elle n'a pas su retenir son industrie lorsque les révolutions mécaniques ont exigé, pour cette industrie de grands et coûteux appareils, et ce vice de caractère a causé sa ruine industrielle. Pour ce qui concerne la troisième sorte d'émigration, celle que M. Bahier appelle de vanité, il rattache à cette catégorie peu nombreuse à la vérité, mais importante par la somme d'idées et d'intérêts qu'elle représente, tous ces paysans lettrés devenus SESSION DE VANNES. chercheurs de places et que le malaise d'une position trop étroite pousse vers les idées et les tentatives révolutionnaires. A ce trèsgrand mal, le seul remède est de diriger l'éducation rurale vers l'agriculture, de moins viser aux belles-lettres, de mieux s'attacher à tout ce qui fera aimer à nos jeunes paysans l'honorable métier de leurs pères. En terminant, M. Bahier leur adresse ce conseil aux applaudissements unanimes de l'assemblée Soyez plutôt les premiers des paysans que les derniers des messieurs. » M. Augustin continue l'enquête de l'émigration rurale. Il confirme les paroles du préopinant en ce qui concerne l'émigration des contrées, siége de l'industrie toilière dans les Côtes-du-Nord. Mais il remarque que dans le Finistère, où cette industrie à la vérité avait moins de développement, la révolution industrielle n'a guère eu pour effet que de reporter vers l'agriculture les bras que la fabrique en avait distraits; aussi l'émigration a-t-elle été trèsfaible dans le Finistère. Il l'évalue à un chiffre très-faible qui est contesté par quelques membres, tous s'accordant à reconnaître que l'émigration du Finistère est loin d'atteindre les proportions de celles des Côtes-du-Nord et du Morbihan. M. Briot de la Maillerie rend compte d'une enquête ouverte à ce sujet par les magistrats et les comices des six cantons sud du Finistère. Cette enquête a constaté et déploré l'existence de l'émigration. Elle n'a aperçu de remède que dans une organisation de secours aux pauvres aux frais des communes aidées par l'État, et dans des règlements qui mettent obstacle à l'absentéisme des propriétaires. M. de Kerampuil à la charité officielle oppose de nouveau la charité chrétienne. Il fait connaître son organisation et les heureux effets qu'elle a obtenus en procédant, non par voie d'absorption, mais par voie d'association, et en réglementant la mendicité dans la ville de Fougères, où le fléau du paupérisme atteint le tiers de la population. M. de Sesmaisons, président de l'Association, s'efforce de résumer la discussion. On a constaté plusieurs moyens curatifs ceuxci sont administratifs, qu'on les remette à la sollicitude de l'administration; ceux-là sont du domaine de la charité, qu'on les re- 58 ASSOCIATION BRETONNE. mette à la direction du clergé. Le Congrès ne doit s'occuper que des moyens qui dépendent de nous-mêmes. Ces moyens sont que chacun de nous, par le bienfait de sa présence sur ses domaines, par ses travaux, par les idées et l'argent répandus autour de lui, par son influence sur l'instruction des enfants, emploie toutes ses forces dans le but de retenir aux champs la population qui l'entoure, en lui faisant aimer sa condition, estimer son état. Au lieu d'attaquer la mendicité à son point d'arrivée dans les villes, c'est à son point de départ qu'il faut l'éteindre. Il conseille d'agir surtout sur les enfants, parce que les jeunes têtes sont plus faciles à recevoir une empreinte, et que les enfants sont les pères des hommes. Il fait la proposition suivante Le Congrès recommande à tous ses membres d'aviser par tous les moyens que le dévoûment pourra leur suggérer à prévenir l'émigration chez eux en particulier, tant par le bon exemple de leur résidence habituelle que par le développement de leurs travaux ruraux et par l'instruction élémentaire. » Avant que ces conclusions soient mises aux voix, M. Bernard - Breton prend la parole et dit en quelques mots qu'un des motifs d'émigration est la difficulté pour un homme de mérite de se faire un nom par l'agriculture. Lorsque les paysans fuient vers les villes, c'est que les messieurs ont fui devant. M. Taslé, conseiller à la Cour d'appel et vice-président du Congrès, sollicite un vote du Congrès, qui appelle l'attention du pouvoir sur la principale cause du paupérisme et sur les remèdes qui lui sont applicables;cette, cause, il la place dans l'ivrognerie. Le mal a son siége dans les cabarets. Avec l'autorité que lui donnent ses fonctions et son talent, il signale la part de l'ivrognerie dans les crimes soumis aux Cours d'assises, principalement en Bretagne, où ce triste phénomène se produit, que le temps des assises ne suffit plus à la multiplicité des crimes, et que l'on est obligé de les doubler. Un tiers des crimes, dit-il, sort en ligne directe du cabaret. Nos populations s'y ruinent et s'y pervertissent tout ensemble. Le cabaret est sur le grand chemin du bagne. » Le mal fait par les cabarets étant mis en relief, M. Taslé cri- SESSION DE VANNES. 59 tique le régime de police auquel nos lois les assujettissent ; cette police est seulement répressive or elle devrait être préventive, elle devrait réglementer le nombre des cabarets de la même manière que l'on a réglementé le nombre des débits de tabac. Faute d'en venir là, les cabarets, nous le voyons, se multiplient outre mesure; cette multiplicité engendre tous les crimes en proportion géométrique, et crée pour les cabaretiers eux-mêmes cette position vicieuse que leur intérêt est que leur cabaret soit mal tenu. Aussi n'y faillissent-ils pas ; tout leur zèle s'exerce à en faire de mauvais lieux. En conséquence, M. Taslé demande que, dans un vote spécial, le Congrès mentionne que les cabarets sont la première cause du mal, et qu'il sollicite du gouvernement une réglementation préventive telle que le cabaretier soit le premier intéressé à maintenir l'ordre. M. le Préfet du Morbihan prend la parole et répond au préopinant que ce qu'il sollicite du gouvernement est déjà fait. Un décret, qui date d'environ deux ans, accorde aux agents du pouvoir la police préventive en même temps que répressive, toutes deux ensemble. Il entre dans d'intéressants détails sur la manière dont il a exercé, dont il exerce encore cette police. Au moment où le décret a paru, 4,000 cabarets existaient dans le Morbihan, c'està-dire près de 1 par 100 habitants. Pour rentrer d'un tel état dans l'état normal, à moins que l'on ne renonce à toute mesure, à tout tempérament, il faut du temps. M. le Préfet expose les résultats déjà obtenus et la méthode d'après laquelle il opère. Il ferme les mauvais lieux et agit sur les cabarets ordinaires par voie d'extinction. Il ne lui semble pas qu'il y ait lieu de demander davantage du pouvoir, à moins que, comme dans un pays voisin, on ne demande que l'ivresse soit, par la loi, qualifiée comme délit. M. Taslé pense que l'on peut demander davantage, et pour donner quelques exemples de son idée afin de la bien faire comprendre, il propose que le délit, en cas d'ivresse, soit applicable au cabaretier, de sorte que la peine en retombe sur lui aussi bien que sur l'homme ivre, que le jeu soit interdit dans les cabarets. 60 ASSOCIATION BRETONNE. que nulle action ne puisse être intentée aux parties pour dettes au cabaret. M. Kerarmel, vice-président du Congrès et juge de paix à Lorient, énonce l'opinion que la législation existante, bien appliquée, suffit. Il cite pour exemple la ville de Lorient, où 300 cabaretiers ont été matés par une bonne police. M. de Kergorlay, secrétaire général de l'Association, fait observer que sur le terrain où la discussion s'engage, si l'on se tient à un sens général, on répond par le décret précité ; que si l'on aborde des faits et demande de certaines formules législatives particulières, on dépasse sa compétence, vu que nous ne sommes pas des légistes. Dans les termes où l'on se pose, pas de vote possible. M. Bahier, parlant dans le même sens que M. Kerarmel, reconnaît que dans les Côtes-du-Nord, les récentes dispositions sur les cabarets ont été efficaces. A la vérité, des cabarets clandestins ont été ouverts, mais partout où des commissaires de police cantonaux ont été institués, ces cabarets clandestins ont été bientôt fermés. M. le Président du Congrès rappelle à l'assemblée qu'aux termes du décret d'organisation, dans un délai de trois ans, chaque canton est appelé à recevoir un commissaire de police cantonal. M. le secrétaire général de l'Association insiste de nouveau sur cette idée que nos attributions sont de faire une enquête et non de l'administration. M. Bernard-Breton énonce l'idée que l'on institue des constables de police volontaires pour la surveillance des cabarets. M. de Genouillac demande que l'on mette aux voix la proposition faite par M. de Sesmaisons, ainsi conçue Le Conseil recommande à tous ses membres d'aviser par tous les moyens que le dévouement pourra leur suggérer à prévenir l'émigration chez eux en particulier, tant par le bon exemple de leur résidence habituelle que par le développement de leurs travaux ruraux et par l'instruction élémentaire. » Cette proposition, appuyée par un grand nombre de membres, est mise aux voix et adoptée. SESSION DE VANNES. 61 M. le Secrétaire général donne lecture à l'assemblée d'une lettre du président de la Société Polymathique de Vannes, qui, au nom de cette société, met la bibliothèque à la disposition des membres de l'Association. M. de Champagny, trésorier de l'Association, demande qu'il soit nommé une Commission pour l'examen de ses comptes. L'assemblée consultée par M. le Président sur le choix des membres qui devront la composer, s'en rapporte entièrement à son honorable Président qui en conséquence désigne MM. Kerarmel, Kerviller et de Pompery pour l'examen des comptes de M. le Trésorier. M. le Président fait ensuite connaître à l'assemblée l'ordre du jour de demain. Il se composera ainsi qu'il suit 1° De la question N° 2, recherche des engrais de mer et leur transport, amendements et matières premières ; 2° De la question N° 4, étrépage et tombes d'engrais ; 3° De la question N° 8, espèce chevaline. La séance est levée à trois heures et demie. Le Secrétaire, DE VIREL. ASSOCIATION BRETONNE. PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE. PRÉSIDENCE DE M. DE LA MONNERAYE. Première partie. M. de la Monneraye, Président du Congrès, MM. de Sesmaisons, de Kergorlay et de Champagny sont présents au bureau. A midi et demi la séance est ouverte. MM. les Secrétaires donnent lecture du procès-verbal de la séance d'hier; il est adopté sans observations. M. Bernède dépose des exemplaires de son opuscule sur les vaches laitières de Jersey. M. de Genouillac dépose un voeu tendant à activer la confection de la viabilité rurale, dans laquelle il comprend aussi les chemins communaux. M. de Saisy demande qu'une commission nommée par la direction , et composée d'un membre de chaque département, soit chargée de l'examen de ce voeu et de tous ceux qui viendraient à être présentés par d'autres membres du Congrès. M. de Genouillac. Le règlement a prescrit le mode de formation des commissions; il ne faut pas s'en écarter. » M. de Kergorlay. Il n'y a rien au règlement de relatif à la formation de la commission des voeux. Chacun est libre de faire des propositions à cet égard; le Congrès jugera si elles doivent être admises. » L'assemblée décide que la Commission sera nommée par la Direction, et qu'elle en désignera les membres comme elle le jugera convenable. Le renvoi du voeu de M. de Genouillac à cette commission est ensuite prononcé. M. de Sesmaisons communique un extrait du procès-verbal des SESSION DE VANNES. 63 séances du conseil général du Finistère, qui désigne MM. Bernard Breton, de Pompery et du Couedic pour le représenter au Congrès de Vannes. M. de Laferrière donne lecture d'un mémoire où il expose le résultat des expériences auxquelles il se livre depuis plusieurs années, pour préserver les pommes de terre de la maladie qui les affecte. Le Congrès écoute avec intérêt la lecture de cet important travail, qui est conçu dans les termes suivants Messieurs, » Appréciant toute l'importance des produits de la pomme de terre au point de vue de la nourriture de l'homme et do l'engraissement du bétail, je me suis livré depuis sept ans à des recherches incessantes dans le but de trouver le moyen de la guérir de sa si déplorable maladie. » Après avoir employé infructueusement tous les spécifiques indiqués par les agriculteurs et les chimistes réunis, et aussi une infinité de moyens qui m'ont été suggérés par mon désir ardent de réussite, je me bornerai ici à vous signaler, entre toutes mes tentatives si multipliées, ma persévérance pendant cinq grandes années à continuer de très-nombreux semis, qui ont tous été attaqués de la maladie dès la première année, ainsi que leurs produits les années suivantes. Je devais commencer à désespérer quand, en passant en revue les diverses observations que j'avais dû faire, je me suis dit Les pommes de terre qui restent dans les champs après l'arrachage donnent généralement des produits qui sont moins malades et qui arrivent plus hâtivement à leur maturité que celles que je sème en novembre, décembre , janvier et février. J'ai donc été tout naturellement conduit à faire mes semis depuis la mi-septembre au 1er octobre. J'avais dû encore remarquer que les pommes de terre mises dans des terrains fumés nouvellement étaient plus fortement atteintes que celles semées dans les terres légères de nos landes, qui n'avaient point reçu d'engrais dans l'année de cette culture. Enfin, ayant lu dans un journal que le charbon pilé était un préservatif, je m'empressai de l'employer, et il me sembla en effet que, sans détruire trèssensiblement l'intensité de la maladie , les portions où j'en avais fait usage, étaient moins attaquées que les autres dans un champ de deux hectares. » Partant de ces données, j'ai voulu l'année dernière faire un der- 64 ASSOCIATION BRETONNE. nier essai et j'ai semé douze variétés de pommes de terre dans un champ de deux hectares, qui avait produit dans l'année même une récolte abondante d'orge d'hiver, fortement fumée l'année précédente. » L'ensemencement a été fait à la charrue du 15 au 25 septembre 1852, à la profondeur de 20 à 22 centimètres, après trois labours profonds préalables, trois hersages énergiques et trois roulages. » J'ai ajouté à chaque pomme de terre pour toute fumure , avant do la faire recouvrir par la charrue, une demi-poignée des résidus qui restent après la cuisson du charbon. Ces résidus se composent des trois cinquièmes au moins de gazons brûlés, d'un cinquième de cendre et d'un cinquième de très petits-morceaux de charbon. » Je vais entrer dans des détails que je regarde comme très-importants. » La maladie qui a commencé à apparaître faiblement, il est vrai, dès le 7 juillet, s'est arrêtée le 10 pour reparaître le 25 juillet dans le haut des feuilles seulement, mais avec une intensité assez sensible , puis s'est encore arrêtée de nouveau le 27 juillet et est restée stationnaire jusqu'au 15 août sans attaquer le moindrement les tubercules, tandis que tous mes voisins, mes fermiers, mon jardinier, qui n'avaient point fait usage de mes résidus , voyaient la maladie sévir d'une manière déplorable sur les diverses variétés de leurs pommes de terre, et tout particulièrement sur celles dites primes. » Lors de mon arrachage du 10 août dernier » 1° La pomme de terre jaune ronde, dite de Saint-Jean, s'est trouvée être très-abondante, de qualité supérieure, et sans la moindre trace de la maladie, et s'est conservée dans le même état dans la terre jusqu'au 23 courant, c'est-à-dire qu'elle restera complétement bonne. » 2° De même pour la pomme de terre jaune longue de Hollande. » 3° De même pour la jaune ronde hâtive. " 4° De même pour celle dite petite rouge ronde hâtive de Paris. » 5° De même pour celle rouge hâtive dite rognon. » 6° Le 18 août, j'ai fait arracher celle dite anglaise, longue jaune un peu rose à l'une des extrémités, et demi-tardive. Elle s'est trouvée être en extrême abondance et de qualité parfaite, et nous n'avons rencontré sur 15 hectolitres que 25 à 30 pommes de terre qui commençaient seulement à être un peu malades. Et ce n'est encore qu'au moment du triage que j'ai fait faire sous mes yeux avec le plus grand soin, le 11 courant, avant l'ensemencement, que j'ai pu constater la présence si peu sensible de la maladie. » Nous avons eu les 25 et 26 août dernier des pluies torrentielles, presque continues, qui ont eu pour résultat de faire faire des SESSION DE VANNES. 65 progrès à cette funeste maladie, sur plusieurs variétés de l'espèce tardive encore restée en terre, dans ce sens qu'elle est descendue sur un cinquième des sujets, des feuilles à la moitié de la tige, sans descendre visiblement à l'oeil, du moins jusqu'aux tubercules. » Le 29 août, j'ai fait arracher les espèces tardives suivantes » 7° La grosse ronde jaune d'une abondance très-grande et d'une grosseur remarquable. » 8° De même la grosse blanche ronde de Hollande. » 9° De même de la pomme de terre de Crozon ronde , d'un rouge rose et la meilleure de toutes celles que je connais. " 10° De même d'une espèce rouge ronde, d'une bonne qualité et donnant bien, la seule qui a mérité d'être conservée sur toutes celles obtenues par mes si nombreux semis. » 11° La grosse bleue foncée très-productive, particulièrement bonne pour la nourriture des bestiaux. » 12° De même, enfin, une pomme de terre longue jaune, cultivée depuis plus de quarante ans en Bretagne et donnant beaucoup. » Vous pouvez, du reste, Messieurs, examiner les échantillons de tous mes produits, qui se trouvent déposés à Vannes à l'exposition de l'agriculture, pour vous convaincre de tout ce que j'avance. Au moment de l'arrachage, il ne s'est pas trouvé 200 pommes de terre attaquées de la maladie d'une manière appréciable à l'oeil, et j'ai dû croire un moment avoir complétement réussi. » Malheureusement quinze jours après l'arrachage , la maladie s'est déclarée dans les tas avec une certaine intensité, et il m'a fallu séparer les pommes de terre malades , qui se sont trouvées assez nombreuses dans presque toutes les variétés. » Seulement, il est bien digne de remarque que la pomme de terre jaune longue tardive qui porte le n° 12 s'est conservée dans le tas, sans aucune trace de maladie appréciable jusqu'au 23 courant. » Pour me résumer, je crois avoir commis une très-grande faute en faisant arracher mes pommes de terre tardives avant leur maturité tout à fait complète, et je veux encore rester persuadé que la fermentation dans les tas est pour beaucoup dans le développement de cette terrible maladie. » Je viens de faire de nouveaux ensemencements dans les premiers jours de septembre, sur une étendue d'un hectare, et je conserve l'espoir de pouvoir annoncer à la prochaine réunion de notre Association Bretonne une complète réussite. » D'ici là , je laisse aux chimistes à nous dire si la présence de l'acide carbonique dans les résidus que j'ai employés doit nous donner un moyen curatif certain. 66 ASSOCIATION BRETONNE. » Du reste, si je ne dois pas réussir comme je l'espère encore, j'aurai du moins la consolation de me dire que j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour arriver à un but si désirable. » Vannes, 27 septembre 1853. » Comte DE LAFERRIÈRE. » M. Kerarmel a lu quelque part que le charbon était un préservatif contre la maladie des pommes de terre ; cependant il a essayé ce moyen, comme M. de Laferrière, et n'a pas obtenu le moindre résultat. Mais il a fait des semis de graines, provenant de l'espèce très-prime dite marjolaine, il a échelonné les semis sur diverses époques de la saison, et il a remarqué que ceux qui ont mûri de bonne heure ont été parfaitement exempts de l'altération; les autres étaient plus ou moins affectés, suivant que l'époque de la maturité des tubercules étaient plus tardive. M. de Laferrière a obtenu sept variétés parfaitement saines et exemptes de maladie ; il persiste dans la conviction que ce résultat est dû aux effets du charbon. En effet, ajoute-t-il, on sait que l'acide carbonique préserve les corps de la désorganisation. M. Briot appuie l'opinion de M. de Laferrière; il a cultivé un demi-hectare de pommes de terre hâtives avec une forte dose de cendre d'écobue, et il en a récolté 3,400 kilogrammes à peu près exemples de maladie. Il attribue ce résultat à l'effet des cendres de mottes, qui auraient des qualités spéciales comme préservatif. MM. de Langlais et Kerarmel citent des cantons du littoral du Morbihan où la pomme de terre échappe à la maladie, ce qu'ils attribuent à l'air salin et à la nature calcaire du sol. M. de Genouillac Les expériences de M. de Laferrière sont fort intéressantes, mais elles ne sont pas concluantes. Les tubercules récollés sains pourrissent en hiver dans les celliers, la difficulté est de les conserver pendant toute la saison ; il faut combiner les expériences. M. de Saisy, à propos du fait signalé par M. de Langlais, dit que la maladie est capricieuse on a vu la pomme de terre saine à Sarzeau, malade sur d'autres points du littoral. Il ajoute que les expériences de M. de Laferrière sont très-utiles et doivent lui mériter des éloges. SESSION DE VANNES. 67 M. Briot a fait, depuis quatre ans, des expériences analogues, et en a toujours obtenu de bons résultats. M. de Laferrière. Dans mes essais, que je vais continuer, je n'ai pas eu, parmi mes pommes de terre précoces, une seule variété malade; mes pommes de terre tardives ont été seules affectées, sans doute parce que, arrachées avant maturité, la fermentation s'est développée dans les tas. L'acide carbonique combiné avec les cendres de terre n'en est pas moins, on peut le présumer, un excellent préservatif. M. de Sesmaisons. M. de Laferrière opère ses ensemencements au mois de septembre. D'autres expériences de semis d'automne, faites sur divers lieux, paraissent avoir atténué le mal. N'est-ce pas là ce qui aurait préservé aussi les tubercules de M. de Laferrière ? » M. Briot, interpellé, dit que sa terre est légère, et qu'il ne peut semer qu'au printemps à cause des gelées et de l'humidité. Il applique avec de la cendre d'écobue, du sable calcaire dans la proportion d'un dixième. M. de Pompery a remarqué que les pommes de terre qui échappent à l'extraction sont peu atteintes de l'altération. A l'appui de cette observation, il cite une expérience faite par un propriétaire, lequel, en retirant des tubercules, laissa plusieurs touffes espacées entre elles, passer l'hiver en terre, et sema dans les vides, à l'époque ordinaire, de nouvelles pommes de terre, qui furent affectées, tandis que les autres restèrent saines. M. Briot ne pense pas que ce fait, d'après ce qu'il a vu de son côté, puisse être considéré comme décisif. M. de Sesmaisons cite aussi des exemples qui prouvent que les bous résultats attribués aux semis d'automne ne peuvent être admis comme certains ; car les ensemencements opérés en cette saison n'ont pas été sur tous les points exempts de la maladie. M. Bernède. Il est remarquable que certaines variétés, notamment la rouge , ne sont jamais atteintes. Au reste, tous les végétaux ont un ennemi particulier; l'altise ravage les crucifères, les fèves et d'autres plantes. Il peut aussi exister des insectes infinitésimaux, invisibles, qui causent la maladie; car la tige est attaquée d'abord par le sommet, l'altération descend graduellement et en- 68 ASSOCIATION BRETONNE. vahit ensuite la plante tout entière, et ce sont les tubercules attachés à la tige qui sont les premiers altérés. Une foule d'insectes surgissent; connaissait-on autrefois le puceron laniger? On voit souvent les navets et autres crucifères disparaître après des brouillards. Peut-on admettre, cependant, que ce soit le brouillard qui détruit le navet, tandis qu'il ne disparaît jamais quand on prend la précaution de frictionner la graine avec de l'ail, expérience que j'ai faite et qui m'a réussi? A la suite d'un brouillard , on a vu avorter la floraison des pommiers. Le brouillard a pu déposer des germes d'insectes qui ont détruit la fleur; les éclosions ont sans doute lieu par l'influence des grandes chaleurs d'août et de septembre. » M. Kerarmel. L'invasion générale de la maladie des pommes de terre a eu lieu en 1845. Est-ce un insecte qui l'a causée? est-ce une modification de l'état atmosphérique? Dans les phases que suit l'altération, l'atmosphère paraît avoir la principale influence.» M. de la Moneraye, Président, fait observer combien il est difficile de constater les causes du mal ; comment donc découvrir, dans cette discussion, les moyens de les détruire ? M. de Kergorlay. Cette question n'est pas posée; la communication de M. de Laferrière ne peut être considérée que comme un renseignement. » M. le Président. On ne donne pas de moyens curatifs certains; il faut donc se borner à prendre acte des renseignements fournis par M. de Laferrière. M. de Saisy demande l'insertion textuelle de la communication au compte rendu. Cette proposition est adoptée. M. Bahier fait connaître que la maladie des pommes de terre se faisait sentir en Alsace plusieurs années avant l'invasion de 1845; il cite un agriculteur de Saint-Brieuc qui, après avoir semé des pommes de terre, les a couvertes avec de la paille, et les a soustraites par ce moyen à l'altération. On passe à la deuxième question du programme , ainsi conçue Recherche des engrais de mer et transport des engrais, amendements et matières premières. M. de Sesmaisons donne communication du rapport et des con- SESSION DE VANNES. 69 clusions de la Commission chargée de l'étude de cette question. Relativement aux engrais et amendements marins, il fait connaître que M. Hoslin , ingénieur des ponts et chaussées, a reçu une mission spéciale du gouvernement pour la recherche de ces substances sur notre littoral et celle des gisements calcaires à découvrir dans l'intérieur du pays; on a déjà trouvé, dans le Finistère, des indices calcaires ou même des veines importantes, dont l'exploitation est commencée ; des fours à chaux viennent d'être établis, et le prix de cet amendement, appelé à transformer l'agriculture de l'intérieur, a déjà beaucoup baissé , grâce à ses récentes découvertes ; cette partie de la question est en bonne voie et a reçu une solution. La discussion s'engage sur la première des conclusions du rapport, relative au goëmon. M. Jacob. L'arrondissement de Lannion a un grand intérêt dans la question. Le goëmon, là où il y a excédant, devrait, en bonne justice, appartenir au premier occupant, comme cela avait lieu avant 1680, époque où fut publié un édit sur la matière, sous les auspices du grand Colbert. Ce règlement, qui sans doute était un bienfait pour cette époque, ne convient plus aux besoins nouveaux qui ont surgi de notre temps; aujourd'hui il est nuisible aux intérêts agricoles. Les Comices des Côtes-du-Nord se sont réunis en assemblée pour s'occuper de cette question ; et il y a eu unanimité , dans cette réunion, pour demander que les communes de l'intérieur puissent participer, aussi bien que les communes riveraines , à la coupe du goëmon. A propos de l'incinération des varechs, ces Comices ont aussi demandé avec instance que l'intérêt industriel fût subordonné à l'intérêt agricole. L'orateur se plaint de la restriction nouvelle apportée au délai accordé jusqu'ici pour la coupe du goëmon ; en fixant ce délai au 1er mars, les auteurs du règlement ont eu en vue la conservation du poisson ; c'est à tort qu'ils prétendent que le goëmon conserve le frai, car on ne le trouve pas dans ces herbes marines. M. de Saisy demande le renvoi à la commission des objets divers des réclamations formulées par M. Jacob. M. de Sesmaisons. Ces objections ont été présentées à la commission et discutées mûrement par elle. On demande que les rive- 70 ASSOCIATION BRETONNE. rains ne profitent pas seuls du goëmon, mais que les communes éloignées participent aussi à cette jouissance ; il y aurait à leur concéder cette faveur de nombreux inconvénients, notamment la détérioration des routes des communes riveraines. Il a fallu repousser cette idée en raison de motifs très-sérieux.» M. Jacob. On ne m'a pas compris j'ai demandé pour les communes éloignées le droit de participer à la coupe du goëmon sur les points où il y aurait excédant, pas ailleurs.» M. de Sesmaisons persiste à penser qu'il n'y a pas lieu d'investir ces communes d'un droit qu'elles n'ont jamais eu. M. de Saisy. Cette question a été débattue dans le sein du Conseil général des Côtes-du-Nord, qui a reconnu qu'il était préférable de laisser aux préfets la réglementation de ces intérêts. » M. de Kergorlay. Le membre qui a présenté une proposition modificatrice des conclusions de la commission doit les préciser, afin qu'elle soit l'objet d'un vote, ou l'abandonner. On pourra ensuite passer à la discussion du second paragraphe des conclusions, sur lequel on donnera la parole au membre qui la demandera. » M. de Blois. Relativement à l'incinération, il me semble qu'il serait préférable d'en remettre la réglementation au préfet plutôt qu'aux conseils municipaux. Le droit des communes n'est pas exclusif; équitablement, les riverains n'ont droit qu'au goëmon de coupe, le goëmon de jet ne leur appartient pas ; il arrive souvent d'une autre plage. » M. Briot remarque qu'aucun arrêté du maire n'est valable qu'autant qu'il est approuvé par le préfet ; voilà donc la garantie que demande M. de Blois, et il n'y a pas d'inconvénient à laisser l'initiative de la réglementation aux conseils municipaux. M. de Keridec. A cet égard, restez dans l'ancienne législation qui sauvegardait tous les intérêts. L'industrie ne se sert que des goémons qui sont en excédant et que l'agriculture laisserait perdre. » M. de Pompery. Les incinérateurs tendent à s'emparer du goëmon au détriment de l'agriculture ; c'est un fait que M. le Préfet du Finistère a signalé, en le déplorant, au Conseil général de ce SESSION DE VANNES. 71 département, lequel a demandé que l'incinération ne soit permise que lorsqu'il sera constaté, après enquête, qu'il y a réellement excédant et que l'agriculture ne peut en souffrir. » M. Jacob. Le règlement sur la récolte du goëmon n'a envisagé que l'intérêt agricole, il ne s'est pas occupé de l'incinération industrielle. Les communes riveraines la favorisent, contrairement à l'intérêt de l'agriculture dans les autres communes; il ne faut donc pas laisser à leur décision une question de cette importance. » M. de Saisy dit que sur le littoral nord, l'incinération se fait en grande partie pour l'usage de l'agriculture, qui se sert des cendres de goémons comme engrais. M. Jacob répond qu'il ne blâme pas l'incinération pour les besoins agricoles, et qu'il n'a parlé que de l'incinération faite dans un but spécialement industriel. M. de Pompery. Pourquoi ne pas faire une enquête, comme on l'a décidé dans le Finistère, où tous les intéressés seraient entendus? C'est le moyen le plus sûr de prendre une bonne décision dans le cas dont il s'agit. » M. Bahier corrobore ce qu'a dit M. de Saisy, que l'incinération avait souvent lieu dans les Côtes-du-Nord pour les besoins agricoles; il approuve l'idée de l'enquête que propose M. de Pompery. M. le Président. On a demandé des modifications aux conclusions de la commission. Je vais mettre aux voix l'amendement de M. de Blois, tendant à remettre au préfet le droit d'autoriser ou d'interdire l'incinération. » Le Congrès adopte l'amendement ; il adopte aussi un sous-amendement de M. Bahier, disposant que l'incinération pour les usages agricoles restera libre. On passe à la seconde conclusion du rapport. M. de Pompery. Il importe qu'il y ait, autant que possible, convergence et ensemble dans les diverses demandes qui sont faites pour obtenir la modification de certains articles du règlement relatif au goëmon. Le Conseil général du Finistère a demandé que le délai pour la coupe fût prorogé jusqu'au 31 mai, afin de rendre possible la dessiccation des varechs destinés à être transportés à une certaine distance des côtes. Si cette région est privée d'une ressource importante, à coup sûr elle sera contrainte de 72 ASSOCIATION BRETONNE. restreindre la culture du froment et de l'orge, et de laisser une partie du sol, qui n'a été conquise à la culture qu'à l'aide du goëmon, retourner à l'état de friche. » M. Bernède. On a eu sans doute des raisons pour restreindre au 1er mars le délai accordé pour la coupe ; le goëmon coupé tardivement ne repousse plus aussi abondant. » M. Jacob pense qu'en fixant au 1er mars le délai pour la coupe du goëmon, on a eu en vue la conservation du frai du poisson, qui, comme on l'a déjà dit, n'est nullement compromise quelle que soit l'époque où se fait cette coupe. M. Bahier a habité un pays où il y avait du goëmon et principalement du goëmon de coupe. Antérieurement on n'en faisait la coupe qu'en mars dans la crainte de nuire à la repousse ; peu à peu on a laissé ce délai s'étendre sans inconvénient jusqu'en mai. M. de Pompery avait proposé de demander la prorogation du délai jusqu'au 31 mai; cette proposition est rejetée, et l'on adopte les conclusions de la Commission, qui demande que la durée de la coupe soit fixée au 1er mai. On passe à la discussion des autres conclusions du rapport de M. de Sesmaisons. M. de Pompery y propose des modifications. L'obligation d'employer des bateaux montés par des hommes soumis à l'inscription maritime et pourvus de rôles d'équipages est trop onéreuse ; l'agriculture en souffrira évidemment; la même condition est imposée pour le transport des goëmons flottants disposés en drômes. Cependant ces drômes ont souvent peu de distance à parcourir ; ce mode de transport est économique et avantageux ; il évite un pénible charroi par des chemins détestables. M. de Sesmaisons dit qu'il ne faut pas, tout en faisant valoir l'intérêt agricole, oublier tout à fait l'intérêt maritime. Il signale les abus qui s'étaient glissés, la concurrence que l'on faisait aux marins côtiers, qui nuisait à leurs moyens d'existence et tendait à dégoûter de la marine, à restreindre le nombre des matelots qui sont pourtant une des forces essentielles de la France. Les goëmons, ajoute l'orateur, reviendront-ils à un prix plus élevé par le fait des dispositions du règlement qui soulèvent ces objections? Cela SESSION DE VANNES. 7 3 n'est pas prouvé; il est même possible qu'on l'obtienne à meilleur compte par le nouveau mode ; car, si le cultivateur les récolte luimême, il faudra qu'il achète ou entretienne des bateaux. M. le Président met aux voix la proposition de M. de Pompery comme la plus large ; elle est adoptée. On y ajoute subsidiairement les conclusions de la Commission, demandant l'extention des tolérances accordées par le règlement, dans le cas où le gouvernement ne ferait pas droit aux voeux formulés par M. do Pompery. M. de Sesmaisons rend compte des travaux de M. Gastier sur les recherches des gisements calcaires. M. Bernard-Breton dit qu'à l'île de Batz on est forcé d'incinérer les varechs parce qu'il est interdit de vendre l'excédant ; il propose d'émettre un voeu pour autoriser la vente de cet excédant. M. de Sesmaisons. C'est un intérêt purement local; nous n'avons pas à nous eu occuper; le Congrès ne peut pas s'immiscer dans tous ces détails.» M. Kérarmel. On pourrait généraliser la proposition à toutes les îles, qui sont dans la même situation que l'île de Batz.» Il est décidé que la proposition de M. Kérarmel sera envoyée à une commission. Le Secrétaire, TH. DE POMPERY. Seconde partie. M. Paul de Saisy prend la plume. M. Bernède demande à faire une proposition avant que le Congrès passe à la discussion de la seconde partie de la question. L'année dernière, à Saint-Brieuc, il avait proposé que l'Association émit le voeu 1° de l'abaissement des tarifs et de la diminution des frais de transport sur le canal; 2° de la continuation et de l'achèvement prompt des travaux commencés à Redon. Le voeu adopté par l'Association a été rempli par un décret émané dernièrement du gouver 74 ASSOCIATION BRETONNE. nement les droits sur certaines matières seront diminués à partir du 1er octobre, et l'ingénieur dirigeant les travaux du canal à Redon a dit à M. Bernède qu'une somme de 100,0110 francs avait été accordée pour leur continuation; si le gouvernement accordait l'année prochaine une somme égale, tous les obstacles à la navigation disparaîtraient dans cet endroit. M. Bernède demande donc que le voeu de l'année dernière soit renouvelé pour montrer au gouvernement l'importance que l'Association Bretonne attache à l'achèvement de ces travaux. M. le Président du Congrès accède de grand coeur à cette demande , et voudrait même l'étendre de manière que tous les obstacles, que les droits et les tarifs élèvent à la navigation utile du canal, disparussent. M. de Sesmaisons rappelle que les obstacles matériels à la navigation n'existent pas seulement à l'embouchure de la Vilaine, mais sur tout le parcours du canal ; dans l'intérieur surtout il est des points où les transports sont de toute impossibilité. Il pense donc que le voeu du Congrès doit s'étendre à tout le parcours. M. Bernède fait observer que l'ingénieur de Redon n'est chargé que du travail spécial qui se fait à Redon, qu'il faudrait donc engager les autres ingénieurs qui ont la direction de l'entretien du canal, à porter leur attention sur les parties défectueuses qui se trouvent dans leur ressort. M. de Saisy se borne à demander que le Congrès renouvelle le voeu émis à Saint-Brieuc et conçu en ces termes Le Congrès de Saint-Brieuc émet le voeu que le gouvernement se hâte d'achever les travaux qui mettront le réseau du canal de Bretagne dans un parfait état de navigabilité pour une batellerie de 80 à 100 tonneaux, telle qu'elle existe sur une grande étendue de son parcours. » M. le Président, demanderait davantage il voudrait la franchise absolue pour le transport des matières fertilisantes; déjà un décret est intervenu qui a réduit des trois quarts les droits sur la chaux ; ce n'est pas assez. M. Hostin fait observer que la réduction est beaucoup plus forte, qu'elle est des sept huitièmes. Cette diminution, toute grande qu'elle SESSION DE VANNES. 75 soit, continue M. de la Monneraie, n'est pas suffisante ; je demande la franchise complète. Ce sacrifice serait bien petit pour le gouvernement; nous savons tous ce que rapporte la circulation sur le canal 70,000 fr. environ ; les droits sur les matières, dont nous demandons la franchise, y entrent pour une faible portion, 10,000 fr. à peine; ce serait donc une bien petite part pour le budget de l'État. Si j'osais j'irais même plus loin; les bateliers qui portent des matières fertilisantes dans l'intérieur, prennent du chargement pour leur retour; les bois forment presque seuls la matière de ce retour; je demanderais donc la franchise des bois, mais je voudrais que celte mesure ne fût que provisoire, et comme la prime accordée dans l'origine à la batellerie sur le canal. M. de Saisy demande que l'on détermine le temps pendant lequel la prime sera accordée ; le terme de cinq ans lui paraît suffisant. M. de Sesmaisons fait observer que ce qui entrave le transport sur le canal de Bretagne, c'est bien moins l'élévation des tarifs que les difficultés de la navigation la première chose à désirer et à obtenir, c'est que la route soit bonne ; dans l'intérieur, le canal est à peine navigable dans certains endroits, c'est là ce qui doit surtout attirer l'attention du Congrès. Que nos premiers efforts tendent à ce que la voie de navigation soit la meilleure possible, ensuite on pourra s'occuper d'enlever les autres entraves. C'est là ce qui doit être la base de notre voeu, et ce serait l'affaiblir que d'appuyer sur des diminutions de tarifs. M. Hoslin, ingénieur des ponts et chaussées, appuie l'opinion de M. le directeur de l'Association Bretonne. Il sait mieux que personne combien les tarifs et les frais de transport sont élevés sur ce canal ; ainsi, la tonne pesant 1,000 kilogr. paye 4 cent, de droits de navigation et 8 fr. de frais de transport de Châteaulin à Pontivy ces taux de 8fr. devraient être réduits à 2 fr. si l'on voulait atteindre le niveau avec les frais des autres canaux de France; aussi appuiera-t-il toute demande tendant à ce but. Mais il rappelle, pour lui comme pour l'honorable directeur de l'Association, que le point principal de la question, c'est l'amélioration de la voie de commu- 76 ASSOCIATION BRETONNE. nication. La plus mauvaise partie du canal, et dont les travaux ne sont pas moins urgents que ceux de Redon, s'étend du pont Triphen à Chàteaulin sur un espace de quatorze lieues. Dans ce parcours, à peine si l'on peut conduire des bateaux de 25 à 30 tonneaux. Un autre point sur lequel le Congrès doit aussi porter son attention, c'est l'achèvement de l'écluse du port Launay aujourd'hui les choses sont telles que les deux tiers du temps la rivière est à sec, et les bateaux ne peuvent approcher pour prendre leur chargement. M. Bernède craint que l'agriculture ayant déjà reçu du dernier décret une grande concession , la demande d'une nouvelle diminution dans les tarifs ne soit pas écoutée. Aujourd'hui, ces prélèvements sont insignifiants pour l'agriculture , et cependant peuvent être utiles pour l'achèvement des travaux. M. de la Monneraye pense comme M. Hoslin que le fret est ce qui pèse le plus sur la circulation. Sur le canal de Bretagne, la tonne paye 2 cent, de droits par kilomètre et 7 cent, pour le fret, total 9 c. Sur les autres canaux de France, le droit est de 2 cent, pour le même parcours, et le fret 2 cent., total 4 cent. La différence de 4 à 9 nous donne la mesure et la raison de notre infériorité. M. de la Monneraye se joint aux honorables préopinants pour l'achèvement du canal, mais il veut en même temps l'abolition des droits. Il a déjà montré que cette somme qu'il demande n'est que de 10,000 fr. environ il ne peut croire que le voeu d'une si faible somme puisse faire refuser les allocations nécessaires aux travaux, et qui s'élèveront peut-être à trois millions. M. de Genouillac demande que ce voeu comprenne tous les canaux de Bretagne. M. le Président dit que la chose est entendue en ce sens par l'Assemblée. M. de Saisy se joint à M. de la Monneraye pour demander que les bois pris en retour jouissent d'une franchise absolue. La navigation n'existe pas sur l'intérieur; il y a trois chalands destinés à cet objet à Port-Launay et deux à Pontivy on ne peut appeler cela un service organisé. Les spéculateurs ne viendront qu'attirés par l'appât d'une remise ; l'orateur demande donc la franchise pour SESSION DE VANNES. la matière fertilisante et les retours en bois il voudrait seulement que la durée de cette prime accordée au bois fût fixée à cinq ans. M. de Keridec pense aussi que l'abaissement des tarifs amènera une augmentation dans le nombre des bateaux; on verra sur le canal ce qui a eu lieu dans le transport des lettres par la diminution du prix des timbres. M. Hoslin fait remarquer qu'un abaissement de tarifs n'est pas chose si difficile, puisqu'il suffit d'un arrêté administratif pour les remanier. M. de Saisy donne une seconde fois lecture du voeu de l'an dernier, qui est adopté. Le Congrès de Saint-Brieuc a émis le voeu suivant Que le gouvernement se hâte d'achever les travaux qui mettront le réseau des canaux de Bretagne dans un parfait état de navigabilité pour une batellerie de 80 à 100 tonneaux, telle qu'elle existe sur une grande étendue de son parcours. » M. le Président du Congrès propose d'y ajouter ces mots Les tarifs seront diminués, et tous les retours en bois seront francs de tout droit. » L'Assemblée vote cette proposition additionnelle, et passe à la discussion de la question 4 du programme, ainsi conçue Qu'y a-t-il d'utile et qu'y a-t-il de vicieux dans la pratique de la confection des tombes d'engrais dans les champs et dans la combinaison de cette opération avec l'étrépage? Si cette opération est vicieuse en quelque partie, comment la remplacer et où chercher les engrais nécessaires sans avoir recours à l'étrépage ? » M. le Président rappelle qu'à une séance précédente il avait été convenu que cette question ne serait pas renvoyée à une Commission, mais traitée directement par l'Assemblée il n'y a donc pas de rapport. M. Bahier demande la parole. Il explique le mode de préparation des tombes d'engrais les mottes enlevées avec l'étrèpe sont mêlées par couches alternées avec le fumier. Ce procédé, nomméguignage par les paysans, est très-dispendieux. Cette terre, ainsi employée, contient peu de matières fertilisantes en employant des garets, des landes vertes, 78 ASSOCIATION BRETONNE. en utilisant les jus de fumiers pour l'arrosement, on aurait un résultat meilleur et moins coûteux. M. de Sesmaisons. La pensée qui a fait insérer cette question au programme est une pensée d'intérêt tout particulier pour le Morbihan, où l'on emploie surtout l'étrépage pour élever ces vastes tombes d'engrais que l'on voit dans presque tous les champs. En ce pays, l'assolement se divise en deux parties distinctes et cependant liées l'une à l'autre les landes et les terres cultivées. Les premières égalent et surpassent quelquefois les secondes. Voici à quoi servent ces landes la culture consiste à faire deux récoltes successives de céréales, auxquelles succède une culture de mil. Ces deux récoltes épuisent le sol le bétail est insuffisant, donc il faut d'autres terres qui rapportent avec elles des sucs nouveaux ces terres sont prises dans les landes. Voilà l'explication de l'étrépage. Ce procédé donne de très-belles récoltes aux cultivateurs, mais il ruine le sol en en dévorant la moitié pour nourrir l'autre la lande à laquelle on enlève par couches sa terre végétale est presque perdue pour le pâturage ; le remède serait dans un changement d'assolement, dans l'introduction des plantes fourragères, qui permettrait d'augmenter le bétail. » M. Kérarmel fait remarquer que plus on défriche et moins l'on étrèpe le remède , selon lui, serait donc dans le défrichement des landes. M. de Sesmaisons répond que l'étrépage est précisément l'un des plus grands obstacles aux défrichements, puisqu'il le rend presque impossible dans les landes étrépées. M. Bernède observe que le vice de l'étrépage est d'enlever nonseulement la bruyère, mais la terre végétale. Il désirerait qu'un règlement fût fait dans chaque commune pour prévenir cet abus. M. le Président fait observer que les conseils municipaux approuvant ou employant eux-mêmes l'étrépage, le règlement courrait risque d'être insuffisant ou inexécuté. M. de Keridec avoue que l'étrépage est un mal, mais il croit ce mal devenu nécessaire, non par l'assolement, comme l'a dit l'honorable directeur de l'Association, mais par la qualité de la terre qui est légère, dépourvue d'azote et de calcaire. Dans les envi- SESSION DE VANNES. 79 rons de Lorient on emploie dans les tombes d'engrais la bruyère, le genet vert, presque sans fumier; à première vue une telle combinaison ne devra rien produire, c'est du bois, la fermentation ne peut s'y établir à un haut degré, et pourtant les amendements ainsi préparés donnent d'excellents produits; cela tient, croit l'orateur, à l'azote contenu dans les végétaux l'étrépage n'a pas pour seul résultat de rendre stériles les landes dont on enlève des mottes, elle rend mauvaise aussi la terre où on les porte. Il est des terres autrefois excellentes sur lesquelles on a tant porté de mottes étrépées, qu'elles ont disparu sous la terre de bruyère et que l'on ne retrouve leur sol primitif qu'en creusant une couche artificielle de beaucoup inférieure en qualité. L'engrais de mer lui-même ne serait pas toujours un remède, car beaucoup de localités ont un sol si appauvri que le sable de mer y brûle tout. M. de Pompery remarque que l'étrépage, qu'il aimerait mieux appeler émottage, n'est pas employé seulement dans le Morbihan. Mais ce qui le frappe c'est que dans le Finistère ce sont les pays les plus riches en terre, Quimper, par exemple, qui suivent ce procédé ; dans l'intérieur les terres ne sont pas étrépées, mais entretenues avec du fumier ordinaire. Dans ces contrées les bruyères, les landes , les genets entrent pour grandes parties dans les amendements et produisent des engrais; pourquoi dans le Morbihan ne sèmerait-on pas du genet, n'emploierait-on pas les feuilles d'arbres, la tourbe desséchée? Un procédé moins vicieux serait aussi de n'employer les mottes étrépées que dans le champ où on les lève. M. Bahier propose le colza, le blé enterré en vert, un meilleur emménagement des fumiers; on arriverait ainsi à remplacer petit à petit l'étrépage par des procédés moins dispendieux. Les engrais de mer sont aussi un remède énergique, parce qu'ils donnent du trèfle, et avec le trèfle le bétail et le fumier. M. Kérarmel se plaint surtout de l'étrépage autour des champs. M. de Langlais remarque que dans le canton de Sarzeau c'est aussi le tour des champs que l'on étrèpe, et les landes étrépées favorisent l'écoulement des eaux. M. de Kergorlay pense que la cause de l'étrépage pourrait bien 80 ASSOCIATION BRETONNE. être dans l'exagération de la culture des céréales, qui serait ellemême causée par un besoin pressant d'argent le bétail rend moins vite que le blé ce qu'il coûte; on trouverait peut-être dans celte idée la base de la discussion. Ne faudrait-il pas parler dans les conclusions des efforts que doivent tenter les propriétaires, de l'aide matérielle que peut-être ils pourraient être appelés à donner à la culture ? M. de Keridec remarque que le trèfle ne vient pas dans les terres si légères d'une partie du Morbihan; les racines, au contraire, réussissent assez bien; on a fait aussi des céréales en vert, c'est la voie où l'on doit tendre. La chaux serait d'un emploi bien dispendieux dans le Morbihan, où elle coûte 10 et 12 fr. la barrique. M. de Genouillac observe qu'en Anjou et en Vendée la chaux a produit les plus heureux résultats; on va la chercher jusqu'à 15 lieues de distance avec des attelages de boeufs, et la barrique, ainsi transportée, ne revient pas à moins de 7 à 8 fr. ; cependant la consommation ne diminue pas. M. de Genouillac a lui-même employé en Bretagne la chaux au prix de 10 fr. la barrique; il l'a fait sur les conseils d'un homme dont la mémoire est honorée des cultivateurs bretons, M. de Lorgeril, et il a obtenu de grands rendements. Il ne faut donc pas proscrire la chaux par le seul motif qu'elle est chère. M. de Saisy rappelle que le sable calcaire se trouve à toute la côte sud du Morbihan et qu'on peut la faire remonter bien loin dans l'intérieur; il cite, comme exemple, les efforts heureux tentés par lui dans l'intérieur de la Bretagne. Quant à la question spéciale de l'étrépage, M. de Saisy ne croit pas qu'elle soit indestructible ou nécessaire dans le Morbihan. Il a fait exploiter des fermes dans les cantons du Faouët et de Gourin, et il a substitué à l'étrépage les fumiers d'étables avec une grande facilité et un profit évident. M. Kérarmel apprend à l'Assemblée que dix cultivateurs se sont déjà présentés à la Société d'agriculture de Lorient pour la prime accordée à l'emploi du sablon calcaire. Il ajoute que l'usine à gaz de la même ville propose aux agriculteurs de leur livrer la chaux à 1 fr. 50 ou 2 fr. l'hectolitre. SESSION DE VANNES. 81 M. Briot pense qu'originairement les terres du Morbihan ne sont pas plus mauvaises que celles du Finistère. Pour lui il pense que la division des landes serait un moyen certain de détruire l'étrépage et de ranimer l'agriculture. M. Bahier pense que puisque dans les Côtes-du-Nord, le sable du Legué pénètre à huit lieues dans les terres, à Corlay, on pourrait le faire aussi pénétrer des côtes dans les terrains du Morbihan. Il pense aussi que le chou branchu serait un excellent moyen d'améliorer le sol et le bétail. M. de Laferrière regarde cet usage comme détestable. Il fait tous ses efforts pour se débarrasser de cette triste nécessité ; dès la deuxième année de ses défrichements, M. de Laferrière a semé du genet et de l'ajonc dans du froment, sur un espace de vingtcinq à trente journaux ; cela lui a donné un résultat énorme au bout de deux ans, les genets ont 4 pieds mêlés avec des fumiers ils forment un engrais excellent ; on évite ainsi les transports de terre. Quant à la chaux, il a obtenu grâce à elle des trèfles superbes, en mettant six barriques, à 6 francs l'une, par journal l'effet se faisait sentir encore six ans après. C'est là le plus puissant de tous les engrais. M. le Président pense qu'il résulte de la discussion que les fourrages verts , les racines , le trèfle, la chaux et voilà pourquoi il demande avec tant d'instance la franchise de la chaux étaient les meilleurs procédés à substituer au mode vicieux de l'étrépage. M. de Pompery se demande d'où peut venir cette croyance que l'étrépage est nécessaire au Morbihan ailleurs cette nécessité n'existe pas. Il connaît des pays où les prairies sont dans la proportion infime d'un huitième avec le reste du sol, et où l'étrépage n'est pas pratiqué. M. de Langlais est d'avis qu'il faut augmenter le bétail, et surtout la nourriture à l'étable c'est le seul moyen de se procurer du fumier qui se perd presqu'en entier dans le pâturage des landes. M. de Kergorlay trouve la racine du mal dans la pauvreté; par conséquent il serait, selon lui, bon peut-être de joindre aux exemples et aux bons conseils quelques soulagements matériels de 6 82 ASSOCIATION BRETONNE. la part des propriétaires, des avances à la culture dans une certaine limite. M. de Keridec répond que les plus riches font aussi mal que les autres, et par conséquent que la source du mal n'est pas dans le manque absolu d'argent. M. de Kergorlay résume sa pensée dans les conclusions suivantes Le Congrès, convaincu que la funeste pratique de l'étrépage résulte essentiellement d'une culture exagérée des céréales et que cette culture elle-même est motivée par la pauvreté du cultivateur et par le besoin où il se trouve de faire immédiatement de l'argent, émet le voeu que les propriétaires les plus riches donnent un salutaire exemple en augmentant les cultures fourragères et l'éducation du bétail, ce qui permettrait à la fois de fatiguer moins la terre par les céréales et de rétablir sa fertilité au moyen du fumier. M. de Laferrière approuve vivement les conclusions de M. le Secrétaire général, en ce qu'elles blâment l'emploi trop exclusif des céréales; selon des faits et des comparaisons qu'il a été à même de réunir, la terre produit moins aujourd'hui qu'il y a soixantedix ans. Il faut la faire reposer par la culture des racines et des fourrages verts. M. de Sesmaisons pense que les conclusions dont il va donner lecture combineront et résoudront toutes les idées de la discussion. Voici la rédaction qu'il propose Le Congrès , convaincu de ce qu'a de funeste la pratique de l'étrépage, recommande comme moyen de faire disparaître cette pratique la substitution de la faux à l'étrèpe, l'augmentation du bétail et des engrais, l'application des amendements calcaires, les avances et l'exemple des propriétaires. » Ces conclusions sont adoptées. M. le Président déclare la discussion close. Il donne lecture des noms des membres appelés à faire partie de la Commission des voeux; ce sont MM. Taslé, Avrouin, Lecrom, Rioust, de Langlais. Ordre du jour du lendemain. — Le matin, à huit heures, en- SESSION DE VANNES. 83 quète agricole ; a midi, séance générale. Rapport sur le travail de M. Derotrie. Discussion des questions suivantes Espèce chevaline. Espèces bovine et porcine. Chanvres. Défrichement des landes. Drainage et irrigation. La séance est levée à cinq heures et demie. Le Secrétaire, PAUL DE SAISY. ASSOCIATION BRETONNE. PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU MERCREDI 28 SEPTEMBRE. PRÉSIDENCE DE M. TASLÉ. Première partie. MM. de Sesmaisons, de Kergorlay et de Champagny sont au bureau. M. Taslé, vice-président, prend place au fauteuil. A midi, il déclare la séance ouverte. Le procès-verbal de la séance du 27 est lu et adopté, avec une rectification demandée par M. Bernède. M. de Kergorlay engage la Commission des voeux à se réunir, et les autres Commissions à hâter leurs travaux. Il donne ensuite lecture d'une lettre de M. de Caumont, l'éminent fondateur des Congrès de la Normandie, qui exprime toutes ses sympathies pour le Congrès de Vannes et ses regrets de ne pouvoir y assister. Il invite les membres de l'Association Bretonne à se rendre au Congrès de cette région, qui aura lieu au mois de juillet prochain. Il fait, en outre, envoi d'un Annuaire de cette province. M. le Président propose de remercier M. de Caumont, et d'envoyer au Congrès qu'il annonce des délégués de l'Association Bretonne. Sur une observation de M. de Saisy, il est convenu qu'il sera loisible à tous les membres de s'adjoindre à la délégation , mais sans mandat spécial. Il est décidé que l'on enverra des délégués, et que la direction les désignera. M. Trochu, retenu par une maladie grave, manifeste ses regrets de ne pouvoir se rendre au Congrès de Vannes. Il invite les membres de l'Association Bretonne à visiter ses cultures et sa propriété de Belle-Ile-en-Mer. SESSION DE VANNES. 85 M. Lorois écrit également qu'il ne peut se rendre en ce moment à Vannes, mais qu'il espère, cependant, assister aux derniers jours du Congrès. M. le Président fait un rapport sur un Mémoire communiqué par M. Neveu-Derotrie. Ce travail a pour but d'aider à la confection du Code rural, réclamé et promis depuis si longtemps. Il contient d'excellentes idées et de sages avis sur la réglementation des cours d'eau et les modifications à introduire dans la législation qui régit les irrigations. Si M. Derotrie, continue M. le Président, réunissait les idées qu'il a émises sur ce sujet en un volume, il rendrait aux intérêts agricoles un éminent service ; car il aiderait à jeter la lumière sur la législation à faire et sur les améliorations à introduire dans la législation existante. Il indiquerait quelle loi doit être modifiée, pour quelle cause, dans quel sens; mais il a négligé ces indications il se borne à signaler les lacunes, et à dire Ici il y a quelque chose à faire. L'ouvrage est utile , mais insuffisant. M. le président termine en proposant de voter des remercîments à M. Derotrie , et de l'engager à compléter son ouvrage d'après les données qu'il vient d'exposer. M. de Sesmaisons. M. Derotrie n'a eu d'autre but que d'engager à provoquer un vote du Congrès pour hâter le Code rural. Il continue et revoit son travail pour aider à l'étude de la question, dont les pouvoirs législatifs paraissent devoir s'occuper prochainement. » M. le Président renouvelle et met aux voix sa proposition de remercier M. Derotrie, dont les investigations serviront comme renseignements à la formation du Code rural, s'il veut étendre le travail sommaire qu'il a communiqué. On passe au vote; le Congrès adopte. L'ordre du jour appelle la discussion de la question du programme relative à l'espèce chevaline, laquelle est ainsi conçue Quelles sont les mesures qui devraient être recommandées de préférence à l'Administration des Haras pour la faire parvenir, dans l'intérêt de la production du cheval de guerre, à tirer le plus grand parti possible des immenses ressources que pourrait offrir, dans ce but, l'industrie chevaline de la Bretagne ? » 86 ASSOCIATION BRETONNE. M. de Pompery a la parole pour lire le rapport de la Commission. Messieurs, dit-il, votre Commission a cru devoir examiner la question chevaline au point de vue des deux régions nord et sud de la Bretagne; car, si nous siégeons aujourd'hui dans le département du Morbihan, nous no devons pas oublier que nous sommes une Association régionale, et que nous devons conséquemment traiter d'une manière générale cette question importante qui intéresse les cinq départements. » Il y a, Messieurs, deux races bien distinctes en Bretagne celle de la région nord, ou race de trait; celle de la région sud, ou race bidette. Nous ne nous occuperons pas des diverses variétés que présentent, suivant les localités, ces deux catégories; il suffit de séparer ces deux types principaux, dont l'utilité et les aptitudes sont différentes. Nous n'établirons pas non plus géographiquement la limite des deux zones qu'habite chacune de ces races ; car elles les déterminent elles-mêmes, par le contraste do leur conformation et de leurs allures, d'une manière plus exacte que nous ne pourrions le faire ici. » Relativement à la race de trait du littoral nord, l'expérience et les faits, Messieurs, que nous avons dû prendre pour boussole, indiquent assez quelle est la véritable voie à suivre pour améliorer cette race réellement, c'est-à-dire d'une façon profitable pour l'éleveur, trop souvent victime des croisements irrationnels opérés avec le cheval de sang, qu'une sorte de mode et d'engouement irréfléchi a imposés à toutes les races et à tous les pays. » La nourriture, les soins et le climat ont une grande influence sur les caractères et le tempérament des races; cela est, aujourd'hui acquis et reconnu de tout le monde; la similitude de charpente, l'analogie de conformation, en un mot les bonnes conditions physiologiques, sont d'ailleurs nécessaires pour assurer de bons résultats quand il s'agit d'améliorer une espèce par un type étranger. Le grand nombre de produits défectueux issus des étalons de sang placés par les haras dans les stations prouve victorieusement la force des principes que nous venons de poser, et nous allons avoir l'honneur de vous proposer tout à l'heure des conclusions qui, si vous les adoptez, en seront la sanction. » Disons auparavant notre pensée sur l'espèce bidette qui habite la seconde zone. Dans ce pays, quoique l'industrie chevaline ait moins d'importance et ne soit même qu'un accessoire, cependant elle ne laisse pas que d'offrir un grand intérêt et d'appeler aussi notre sollicitude. La race bidette ne peut pas être améliorée par elle-même à cause de SESSION DE VANNES. 87 ses défauts et du vice de ses allures qui tiennent à sa conformation. D'accord avec plusieurs hippiatres éminents, votre Commission pense, Messieurs, que le cheval arabe, par l'ancienneté et la pureté de ses caractères, est de tous les types celui qui influe avec le plus de puissance et d'avantages sur cette espèce. » En conséquence , nous vous proposons d'exprimer le voeu que les trois cinquièmes des chevaux des haras de Langonnet et de Lamballe se composent d'individus de la belle race percheronne qui a répandu dans le Finistère des produits recherchés et de grande valeur, ou, à défaut, des chevaux de trait d'une autre origine, lestes et distingués, et analogues de charpente à la race bretonne; les deux autres cinquièmes des étalons des dépôts ci-dessus désignés se composeraient principalement de chevaux arabes et de quelques chevaux de pur sang et de demi-sang anglais pour les besoins des amateurs qui préfèrent ces types. » En ce qui concerne la remonte, la Commission vous propose d'adopter et d'appuyer un voeu qui vous est présenté au nom de la Société d'Agriculture de Quimper par M. Briot, son délégué au Congrès, à savoir que les achats des chevaux de la remonte de la cavalerie soient effectués dès le mois de mars, pour favoriser les transactions des éleveurs, qui pourraient acquérir ensuite dans nos foires des poulains plus jeunes pour remplacer les premiers. La remonte, si ses fonds n'étaient pas disponibles en mars, pourrait, sur mandat, prendre livraison des chevaux acquis. Nul ne mettra en doute combien la certitude de vendre à une époque déterminée serait un encouragement pour l'éleveur et un stimulant à la production du cheval de guerre. » Ensuite M. le Président relit les conclusions de ce rapport, et demande si quelqu'un veut prendre la parole. M. de Kergorlay. Je ne comprends pas pourquoi la Commission préconise le cheval percheron, qui n'est pas analogue au cheval breton, et qui, s'il est plus distingué, n'a pas ses qualités et ne le vaut pas. » M. de Genouillac. Je ne saurais partager l'opinion de M. de Kergorlay le cheval percheron a produit chez nous d'excellents effets ; il a beaucoup amélioré l'espèce dans les cantons où on l'a introduit ; c'est un type qu'on ne saurait trop rechercher. » M. de Kergorlag. Le cheval breton est un type plus ancien que le percheron ; il n'y a pas, entre ces deux races, une véritable analogie de formes. Le cheval breton est commun; mais il a ses 88 ASSOCIATION BRETONNE. avantages, un caractère et des qualités propres, peut-être supérieures à celles du percheron. Il y a de bons chevaux anglais étoffés, propres au trait, ayant de l'énergie, et qu'il conviendrait de préférer au percheron. » M. de Miollis considère le cheval percheron comme analogue à l'espèce bretonne, mais plus distingué, et ne pouvant, comme quelques essais l'ont démontré, qu'améliorer essentiellement la race bretonne. M. de Kergorlay. A Saint-Pol-de-Léon, les croisements opérés avec le sang anglais ont souvent obtenu de bons résultats. On rencontre maintenant, dans ce pays, un grand nombre de produits remarquables et une amélioration sensible de l'espèce, chez les sujets qui ont reçu l'infusion du sang anglais. Je ne veux pas, néanmoins, considérer ce fait comme concluant; mais il doit appeler l'attention, et servir d'élément dans cette question, qui est encore, en quelque sorte, à l'état d'étude. M. de Pompery conteste les bons effets du croisement opéré avec le cheval de sang. Ce croisement n'est pas logique, aussi a-t-il été funeste. Les nombreux produits croisés qui ont paru cette année à la foire de La Martyre, l'une des plus considérables du Finistère, étaient, à quelques exceptions près, mal suivis, informes, affectés de tares et presque sans valeur. Comment a-t-on créé le cheval de pur sang? Au moyen d'une nourriture, de conditions et de soins tout spéciaux. Nos cultivateurs, non-seulement ne pourraient pas, dans l'état actuel de l'agriculture, bien faire le cheval de pur sang, mais ils font même fort mal celui de demisang. L'alimentation que l'on donne en Bretagne développe la lymphe ; le cheval anglais, dont la charpente, la conformation contraste avec l'espèce bretonne, ne pourrait pas produire avec elle de sujets capables de conserver ses caractères dans de semblables conditions. M. de Kergorlay ne combat pas le préopinant; mais revenant à ce qu'il a dit relativement au percheron, il persiste à croire qu'il est loin d'être parfait, et il pense qu'on ne devrait pas le préférer au breton , parmi les reproducteurs des races de trait. M. Briot appuie les conclusions de la Commission. Le perche- SESSION DE VANNES. 89 ron a donné des produits de mérite et de valeur; le pur sang a peu donné de bons sujets; la plupart sont mal réussis, invendables , et l'on ne sait qu'en faire. M. de Kergorlay. La conformation du cheval percheron s'éloigne sous bien des rapports de celle de la race bretonne ; or il faut certaines analogies entre les reproducteurs, mâles et femelles, si l'on veut éviter des déceptions dans les croisements. » M. de Pompery est aussi du même avis; mais on peut trouver analogie et plus de distinction en dehors de l'espèce indigène. Les haras ont acheté quelques étalons bretons de choix ; ils sont médiocres, et les chevaux de trait que les haras se procurent ailleurs sont plus satisfaisants. Peu importe l'origine de l'étalon, pourvu qu'il y ait parité dans ses formes et celles de la jument. La Commission de circonscription du dépôt de Langonnet l'avait compris, et dans sa courte existence de trois années, elle était parvenue, par des demandes annuelles, à composer le personnel étalons de ce dépôt d'excellents chevaux de trait. M. le Président. La conclusion de la Commission qui demande que les trois cinquièmes des étalons de l'État se composent de chevaux de trait, est-elle combattue? » M. Kerarmel. Je propose de demander en première ligne des étalons percherons, s'il est possible de s'en procurer ; car on dit qu'ils disparaissent, qu'ils n'existent même plus. A leur défaut, je préférerais le cheval breton à toute autre race de trait. » M. Bahier. Il est difficile de trouver des percherons, et ceux que l'on nous envoie sous ce nom sont souvent des chevaux bretons, sortis poulains de notre pays et améliorés par une meilleure alimentation et des soins plus intelligents. » M. de Genouillac. On pourrait donc améliorer par l'étalon breton ; mais préférons-lui les chevaux de trait de toute provenance, puisque les autres pays élèvent mieux et font de meilleurs chevaux que nous. » M. de Kergorlay. La tête et les membres caractérisent et différencient principalement les types. Il y a disparité entre le cheval percheron et le breton; on peut s'en convaincre quand on les analyse dans leurs détails. La race bretonne est un vieux type, le 90 ASSOCIATION BRETONNE. percheron est un type moins ancien; voilà une différence suffisante pour repousser ce croisement. » M. Bernard Breton fait l'éloge du percheron. Il y a plusieurs années un propriétaire avait fait venir quatre reproducteurs de cette espèce dans les environs de Landivisiau; ils ont produit des poulains de haut prix et de qualité supérieure. D'autres étalons de cette race, introduits ensuite, ont propagé dans le pays des mères d'élite ; mais on ne conserve pas les produits, cela est bien regrettable ; il serait intéressant de propager ces types. M. le Président. Trois propositions sont faites celle de la Commission, puis une seconde qui tend à la suppression du terme cheval percheron que portent les conclusions du rapport; enfin une dernière, demandant des étalons bretons choisis, et en seconde ligne des percherons. » Par un vote définitif, l'assemblée modifie en ces termes les conclusions présentées par la Commission Que les trois cinquièmes des étalons des dépôts de Langonnet et de Lamballe soient composés de chevaux bretons pris dans les Côtes-du-Nord ou le Finistère, ou, à leur défaut, de chevaux percherons ou autres analogues. On passe à la deuxième conclusion, qui a trait à l'espèce bidette. M. le Président en donne lecture. Elle demande que les deux autres cinquièmes des étalons des dépôts précités, destinés à la zone sud, soient formés de chevaux arabes et quelques étalons de pur sang pour les amateurs qui pourraient préférer ce type. M. de Kergorlay demande la suppression du mot amateur ; car c'est dans un but d'avenir commercial que certains éleveurs pourraient préférer le pur sang. Sur la côte, on croise avec le pur sang, en vue des besoins de l'avenir ; dans tous les cas, accorder à la région du sud les deux cinquièmes des étalons des haras, c'est lui faire la part trop large, eu égard à l'importance hippique de la zone nord. M. de Pompery. La région où prédomine l'espèce bidette est celle qui a le plus de besoins; d'ailleurs, les haras ne peuplent pas, ils ne veulent que créer des types pour servir à l'amélioration de nos races. Je suis partisan de l'amélioration des SESSION DE VANNES. 91 espèces par elles-mêmes; mais il faut quelquefois s'écarter de ce principe; il le faut quant à la race bidette, qui doit ses défauts et les vices de ses allures à sa conformation. Mais c'est un vieux type, qui ne saurait être modifié par le pur sang anglais; car celui-ci est le produit d'un métissage, c'est une race récente qui ne saurait influer puissamment sur une race aussi ancienne ; le type arabe, qui est très-ancien, aura seul cette puissance. » M. de Miollis. Spécifions les étalons qui conviennent à chaque localité ; mais laissons à l'Administration des Haras le soin de les répartir comme elle le jugera convenable. » M. le Président explique les conclusions de la Commission, qui pourraient n'être pas suffisamment comprises. M. de Keridec. C'est une erreur de penser que le bidet ne convient plus à notre temps et qu'il doit disparaître. On a besoin de vitesse, on exige aujourd'hui une célérité prodigieuse ; c'est la race bidette qui satisfera ce besoin , et non notre lourde race de trait. » M. de Kergorlay. La race de trait améliorée pourra fournir de la vitesse ; il y a de bons trotteurs qui parcourent lestement de grands espaces. D'ailleurs je doute que les omnibus et autres services analogues tiennent à tant de vitesse ; car ce n'est pas là qu'est le besoin d'une extrême rapidité, » M. de Keridec persiste, et dit que ce n'est pas avec le percheron ni avec la grosse race bretonne que l'on obtiendra la célérité. M. le Président relit la partie des conclusions qui fait l'objet de la discussion, et dit Vous devez porter votre attention sur la proportion établie par la Commission ; demandera-t-on des arabes, des pur sang et des demi-sang dans la proportion de deux cinquièmes, sans indiquer une préférence pour l'un ou l'autre de ces types?» M. Briot. Prenons garde de contrarier la remonte, de lui créer des difficultés en spécialisant. Cette proportion des deux cinquièmes, que nous lui laissons dans les étalons du haras, est faible. Laissons au moins la désignation des types à l'appréciation de la remonte. » M. de Laferrière regrette le vote relatif aux percherons ; il 92 ASSOCIATION BRETONNE. fait l'éloge de cette race et des qualités qui la distinguent, et qu'elle transmet à un éminent degré aux produits qu'elle donne avec la race bretonne. M. le Président fait observer qu'à cet égard le Congrès s'est prononcé ; il y a un vote, il ne faut pas rentrer dans cette discussion. M. de Laferrière, abordant la seconde partie des conclusions sur lesquelles le Congrès va statuer, préconise le cheval arabe et lui donne la préférence sur le type anglais. Cette modification aux propositions de la Commission est demandée un cinquième étalons arabes, un cinquième étalons anglais de pur sang et de demi-sang. On passe au vote. L'Assemblée adopte définitivement cette formule. M. le Président annonce ensuite qu'un scrutin sera ouvert au commencement de la séance de demain 29 pour l'élection d'un trésorier ; les membres du Congrès pourront déposer leurs votes pendant tout le cours de la séance. Il ajoute qu'à une heure on délibérera sur le choix de la ville où devra se tenir le Congrès de 1854. On reprend la discussion sur les conclusions qui concernent la remonte. Elles ont pour but d'obtenir que les achats des chevaux de cavalerie soient effectués en mars , sur mandats payables ultérieurement, si les fonds n'étaient pas encore disponibles à cette époque. M. de Laferrière appuie fortement ce voeu. Les vendeurs, débarrassés des chevaux en âge d'être livrés, pourraient les remplacer par les meilleurs poulains qui paraissent dans les foires du printemps, et qui sont souvent enlevés hors du pays par le fait de l'encombrement de l'éleveur. M. Ropert objecte que la remonte ne recevant bien souvent les fonds dont elle dispose qu'en septembre, elle ne peut opérer ses achats aussitôt qu'on le désire. M. Briot L'officier vient en mars faire son choix, et après l'avoir arrêté, être convenu du prix avec l'éleveur, il dit à celuici Je ne sais quand je prendrai livraison; vendez, si vous voulez, à d'autres acheteurs. D'après ce langage, on ne sait sur quoi SESSION DE VANNES. 93 compter, on ne sait que faire. Les maquignons profitent de la situation éventuelle et perplexe que l'on fait à l'éleveur pour acheter ses chevaux à vil prix. Il les revend ensuite, avec un gros bénéfice, à la remonte, qui, par son indécision, favorise en quelque sorte cette déplorable spéculation. » M. Ropert. Les reproches que fait M. Briot à la remonte étaient fondés il y a peu de temps encore ; mais ils ne le sont plus aujourd'hui. La remonte, par une mesure récente, fait ses achats au mois de janvier. Elle dit à l'éleveur Je n'ai pas d'argent en ce moment; mais je puis acheter vos chevaux sur mandat tel prix ; voyez si cela vous arrange. Cette année , tous les achats ont été terminés dans le Morbihan au mois d'avril. On s'étonne, ajoute l'orateur, que la remonte refuse des chevaux qu'elle avait déclarés bons quelques mois auparavant ; mais cela vient souvent de la faute de l'éleveur, qui nourrit et soigne mal, et voit, par sa négligence, ses chevaux acquérir des tares fort graves. » M. Briot, nonobstant ces explications, insiste pour l'adoption du voeu. M. le Président. Les renseignements qui viennent d'être donnés sur la nouvelle voie où la remonte est entrée paraissent satisfaisants ; mais soit que la guerre entre dans un système favorable aux éleveurs, ou continue à suivre ses anciens errements, il n'y a aucun inconvénient, dans le doute, à émettre le voeu. » M. de Miollis. Les fonds destinés aux achats devraient parvenir en mars aux officiers acheteurs ; alors l'éleveur saurait, en temps utile, s'il vendra ou non. » M. de Sesmaisons. Le Gouvernement semble disposé à entrer dans la voie que nous indiquons ; l'adoption du voeu, dans cette circonstance, pourrait hâter ses déterminations, et l'avénement de conditions plus favorables aux éleveurs. >> M. Ropert. > MM. de Kergorlay et de Sesmaisons disent qu'une cause qui dé- 94 ASSOCIATION BRETONNE. courage et dégoûte de produire des chevaux pour la remonte, c'est qu'elle ne prend pas une moyenne à peu près stable d'animaux annuellement. Souvent on diminue brusquement et dans une proportion considérable les achats; cela décourage les éleveurs en les privant tout à coup de la vente. Au lieu de réduire brusquement les achats, il faudrait procéder avec plus de mesure à ces réductions. M. le Président met aux voix le voeu proposé par la Commission, en l'amendant pour le préciser et satisfaire les divers intérêts, il propose d'indiquer le 1er avril comme l'époque où il conviendrait de terminer les achats. Le Congrès adopte, ainsi qu'une autre proposition formulée eh ces termes par M. de Sesmaisons Le Congrès demande que les achats des remontes soient le plus possible maintenus annuellement au môme chiffre de têtes. » Le Secrétaire, TH. DE POMPERY. Seconde partie. M. de Langlais remplace M. de Pompery comme secrétaire. L'ordre du jour appelle la discussion sur les espèces bovine et porcine. M. Briot, rapporteur de la Commission, lit le rapport relatif aux bêtes à cornes. Messieurs, » Rapporteur de la Commission chargée d'étudier les questions posées par le Congrès relativement à l'espèce bovine, j'ai l'honneur de vous apporter le résultat des travaux de votre Commission sur cette question. 1re Question. — Existe-t-il des différences réelles, tranchées, SESSION DE VANNES. 95 entre les races bretonnes des côtes nord et des côtes sud de la Bretagne, ? » Oui, Messieurs, votre Commission pense qu'il existe de notables différences entre les races du nord et celles du sud de nos montagnes. La région du nord renferme des sujets d'une taille plus élevée que celle du sud. » On remarque surtout dans cette région, depuis le Léon jusqu'à Saint-Malo, un grand nombre de nuances clans l'espèce grâce au peu de suite que l'on a apporté dans les croisements dans cette partie de la Bretagne, il y règne une telle promiscuité qu'il y est bien difficile de distinguer les races et de leur assigner une provenance certaine. » L'espèce de Léon fournit de très-bonnes laitières. » Viennent ensuite, et par ordre de mérite, celles de Lannion , Treguier, Pontrieux et Guingamp. » Dans cette région, l'usage étant de travailler avec des chevaux, on n'élève point de boeufs de travail, et en général on n'engraisse que pour la consommation locale. » La race des montagnes, plus petite que la précédente, a aussi plus d'analogie avec la race du sud dont nous parlerons tout à l'heure. Cette espèce se distingue surtout par sa rusticité et sa facilité à s'entretenir avec des pâturages de médiocres qualités ; elle donne d'assez bonnes laitières, des boeufs énergiques pour le travail et propres à l'engraissemement à l'âge de cinq à six ans. » La race du sud des montagnes d'Arrez porte en général le nom de race bretonne ; elle est la plus importante pour le nombre et probablement aussi la plus ancienne de tout le pays. » On la retrouve, presque avec les mêmes caractères, depuis les côtes de l'Océan à l'ouest, jusqu'aux bord de la Vilaine. » Cette race possède des qualités laitières qui la distinguent entre toutes et la font rechercher par le commerce auquel elle fournit un aliment lucratif. » Les boeufs de cette espèce sont d'une grande énergie au travail et fournissent ensuite de la viande de boucherie d'une qualité supérieure. » On peut dire avec certitude que c'est la race la plus estimée par la majorité de nos populations bretonnes. » Depuis la Vilaine, jusqu'aux limites de la Vendée, on rencontre la race nantaise qui, à nos yeux, a pour principal mérite de fournir de bons animaux de travail. Telles sont, Messieurs, les principales races bovines qui peuplent notre Bretagne. » 2e Question. — Y en a-t-il une qui l'emporte, sur les autres par 96 ASSOCIATION BRETONNE. sa facilité à s'élever et à s'entretenir, ou par le degré supérieur de ses aptitudes? » Ici, Messieurs, votre Commission pense que dans l'état actuel de notre agriculture et de nos débouchés, la race bretonne pure de la région du sud l'emporte sur les autres par sa facilité à s'entretenir, et qu'elle fournit sous le triple rapport du lait, du travail et de la viande, le plus grand bénéfice net aux habitants. » Passons à la troisième question. » 3e Question. — Quels sont les procédés d'amélioration qui ont le mieux réussi jusqu'à ce jour, quels résultats ont-ils produits, c'est-àdire quels sont les aptitudes spéciales viande, lait, travail qu'ils ont fixées ou développées ? » Dans le Léon et dans la partie nord de la Bretagne, quelques croisements Durham paraissent avoir produit de bons résultats sous le rapport de l'engraissement précoce ; d'autres croisements ont été essayés, dans diverses parties de la Bretagne , avec les races suisses et de l'Anjou, mais n'ont produit aucuns résultats utiles. » Auprèsde Bedon, des croisememts qui datent de quatorze ans ont été entrepris et suivis par les soins intelligents de notre honorable collègue, M. Bernède, et ont été couronnés d'un succès constant sous le rapport du développement des qualités lactifères, tant avec la race bretonne qu'avec la race nantaise. » A Saint-Brieux des croisements semblables ont été essayés depuis trois ou quatre ans, par les soins du Comice de cette localité, et ont donné de bons résultats. » D'après cet exposé, Messieurs, votre Commission pense que les croisements en dedans sont encore les plus certains, ceux qui ont donné les résultats les plus satisfaisants lorsqu'ils ont été faits par des reproducteurs choisis et convenablement entretenus. » Le rapporteur propose les conclusions suivantes 1° Le Congrès engage les cultivateurs bretons à être très-sobres et très-circonspects dans les croisements de nos races avec celles de l'extérieur. 2° De n'admettre ces croisements qu'après qu'il aura bien été démontré par l'expérience qu'ils peuvent améliorer nos races sans leur faire perdre aucune de leurs qualités primitives et principales. M. de Saisy constate qu'il a obtenu de bons produits par le croisement avec la race Durham, mais que, vu l'insuffisance de la SESSION DE VANNES. 97 nourriture dans nos contrées, et l'état de notre agriculture, il est préférable d'améliorer la race bretonne par elle-même. M. Bahier énumère les causes qui s'opposent à l'amélioration de nos bestiaux, et principalement la mauvaise nourriture et la construction défectueuse et insalubre des étables. M. de Pompery regrette que les croisements essayés ne l'aient pas été d'une manière plus suivie ; il cite de bons produits obtenus par le croisement Durham, mais il a remarqué que souvent les génisses étaient stériles. Il préfère l'amélioration de la race bretonne par elle-même. M. de Sesmaisons dit qu'il serait à désirer que l'on se pénétrât bien des qualités que l'on veut améliorer et développer par le croisement, sans se trop préoccuper des formes. A cette occasion il demande s'il ne serait pas préférable de décerner les primes non plus par race, mais par aptitude ; ainsi les concours seraient divisés en catégories telles que vaches laitières, boeufs gras, sans distinction de races ou de provenances. M. de Pompery exprime la crainte de voir les bestiaux étrangers de grande taille venir faire à nos bestiaux bretons une trop rude concurrence dans nos concours. M. de Langlais appuie cette opinion. M. le Président fait observer que cette question ne rentrant que d'une manière incidente dans le débat, pourra être discutée à fond par une proposition spéciale. Il met aux voix le premier paragraphe des conclusions de la Commission qui est adopté. M. Kerarmel demande que le concours d'animaux de boucherie qui a été fixé à Nantes soit placé dans une ville plus au centre de la Bretagne, telle que Vannes, Lorient ou Quimper. M. Gaillard répond que cette demande a été faite à M. le ministre de l'agriculture, dont le refus a été principalement motivé sur ce que la ville de Nantes offrait des débouchés faciles aux animaux qui n'auraient pas été primés, et que les autres villes citées n'offraient pas cet avantage. M. de Sesmaisons confirme cette communication, mais il pense qu'il serait très-utile d'obtenir un second concours d'animaux gras. 7 98 ASSOCIATION BRETONNE. M. Briot fait part de la demande d'un concours à Morlaix, exprimée par six cantons de la région sud du Finistère. M. le ministre a répondu qu'on ne pouvait pas multiplier ces concours, et que s'il accordait cette demande, un grand nombre bientôt se présenteraient. Cependant, ajoute M. Briot, les lieux de concours devraient être placés au centre de la Bretagne, et près des débouchés lucratifs qu'offre l'Angleterre. On pourrait faire coïncider ces concours avec les meilleures foires du pays. M. de Sesmaisons émet la proposition suivante Qu'il soit établi un concours régional de plus pour les animaux gras et un pour les animaux reproducteurs en faveur des cinq départements de la Bretagne. Cette demande est mise aux voix et adoptée. M. Bernard-Breton, revenant sur la question des croisements, rappelle les bonnes qualités de la race Durham. M. le Président met aux voix le second paragraphe des conclusions de la Commission qui est adopté. M. Bernède demande la parole sur l'amélioration des vaches laitières. M. le Président fait observer que les conclusions de la Commission ayant été adoptées, il ne peut donner la parole sur ce sujet sans l'assentiment de l'assemblée, qui déclare par un vote qu'elle entendra les communications de M. Bernède. M. Bernède établit l'identité de la race de Jersey avec la race bretonne, et constate, par l'analyse, la supériorité du lait de la première. Il lit plusieurs passages de l'opuscule qu'il a publié sur ce sujet qui sont écoutés avec intérêt. M. Bahier, rapporteur de la Commission chargée d'étudier la question de l'espèce porcine, lit son rapport. Messieurs, » Votre Commission chargée d'étudier la question de la race porcine, ayant appris que j'avais été assez heureux pour obtenir, par l'entremise d'un de nos honorables collègues, des renseignements certains sur les conditions exigées pour l'admission de nos lards dans les SESSION DE VANNES. 99 fournitures de la marine de l'État, m'a fait l'honneur de me nommer son rapporteur. » Il résulte des renseignements fournis par plusieurs membres de la Commission, que la race porcine s'est sensiblement améliorée, sur plusieurs points de la Bretagne, par le croisement de nos races avec les races craonaise et anglaises. Dans les Côtes-du-Nord et l'Ille-et-Vilaine on a croisé particulièrement avec les Craonais ; cependant l'arrondissement de Saint-Brieux a obtenu de bons résultats par le croisement avec la race de Jersey. Dans le Finistère et le Morbihan , on a préféré les races anglaises, particulièrement celle du comté de Sussex. Quelques éleveurs ont obtenu de très-beaux produits en croisant les races craonaise et Sussex. » Il a été aussi appris que les produits de ces croisements, malgré leur supériorité bien constatée pour tous les vrais connaisseurs, se placent difficilement... Les consommateurs particuliers les repoussent, et les charcutiers profitent de cette circonstance pour n'en offrir que des prix infiniment peu élevés. Cette circonstance fâcheuse arrêtera nécessairement le progrès, si l'on ne s'empresse de procurer promptement un débouché à nos produits améliorés. C'est pour atteindre ce but que votre Commission vous propose, Messieurs, de demandera M. le Ministre de la Marine la création d'un atelier de salaisons à Brest, ou mieux à Morlaix ; car ceux de Cherbourg et de Nantes sont trop éloignés de la basse Bretagne pour qu'elle puisse y faire arriver ses produits. » Si nos lards n'ont pas été, jusqu'ici, admis dans les fournitures de la marine, c'est qu'à poids égal nos porcs contiennent beaucoup plus d'os que ceux des races de Normandie, du Limousin, du Quercy, du Rouergue et des autres pays, où la marine s'approvisionne maintenant, et parce qu'ils sont mous et fondent souvent dans la saumure. Il n'en sera pas ainsi de nos races améliorées, qui sous tous les rapports, sont au moins aussi bonnes que les races précitées, et s'engraissent beaucoup plus facilement et à moins de frais que nos races du pays. Il serait par conséquent autant dans l'intérêt de l'État que dans celui des cultivateurs bas-bretons que le progrès continuât, et on peut être certain que l'atelier de salaisons demandé sera suffisamment approvisionné. » Voici les conditions exigées par la marine ; ces renseignements sont extraits d'un cahier des charges type qui sert de base à toutes les adjudications » Art. 5. La fourniture se composera de lards de toute provenance » française. » Art. 6. Le lard proviendra de cochons gras, bien sains; les truies 100 ASSOCIATION BRETONNE. » mères, les animaux verrats, maigres ou ladres, seront exclus de la » fourniture. » Les quatre pieds seront détachés à la jointure des jarrets ; la tête » sera coupée carrément, à la première vertèbre ; la queue le sera » au ras du corps. » L'animal bien nettoyé, bien saigné, sera présenté ouvert par le » ventre, avec ses filets et toutes ses parties charnues, mais débarrassé » de toutes ses fressures et graisses intérieures. La couenne ne devra » pas, par suite d'un grillage mal dirigé, se séparer du corps. Dans cet » état chaque cochon devra peser au moins 50 kilogrammes et au » plus 150 kilogrammes. » Le poids du lard ne sera constaté que vingt-quatre heures après la mort. » Le Rapporteur, » J. S. BUTIER. » Agriculteur consultant et expert arpenteur, rue aux Bouchers, n° 7, à Saint-Brieuc. » M. de Pompery fournit des renseignements sur la race anglaise. Il résulte des informations qu'il a prises à Brest qu'effectivement nos lards ne sont pas exclus, en principe, des fournitures de la marine, mais qu'ils sont rejetés en fait, sous le prétexte qu'ils sont de qualité inférieure. M. de Pompery conteste cette infério - rité et pense qu'il y a prévention de la part de la marine. M. de Saisy fait part de produits remarquables obtenus par les croisements des races anglo-chinoise et craonaise. M. de Sesmaisons explique que les établissements de salaisons pour la marine étant situés à Nantes et Cherbourg, les porcs qui avoisinent ces villes sont plus recherchés, et que la dépréciation qui pèse sur les produits du centre de la Bretagne pourrait bien n'être attribuée qu'à leur éloignement des lieux de salaisons. Quant aux porcs anglo-chinois, M. de Sesmaisons croit que le lard en est peu ferme et que cette race est peu féconde. M. de Saisy combat cette opinion et cite les résultats obtenus chez lui. M. de Pompery, revenant à la question des fournitures de la marine, persiste à croire que l'éloignement du lieu de salaison n'est pas la seule cause de la dépréciation de nos porcs. SESSION DE VANNES. 101 Il cite de nouveaux documents tendant à prouver qu'il existe à cet égard prévention de la part de la marine. M. le Président met aux voix les conclusions de la Commission, qui sont adoptées dans les termes suivants Le Congrès, persuadé que les races porcines bretonnes peuvent remplir les conditions voulues pour la marine, pour la fourniture des lards, émet le voeu que les lards de provenance bretonne soient admis par elle, et qu' une partie des fournitures qui se font maintenant exclusivement à Nantes ou Cherbourg se fasse à Brest, Morlaix, Saint-Malo ou Lorient. » Il est donné lecture de l'ordre du jour de demain. La séance est levée à cinq heures. Le Secrétaire, DE LANGLAIS. 102 ASSOCIATION BRETONNE. PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU JEUDI 29 SEPTEMBRE. PRÉSIDENCE DE M. DE LA MONNERAYE. Première partie. M. de la Monneraye, président du Congrès, M. de Sesmaisons, directeur, et M. de Kergorlay, secrétaire de l'Association, M. Jollivet, vice-président honoraire, Avrouin et de Virel, secrétaires, prennent place au bureau. A midi et demi, M. le Président déclare la séance ouverte. M. de Pompery, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la première partie de la séance du 28. Ce procès-verbal est adopté sous bénéfice de quelques observations, présentées par M. de Kergorlay. M. de Langlais donne lecture du procès-verbal de la deuxième partie de la même séance, qui est également adopté après quelques observations de M. de Saisy et de M. Briot de la Mailerie, tendant à constater que ce dernier ne s'est pas opposé à la demande d'un concours régional pour les animaux de boucherie, au profit des cinq départements bretons, demande à laquelle il s'est déjà associé, mais seulement à la façon dont cette demande serait introduite. M. le Président donne lecture de deux lettres, l'une de M. Rieffel, l'autre de M. Baron du Taya, exprimant, l'une et l'autre, des regrets de ne pouvoir assister aux séances du Congrès. Il invite l'assemblée à témoigner par un vote spécial le regret qu'elle éprouve elle-même de l'absence de membres aussi distingués; il l'invite, en outre, à répondre par un vote de remercîments à l'envoi d'une brochure relative à la production du lin dans les Côtes-du-Nord, et transmise au Congrès par M. Baron du Taya. SESSION DE VANNES. 1 03 L'adhésion unanime du Congrès répond à l'appel de M. le Président. M. de Kergorlay donne lecture de deux lettres de MM. Lelerch et Apuril, analogues aux deux précédentes. L'assemblée les accueille avec les mêmes sentiments de regrets. M. de Sesmaisons, informé de la présence en Bretagne de M. l'Inspecteur général d'agriculture, exprime le voeu qu'un juge aussi éclairé veuille bien assister au concours des animaux, qui aura lieu le 1er octobre. Un membre affirme que l'intention de M. l'Inspecteur général est en effet d'y assister. M. le Président déclare que le scrutin est ouvert sur la nomination du trésorier de l'Association. Il annonce, en outre, que ce scrutin demeurera ouvert durant toute la séance. Il ouvre ensuite la délibération dans le but de déterminer le lieu où se tiendra le prochain Congrès. M. de Sesmaisons prend la parole pour faire connaître à l'assemblée les précédents en pareille matière. Les statuts de l'Association veulent que les sessions se tiennent dans les principales villes des cinq départements de la Bretagne. Rectifié sur un point secondaire par M. de Genouillac, il énonce la rotation suivie jusqu'à ce jour, rotation dont le cours naturel amènerait le tour du département de l'Ille-et-Vilaine. M. le Ministre ayant l'habitude d'accorder au Congrès une somme importante à distribuer en primes, le département où se tient le Congrès en profite naturellement d'une manière toute particulière, M. de Sesmaisons pense que cette circonstance sera pour le Congrès un motif de ne pas intervertir l'ordre régulier de la rotation. M. le Président demande si le conseil général d'Ille-et-Vilaine a voté au Congrès une allocation, dans le but d'appeller à Rennes sa prochaine session. M. de Kerdrel répond qu'il a voté à cet effet une somme de 1,500 fr. M. Briot de la Mailerie présente quelques observations, dans le but d'engager à attribuer la prochaine session au Finistère, où le Congrès a reçu un accueil particulièrement flatteur. 104 ASSOCIATION BRETONNE. M. de Kerdrel, en quelques mots fortement accentués, y répond que si l'Association a des règlements, c'est pour les observer; que ces règlements existent et prescrivent d'attribuer les sessions à tour de rôle à chacun des cinq départements bretons ; que dès lors le Congrès présent n'a d'autre latitude que celle de choisir telle ou telle ville d'un département déterminé; que le département qui maintenant arrive en ordre utile est celui d'Illeet-Vilaine. Il reconnaît que l'Association doit beaucoup au Finistère, et que les Congrès y ont été particulièrement remarquables. Il espère qu'à mesure que l'Association se fera connaître, elle recevra partout le même accueil. Comme heureux symptôme des sentiments de l'Ille-et-Vilaine, il annonce à l'assemblée le désir bienveillant de M. le Maire de Rennes d'y appeler le prochain Congrès. La discussion se prolonge sur cet objet. M. de Sesmaisons proteste de la parfaite impartialité du bureau de l'Association. M. de Blois remarque qu'il ne s'agit pas d'accueil ni de faveur, mais de justice. Il signale les inconvénients qui naîtraient d'une déviation des statuts. M. Briot de la Mailerie insiste et fait observer que puisque la chose est soumise au vote de l'assemblée, ou reconnaît par là que les statuts se taisent à cet égard. Il est donné lecture par M. le Président des art. 2 et 3 de ces statuts. L'assemblée passe au vote, et par des délibérations successives, elle décide premièrement que le prochain Congrès appartiendra au département de l'Illeet-Vilaine , secondement qu'il se tiendra dans la ville de Rennes. L'assemblée aborde ensuite son ordre du jour. M. Augustin donne lecture des notes suivantes, formant un rapport sur l'inspection des propriétés du Morbihan, concourant pour les primes de défrichements et bonnes cultures Messieurs, » Chargé par les membres du bureau de l'Association Bretonne d'inspecter les propriétés du département du Morbihan qui devaient concourir pour les primes à accorder cette année à Vannes par le Congrès breton, je me suis mis en tournée le 22 du mois dernier, et malgré toute ma bonne volonté, je n'ai pu la terminer que samedi SESSION DE VANNES. 105 dernier. Avant hier encore j'accompagnais MM. de Saisy père et de Lambilly dans une tournée d'inspection à six kilomètres de Vannes. n Cette explication vous démontrera, Messieurs, comment il m'a été impossible de vous lire plus tôt mon rapport. » Mais avant de vous rendre compte du résultat de mon exploration, permettez-moi de vous exprimer le regret de ne pouvoir, à défaut de demandes écrites, vous donner la liste très-nombreuse des propriétaires du Morbihan qui donnent autour d'eux dans nos campagnes d'excellents exemples sous tous les rapports, et qui font de généreux efforts pour vaincre les obstacles moraux et matériels qui se sont opposés jusqu'à ce moment au progrès agricole. Hélas ! Messieurs, il n'est que trop vrai, comme vous l'a dit dimanche dernier, dans un douloureux épanchement de franchise bretonne, M. le comte de Sesmaisons, cet homme si estimable à tant de titres, qui, par ses intelligents et nombreux travaux agricoles dans la Loire-Inférieure, pouvait se permettre ce langage tout paternel ; il n'est que trop vrai, dis je, que le Morbihan est resté en arrière des autres départements de la Bretagne ; mais il n'y a pas lieu de l'imputer à la majeure partie des habitants denos campagnes des obstacles sérieux qu'il ne m'appartient pas de détailler ici, mais dont j'ai eu connaissance durant mon enquête, ont été plus forts que la volonté de nos honorables frères du Morbihan. A l'exception de Joseph Lanneval, cet intelligent et estimable fermier de Gourin, qui, en outre de ses défrichements de landes et de ses drainages, m'a présenté une culture admirable d'une terre ancienne, toutes les demandes qui m'ont été remises ne concernent que des défrichements, des desséchements, des semis et des plantations. Permettez donc que je commence par les personnes qui ont donné, par leurs travaux de semis et de défrichement sur une grande échelle, la mesure de ce qu'on pourrait faire dans le Morbihan pour utiliser les terrains improductifs qui couvrent la majeure partie de ce département, sans que les auteurs de ces travaux soient dupes de leur généreuse entreprise. » Joseph Lanneval, fermier à Tronjoly, en Gourin, arrondissement de Napoléonville. » Ce fermier, qui peut être considéré comme le type des bons laboureurs et des hommes estimables, ayant reçu une excellente éducation dans les colléges du Morbihan, a préféré exercer la profession de ses pères plutôt que d'augmenter le nombre si considérable des fils de laboureurs qui émigrent de nos campagnes. Cette généreuse résolution a été récompensée par les témoignages d'estime et de sympathie dont Lanneval a été l'objet de la part de ses compatriotes de la ville et de la campagne, et qu'il a bien mérités par une conduite exemplaire. 106 ASSOCIATION BRETONNE. » Le prix de sa ferme est de 1,050 fr., avec une jouissance de quinze ans proposée par le propriétaire lui-même, M. de Lescoüet. L'étendue de son exploitation est de 40 hectares, divisée comme suit Terres labourables 22 hectares. Prairies naturelles 8 » Landes, dont la majeure partie a été défrichée depuis peu 10 » » TOTAL 40 » » Sous racines fourragères et prairies artificielles, on compte En rutabagas, betteraves, choux à vaches et navets 2 hect. 50 ares. Trèfles 1 » 50 » Avoine coupée en vert 2 » » Seigle coupé en vert 1 » 50 » Chanvre » » 50 » Sous sarrazin pour fourrage 1 » » » TOTAL 9 » » » Il a défriché 6 hectares 50 ares de landes qu'il a converties fructueusement en terre labourable. » Il a pratiqué lui-même, sur une étendue de 6 hectares de prairie, des travaux de drainage et des irrigations qui ont augmenté considérablement le rendement de ces terrains. » Voici le détail des bestiaux élevés sur la ferme de M. Lanneval, et qui tous sont en très-bon état » 8 boeufs à l'engrais il laboure avec les chevaux, d'un an à quatre; » 10 vaches laitières; » 5 chevaux pour le travail habituel; » 3 poulains par an, qu'il élève pour la remonte; » 10 cochons de race anglaise, quelquefois 20 ; » Il se sert de tous les instruments perfectionnés qu'il parvient à populariser parmi ses voisins les cultivateurs. » Joseph Lanneval, primé partout dans les Comices de ses environs, et récemment à Napoléonville, lors de la brillante fête agricole qui y a été donnée, mérite à tous les titres la sympathie de l'Association Bretonne. » Je ne terminerai pas, au sujet de cet estimable agriculteur basbreton , sans vous faire part d'une circonstance qui l'honore et qui vous donnera la mesure de son zèle éclairé pour les intérêts de son pays M. Lanneval est l'un des argonaute» qui, en 1851, firent, sous SESSION DE VANNES. 107 la conduite de notre honorable et si dévoué collègue des Côtes-duNord, M. de Saisy père, la conquête de la toison d'or. » Le bétail était tombé à vil prix, les îles anglaises exerçaient un monopole tel que le cultivateur était forcé de livrer ses boeufs au prix que ces insulaires voulaient y mettre. Le découragement était général. Ce fut alors que, pour opposer une concurrence à ces uniques marchands, M. de Saisy eut l'heureuse idée de tenter d'établir un débouché sur Paris par le moyen du vapeur le Morlaisien et du chemin de fer du Havre. » M. Lanneval fut, comme je viens de le dire, l'un des cultivateurs que s'adjoignit M. de Saisy. Un plein succès a couronné les efforts de ces intrépides Bretons pour raviver le commerce du bétail, et à dater de cette époque, les envois sur le grand marché de Poissy se succèdent sans interruption. » M. le comte de la Perrière, au château de Coathuan , commune de Bréhan-Loudéac, canton de Bohan, arrondissement de Ploërmel. » M. de la Ferrière fait valoir actuellement, tant à Bréhan-Loudéac, où il demeure, qu'à Plumieux Côtes-du-Nord, une étendue de 305 hectares dont il a défriché la majeure partie. Gardant pour ses expériences personnelles une exploitation d'une quinzaine d'hectares qui présente une culture hors ligne , il a distribué cette vaste étendue de terrain entre trois familles de métayers, qui tous vivent dans une certaine aisance, obtenue par les effets d'une direction intelligente et ferme imprimée par le propriétaire et secondée , nous aimons à le dire , par les associés. Si je vous détaillais , Messieurs , ce que j'ai vu dans chaque parcelle de ces nouveaux domaines, vous seriez convaincus que dans ces localités , les récoltes doivent être aussi belles que dans les communes voisines des villes et du littoral. Elles le sont effectivement, et si le sable coquillier arrivait à Coathuan à des prix raisonnables, le rendement de ces terrains serait prodigieux. » Je vous citerai, Messieurs , un fait qui vous démontrera que les terres rendues à la culture par M. de la Ferrière pourront être incessamment confiées à des laboureurs du pays, en qualité de fermiers. C'est que dernièrement l'une des filles du métayer de la Ferrière, père de neuf enfants , étranger à cette localité, ayant suivi M. de la Ferrière de Redon dans le Finistère, et étant venue avec lui à BréhanLoudéac , a épousé un jeune cultivateur des environs possédant 300 francs de rente. Les terres défrichées par les messieurs peuvent donc être louées à des paysans bretons au taux des terres du pays ? En voilà une preuve ; mais cela ne peut arriver à l'égard des cultivateurs du Morbihan , en majeure partie , qu'au moyen du système adopté par M. de la Ferrière, le métayage. C'est, à mon avis, d'après ce que j'ai vu dans ma tournée, la condition essentielle du succès. 108 ASSOCIATION BRETONNE. » M. de la Ferrière a fait venir les irrigateurs des Vosges ; il a été satisfait de leur travail. » Ses métayers cultivent avec le plus grand succès le trèfle, la betterave, les choux du Poitou. Ils récoltent leur graine de trèfle et ils en vendent chaque année pour une somme assez considérable ; c'est, en un mot, autour de Coathuan de la belle et bonne agriculture. De son côté, le propriétaire a fait des chemins autour de ses exploitations qui pourraient servir de modèle pour bien des routes de petites vicinalités. Mais que de frais il a dû faire , dira-t-on; et c'est ce qu'on dit partout avec trop de légèreté, à l'égard de tous ceux qui font de grandes entreprises agricoles... Oui, Messieurs, les frais nécessités par les immenses clôtures, les chemins , les plantations innombrables qui couvrent cette grande étendue de terrain ont été considérables ; mais les résultats déjà obtenus ont donné une grande valeur à cette propriété. Trois beaux corps de ferme, dont deux sont entre les mains de cultivateurs nés dans la commune, donnent chaque année un revenu net très-élevé ; des arbres d'une grande vigueur attestent qu'ils ont trouvé une terre profonde et de bonne qualité... Il faut tenir compte de tout cela , voilà pour le résultat matériel ; et si nous parlons de l'effet moral, quelle noble et généreuse entreprise, combien elle mérite nos sympathies et notre reconnaissance ! » Rentrons dans le détail des travaux de M. de la Ferrière. » Le chef-lieu du domaine de la Ferrière a été établi au milieu d'une lande ; les deux autres métairies avaient des habitations et un certain nombre de vieilles terres ; les logements construits sont vastes, bien aérés et distribués convenablement. Voilà ce qu'on peut appeler un bel établissement rural, tel qu'on devrait les construire au fur et à mesure que les misérables habitations des laboureurs du Morbihan sont à remplacer. » Je n'ai pas besoin de dire que M. de la Ferrière ne se sert que des instruments perfectionnés. » Déjà connu par ses grands travaux dans l'Ille-et-Vilaine et le Finistère , M. de la Ferrière n'a pas failli à sa réputation d'agriculteur intelligent et actif dans la localité où il est venu planter sa tente, au grand avantage du pays , et où par ses exemples, ses conseils et les services qu'il est toujours disposé à rendre à ses voisins, il contribuera puissamment à faire progresser l'agriculture. » M. Sylvain Peyron, négociant et agriculteur à Quimperlé Finistère . » Mise en culture d'une portion de la vaste bruyère dite de Guiscriff, dans le lieu dit Lan Burel, contenant 131 hectares d'un seul tenant. SESSION DE VANNES. 109 » Cette propriété est située en la commune de Guiscriff, canton du Faouët, arrondissement de Napoléonville ; la route départementale de Scaër à Gourin la sépare en deux parties. » La nature de ce terrain est de quatre espèces et se divise comme suit 1/10 environ d'argile blanche compacte , mêlée de quartz , humide et marécageuse ; 1/10 de tourbes composées do détritus de végétaux sur une profondeur de 0,40 centimètres à un mètre; 4/10 en terre grise végétale de 15 à 20 centimètres d'épaisseur avec un sous-sol d'argile jaune perméable; et enfin de 3/10 de terre légère de qualité propre à toute espèce de culture. » Les clôtures de cette vaste étendue de terre ont été commencées en 1846. Elles ont été faites en gazon et terres de 1 mètre 80 centimètres de hauteur sur 1 mètre 30 à la base et de 80 centimètres au sommet. La partie de l'est a été close au moyen d'une douve de 1 mètre de profondeur et de 1 mètre 30 de largeur. Les terres en provenant ont été rejetées , du côté de la propriété, en forme de talus de 45 degrés de pente. Dans les terrains ayant de la profondeur, la clôture en douves , selon l'opinion de M. Peyron, doit être préférée à celle en talus avec terre et mottes, et voici pourquoi. Cette opération assainit les terrains contigus, les défend mieux qu'un fossé ordinaire de l'invasion des bestiaux, rend les réparations moins fréquentes et procure une certaine quantité de terre meuble propre à recevoir les graines qu'il est indispensable de semer sur le sommet des talus afin de présenter un obstacle de plus aux bestiaux qui voudraient les franchir. Voici comment M. Peyron a divisé son terrain une grande ligne droite, ayant 6 mètres de large, coupe cette lande , du nord au sud, en deux parties égales ; cette même ligne est coupée perpendiculairement et traversée par quinze autres lignes un peu moins larges partant de la route départementale est aboutissant à la douve est. Chacune de ces lignes transversales a 5 mètres de large sur 4 à 500 mètres de long. Au moyen de ces lignes, le terrain est divisé en trente-deux parcelles de 3 à 4 hectares. » Des rigoles ou petites douves, de 0,50 centimètres de hauteur sur 0,50 de largeur, ont été pratiquées à chaque côté de la grande ligne du milieu, ainsi qu'à chaque côté des lignes latérales. Les terres ont été rejetées du côté de chaque parcelle et ensemencées. Ces douves ont puissamment contribué à assainir le terrain en servant de canaux naturels à l'écoulement des eaux. C'est surtout dans les parties humides, marécageuses et tourbeuses que ces avantages se font sentir. » Indépendamment de ces travaux, il a encore été fait, dans les parties tourbeuses, des drainages et des douves beaucoup plus profondes, ce qui était indispensable à l'amélioration du terrain et qui a 110 ASSOCIATION BRETONNE. permis d'ensemencer et de faire croître des graines là où la bruyère ne pouvait même pas pousser. » Trois ronds-points ont été tracés à une certaine distance les uns des autres, sur la grande ligne du milieu, à la jonction des lignes transversales ; chaque rond-point a un diamètre de 30 mètres. » Les premiers travaux d'ensemencement, commencés dans les derniers mois de 1848, ont été faits sans interruption jusqu'à la fin de 1851. » La plus grande partie du terrain a été ensemencée en bandes ou ligues commençant dans chaque parcelle de l'est à l'ouest. Chaque bande a été tirée au cordeau et faite par le moyen de trois coups d'étrèpe donnés latéralement, représentant une largeur d'environ 60 centimètres. La distance entre chaque bande est de 1 mètre 30. >> Le terrain, mis a nu par le moyen de cet étrépage, a été tantôt biné sur une profondeur de 3 à 4 centimètres, puis ensemencé , ensuite ratissé pour recouvrir la semence; tantôt ensemencé sans binage préalable, mais biné après l'ensemencement, ce qui a suffi pour recouvrir convenablement la graine et épargner les frais du coup de râteau. Mais l'expérience a prouvé à M. Peyron que le premier mode était préférable , parce que le terrain, étant ameubli, devenait nécessairement plus disposé à la germination de la graine et à la prospérité du pliant. Le premier mode coûte seulement 8 à 10 pour cent de frais de plus que le second , ainsi qu'on le verra quand je parlerai des frais d'ensemencement. » Deux autres modes ont été encore suivis, mais sur une petite échelle. M. Peyron voulant aller promptement, parce que le temps le pressait je vous ai dit, Messieurs, qu'il ne demeure pas sur les lieux, n'aurait pu les mettre en pratique sur une plus grande étendue de terrain sans retarder de trois à quatre ans l'entier achèvement de sa vaste opération. Voici en quoi consistent les deux modes auxquels il donne la préférence, mais qui ne peuvent être mis en pratique que par les personnes qui veulent mettre en culture, par des semis d'arbres verts, les parcelles de bruyère de peu d'étendue qui sont comprises dans l'étendue des domaines qu'elles habitent. Il a fait brûler les mottes provenant de l'étrépage sur la bande même où elles ont été coupées. Il a répandu ensuite la cendre sur cette ligne, a semé et puis biné. L'incinération de la motte donne à la végétation une activité merveilleuse , et la graine de pin semée dans ces conditions fait des progrès plus rapides que quand elle est répandue sur le terrain seulement étrépé. L'incinération ne pouvant avoir lieu que dans une certaine saison de l'année, n'est praticable que lorsqu'on aura à opérer sur un terrain peu étendu; mais elle devient difficile, pour ne pas dire impossible, à moins de frais immenses, quand on opère sur une grande SESSION DE VANNES. 1 1 1 échelle et qu'on est obligé de semer en toute saison, comme l'a fait M. Peyron. Voici maintenant le second mode suivi par le propriétaire et qui sans contredit, suivant, lui, produit les meilleurs résultats. Il a fait écobuer en juin et juillet une certaine partie de son terrain où la bruyère et la lande étaient plus abondantes, ce qui lui a procuré une suffisante quantité de matières alcalines. Puis, en novembre, il a semé du seigle mélangé avec de la graine de pins. Le seigle, poussant plus promptement que le pin, a pu le protéger contre les gelées de l'hiver et les chaleurs de l'été ; de sorte qu'après la coupe du seigle, vers la fin de juillet ou dans les premiers jours d'août, le plant, que cette céréale a suffisamment protégé, offre assez de vigueur pour supporter les intempéries des saisons qui suivent. Les pins semés la même année et à la même époque, et dans une saison plus favorable , offrent une différence bien sensible en faveur de l'ensemencement avec seigle sur écobue. Il est fâcheux , m'a dit M. Peyron, pour tous les sylviculteurs , que tous les terrains de lande et de bruyère, qu'on désire semer en bois, ne soient pas propres à la culture du seigle d'écobue. Dans la propriété de M. Peyron, environ 10 mètres ont été ensemencés d'après ce dernier mode. Or les plants qui se trouvent dans cette partie de son terrain sont sans contredit les plus vigoureux, quoiqu'il possède cependant des parcelles d'une végétation remarquable qui ont été semées en ligne par bandes non écobuées. » Qu'il me soit permis, Messieurs, de dire, au sujet des heureux résultats toujours offerts par le mode suivi par M. Peyron , et auquel il donne la préférence , qu'il a été pratiqué , sur une échelle assez vaste, il y a trente ans environ , par feu M. Desjars , de Guingamp , qui passait à juste titre pour l'un des plus intelligents sylviculteurs de la Bretagne. » Je ne terminerai pas sans vous donner le détail des dépenses, par hectare, faites par M. Peyron, pour les divers travaux qu'il a exécutés suivant le mode employé par lui pour l'ensemencement » 1° Le premier mode d'ensemencement, qui consiste à étréper, biner, ensemencer et ratisser, a coûté par hectare, savoir Étrépage, 40 lignes de 100 mètres, à 5 centimes le décamètre 20 fr. » Ensemencement 1/4 de journée d'homme. ....... » 25 Binage ; 20 journées d'homme à 75 cent. ......... 15 » Ratissage, 6 id. id. id 4 50 50 kilogrammes de graine, par hectare, à 40 fr. les 100 kilog 20 » Total 59 75 112 ASSOCIATION BRETONNE. » 2° Deuxième mode d'ensemencement, consistant dans l'étrépage , l'ensemencement et le binage, frais Étrépage de 40 lignes de 100 mètres à 5 centimes le décamètre 20 fr. » Ensemencement 1/4 de journée d'homme » 25 Binage , 20 journées d'homme 15 » 50 kilog. de graine , à 40 fr. les 100 kilog 20 » Total 55 25 » 3° Troisième mode, qui consiste à étréper les lignes, écobuer, ensemencer et biner; il coûte, savoir Étrépage, comme ci-dessus 20 fr. » Pour brûler les mottes, répandre la cendre, 12 journées à 75 cent 9 » Ensemencement , comme ci-dessus » 25 Binage 15 » 50 kilog. de graine 20 » Total 64 25 » 4° Quatrième mode, étréper entièrement un hectare ; brûler toutes les mottes, répandre la cendre, labourer la terre et l'ensemencer en seigle et en graine de pin, savoir Étrépage, à raison de 5 centimes les 10 mètres carrés. . 50 fr. » Pour brûler les mottes et répandre les cendres, 24 journées à 75 cent 18 » 3 journées de labour à la charrue, à 6 fr 18 » 1 journée de hersage 6 » Ensemencement, 2 journées à 75 cent 1 50 1 hectolitre 1/2 de seigle à 12 fr 18 » 75 kilog. de graine à 40 fr. les 100 kilog 30 » Total 141 50 » De ce dernier chiffre, il convient de déduire la récolte en paille et seigle qui, en certaines années, couvre une grande partie si ce n'est la totalité des frais. Une portion notable de terrain, ensemencée d'après ce dernier procédé, a été accordée par M. Peyron à ses journaliers aux conditions suivantes ils faisaient tous les travaux d'étrépage, brûlis, labour... et fournissaient la semence de seigle. M. Peyron fournissait, bien entendu, la graine de pins, leur donnait 20 francs par hectare et toute la récolte de seigle , paille et grains. SESSION DE VANNES. 113, Mais il n'a pu opérer ainsi que sur 8 à 10 hectares, étant pressé d'arriver à son but qui consistait à finir l'opération en trois ans. » M. Peyron, très-compétent en pareille matière, puisqu'il a fait de cette spécialité une étude particulière, ayant opéré depuis un certain nombre d'années dans diverses localités du département qu'il habite, m'a fait connaître, au fur et à mesure que je parcourais avec lui son vaste terrain, qui partout offre une vigueur de végétation remarquable, son opinion sur l'époque la plus favorable pour l'ensemencement. Veuillez donc , Messieurs , me permettre de vous en donner connaissance; aussi bien est-il à mon avis, et vous le partagerez avec moi, tout à fait opportun de nous occuper plus spécialement d'une culture qui peut seule amener, sans grands frais, la conversion en terrain productif, de ces immenses bruyères du Morbihan, où le peu d'épaisseur de la couche végétale ne permet que l'introduction des bois de pins mélangés des diverses essences d'arbres forestiers appropriés à la nature du sol. » Je reprends ma narration ; car, Messieurs, pour ne pas soulever de controverse qui retarderait la marche de nos travaux si multipliés, je m'abstiendrai de consigner dans mon compte rendu mes propres appréciations. » M. Peyron dit que quand on sème une grande étendue de terrain et qu'on veut aller vite, cette opération peut se faire sans inconvénient en toute saison ; et quoique sur son terrain des graines semées en hiver aient parfaitement réussi, surtout dans des écobues, cependant la saison la plus opportune est dans les mois de mars , avril, mai et même juin. Les graines levées au printemps ont acquis pour l'hiver une certaine force et peuvent résister beaucoup plus que celles semées en juillet, août et septembre , aux soulèvements des terres ameublies provoqués par les gelées et la glace. Le grand froid n'est pas aussi nuisible au plant que ces soulèvements qui le déracinent et le font bien souvent périr. Lorsque le plant dans sa jeunesse est bien abrité par une lande ou bruyère un peu élevée, le mal causé par les suites de la gelée est moins grave. » Voici maintenant son opinion sur la meilleure exposition les terrains exploités au nord conviennent le mieux aux semis de pins, parce qu'ils sont par cela même à l'abri des vents d'ouest ou de sud-ouest, lesquels sont ceux qui leur font le plus de mal. Le sol sec , léger et mêlé de sable de granit ou de quartz, est celui qui convient le mieux. Notez bien ceci, Messieurs du Morbihan, qui savez qu'en général vos bruyères incultes voisines du littoral offrent précisément un sol de cette espèce. — Le sol humide, marécageux, n'ayant qu'une faible couche végétale et un fond d'argile blanche imperméable, est celui qui convient le moins. Dans les premières années, les plants poussent 8 114 ASSOCIATION BRETONNE. presque aussi vigoureusement qu'ailleurs. Mais c'est lorsqu'ils ont atteint l'âge de dix à quinze ans, quand les racines, pivotantes de leur nature, ne pouvant percer la couche d'argile inférieure, sont obligées de pousser latéralement et d'aller chercher dans la légère couche de terre végétale qui les avoisine une maigre subsistance, que l'arbre dépérit, s'étiole et végète jusqu'au premier souffle de la tempête, qui le renverse d'autant plus facilement que l'arbre ne peut lui offrir aucune résistance. C'est surtout dans ces sortes de terrains qu'il ne faut pas s'entêter à laisser les pins venir en futaie, car jamais on n'y parviendra. Il vaut mieux alors les déraciner, en faire du bois de chauffage, donner un labour au terrain, l'ensemencer en céréales, y mêler une certaine quantité de graines de pins, et renouveler l'opération tous les quinze ans, comme on vient de l'exposer. » J'ajouterai, Messieurs, sans sortir de mon rôle de rapporteur, mais parce que j'en ai l'expérience en raison de mes tournées si fréquentes dans la plus grande partie de la Bretagne, que cette nature de terrain peut néanmoins être ensemencée fructueusement en pins, mais uniquement pour protéger, pendant douze à quinze ans, la croissance des diverses essences d'arbres forestiers auxquelles ce terrain convient, et encore pour préparer ces terres à la conversion en prairies ou en terres labourables. En effet, Messieurs, c'est le seul moyen de préparer vos terrains actuellement improductifs à recevoir une culture avantageuse et de ménager vos engrais d'étable et les amendements calcaires, que vous avez tant de peine à vous procurer, pour l'immense quantité d'excellent terrain qui ne demande que fort peu de soins. Bien loin de convertir vos grandes landes éloignées de vos exploitations en terres labourables, semez-les en bois et imitez M. Peyron et toutes les personnes de la Bretagne, et il y en a beaucoup dans le Morbihan, qui ont suivi cet excellent système. » M. Peyron a fait planter dans ses sapinières plusieurs milliers de hêtres, châtaigniers, chênes, bouleaux, etc., qu'il a achetés dans les forêts de l'État. Tous ces plants, protégés par les pins, offrent une vigueur qui fait espérer que là où il n'y avait qu'une bruyère aride il s'élèvera un bois présentant une grande quantité de sujets remarquables. » Indépendamment de tous ces travaux qui méritent d'être visités, M. Peyron a ensemencé dans la même commune, au lieu dit de Penanros, distant d'un kilomètre environ de la lande Burel, près du bourg communal de Guisgriff, une étendue de 25 hectares en pins maritimes , qui sont sortis et qui offrent déjà une végétation vigoureuse. » Forcé d'abréger, Messieurs, car je ne puis m'arrêter longtemps sur le compte de chaque concurrent, je m'abstiens de vous parler des idées de M. Peyron sur l'élagage, l'ajournant au prochain Congrès SESSION DE VANNES. 115 de Lorient, pour vous montrer les résultats de son système, que je crois excellent. Je vous tairai aussi tous les obstacles qu'il a rencontrés avant et pendant cette courageuse entreprise, formée à une distance de 17 kilomètres de sa demeure et au milieu de nombreux travaux que son intelligence et sa prodigieuse activité ont pu lui permettre d'exécuter. Hélas! Messieurs, quand je parle des obstacles de toute nature que rencontrent les agriculteurs, ces glorieux soldats de la grande armée agricole, je ne vous apprends rien do nouveau mais je vous demande pour ces généreux citoyens la sympathie que des hommes bien inconséquents leur refusent trop souvent. Il ne faut pas que le sentiment intérieur d'un devoir bien rempli devienne l'unique rémunération qui soit réservée clans ce monde aux hommes utiles à leur pays. » M. Hervé Pierre-Marie, propriétaire-agriculteur et président de la Société d'agriculture de Napoléonville, pour le défrichement de BonneEspérance, situé en Kergrist et Saint-Gérand, canton de Clégnerec. » Cette propriété, contenant actuellement 100 hectares, dépendait en 1840 d'une ferme que possède M. Hervé au village de Kerlogot en Neuilliac, à 1 kilomètre de distance , sur la route de Napoléonville, à Saint-Brieuc. Elle contenait à cette époque 60 hectares; mais par les acquisitions successives, cette contenance s'élève aujourd'hui à 100 hectares. Ce terrain était en 1840 couvert de landes nues et paraissant infertiles. Ce qui le prouve, c'est que quand M. Hervé demanda à son fermier de lui céder, moyennant diminution du prix de fermage les 60 hectares de landes dont il ne tirait aucun parti, celui-ci porta au chiffre de 30 fr. la réduction annuelle qu'il exigeait. M. Hervé ne voulut pas accepter le sacrifice volontaire que faisait ce fermier, et éleva lui-même la somme à 60 fr. par an. » Les travaux commencèrent en 1841 ; des clôtures furent élevées, des chemins d'exploitation formés et le partage du terrain eut lieu en pièces d'une étendue convenable et suivant la nature du sol ; des plantations de chênes, de châtaigniers et d'arbres verts s'élevèrent et ont été continuées tous les ans au fur et à mesure que les semis que M. Hervé avait formés dans sa métairie voisine lui fournissaient des sujets, de sorte qu'actuellement son nouveau domaine est couvert de 10,000 plants d'une vigueur remarquable. » En résumant les travaux faits depuis 1841 jusqu'à ce jour par M. Hervé, on trouve qu'il a mis en valeur une étendue de 44 hectares, se divisant comme suit Sous prairies naturelles. 8 h. 30 Sous terres labourables et racines fourragères 23 50 Sous bois de diverses essences 12 20 116 ASSOCIATION BRETONNE. » Les landes qui dépendent du domaine de Bonne-Espérance, acquises par lui en 1850 seulement, sont entourées de bonnes clôtures élevées récemment, plantées à l'entour de chênes et châtaigniers, et seront successivement défrichées. » L'idée première de M. Hervé avait été de ne faire que les prairies, pour les annexer à sa ferme de Kerlogot, et de couvrir de bois le restant des landes ; mais en 1847, à cette époque de si grande souffrance pour les journaliers des campagnes, M. Hervé, voulant contribuer à soulager leur misère, se décida à créer un établissement rural à Bonne-Espérance; il fit donc construire une jolie maison de ferme, avec écurie, remises, granges, etc., pour pouvoir y loger une famille et mettre à couvert ses foins et les produits de ses récoltes. Mais voilà qu'en septembre 1851 tous ces bâtiments furent incendiés; toutes les récoltes rentrées furent détruites; on ne sauva que les animaux. M. Hervé était assuré pour les bâtiments, mais non pour son mobilier et ses récoltes, dont la valeur était considérable. Vous le voyez, Messieurs, presque toujours des obstacles surviennent quand on se livre à la noble profession de cultivateur ; mais c'était une épreuve dont M. Hervé triompha. Au lieu d'abandonner son exploitation et de louer les terres mises en valeur au fermier de Kerlogot, il a voulu continuer son oeuvre, il rebâtit, en 1852, tous les bâtiments incendiés, on ajoutant même un étage à la maison principale et une grange. Tous ces logements sont aménagés avec intelligence, et ils peuvent servir de modèle à toutes les personnes qui voudront créer un établissement rural de cette importance. » Quelques mots sur les prairies formées par M. Hervé. En 1841, il commença le défrichement de sa grande prairie actuelle , contenant 5 hectares. Avant d'en faire un pré, il cultiva pendant cinq ans le terrain en racines et céréales. Il y mit de l'avoine à plat, la dernière année, avec de la graine de foin, et depuis cette époque, il a une excellente prairie dont le produit moyen est de 20,000 kilogrammes de foin. — En 1843, il entreprit le défrichement d'une autre pièce de lande, nommée actuellement le pré de la Fontaine, contenant 3 hectares. Il la cultiva comme la précédente. Une portion de cette pièce, séparée par une haie de saules, est aujourd'hui sous jardin, trèfle et légumes et d'un très-grand rapport. Le produit est de 12,000 kilogrammes de foin environ. Ces deux prairies sont parfaitement irriguées depuis le printemps de cette année, attendu que M. Hervé a mis vingt ouvriers pendant un mois à la disposition des irrigateurs des Vosges. » Enfin la troisième pièce de lande, qui est située entre les deux autres et que M. Hervé convertit en prairie, n'a pas offert les résultats avantageux de ses voisines, attendu qu'ayant voulu jouir trop tôt, il ne cultiva ce terrain en racines et en céréales que pendant trois ans. SESSION DE VANNES. 117 Aussi la lande y repoussant, M. Hervé y a semé, cette année, du blé noir dont la récolte est très-belle. Ses fumiers sont prêts pour le froment d'hiver, et après quelques années de culture convenable, il formera sa prairie. La contenance de cette pièce est de 2 hectares 50 ares. Son produit n'a été que de 8,000 à 8,500 kilogrammes de foin. » Cette circonstance, que j'ai voulu vous faire connaître, Messieurs, vous prouvera que les prairies, après défrichement, ne peuvent être formées de manière à donner des produits avantageux qu'au bout de quelques années de culture. » Les engrais dont se sert M. Hervé se composent généralement des fumiers de ses écuries et de ses étables. Il en achète aussi à Napoléonville. Il a deux chevaux et un homme qui, toute l'année, sont occupés à transporter du fumier, de Napoléonville à sa ferme, qu'il tient lui-même au moyen d'un gardien-chef qui y est établi avec sa famille et de journaliers du pays. La moyenne de ses travailleurs est de douze personnes. » Il emploie aussi du sable calcaire qui lui est expédié de Lorient, par le Blavet, coulant à 3 kilomètres de sa propriété, sur le bord de la route de Napoléonville à Saint-Brieuc. Il a fait venir cette année 100 barriques de sable coquillier. » M. Hervé cultive les trèfles, les carottes à collet vert, les betteraves, les rutabagas, les choux du Poitou, avec le plus grand succès. » Il ne se sert que des instruments perfectionnés. » M. Hervé a planté sur sa ferme de Kerlogot plus de 4,000 sujets de diverses essences qui présentent une belle végétation. Il en est de même des 15,000 plants de chênes, châtaigniers et hêtres mis par lui, de 1833 à 1840, dans sa propriété de la Ferté-en-Cléguérec. » Enfin, M. Hervé a défriché 12 hectares de landes, dépendant d'un terrain de 50 hectares de la même nature, qu'il possède en Kergrist, à 3 kilomètres de Bonne-Espérance et sur la même route. Il y a déjà planté 400 pommiers, et dans l'hiver de 1852 il a mis, dans les diverses parcelles de cette propriété , 4,000 plants de chênes, châtaigniers et hêtres. » Je ne terminerai pas , Messieurs, sans vous répéter ce que tous les cultivateurs de l'arrondissement Napoléonville m'ont dit au sujet de M. Hervé c'est qu'il a puissamment contribué au progrès agricole dans son pays, et que, dans toutes les occasions, il a profité de la considération que lui ont acquise les services rendus à la localité qu'il habite, pour servir les intérêts des laboureurs. » M. le comte de Laferrière, qui m'accompagnait dans ma visite, a vivement félicité M. Hervé sur ses travaux agricoles. 118 ASSOCIATION BRETONNE. » M. le vicomte Dunoday, conseiller général du Morbihan, au château de Penhoët, en la Croix-Helléan, près Josselin , a défriché avec le plus grand succès 45 hectares de landes, dont 30 sont actuellement en céréales, 6 sont en prairies naturelles et 3 en plantes et racines fourragères. Cette étendue de terrain est exploitée par deux métayers qui ont beaucoup à se louer des relations qu'ils ont avec leur associé ; aussi s'empressent-ils de suivre les avis de M. Dunoday, qui m'a paru être un agriculteur prudent, expérimenté et plein d'intelligence. » Les plantations de pommiers et de diverses essences forestières faites par M. Dunoday sont considérables et ont parfaitement réussi. M. Dunoday ne se borne pas à rendre service à ses métayers et aux cultivateurs du voisinage dans toutes les occasions; il a encore apporté des modifications et des perfectionnements aux instruments aratoires de la localité, de manière à les rendre propres aux travaux du pays, à des prix réduits. Sous ce rapport, M. Dunoday a beaucoup contribué à faire progresser l'agriculture dans son canton, et c'est à juste titre qu'il y jouit de l'estime et de la confiance de tous les agriculteurs qui sans cesse viennent le consulter. » M. Guillaume, président du Comice agricole du canton de Questembert , arrondissement de Vannes. » Si les défrichements faits par M. Guillaume aux environs de Questembert avaient eu lieu sur une plus vaste échelle, je n'aurais pas hésité à proposer une des premières médailles pour lui. En effet, il est impossible d'opérer avec plus d'intelligence et de succès. Cette partie de la lande ou bruyère qui avoisine le Petit-Molac, située au bord de la route départementale de Questembert à Rochefort, où M. Guillaume a fondé un établissement agricole, offre une végétation très-remarquable. Les nombreuses plantations en pommiers, châtaigniers, chênes, hêtres, les semis d'arbres verts exécutés par M. Guillaume, ont parfaitement réussi. Il en est de même de ses prairies et de ses terres sous céréales. » En un mot, les 25 hectares qui composent le domaine de M. Guillaume ont actuellement une grande valeur, et peuvent, sous tous les rapports, être visités avec fruit par toutes les personnes qui voudront opérer des défrichements sur des landes comme celles qui couvrent les environs de Questembert. » M. Guillaume a en outre formé deux excellents vergers et un jardin potager dans la ville sur des terrains d'une médiocre qualité. » M. Leroy, maire de Muzillac, a fait dans les environs de cette commune de nombreuses plantations de pommiers et d'arbres d'essence forestière qui ont bien réussi. SESSION DE VANNES. 119 » Il a converti en prairies d'excellente qualité des terrains tourbeux où il a exécuté des drainages et des canaux d'irrigation avec beaucoup d'intelligence. Il en est de même des chemins qui aboutissent à la métairie de Keravello, où il a défriché environ 15 hectares; il y a placé comme métayers d'honnêtes laboureurs qui y vivaient dans la malaisance lorsqu'ils étaient fermiers. Avant peu, M. Leroy pourra louer de nouveau cette propriété à ces mêmes laboureurs, qui alors y feront leurs affaires. M. Leroy, en se livrant aux travaux dont j'ai reconnu l'importance et les heureux résultats, n'a pas fait seulement une opération utile à ses propres intérêts; il a encore sauvé de la misère de braves gens qui, j'aime à le proclamer, sont heureux de pouvoir en toute occasion témoigner à leur bienfaiteur leur vive reconnaissance. » M, de Parcieux père, à Plaisance, en Saint-Avé, près Vannes, a desséché la majeure partie de l'ancien étang de Plaisance. Cette vaste opération, exécutée avec intelligence, a assaini cette localité, qui auparavant était sans cesse en proie aux maladies attachées au voisinage des marais. Il a fallu bien du courage et de la persévérance pour effectuer un pareil désséchement, entravé si souvent par l'invasion des eaux. Les résultats déjà obtenus sont très-satisfaisants, et sont de nature à mériter les plus honorables encouragements de la part du Congrès Breton. Déjà 45 hectares de terrain ont été convertis en prairies, en vergers et en terres labourables d'une bonne qualité. De nombreuses plantations de pommiers, de saules, de chênes, de bouleaux, d'aulnes, etc., ont été faites avec succès; j'ai vu quelques herbiers de la première qualité. Dans les champs de terre labourable, le propriétaire a fait enlever d'énormes blocs de granit qui couvraient une certaine étendue; et enfin il a montré aux agriculteurs du voisinage les heureux résultats d'une culture faite avec intelligence, et cependant économique. >> M. Talbot, propriétaire-agriculteur au château de Pontsal, commune de Plougoumelen, canton d'Auray, fait valoir lui-même une exploitation attenant entièrement à sa demeure et se divisant comme suit Terres sous céréales 22 hect. Sous choux de la Vendée 3 — Betteraves . 3 — 50 ares. Pommes de terre. . 3 — 50 — Rutabagas » — 50 — Trèfles 8 — Id. mélangés de raygrass. . . 2 — 120 ASSOCIATION BRETONNE. Luzerne 1 hect. Prairies naturelles 10 — dont la majeure partie a reçu de notables améliorations. Plus, 10 hectares sous bruyères, qui seront successivement défrichées , à l'exception de deux parcelles situées dans un terrain de 2 hectares 60 ares, appartenant en indivis à sept propriétaires qui ne veulent ni échanger ni vendre, circonstance que je veux faire connaître aux membres du Congrès, afin qu'ils soient à même de juger que s'il y a tant de terres en friche dans le Morbihan, cet état de choses ne peut être imputé à la négligence des propriétaires qui, en majeure partie, se plaignent avec raison de la divison infinie des terres sous lande ou bruyère. » Depuis l'époque de l'achat de la terre de Pontsal par M. Talbot, il a défriché successivement 16 hectares 86 ares de bruyères qui, en ce moment, grâce à l'amendement calcaire et aux soins intelligents du propriétaire, présentent une végétation tout à fait remarquable; ce qui prouve que si le sable coquillier pouvait parvenir à des prix raisonnables dans l'intérieur du département du Morbihan, les terres de la qualité la plus médiocre pourraient être cultivées d'une manière avantageuse. » M. Talbot possède uu bateau monté par un matelot à qui il donne pour salaire 25 centimes par barrique. » Il a mis dans ses défrichements, dès la première année, des pommes de terre. Le résultat n'a pas été avantageux. La deuxième année, du colza, qui est bien venu, mais la majeure partie de la graine a été dévorée par les oiseaux, et la troisième année, choux de la Vendée qui sont très-beaux. J'ai vu des rutabagas d'une grosseur surprenante dans des défrichements de troisième année. » Il cultive en planches d'un mètre 50 cent, de largeur, se sert des instruments perfectionnés, qu'il répare chez lui, ou il occupe un forgeron-maréchal à l'année. Il possède une machine à battre à manége, qu'il a fait confectionner par le sieur Guillouzic de Pluvigner ; cette machine à battre lui revient à la somme de 500 fr., elle égrène parfaitement les céréales. » Enfin, Messieurs, l'ensemble des opérations agricoles auxquelles se livre M. Talbot, dans une localité entourée d'un terrain de bruyères qui paraît impropre à la culture, m'a paru digne de fixer l'attention du Congrès, qui voudra bien accorder ses encouragements à M. Talbot. » M. Deloze, directeur de la Ferme-École de Saint-Gildas-des-Bois, Loire-Inférieure, pour ses défrichements des Greffins, en Ruffiac, arrondissement de Ploërmel, vient de donner dans le Morbihan de SESSION DE VANNES. 121 nouvelles preuves du zèle qui l'anime pour les intérêts agricoles si souvent signalé dans le département qu'il habite. Soixante hectares de landes, dépendant de sa terre des Greffins, ont été défrichés, sous son habile direction, par trois familles de laboureurs de l'arrondissement d'Ancenis Loire-Inférieure, qu'il a établis sur trois métairies qu'il a formées. » De nombreuses et belles plantations de pommiers et d'arbres de diverses essences forestières ont été faites par M. Deloze , qui a construit pour ses métayers des logements spacieux et d'une distribution bien entendue. » Cet estimable agriculteur recevra, sans aucun doute, de la part du Congrès breton, dans sa session tenue à Vannes, les encouragements qu'il a obtenus dans la Loire-Inférieure. » M. Lefebvrier, au Talhoët, en Lantillac, arrondissement de Ploërmel, fait valoir 20 hectares de terres dont il a défriché la majeure partie. J'ai vu chez lui des herbiers de première qualité et des prairies bien soignées. Ses plantations de pommiers et de châtaigniers sont faites avec intelligence. » M. Lefebvrier, ancien officier de marine, rend des services à ses voisins, et leur donne à tous le bon exemple. Il est plein de courage et d'activité , et mérite d'être signalé au Congrès breton , qui voudra bien lui accorder ses encouragements. » M. Bargain , aîné , notaire au Faouët, arrondissement de Napoléonville , pour ses défrichements aux Bugues, en Meslan, canton du Faouët. » M. Bargain a formé, dans cette localité, une propriété d'une valeur actuelle de fermage d'une certaine importance. Ses défrichements ont été faits avec intelligence et il obtient depuis plusieurs années , sur ce terrain, jadis couvert de landes et de bruyères, des trèfles, des rutabagas, des choux à vache, etc. , dont la belle venue est le résultat d'un bon système de culture. » Cet agriculteur, qui a déjà exécuté des travaux assez considérables dans ses environs, a constamment fait les plus généreux efforts pour faire progresser l'agriculture. » Ses semis de pins ont parfaitement réussi, et il en est de même de ses nombreuses plantations de pommiers et d'arbres forestiers. » Il a droit aux encouragements de l'Association Bretonne. » M. de Langlais, à Kervert, en Saint-Gildas , canton de Sarzeau. » M. de Langlais est un jeune agriculteur plein d'intelligence et d'activité, qui ne tardera pas à augmenter considérablement la valeur 122 ASSOCIATION BRETONNE. de la propriété qu'il a récemment achetée. Venu de la Loire-Inférieure, où il s'est initié aux excellentes méthodes de culture pratiquées dans ce département, M. de Langlais a déjà obtenu, sur cette terre si abandonnée jusqu'au moment de son acquisition , des succès qui ont produit une heureuse influence sur l'esprit des cultivateurs du canton. » Il a opéré des défrichements, et il n'a pas reculé devant une dépense de plusieurs milliers de francs, pour se rendre maître d'un vaste étang qu'il va pouvoir dessécher en majeure partie et livrer à la culture, au moyen d'une chaussée et d'un canal dont la construction, exécutée par un entrepreneur habile , touchait à sa fin à l'époque de ma visite. » M. de Langlais m'a présenté des graines et des racines potagères et fourragères remarquables sous tous les rapports; et j'ai vu dans ses magasins des instruments agricoles qu'il s'était procurés dans la Loire-Inférieure, dont l'emploi sur ses terres et chez ses voisins a produit un excellent effet. » M. Fortuné Caris, à Kergurion en Plaudren, a fait de nombreuses plantations et des semis d'arbres verts avec le plus grand succès. » Il a exécuté, en outre, des défrichements de landes avec intelligence, construit pour ses deux fermiers du voisinage des logements spacieux et commodes, et il les a aidés de son expérience et de ses agissements avec un zèle qui mérite d'être signalé. » M. Fortuné Caris va livrer à la culture une certaine étendue de landes dans l'immense plaine dite de Lanvaux et, en faisant élever des talus autour de ce terrain, il a reconnu que la majeure partie de ces landes a été jadis couverte de bois. » En explorant minutieusement cette localité, j'ai pu me convaincre que M. Caris éprouvera peu d'obstacles pour rendre à une bonne culture les terres sous landes qu'il vient d'acheter, et qu'on trouvera là sous peu la preuve que cette immense lande de Lanvaux est susceptible d'être travaillée avec succès. Sous ce dernier rapport, indépendamment des autres droits que M. Caris a acquis aux sympathies du Congrès, il a rendu un grand service qui mérite d'être récompensé. >> M. Madec, percepteur des contributions directes à Elven, pour ses défrichements en Quistinic, canton de Plouay, arrondissement de Lorient. » M. Madec, par des travaux dirigés avec intelligence, a rendu à la Culture une certaine étendue de terres, jadis sous landes, bruyères et taillis de médiocre qualité. Cette propriété, traversée par la route départementale de Baud à Guémené, me semble devoir sous peu être SESSION DE VANNES. 123 en état d'être louée d'une manière assez avantageuse pour dédommager le propriétaire des avances qu'il a faites dans une localité où il y a tant de terrains improductifs. >> L'Association Bretonne voudra bien, je l'espère, accorder ses encouragements à M. Madec. » M. Patenaille, du bourg de Grandchamps, arrondissement de Vannes, a ensemencé en arbres verts 50 hectares de bruyères dans la lande de Lanvaux. Ce terrain est entièrement clos par des talus assez élevés pour empêcher les bestiaux d'y pénétrer. M. Patenaille me paraît avoir exécuté ce semis dans de bonnes conditions, et il a eu, à mon avis, le mérite d'avoir compris que les terrains de la qualité de celui qu'il a acheté dans cette partie de la commune de Grandchamps ne peuvent être fructueusement utilisés qu'en y semant des arbres verts. Si, au contraire, M. Patenaille avait entrepris là des défrichements pour y cultiver des céréales et y établir un corps de ferme, il aurait nécessairement succombé, a grand détriment du progrès agricole, retardé trop souvent par des défrichements inopportuns. Le Congrès Breton devra accorder ses encouragements à M. Patenaille pour le bon exemple qu'il a donné. >> M. Davy Aubin père, à la Villeferrée, en Campénéac, canton de Ploërmel, est venu du département de la Manche montrer aux laboureurs de cette localité comment on devait opérer pour mettre en valeur les terrains trop longtemps abandonnés de ce pays ; je dis abandonnés, car les parcelles parfaitement closes que M. Davy a défrichées avaient été jadis en culture et ne demandaient pour produire qu'un cultivateur intelligent, sachant se procurer à bas prix de l'engrais. M. Davy, après avoir cultivé pendant quelques années les champs composant cette propriété, qu'il avait achetée à Rennes, les terres du département de la Manche étant, disait-il, d'un prix trop élevé, les a loués très-avantageusement à des laboureurs voisins sur le pied des bonnes terres de la commune, et est allé dans la commune de Ploërmel reporter son industrie, prouvant aux habitants la vérité de cet adage Tant vaut l' homme, tant vaut la terre. » Le Congrès Breton accordera, je l'espère, ses encouragements à M. Davy; » M. Beller Patern, propriétaire-cultivateur au bourg de Bieuzy, arrondissement de Napoléonville, est un honorable Bas-Breton qui aurait pu, en raison de son aisance et de son éducation, échanger son costume national contre des habits de ville; mais il savait qu'une mission plus glorieuse devait le retenir aux lieux de sa naissance. Hon- 124 ASSOCIATION BRETONNE. neur à lui! Comme Lanneval, Beller est le type des bons laboureurs et des braves gens. » Il cultive avec succès en Bieuzy et en Melrand environ 20 hectares de terres et a défriché en Pluméliau, avec l'aide d'un courageux journalier, 35 hectares de landes qu'il a concédées, à titre gratuit, pendant neuf ans, à ce brave homme, dont il sera fait mention ultérieurement. » Beller honore la profession de laboureur. Il mérite, à tous égards, que le Congrès Breton lui témoigne toute sa sympathie et ses encouragements. » M. Galloch, au Biscomte, en Plonhinec, a desséché 17 hectares d'un étang à mer, dépendant de la rivière d'Étel. Ce terrain, travaillé avec intelligence par le propriétaire lui-même, offre une remarquable végétation. M. Galloch a eu à lutter contre des obstacles qui l'ont beaucoup entravé, sans abattre son courage. Il mérite les encouragements du Congrès Breton. Il se sert des instruments perfectionnés qu'il fait lui-même fonctionner et entend à merveille la culture maraîchère , si arriérée le long du littoral du Morbihan où elle serait cependant si profitable en raison de l'abondance des engrais maritimes et des nouveaux débouchés ouverts par la création d'excellentes routes et l'établissement des bateaux à vapeur de Vannes et de Lorient à Nantes. » M. Dénié Jcan-Philibert, du canton de Saint-Hermine Vendée, ancien membre du Comice agricole de ce canton, fermier des Bornes, en Ambon , près Muzillac. » M. Démé fait valoir 70 hectares de terres dont il a défriché une partie qu'il a ensemencée en racines fourragères. Voici la division de ses cultures terres labourables froment, 15 hectares; seigle, 1 hectare 50 ares ; blé noir, 4 hectares ; pommes de terre, 50 ares ; choux de la Vendée excellente espèce, 4 hectares ; carottes et rutabagas, 1 hectare 60 ares; trèfles, 2 hectares.... Il ne lui reste plus que 5 hectares de landes dont il défrichera la majeure partie. » Son système de culture est parfaitement entendu et a déjà produit d'heureux effets. C'est que M. Démé est un homme intelligent et plein de courage et qui ne tardera pas à montrer que cette vaste étendue do landes qui entoure la propriété dont il est le fermier et qui, il y a peu d'années, était de la même qualité, peut être fructueusement livrée à la culture. » Je crois que M. Démé pourra, par son exemple, contribuer efficacement au progrès agricole dans un pays si arriéré malgré les avantages qui résultent de la proximité du littoral. Aussi est-ce un SESSION DE VANNES. 125. devoir pour moi d'engager l'Association Bretonne à montrer qu'elle accueille avec empressement les agriculteurs des départements étrangers à la Bretagne qui viennent, comme M. Démé, nous faire part des bonnes méthodes agricoles pratiquées chez eux. » M. Davis, propriétaire et domanier, à Blavasson en Surzur. » Ce cultivateur est un homme courageux et intelligent ; il a éprouvé dans ses opérations agricoles les plus grands obstacles et il les a surmontés. De pareils hommes doivent être encouragés, parce que leur exemple produit un excellent effet sur l'esprit des compatriotes qui ne sont pas habitués à voir tant d'énergie dans un laboureur de ce pays. » Davis a fait des plantations de pommiers, des prairies, des herbiers qui témoignent de son bon système de culture ; il cultive le trèfle, les choux, les rutabagas, etc.... Il a fait de vastes clôtures de marais qui ont été renversées par une grande marée, au moment où le terrain enclos était bien disposé. Blâmé par ses voisins qui le détournaient de se livrer à ce travail, lui simple domanier, et l'objet des railleries à la suite de l'invasion de la mer dont je viens de parler, Davis a relevé les parties du talus qui avaient été renversées et s'y est pris de manière à éviter une nouvelle invasion. » Je demande avec instance que ce brave homme reçoive la récompense à laquelle il a droit sous tous les rapports. » M. de Labuharaye, au château de Callac, en Plumelec. » Cet agriculteur, aussi modeste qu'expérimenté, est parvenu à rendre à la culture une vaste étendue de terres de peu de valeur. Il a semé et planté en arbres verts, mélangés de hêtres, de châtaigniers, etc...., environ 250 hectares de terrain sous landes et bruyères, situées en Plumelec et Plaudren. » M. de Labuharaye a converti en prairies de bonne qualité 30 hectares de marais. » Il a soumis avec succès au régime du métayage, deux propriétés voisines exploitées depuis quelques années par des laboureurs du pays qui ont déjà donné d'excellents exemples autour d'eux. » Enfin, M. de Labuharaye peut être cité comme l'un des propriétaires-agriculteurs qui rendent dans leur localité les plus grands services sous tous les rapports. J'engage toutes les personnes qui veulent faire des plantations et des prairies à consulter cet agriculteur, dont l'intelligence et le dévouement égalent l'expérience. Je passe maintenant aux propriétaires-cultivateurs, domaniers, fermiers et métayers dont les travaux agricoles ont droits aux récom- 126 ASSOCIATION BRETONNE. penses promises par l'Association Bretonne. Je vais inscrire leurs noms par ordre de mérite » Veuve Renard et enfants, à Coathuan ; Bayon Mathurin, à Laferrière, et le Clinche Étienne, au Bas-Clerouët, tous en BréhanLoudéac , arrondissement de Ploërmel, métayers de M. le comte de Laferrière. » Ces cultivateurs secondent parfaitement les bonnes intentions du propriétaire, leur associé, et peuvent être cités pour leur intelligence et les succès qu'ils obtiennent. » Laurent Lépinay, Pierre Lépinay et Jean Ravard , aux Greffins , en Ruffiac, arrondissement de Ploërmel, métayers de M. Deloze, de Nantes. » Ces métayers, venus des environs d'Ancenis, ont donné des preuves de courage et d'intelligence pour surmonter les obstacles qu'ils ont rencontrés. Ah ! monsieur me disait l'un d'eux, homme robuste » et plein d'énergie, si l'on m'avait pesé en entrant aux Greffins, on » trouverait bien de la diminution à présent. » » Jean Picard et Ange Prédéccille , au Digoët, en la Croix-Helléan, arrondissement de Ploërmel, près Josselin, métayers de M. le vicomte Dunoday. Ces braves gens,méritent également des récompenses pour leurs travaux dirigés avec intelligence, avec le concours bienveillant et éclairé du propriétaire. » Brouxel François , de. Kerdaneven , près Cadoudal, en Plumelec , et Pierre Gazio, à Bellevue, également à Plumelec , métayers de M. de la Buharaye. Ces deux cultivateurs ont déjà donné d'excellents exemples autour d'eux , en allant prendre à Vannes des sables de mer au moyen desquels ils sont parvenus à obtenir do bonnes récoltes de trèfle et de racines fourragères. M. de la Buharaye, leur propriétaire , n'a qu'à se louer de leur bonne volonté et de leur intelligence. » Louis Edy, fermier de Patern Beller, à Kerbeller, en Pluméliau, arrondissement de Napoléonville, est ce laboureur qui a obtenu, à titre gratuit pendant neuf ans, la jouissance du terrain de 35 hectares sous landes qu'il a défriché sous la direction de son bienveillant propriétaire. Cet homme a montré, durant cette pénible opération, une énergie et une intelligence hors ligne. » Legall René, fermier au haut Talhoët, en Lantillac, arrondissement de Ploërmel, a fait des défrichements et importé dans le pays l'excellente espèce de choux à vaches, connue sous le nom de choux du Léon. Venu des environs de Landerneau Finistère, il a fait usage au haut Talhoët des bonnes méthodes de culture usitées dans cette partie du Finistère. » Legentil Louis, fermier au Talhoët. en Lantillac, sous M. Lefeb- SESSION DE VANNES. 127 vrier, peut être cité comme l'un des meilleurs cultivateurs de cette commune. Il a fait, en outre, des défrichements de landes avec le plus grand succès. » Pierre-Marie Grignon , fermier à Kergurien , en Plaudren , arrondissement de Vannes, sous M. Fortuné Caris , est un cultivateur rangé, laborieux, intelligent, dont les travaux agricoles sont remarquables. Aidé généreusement, dans toutes les occasions, par son propriétaire , il s'en montre reconnaissant en faisant des clôtures et des défrichements dans les pièces de terre où il trouve des portions susceptibles d'être rendues fructueusement à la culture. » Pierre Bafoin, aux Barges , en Penestin , arrondissement de Vannes , métayer de M. du Bonceret, et Roussel, au Hiaclin , même commune , métayer de M. Macé, ont fait des défrichements et donné des preuves d'intelligence et de bonne volonté. » Louis Harouis, domanier au Polastre, en Plescop , arrondissement de Vannes, est un homme plein d'énergie, que des défrichements , exécutés avec intelligence, avaient rendu malade lors de mon exploration. Il est digne de toute la sympathie de l'Association Bretonne. » Job Daniel, fermier à Kergo, en Plormel, arrondissement de Lorient, est un marchand de chevaux qui, dans ses courses à travers la Bretagne, s'est initié aux bonnes méthodes de défrichement dont il a été témoin, et les a mises en pratique avec le plus grand succès. » Joseph Leclerc, de Keravello, en Muzillac, est ce métayer intelligent et recommadable qui a été l'objet de la bienveillance de M. Leroy, maire de Muzillac, dont j'ai déjà parlé et qui s'en est montré digne. » Pierre Goupil, fermier à Lannouët, en Ambon , arrondissement de Vannes. Ce cultivateur, voisin de M. Démé et soumis à l'heureuse influence de ses conseils et de son exemple, a défriché un terrain de lande avec succès. » Cougoulic, meunier au Nédo, en Plaudren , a desséché un étang et fait des chaussées d'écoulement avec une intelligence et une persévérance dignes d'être récompensées. » Au nombre des contre-maîtres, régisseurs et aides cultivateurs , que je vous recommande plus particulièrement, Messieurs, je citerai » MM. Lelgoualeh, régisseur des Bugues, en Meslan , sous M. Bargain aîné, notaire au Faouët ; » Jouaddé père, contre - maître de Cantézac, en Sené, sous M. Avrouin, receveur général ; 128 ASSOCIATION BRETONNE. » Gérardière, contre-maître des Greffins, en Rufflac, sous M. Deloze, de Nantes ; » Henry père, contre-maître de la Chesnaie, en Arradon, sous M. Avrouin, receveur général ; » Sept-Livres Isaac fils, à Billerbon, en Sené, aide-agriculteur avec son père ; » Robert, contre-maître de Kermare, en Hézo , sous M. Avrouin , receveur-général ; » Deparcieux fils, à Plaisance , en Saint-Avé , près Vannes, aide agriculteur avec son père ; » Grignon fils aîné, ancien militaire, à Kergurion , en Plaudren, aide-cultivateur avec son père. » Enfin, Messieurs, je no terminerai pas sans mentionner honorablement les cultivateurs dont les noms suivent, pour les travaux exécutés , il est vrai, sur une petite échelle , mais qui témoignent de leur intelligence et de leur bonne volonté » MM. Lecorff François, de Saint-Jean-Brévelay ; Letoquin Marin, au Méné, en Bignan ; Lerallié Jean-Louis, au Quelvent ; Pedrono Pierre , au Naud ; Lemoguedec, au Méné ; Lebrazidec René, à Coscastel ; Guillemet Julien, à Kerbiquet ; Dréano JeanLouis, au Reste ; ces six derniers demeurent en Bignan ; Caudal François, du Govezo , en Saint-Jean-Brévelay ; Leroch , de Kernicol, à idem ; Lemay Augustin, au bourg de Saint-Allouestre ; Robinot, adjoint, à Guenestre , tous de l'arrondissement de Ploërmel ; Henry, fils, à Kerthomas ; et Lorho Marc, au Boizy, en Plorren , arrondissement de Vannes. » Je viens, Messieurs, de vous faire connaître les noms des agriculteurs du Morbihan dont j'avais exploré les travaux. Je regrette de n'avoir pu consigner dans mon rapport toutes les observations que j'ai recueillies sur les lieux et tous les excellents renseignements qui m'ont été communiqués. Mais j'ai dû me résumer de manière à ne pas trop abuser de votre attention, que réclament d'ailleurs des questions non moins intéressantes. » J'éprouve avant de finir, Messieurs, le besoin de vous dire, à la louange d'un département que j'ai été heureux de connaître tout particulièrement , que partout j'ai vu régner entre les propriétaires et les métayers ou fermiers, leurs voisins, les rapports les plus touchants de bienveillance et de gratitude. » GABRIEL L. AUGUSTIN , » Agriculteur. » Tous les agriculteurs distingués, énumérés dans ce rapport, SESSION DE VANNES. 129 reçoivent dans les paroles de M. le Rapporteur un témoignage de la reconnaissance que le pays doit à leurs efforts. Le Secrétaire, DE VIREL. Seconde partie. M. Charles Avronin prend la plume. L'ordre du jour appelle la lecture des rapports des différentes Commissions chargées d'examiner les objets soumis à l'exposition, mais aucun de ces travaux n'étant prêt, M. le Président donne la parole à M. de Saisy, rapporteur de la Commission des défrichements , qui s'exprime en ces termes Votre Commission, Messieurs, m'a chargé d'être son organe dans cette grande question qui fut agitée au Congrès de Saint-Brieuc, et sur laquelle l'honorable directeur de notre Association, MM. Haugoumar des Portes, Cohan et de Kergéju, trois de nos collègues les plus versés en cette matière, dont nous avons à regretter l'absence, apportèrent d'une manière si remarquable le poids d'expériences qui avaient été suivies d'un plein succès. MM. Bernède et de Pompery prirent une grande part à cette discussion qui va s'ouvrir de nouveau devant des membres de notre Société agricole qui ont fait dans le département du Morbihan ce que d'autres ont essayé dans les autres départements de la Bretagne, et dont les travaux prouveront une fois de plus que le défrichement des landes n'est non-seulement pas une chose impossible, mais que toutes nos landes sans exception sont faciles à mettre en valeur. Mais, Messieurs, avant de répondre à la question posée dans votre programme, je vous demande la permission de vous lire une partie de ce qui fut dit sur cette matière au Congrès de Saint-Brieuc. M. le rapporteur donne ici lecture de la discussion qui a eu lieu au précédent Congrès. Voir le compte rendu de l'année dernière, pages 60 et suivantes. » Voilà, Messieurs, où en était la question l'année dernière. Elle se reproduit de nouveau cette année. La majorité de votre Commission s'est rangée à l'avis que, sans rien établir de décisif, il fallait procéder par la classification des landes, couvrir les hauteurs en semis de rési9 rési9 130 ASSOCIATION BRETONNE. neux, afin d'abriter les coteaux et les plaines, convertir peu à peu ces coteaux en terres labourables, et faire des prairies et des pâturages dans les parties humides, en les assainissant d'abord et en tirant parti des cours d'eau qui les traversent et des sources qui s'y trouvent. C'est à peu près ce que conseille M. le comte de Saint-George de Quéronic , dans un excellent mémoire que votre Commission a eu sous les yeux, et dont il a déjà été rendu compte au Congrès. Il serait à désirer que cette notice fût répandue, et ce serait une bonne oeuvre do plus que M. de Saint-George aurait à ajouter aux nombreux bienfaits que le pays doit à sa généreuse sollicitude. » M. P. Lesage, régisseur des biens de M. le vicomte de Janzé, aux forges de Lannouée, fait connaître aussi au Congrès la manière dont il opère pour le repeuplement des forêts et pour la mise en prairie d'une terre de lande. Il invite la Commission à se rendre à Lannouée pour visiter ses travaux ; mais sa lettre n'étant parvenue que depuis deux jours à son adresse, il y a matériellement impossibilité à la Commission de se rendre à ses désirs. » Nous disons donc qu'il faut semer les hauteurs et toute autre partie non susceptible d'être convertie en terre arable ou en prairies, en bois résineux ou feuillus, suivant la nature du sol ; défricher peu à peu les terres susceptibles de l'être, et améliorer les pâturages en même temps que l'on créerait des prairies. » Mais avant tout il faut que les propriétaires de landes sortent de l'indivision si préjudiciable à tout progrès qui existe dans la plus grande partie de notre province. La loi du 31 décembre 1850, qui a été provoquée par l'un de nos honorables législateurs bretons, laloiFavreau, abrège et diminue notablement les frais et les formalités qu'il y avait à faire jusqu'alors pour parvenir à la licitation entre les intéressés. Cette licitation serait urgente. » L'ensemencement d'un hectare de landes en pins maritimes, qui est le plus rustique des résineux et qui réussit si bien dans les sols granitiques, peut se faire au prix de 10 fr., ainsi que l'indique M. de SaintGeorge. » On se contente, dit notre honorable collègue, d'enlever une motte de mètre en mètre, à peu près, d'ameublir un peu la terre et d'y déposer quelques grains de pin. Quatre hommes trois pour piocher et un pour semer peuvent, au mois d'avril ou de mai, ensemencer ainsi un hectare en deux jours; à 0,75 cent, la journée, la dépense est de 6 fr 6 fr. Estimant la graine à 4 10 fr. » Quand il y a des clôtures à faire et il en faut pour mettre les se- SESSION DE VANNES. 131 mis à l'abri de l'invasion des bestiaux, c'est plus cher; mais on peut se contenter d'un talus à un fossé seulement du côté extérieur du semis. Cette clôture, très-suffisante lorsque vous en semez la superficie de landes ou de pigments, peut se faire à 15 ou 20 centimes le mètre courant. » Vous voyez donc, Messieurs, que le moyen de mettre les landes en valeur par des semis de pins est peu dispendieux, et à la portée de bien des propriétaires. » Il y a plus de difficulté à défricher, c'est-à-dire à faire de ces terres incultes des terres à blé, à céréales. Les uns emploient l'émottage avec incinération ; les autres l'émottage sans brûler le gazon, et se contentent de former des planches avec ces mottes, sur lesquelles ils transportent de l'engrais. Ils ensemencent du seigle par-dessus et recouvrent avec la terre, qu'ils répandent à la bèche et qu'ils prennent dans la raie qui a été laissée à ce dessein entre les planches. De ces deux modes le dernier est le meilleur, car l'incinération du sol ne fait qu'appauvrir la terre, et tous les agriculteurs s'accordent pour désapprouver cette méthode, qui n'est bonne que pour les terres humides , très-humides et tourbeuses que l'on destine, soit à être améliorées en pâturage ou converties en prairie. Mais cette manière de faire est défectueuse, et bien que ce soit un moyen généralement adopté dans notre pays, c'est un moyen déplorable que l'on ne peut attribuer qu'à l'indigence des uns et à l' ignorance des autres. Pour défricher, il faut défoncer la terre soit avec la bèche, la pioche ou la charrue. Les défoncements à la bêche sont bien les meilleurs, mais trop dispendieux pour la plupart des cultivateurs. Le défrichement à la charrue, au contraire, est à la portée de tout le monde, dans une plus ou moins grande proportion. » Nous voulons bien admettre, me diront quelques-uns, qu'il est facile de tourner la terre à l'aide d'un bon attelage et d'une charrue; mais comment se procurera-t-on l'engrais? Ah! c'est la pierre d'achoppement. Certainement que sans engrais la transformation de la terre inculte eu terre arable est impossible. Mais, répondrai-je surtout aux habitants du Morbihan, vos vieilles terres cultivées sont depuis longtemps épuisées. Mordez dans la lande qui vous avoisine, apportez-y le tiers ou le quart de l'engrais que vous destinez à votre culture habituelle, si vous n'avez les moyens de vous procurer des engrais artificiels, tels que chaux, noir animal, guano, charrée, poudrette, etc., des amendements marins, marne, sable, coquilles ou goëmons, et laissez votre vieille terre lasse se reposer. Cette expérience , qui est facile, ne peut compromettre votre avenir, puisque l'essai que vous faites est dans une faible proportion. » Le succès complet qui s'ensuivrait, je n'en doute pas, vous en- 132 ASSOCIATION BRETONNE. gagerait à persévérer, car vous auriez sur cette terre nouvelle une meilleure récolte que dans vos vieilles terres. » Aux cultivateurs, aux propriétaires surtout qui ont de plus grandes ressources, je dirai avec l'assurance que je ne leur donne pas un mauvais conseil Attaquez vos landes sans prévention, employez les moyens qui ont admirablement réussi à M. de Laferrière, dans le canton de Rohan; à M. Bernède, dans l'Ille-et-Vilaine; à MM. Haugoumar et Cohan, dans les Côtes-du-Nord ; à MM. de Kergéju dans le Finistère, et à tant d'autres qui sont les jalons que la Providence a placés sur la route du progrès agricole. Imitez ces exemples, vous vous enrichirez , vous viendrez en aide aux malheureux de votre pays et vous aurez contribué à remplacer la misère par une prospérité toujours croissante. » De tous ces moyens, je n'en connais pas qui soient comparables au chou du Poitou , le plus admirable, le plus abondant de tous nos fourrages, et que sa rusticité permet de cultiver dans toute espèce de sol, qui ne soit pas d'une humidité continuelle. » Grâce à cette culture, qui ne manque jamais de réussir, vous trouvez une immense augmentation de fourrages, vous nourrissez à l'étable le bétail qui aurait végété sur ces landes converties en pièces de verdures toujours renaissantes, vous faites des fumiers succulents et abondants, et dès l'année suivante vous aurez assez d'engrais pour ensemencer en céréales les terres que vous aviez mises sous cette plante providentielle, qui change pour vos animaux l'hiver en printemps, et prépare en outre votre défrichement à recevoir telle culture de céréales que ce soit. » Cet admirable fourrage qu'aujourd'hui M. le Coq, notre collègue, me disait être appelé par un grand agriculteur du Poitou, M. Moll, professeur au Conservatoire des arts et métiers, à Paris, le trésor des landes, semble se multiplier sous la main qui le cueille. C'est le premier besoin pour les pays d'élevage et d'engraissement du bétail. Il augmente dans une proportion énorme la quantité et la qualité des engrais. Enfin il imprime à l'engraissement une telle rapidité que d'un jour à l'autre l'effet en est sensible sur les animaux les plus maigres que l'on soumet à son bienfaisant régime. Au reste tous les crucifères réussissent à merveille dans les landes défrichées, les navets de toute variété, les rutabagas surtout, les choux-navets. Le défrichement s'opère de la manière la plus simple on donne un coup de charrue au commencement de l'hiver, souvent môme au printemps ; lorsque la terre à défricher est tournée une année d'avance, cela n'en vaut que mieux ; un second coup de charrue est donné en travers, un mois avant de piquer le plant de choux, c'est-à-dire à la mi-mai ; un coup de herse énergique, puis un trait de butteur, complétent la façon du SESSION DE VANNES. 155 sol. Les plants sont mis en ligne à la distance d'un mètre en tous sens, avec une cuillerée de noir animal à chacun. Dès les premiers jours d'août il est temps de commencer l'effeuillage, qui doit se faire avec discernement en ayant soin de n'enlever d'abord que trois ou quatre feuilles, de continuer ainsi jusqu'à ce que la pièce entière ait reçu ce premier effeuillage qu'il faut recommencer, de la même manière, jusqu'aux glaces de janvier et de février. Au mois de mars et d'avril, ce chou, après avoir donné une abondante récolte, renaît plus beau que jamais et nourrit de nouveau le bétail pour les deux mois où les animaux souffrent le plus; car presque toujours les approvisionnements de l'hiver sont consommés et les herbages du printemps ne sont pas encore arrivés. » Il n'est donc pas de moyen de défrichement plus simple, plus facile, moins dispendieux que le défrichement par la culture du chou du Poitou. On peut également commencer par les navets ou rutabagas. » La rotation à suivre est celle-ci 1re année, choux ou navets; 2e sarrasin; 3e seigle; 4e avoine; 5e choux ou navets. C'est après la 5e que l'on peut ensemencer du trèfle, si l'on peut se procurer du calcaire sur une terre ainsi préparée. Le rapporteur de votre Commission a eu cette année trois coupes abondantes de trèfle d'une grande beauté dans un sol de bruyère. » J'ai parlé de calcaire; c'est le plus puissant stimulant des engrais. » Le département des Côtes-du-Nord donne un bon exemple pour l'encouragement de l'introduction des amendements marins. Dès 18Û8 le Conseil général de ce département vota une allocation de 3,000 fr., qu'il a augmentée d'année en année, jusqu'à 12,000fr. Ces sommes ont été employées à primer le sablon de manière à le livrer au cultivateur au prix de 3 fr. le mètre cube ; la différence du prix de livraison au prix de revient, qui a été les premières années de 8 fr. le mètre cube, et aujourd'hui de 7 fr., est prise sur l'allocation dont je viens de parler. Des dépôts de sablon ont été établis dans tout l'intérieur du département , de manière que ces dépôts ne soient pas à une distance de plus de 16 kilomètres des cultivateurs qui s'y approvisionneraient. Je crois que les départements voisins, le Finistère et le Morbihan, sont entrés dans cette voie. C'est un grand service qu'ils rendront à l'intérieur, et l'agriculture leur devra dans peu sa prospérité. Pour seconder cet élan et augmenter de plus en plus les fourrages, afin de pourvoir à l'entretien d'un plus nombreux bétail, il faut que les terrains humides, dont il nous reste à parler, soient améliorés comme pâturage et comme prairies. Or, pour obtenir ce résultat, il faut commencer par détourner les eaux des bas-fonds qu'elles inondent de manière à les rendre inaccessibles aux animaux pendant 134 ASSOCIATION BRETONNE. l'hiver, et à ne leur faire produire que de chétives herbes qui n'ont aucune qualité nutritive et qui sont souvent dangereuses. » En détournant ces eaux pour l'assainissement des terres qu'elles inondent, je n'entends qu'un détournement momentané; car une fois que ces terrains auront été desséchés convenablement, ils rapporteront sans autre travail de meilleurs herbages; ils se gazonneront de bonnes graminées, et c'est alors qu'il faudra y remettre les eaux qui en avaient été détournées, mais en leur donnant une direction semblable à celles qui arrosent une prairie » Je ne parle ici que des terres qui ne sont pas de nature à être facilement converties en prairies, car toutes celles oui le seraient devraient être ainsi transformées. Je n'entrerai pas ici dans les détails du travail à opérer pour faire des prairies ; je dirai seulement que si l'on veut arriver immédiatement à un résultat avantageux, il faut d'abord dessécher complétement par le détournement des eaux, par le drainage, défoncer le terrain comme pour les terres arables, y faire d'abord une culture de choux ou navets la première année ; la seconde recevrait une culture d'avoine fumée , dans laquelle on pourrait semer des graminées, telles que trèfle commun, graine de foin, delupuline et de houque laineuse rien ne gazonne plus promptement que cette dernière graminée. » Les points de la Bretagne où ces travaux ont pris le plus d'extension et ont eu les meilleurs résultats sont, à ma connaissance, les cantons de Lamballc, par M. Haugoumar-Desportes; de Matignon, par M. Cohan ; de Rostrenen, de Maël-Carhaix, limitrophes du Morbihan, sur les terres de M. de Saisy ; de Loudéac, par la colonie agricole de Belle-Joie, succursale de celle de Saint-Han, et par M. Morhery. Si je ne parle pas du Morbihan, c'est que je sais qu'il vous a été fait un rapport détaillé sur les défrichements opérés dans le département. Je connais ceux de M. de Laferrière. et je les aurais mis en première ligne de tout ce qui a été fait en ce genre. » Cette opération de mise en valeur de nos landes qui couvrent la surface de près d'un tiers do la Bretagne, de près de moitié du département du Morbihan, ne peut être exécutée que par l'appui du gouvernement et le secours des propriétaires. Que ceux-ci fassent des remises à leurs fermiers en raison des efforts de ces derniers, que la main-d'oeuvre soit rémunérée convenablement, et bientôt l'élan sera donné; la population, trouvant du travail, du pain et du bien-être dans son pays natal, n'ira pas chercher ailleurs des moyens d'existence qu'elle trouverait sans déplacement. » Les conclusions de la Commission sont donc 1° que les crêtes des montagnes, les parties des landes non susceptibles d'être converties en terres labourables devraient être ensemencées en résineux et es- SESSION DE VANNES. 133 sences feuillues appropriées au sol ; 2° que les landes propres à être cultivées en céréales le soient au moyen indiqué , celui des crucifères et de l'ensemencement en jachères; 3° que les terrains humides soient améliorés et convertis en prairies au moyen du desséchement et d'une irrigation bien entendue ; 4° enfin, appeler l'attention du gouvernement sur les travaux de ce genre, afin de les encourager par des primes proportionnées à l'importance des travaux et à la position des cultivateurs qui les auront entrepris. » Le Rapporteur, » Comte DE SAISY. » La discussion commence sur ce rapport. M. Bahier. Il n'est pas partisan des défrichements en grand, que peu de personnes peuvent entreprendre. Il ne s'agit pas en effet d'une simple question de main-d'oeuvre; la charrue à vapeur ne suffit pas pour faire une grande entreprise ; il faut trois éléments indispensables et qui ne sont pas à la portée de tout le monde de l'intelligence, des capitaux et des engrais. Peu d'hommes ont l'intelligence suffisante pour calculer sûrement d'avance les chances de succès de défrichements sur une grande échelle ; les capitaux nécessaires se trouvent difficilement, parce que les bénéfices sont trop minimes, et que l'époque du remboursement parait trop éloignée aux capitalistes. Le Crédit foncier pourrait peut-être venir en aide au défrichement; mais ses conditions sont trop onéreuses il ne prête que la moitié de la valeur du fonds, et souvent il faut dépenser dix fois plus pour faire une bonne terre. Les engrais chimiques sont trop difficiles à faire arriver ; les transports sont souvent impossibles à cause de l'état des chemins ou de la distance; leurs prix sont beaucoup trop élevés. L'agriculteur ne peut s'en servir sans courir à sa ruine. Quant aux engrais organiques, ils sont souvent insuffisants pour les terres qu'on cultive depuis longtemps; pourquoi alors les transporter sur des défrichements? Il est plus rationnel de bien entretenir les anciennes terres que d'en créer de nouvelles. En résumé, on ne doit faire de défrichements que suivant ses ressources, et seulement par accession. M. Bernard Breton. La question des engrais ne le préoccupe 1 36 ASSOCIATION BRETONNE. pas et ne doit pas être un obstacle au défrichement. C'est à la terre qu'il faut demander le fumier c'est une bonne mère qui rend plus qu'on ne lui donne. En laissant reposer les anciennes terres, on peut attaquer les landes et les fumer convenablement; loin de courir à sa ruine en défrichant, un homme intelligent est sur le chemin de la fortune. M. de Pompery. Pour cela il faut avoir des terres de première qualité, des terres qui n'ont pas besoin de fumier, où il suffit de semer pour récolter; malheureusement ces terres-là sont rares, et en général il faut commencer par donner de l'engrais à la terre avant de lui en demander. La grande difficulté est donc de se procurer assez de fumier, et c'est pour cela qu'à l'origine les défrichements ont commencé sur les bords de la mer, où les goémons en ont servi; on a fait des prairies, on a élevé des bestiaux, qui ont donné de nouveaux fumiers, et alors on a pu entreprendre de nouveaux défrichements ; mais cela s'est fait graduellement et en proportion des engrais dont on pouvait disposer. » Passant à la question générale, M. de Pompery n'est pas de l'avis de M. de Saisy ; il trouve bien plus utile de reboiser les coteaux que de les convertir en terres arables, d'abord pour prévenir les dégradations causées par les eaux, et aussi au point de vue climatérique ; mais ce reboisement est impossible dans l'état actuel des choses. L'estimation des futaies et des taillis, d'après l'ancien cadastre, est trop élevée, puisqu'elle égale souvent celle des terres arables. L'impôt qui pèse sur les bois est si excessif, que les propriétaires ont autant intérêt à déboiser, au moins dans certaines situations, qu'à faire de nouvelles plantations. Le nouveau cadastre, partout où ses opérations ont eu lieu, a abaissé de moitié les évaluations de l'ancien ; mais la loi de 1850, qui veut que les opérations cadastrales se continuent au. moyen des ressources communales, les a ralenties, ou même tout à fait suspendues, à cause de la pauvreté des communes. Le moyen donc d'arriver au reboisement serait de demander l'abrogation de cette loi et le retour à la législation antérieure. La question des défrichements en grand est prématurée ; ils ne peuvent être entrepris que par les propriétaires, parce que SESSION DE VANNES. 157 les paysans ont trop peu de ressources, et encore faut-il que ce soit dans le voisinage des villes ou près de la mer, à cause des engrais. Qu'arrive-t-il souvent aux défrichements en grand? Ils retombent en landes, parce que les engrais ont manqué pour les soutenir. Au lieu d'apprendre aux cultivateurs et de les encourager à défricher, le Congrès ferait une oeuvre bien plus utile en leur enseignant à bien cultiver leurs vieilles terres, surtout par les plantes fourragères, qui leur donneraient les moyens d'élever plus de bestiaux et d'avoir plus d'engrais. M. Bernard Breton. Il reconnaît la nécessité des engrais, qu'il n'a pas entendu contester ; mais il n'y voit pas un obstacle au défrichement. Les terres de première qualité dont a parlé M. de Pompery ne sont pas telles tout d'abord ; mais avec de l'intelligence et du temps on obtient des résultats qui étonnent quelquefois. M. le Président fait observer à M. Bernard Breton que M. de Pompery a surtout en vue les défrichements de l'intérieur, où on a de grandes difficultés à se procurer de l'engrais; tandis que M. Bernard Breton , au contraire , ne paraît raisonner que dans l'hypothèse de terres situées près des bords de la mer, comme le sont celles qu'il a défrichées, qui n'en sont éloignées que de quatre lieues ; c'est ce qui établit une si grande différence entre sa manière de voir et celle de M. de Pompery. M. Bernède. Il est grand partisan des défrichements, et il trouve qu'on s'effraye trop des difficultés. Chez lui, où le colonage partiaire est presque général, un cultivateur qui veut fumer un défrichement le fait pour rien ; il s'adresse au négociant, qui lui ouvre le crédit nécessaire pour acheter du noir animal ou de la chaux. Le remboursement ne l'inquiète pas il a sa récolte en blé noir pour y faire face , ou bien encore son propriétaire lui fait cette avance, et jamais le prêteur ne perd, car la récolte fournit toujours et au delà au remboursement. D'accord avec M. Bahier, il ne veut pas des défrichements en grand ; il faut agir avec prudence et selon ses ressources, autrement une mauvaise année peut vous ruiner; mais il faut en faire continuellement le sol granitique du Morbihan leur est très-favorable, les moyens de commu- 158 ASSOCIATION BRETONNE. nication tendent tous les jours à s'améliorer et à rendre plus facile le transport de la chaux et des autres engrais. M. de Saisy. Il n'a pas voulu dire, comme le pense M. de Pompery, qu'il fallait déboiser les coteaux, ni se lancer dans de grands défrichements sans s'assurer des moyens de pourvoir au succès de son entreprise; il n'a pas prétendu qu'il fallait abandonner les anciennes terres ; il a seulement dit qu'on pouvait porter sur les terres nouvellement défrichées un tiers ou un quart de ses engrais en laissant en repos une étendue proportionnelle de terres fatiguées, et arriver par ce moyen à obvier au grand obstacle signalé, l'insuffisance des engrais. Il faut encourager les défrichements le plus possible, car là est l'avenir de notre pays. M. de Pompery. Puisqu'on est obligé pour défricher de laisser en jachère une partie de ses terres , cela prouve qu'on en a déjà trop à entretenir, et alors pourquoi en créer de nouvelles qui bientôt redeviendront landes ? Il vaut mieux défricher d'abord celles qu'on a laissées venir en jachères, cela est plus rationnel. » En résumé, il ne nie pas que dans un temps donné, lorsque les routes seront meilleures, lorsque le réseau en sera plus complet, que les engrais pourront arriver plus promptement et les produits s'écouler plus facilement, il ne soit utile de défricher ; mais alors cela se fera naturellement et sans impulsion ; pour le présent l'opportunité d'encourager les défrichements ne lui semble pas démontrée. M. Bernède. Les voies de communication lui semblent bien suffisantes pour les transports d'engrais ; il n'est pas difficile en effet de transporter la fumure d'un hectare de terre qui consiste en cinq hectolitres de noir. M. de Pompery. Les engrais artificiels sont chers , tous les cultivateurs ne peuvent pas s'en procurer ; mais lors même qu'ils seraient à bon marché, si les produits ne peuvent pas sortir et s'écouler, la production sera arrêtée. » M. de Laferrière. Les voies de communication sont suffisantes ; on ne trouve pas le noir trop cher, puisque dans le seul canton de Rohan, on en a vendu l'an dernier pour 40,000 francs. Les SESSION DE VANNES. 139 défrichements augmentent; 1,200 journaux de lande ont été enclos dans la seule commune de Bréhan; un dixième est défriché. La position de nos cultivateurs s'améliore de jour en jour, il ne faut pas rétrograder dans la marche que nous suivons. Il faut encourager les cultivateurs à la suivre , leur faire des avances s'il le faut; si on les dirige avec intelligence et prudence, on n'aura pas à craindre de n'être pas remboursé. » M. de Saisy. Les terres qu'on laisse en jachères ne doivent pas être assimilées aux landes comme l'a dit M. de Pompery; elles produissent des genets qui forment un très-bon engrais et des ajoncs qui servent de nourriture aux bestiaux. M. Louis de Saisy. Il ne faut pas faire aux défrichements des reproches qui ne doivent s'adresser qu'à ceux qui défrichent. On commet des fautes ; on fait des terres labourables là ou il faudrait faire des prairies, et vice versa; et cependant il est plus facile de faire comme on le fait en Cornouaille , par exemple, un journal de prairie rapportant 40 francs, qu'un journal de terre qui n'en produit que 10 ; cependant ces erreurs-là se commettent, mais cela ne diminue en rien ce qu'on peut dire en faveur des défrichements.» M. de Pompery. Il n'est pas l'ennemi des défrichements, il en combat seulement l'opportunité, et cela pour deux raisons. La première, c'est que les cultivateurs ne sont pas assez avancés pour comprendre que la base de l'agriculture est la prairie ; la deuxième, parce que ne produisant pas assez de nourriture, ils manquent d'engrais et sont obligés de laisser une partie de leurs terres en jachères qui, malgré la supériorité de la lande obtenue, ne peuvent pas être regardés comme des terrains productifs. M. Bahier. Il ne prétend pas non plus s'opposer aux défrichements ; seulement il n'en veut que comme accession et extentension successive d'une exploitation déjà existante. M. Gaillard. Il ne comprend pas que la discussion se prolonge, puisque tout le monde est d'accord sur le principe de l'utilité des défrichements et du reboisement, et d'accord aussi avec les conclusions de la Commission. 140 ASSOCIATION BRETONNE. La clôture de la discussion est mise aux voix et prononcée. M. le Président met successivement aux voix les conclusions de la Commission, qui sont Art. 1er. Que les crêtes des montagnes, les parties de lande non susceptibles d'être converties en terre labourables devraient être ensemencées en résineux et essences feuillues appropriées au sol. — Adopté. Art. 2. Que les landes propres a être cultivées en céréales le soient par le moyen indiqué , celui des crucifères. M. de Laferrière propose d'ajouter, et de l'ajonc à couper. Cet amendement étant appuyé, l'art. 2 est modifié ainsi qu'il suit Que les landes propres à être cultivées en céréales le soient par les moyens indiqués , celui des crucifères et celui de l'ajonc épineux. M. Bernède propose d'ajouter et du sarrasin. M. de Sesmaisons s'y oppose par la raison qu'il faut par-dessus tout encourager la production des plantes propres à la nourriture des bestiaux, qui produisent les engrais. L'amendement de M. Bernède n'étant pas appuyé , l'art. 2 , tel qu'il a été modifié, est mis aux voix et adopté. Art. 3. Que les terrains humides soient améliorés et convertis en prairies au moyen du desséchement et d'une irrigation bien entendue. — Adopté. Art. 4. Enfin la Commission appelle l'attention du Gouvernement sur les travaux de ce genre ; à lui de les encourager par des primes proportionnées à l' importance des travaux et à la position des cultivateurs qui les auront entrepris. M. Augustin donne lecture d'un rapport de M. Kerarmel sur les exploitations agricoles, ainsi conçu M. Fortuné Cauzic, propriétaire de la terre du Plessis-Kaër, située à deux kilomètres de la petite ville d'Auray, sur les bords du Morbihan, composée d'une réserve et de deux fermes qu'il exploite luimême, a commencé ses travaux en 1827, à l'âge de vingt-six ans. Il se livra sans relâche à l'amélioration successive et aux défrichements de ses deux fermes, dont la culture avait été négligée depuis longtemps, et convertit, en outre, dans l'île monumentale de Gavrinis, vingt journaux de landes en terre labourable, qu'il ajouta à une ferme dont SESSION DE VANNES. 141 les récoltes en froment sont aujourd'hui très-abondantes. Jeune, plein de courage et d'activité, M. Cauzic , poussé par une vocation irrésistible, se donna en entier à la noble profession d'agriculteur. Malgré les rudes épreuves qu'il eut à subir et les mécomptes dont furent environnés ses débuts, il ne se rebuta ni ne se découragea jamais. Là où bien des jeunes gens, appelés par les séduisantes théories de la science agricole, auraient peut-être échoué, il reconnut qu'avec de l'expérience et de la pratique, de l'ordre et de l'économie, il devait trouver dans les auxiliaires de ses persévérants efforts et dans une administration raisonnée des espérances encourageantes de succès. Ce qui fera mieux ressortir le mérite du jeune et sage agriculteur, c'est qu'alors qu'il s'ingéniait pour se frayer une nouvelle route à suivre, où il ouvrait un premier sillon pour imprimer à ses terres l'exercice de son bras, et à son administration l'impulsion virile do sa volonté, la charrue perfectionnée du fondateur de Roville était encore inconnue dans cette partie de la Bretagne, et que le fermier du Morbihan auquel on procurait gratuitement quelques kilogrammes de graine de trèfle pour en essayer la culture, la faisait manger à ses poules comme une chose inutile et dont le produit, disait-il, devait épuiser sa terre. Telles étaient encore, en 1827, les idées arriérées de nos campagnards, quand M. Cauzic entreprit des travaux dont l'importance et les résultats lui ont acquis do si justes droits aux éloges et à l'estime de ses concitoyens, et mérité l'un des premiers rangs parmi les agriculteurs dévoués du département. » Le premier élan donné à l'agriculture dans le Morbihan date de la création de la ferme modèle de Coëtbo, en 1831, et plus tard de celle des Comices. Belle-Ile avait bien dans M. Trochu un levier de progrès qui agissait sur un cercle restreint; mais le continent privé du bienfait de ses lumières ne connaissait alors, de cet agronome distingué, qu'une réputation qui se concentrait dans une île où les difficultés naissaient sous ses pas et où il avait tout à créer et à expérimenter, pour arriver aux magnifiques résultats qu'il a obtenus depuis 1810 et qui font l'admiration de tous ceux qui vont visiter les plantations d'arbres verts, les troupeaux améliorés, les terres fertilisées et les belles clôtures de l'immense domaine du propriétaire de la ferme de Bruté. » La ferme de Kervignac, créée en 1835 par la Société d'agriculture de Lorient, vint, après la ruine de celle de Coëtbo, répandre dans un grand nombre de communes la charrue Dombasle et autres instruments perfectionnés, fabriqués par elle et livrés au prix de revient. Puis la même société encouragea pendant quinze ans, par d'immenses distributions annuelles de graines fourragères, la culture des prairies artificielles et des racines, et institua en 1840 les concours et les dis- 142 ASSOCIATION BRETONNE. tributions de primes d'arrondissement par canton, appelant chaque année, sur un point différent, l'émulation des cultivateurs attirés par des récompenses accordées à leurs pénibles travaux. » Avant d'entrer dans le détail des améliorations et des défrichements effectués par M. Cauzic, je me bornerai à les résumer dans le peu de mots suivants » Quarante-six hectares de landes incultes et usées depuis des siècles par l'étrépage, ont été convertis par lui en bonnes terres labourables, en prairies naturelles de première qualité et en prairies artificielles, produisant de trois à quatre coupes de fourrage vert par an. Au moyen de ces immenses ressources, M. Cauzic nourrit sur les deux fermes du Plessis-Kaër un troupeau amélioré de soixante treize vaches mères, six élèves, quatre boeufs, quatre chevaux et plusieurs porcs, dont le produit moyen est de 190 litres de lait et de 4 1/2 à 5 kilogrammes d'excellent beurre par jour. L'abondance de ses productions en fourrages secs et verts et de ses pailles lui permet de vendre tous les ans le foin de plusieurs prairies et d'engraisser dix de ses vaches les moins bonnes à lait pour la boucherie. Exploitations des fermes du Plessis-Kaër. FERME DE LA COUR. Contenance et étendue des cultures en 1827. Terres labourables 9 hect. Prairies naturelles 4 Landes et marais 13 75 c. Total .... 26 hect. 75 c. Défrichements de landes de 1827 à 1840. Landes incultes converties en terres labourables et prairies artificielles 7 hect. 50 c. Landes incultes converties en prairies naturelles 5 » Un lais de mer converti en bonne prairie .... » 50 Un marais converti en une belle fraîche » 50 Une luzernière à sa quatrième coupe de l'année. » 25 Total des défrichements . . 13 hect. 75 c » Au printemps de 1841, il ne restait plus de terre à défricher sur la ferme de la Cour. SESSION DE VANNES. 143 FERME DE KERCAL. Contenance et nature des cultures en 1840. Terres labourables 12 hect. » c. Prairies naturelles . 3 » Landes incultes 55 50 Total .... 50 hect. 50 c Défrichements opérés de 1840 à 1853. Landes défrichées et converties en terres labourables et prairies artificielles 13 hect. » c. Landes défrichées et converties en prairies naturelles 9 » Une fraîche » 50 Total .... 22 hect. 50 c. » Reste en terre sous lande à défricher en 1853, dont le travail se poursuit, 13 hectares. Total des défrichements de la ferme de la Cour. ... 13 hect. 75 c. — des défrichements de la ferme de Kergal. ... 22 50 — des défrichements dans l'île de Gavrinis. ... 10 » — des défrichements dans un bois de haute futaie. » 50 Total général des terres défrichées de 1827 à 1853 46 hect. 75 c. » Il ne reste plus à défricher en terres de lande sur la propriété du Plessis-Kaër, en 1853, que 15 hectares, après lesquels M. Cauzic s'occupera de l'endiguement et du déssechement d'un lais de mer de cinq hectares. » Ainsi M. Cauzic a défriché en terre sous lande et mis en bon état de culture depuis le commencement de ses travaux 46 hectares 75 centiares, et poursuit avec persévérance l'achèvement de sa tâche. » Tous ces défrichements ont été opérés à la profondeur de 40 centimètres, plus souvent à la tranche qu'à la charrue, à cause des obstacles du terrain, l'araire Dombasle , n'ayant d'ailleurs été introduite au Plessis-Kaër que plusieurs années après les premiers défrichements. 144 ASSOCIATION BRETONNE. QUALITE DU SOL DES EXPLOITATIONS. » Le sol de la ferme de la Cour varie beaucoup en nature et en profondeur. Il consiste plutôt en terres légères qu'en terres fortes. Le sous-sol est ou argileux ou sablonneux. Il est propre à la culture du froment, du trèfle et des racines depuis son amélioration. La couche végétale a été enrichie dans l'espace de dix-huit ans de trois incorporations de sables coquiller calcaire avec addition d'engrais d'écurie, et tous les quatre ans d'une fumure de varce, selon la rotation de l'assolement alterne. Le sol de la terre de Kergal, d'une consistance plus égale, est généralement d'une nature plus lourde. Le sous-sol argileux est quelquefois granitique. Cette seconde ferme, comme la première, reçoit tous les six ans une forte incorporation de sable calcaire, et tous les ans des goëmons mélangés avec des engrais d'écurie. Elle produit du froment, du trèfle, de la luzerne , des choux et des racines. » Le sol de l'île de Gavrinis varie dans sa profondeur. Il est substantiel, bien que granitique, mais il doit en partie sa fertilité aux engrais de mer mélangés à de bonne litière d'écurie. Les récoltes de froment y sont abondantes. » Les terres arables et les prairies de la ferme de la Cour sont arrivés à l'état le plus complet d'amélioration qu'il soit possible de désirer. » Les prairies de la ferme de Kergal ne sont point encore arrivées à ce degré du perfectionnement. Il leur faudra encore quelques années d'entretien pour y parvenir, mais leur création est beaucoup plus récente. DIVISION DES CULTURES. Ferme de la Cour. Froment 3 hect. » c. Seigle 2 75 Avoine avec trèfle 3 » Blé noir 2 » Mil 2 » Trèfle de deux ans 2 50 Choux branchus 1 » Betteraves 1 25 Luzerne » 25 Fraîche » 50 Prairies naturelles 8 » Carottes blanches > 50 Total ... 26 hect. 75 c. SESSION DE VANNES. Ferme de Kergal. Froment 5 hect. » c. Seigle 5 » Avoine avec trèfle 5 » Blé noir 3 50 Mil 3 50 Choux branchus 1 » Betteraves. 1 50 Trèfle de deux ans 2 50 Luzerne » 50 Prairies naturelles 9 » Fraîche » 50 Lande restant à défricher ... 13 50 Total .... 50 hect. 50 c. NOMBRE ET POIDS DES BESTIAUX. Ferme de la Cour. 36 vaches mères, dont 22 à lait du poids moyen l'une de 250 kilog 9,000 kilog. 5 élèves génisses, du poids moyen l'une de 75 kilog . 375 1 taureau du poids de 250 4 chevaux du poids de 1,400 2 porcs du poids de 125 48 11,150 kilog. Ferme de Kergal. 37 vaches mères, dont 20 à lait du poids moyen l'une de 200 kilog 7,400 kilog. 4 boeufs bretons de travail, du poids moyen l'un de 350 kilog 1,400 1 porc du poids de 70 42 têtes. 8,870 kilog. Total du nombre des animaux sur les deux fermes, 90 têtes. Total du poids des animaux de la ferme de la Cour . . 11,150 kilog. — - - de Kergal. . . 8,870 Total général . . 20,020 kilog. 10 146 ASSOCIATION BRETONNE. » Le taureau de ce beau troupeau est issu d'un léonard et d'une vache du Morbihan. Sa taille est proportionnée à la force des vaches. Il a la corne courte, la tète petite, le poitrail ouvert, les membres légers et courts, l'épine dorsale droite et la culotte arrondie. C'est en tout un reproducteur vigoureux et d'une bonne conformation ; mais s'il tient de son père, ce ne sera pas un animal à garder longtemps. » Les vaches, à l'exception de quelques-unes de race léonarde ou de croisement Durham, tiennent toutes à la race bretonne. Quelquesunes ont aussi du sang manceau. » Celles de la première ferme sont toutes d'un beau type, dans un bon état d'entretien, donnant en moyenne par jour quatre litres de lait. Celles de la seconde ferme sont inférieures en poids , en formes, et moins productives en lait, ce qui tient à la nature des pâturages qui sont moins abondants. » La nourriture d'été se compose de trèfle , de choux et de regain ; celle d'hiver consiste en foin, paille , betteraves, carottes et pommes de terre cuites à la vapeur. La quantité de foin récoltée cette année sur les deux fermes a été de 70,000 kilog., dont 25,000 sur celle de Kergal, plus 5,000 kilog. de foin de trèfle. » Le produit de la laiterie par jour est, ainsi que nous l'avons dit, de 190 litres de lait et d'environ 5 kilog. de beurre. ASSOLEMENT SUIVI DEPUIS DIX-HUIT ANS. Culture alterne. 1re année Mil, blé noir, choux, engrais d'écurie et sable calcaire. 2e — Pommes do terre, betteraves, engrais d'écurie. 3° — Seigle, compost de goëmon, terre et fumier. 4e — Avoine avec trèfle, demi-fumure. 5e — Trèfle seul, sans fumure. 6e — Froment, forte fumure, avec addition de sable calcaire. Engrais employés dans l'exploitation. » Les engrais dont M. F. Cauzic fait usage sont 1° ceux provenant de 60,000 kilog. de paille de seigle, froment, avoine, mil et sarrazin, mis en litières dans les écuries et récoltés sur une étendue de 30 hectares, semés en gros et petits grains, en plus 20,000 kilog. consommés pour la nourriture des bestiaux ; 2° de 75,000 kilog. de sable coquiller calcaire; 3° d'environ 150,000 kilog. de varech et goëmon; 4° de composts composés pour l'engrais des prairies. Les engrais marins calcaires proviennent du fort dit des Espagnols, de l'anse de Baden, et de la petite rivière do la Trinité. Ils sont transportés par une chaloupe au Plessis-Kaër, et souvent au pied SESSION DE VANNES. 147 mème du champ dans lequel ils doivent être employés. Les varechs sont pris dans la rivière du Morbihan et en dehors de son embouchure. » M. Cauzic réclame en ce moment contre une disposition de la loi sur la pêche côtière, qui assujettit chaque embarcation à se pourvoir d'un rôle d'équipage, portant un patron et deux marins, et sans lequel la navigation n'est pas permise. Cette disposition, nuisible aux intérêts de l'agriculture, prive en ce moment M. Cauzic et tous les propriétaires riverains d'une grande partie des engrais qu'ils pouvaient se procurer eux-mêmes avec le bateau de leur exploitation, conduit par leurs journaliers ou leurs domestiques. M. Cauzic fait observer qu'il serait urgent d'apporter à cette loi une exception en faveur des bateaux attachés à des exploitations rurales, spécialement affectés au transport des engrais de mer dans un rayon déterminé. Instruments employés au Plessis-Kaër. » L'araire Dombasle est employée dans les labours à plat et en planche. La herse Valcourt est celle dont on fait usage pour briser les mottes, et la herse flamande en bois pour les ensemencements. On se sert du coupe-racine pour les carottes et les betteraves. Les grains sont battus à l'aide d'un manége placé dans une grange, dont le moteur est mis en mouvement par un cheval; ils sont ensuite passés au ventilateur. Bâtiments d'exploitation. » Les bâtiments de ferme laissent encore à désirer sous le rapport des écuries, dont les constructions n'ont point été spécialement appropriées pour cet objet. Mais le propriétaire m'a fait observer qu'il avait à achever des défrichements et des améliorations auxquels il attachait de l'importance, et qu'il préférait compléter ces travaux avant de faire des frais de construction, que la prudence lui a conseillé de remettre à un moment plus opportun. État des cultures et des récoltes. » Les prairies de la ferme de la Cour, dans un parfait état de rapport et d'entretien, donnent de 4,500 à 5,000 kilog. de foin à l'hectare. » Les trèfles sont vigoureux, bien fournis, et arrivent à une troisième coupe. » La luzernière de la ferme de la Cour est à sa quatrième coupe. » Les betteraves, piquées en ligne, sont d'une égale force et promettent de belles racines. 148 ASSOCIATION BRETONNE. » Les carottes blanches, semées à la volée, sont moins belles. » Les choux branchus ont de la vigueur et couvrent partout la terre. » Les mils et les blés noirs sont en pleine végétation et floraison ; ils annoncent une bonne récolte. » La moitié des gros grains étaient encore en tourelles, l'autre était battue. Les froments et surtout les avoines, m'a dit M. Cauzic, rendent beaucoup. Les seigles sont d'un plus faible rendement; tous ces grains sont d'une bonne qualité. Les champs sont entourés d'excellents talus garnis de lande, les chemins de service sont plantés en avenues larges et bien percés. Les terres sont généralement bien cultivées, tous les défrichements sont en plein rapport. » M. de Pluvier exploite lui-même la réserve de son château de Ménéhouarn, à laquelle il a ajouté une ferme dont la contenance réunie à celle de la réserve est de 25 » hectares en terres labourables, 6 50 en prairies arrosées, 3 » en prairies non arrosées et ray-grass , 2 50 en terre de lande dont le défrichement s'exécute. Ensemble. 37 » hectares. Culture de 1853. 9 » froment saumon, dont le produit a été de 202 hecto de grain de 1re qualité, pesant de 81 à 82 kilo l'hecto, plus 1,800 kilo de belle paille par hectare. 4 » d'avoine noire , dont le produit a été de 7,500 kilo de qualité supérieure, paille très-élevée. 4 » de blé sarrasin, encore sur pied, approchant de sa maturité, abondant en paille et en grain. 3 50 trèfle ordinaire et incarnat ; ce dernier commençait à lever. 1 50 choux du Poitou à grandes feuilles, ayant en moyenne 75 centimètres de longueur sur 45 de largeur, beaucoup mesurant jusqu'à 1 mètre de longueur. 3 50 en betteraves, turneps, rutabagas, panais et luzerne. 2 50 sous lande. 9 » en prairies naturelles. Total égal. 37 » SESSION DE VANNES. 149 » Les récoltes de céréales dont nous avons vu les gerbes, en tourelle, sur l'aire à battre et en grenier, sont d'une qualité et d'une beauté remarquables. » Les racines sont dans toute la force de la végétation , et ont déjà acquis beaucoup de poids. Les panais essayés pour la première fois ont parfaitement réussi. » Le froment saumon a été pris devant moi dans un tas de 75 hectolitres et a fourni sous mes yeux une pesée de 81 kilo par hecto. » La semence employée par hectare, déclarée par M. Pluvier, est seulement de 90 kilog. » Le sol de la réserve de Ménéhouarn est riche et profond. Celui de la ferme, tantôt léger, tantôt d'une forte consistance , est moins substantiel. Le sous-sol de ces deux terrains qui se touchent est sablonneux ou argileux. » Les instruments employés depuis quatre à cinq ans dans l'exploitation de M. de Pluvier, sont les trois numéros de l'araire Dombasle, l'extirpateur et la herse de Grand-Jouan, le coupe-racine et le ventilateur de la ferme de Kervignac. » M. de Pluvier a commencé ses travaux de défrichement et d'amélioration il n'y a que cinq ans , et déjà il a réuni en un seul tenant en face du château, une pièce de 20 hectares, dont 7 de lande ont été défrichés par lui, et les deux derniers restant vont achever de l'être à la fin de cet automne. Toutes ces terres sont en plein rapport de céréales , de racines, ou de prairies artificielles. » Jusqu'à présent M. de Pluvier a cru reconnaître que la culture alterne était la meilleure à suivre dans la majeure partie de ses terres labourables, que de mauvais fermiers avaient laissées en proie au chiendent et autres mauvaises herbes. » Les bâtiments d'exploitation sont nombreux, vastes, aérés, et d'une bonne distribution. J'ai vu un grenier d'une seule pièce qui peut contenir 500 hectolitres de grain , et un autre grenier qui renferme 45,000 kilo de foin récoltés cette année. » Quant aux étables, aux granges et aux écuries , elles sont tenues avec ordre et propreté, et bien adaptées à l'objet de leur destination. On y trouve dans une seule longère divisée en plusieurs compartiments , savoir 24 vaches mères, 1 taureau, 8 boeufs de travail, 7 élèves de la race bovine, 4 chevaux de voiture, 1 cheval de selle, 6 chevaux de trait. Total. 51 bêtes. 150 ASSOCIATION BRETONNE. » Les vaches à lait sont séparées des vaches prêtes à vêler, et les élèves le sont aussi de ces dernières. On reconnaît dans l'ensemble de ce beau troupeau le pur sang breton , le beau type des vaches du Léon, et même le sang de la race mancelle. Les boeufs de race bretonne sont d'une forte stature et d'un beau choix. Ils sont étrillés régulièrement tous les jours. Ce troupeau est dans le meilleur état de propreté et do santé désirables. Il est estimé par M. de Pluvier devoir s'élever, au moins les onze chevaux, au poids de 8,200 kilo. » La nourriture de ces animaux est réglée. Elle consiste en feuilles de choux du Poitou , on trèfle et en foin pour les vaches à lait; poulies vaches pleines et les élèves, en trèfle , racines , et paille de froment ou avoine. » M. de Pluvier m'a conduit sur un terrain d'un hectare de lande dont le défrichement allait être commencé, et sur lequel il avait fait déposer soixante barriques de sable calcaire pour y être enfoui. » Le jeune et ardent agriculteur exercé au maniement de la charrue , avait fait conduire sur le terrain l'araire Dombasle à défricher n° 3, fabriqué à Grand-Jouan , à laquelle était attelés quatre boeufs et quatre chevaux conduits par deux hommes. Je n'ai pas tardé à me convaincre que les défrichements que j'avais sous les yeux étaient son propre ouvrage, quand je l'ai vu s'emparer des mancherons de l'araire , et en faire pénétrer le soc à 30 et 40 centimètres de profondeur, et retourner des couches de terre d'une largeur égale à la profondeur, tout en montant et en descendant le terrain sur une étendue de 40 mètres de longueur. Rien ne pouvait résister au bras nerveux et au passage d'un soc qui enlevait les vieilles souches de lande et en déchirait les racines à en faire sortir de la fumée. » Si dans le département du Morbihan , qui présente encore plus de 300,000 hectares de terres incultes à défricher qui ne demandent qu'à produire, il y avait dans chacune de ses communes un propriétaire dévoué et courageux , qui eût seulement une partie du feu sacré de M. de Pluvier, il pourrait alors se dire qu'il possède autant de fermes modèles que de communes, et concevoir l'espoir de voir convertir en terres labourables, ou en utiles plantations , la plus grande partie de ses landes qui font encore la honte d'un pays civilisé. » Ce jeune agriculteur, bien qu'éloigné de sept lieues de la côte où se trouvent les gisements calcaires , accompagne lui-même quatre forts attelages qu'il conduit sur la grève, et ne les quitte qu'après avoir veillé lui-même au déchargement, sur son terrain, de trente-six barriques de sable qu'il y dépose à chaque voyage. » C'est à l'aide de ce précieux amendement qu'il excite la belle végétation qui se produit dans ses défrichements, qui dès la première SESSION DE VANNES. 151 année portent de magnifiques récoltes de froment, et qu'il obtient des trèfles , des racines , dans des terres qui n'avaient jamais rapporté que du seigle. Cette fertilité est tellement remarquable que , depuis 1849, les terres qui ont été sablées deux fois à raison de soixante barriques à l'hectare , sont aujourd'hui aussi friables et aussi productives que des terres do jardin. » Voilà un bel exemple à suivre pour les jeunes propriétaires de l'arrondissement qui aiment l'agriculture , et qui habitent des communes où par leur présence, leur fortune, leurs conseils, ils peuvent exciter dans les campagnes une salutaire émulation , et arriver progressivement à des améliorations si vivement désirées pour le bienêtre des cultivateurs bretons. M. de Sesmaisons. Il paye un juste tribut d'éloges à M. Trochu, qui a tant fait pour l'agriculture et qui était si digne de présider le Congrès. L'intention de la Direction avait été tout d'abord de lui offrir la présidence; mais M. Trochu fils ayant fait craindre que son père ne voulût pas accepter à cause du mauvais état de sa santé, M. Trochu a dû être consulté, et a témoigné de vifs regrets de l'impossibilité où il était de prendre part aux travaux de l'Association. Le général Boullé. Il a reçu également de M. Trochu une lettre dans laquelle il le prie de faire agréer ses excuses aux membres du Congrès. Le rapport de M. de Saisy, sur les exploitations agricoles, est renvoyé à demain. M. de Genouillac donne lecture du rapport de la Commission du drainage. Messieurs, » Chargé par votre Commission de vous apporter le résultat de son travail sur la cinquième question du programme, je viens vous rendre compte en même temps des motifs qui ont déterminé ses réponses. » La cinquième question, relative au drainage et subsidiairement aux irrigations, s'occupe d'abord des difficultés de l'entreprise, des moyens de les aplanir; ensuite, ces solutions obtenues, quel usage pourrait-on faire pour les irrigations des eaux écoulées, quel bénéfice résulterait de la combinaison de ces deux opérations drainage et irrigations? 132 ASSOCIATION BRETONNE. » Procédant dans l'ordre des questions, votre Commission s'est d'abord occupée des obstacles que rencontre le drainage. Elle en a rencontré de généraux exerçant leur funeste influence sur toute la Bretagne; d'autres, au contraire, spéciaux à certaines localités, qu'elle considère comme accidentels. » Les premiers seraient au nombre de trois ; les derniers, de deux seulement. » La Commission, convaincue que toute tentative de drainage faite dans de mauvaises conditions d'économie ou d'avenir, ne peut que nuire à la propagation de travaux d'un très grand intérêt pour notre agriculture, croit que l'obstacle le plus réel aujourd'hui est l'absence d'un personnel capable de bien diriger ces opérations. Le défaut d'ingénieurs ayant des connaissances spéciales, d'ouvriers habiles pour travailler sous leurs ordres, voilà le premier obstacle qui arrête nombre de propriétaires dans le désir qu'ils auraient de faire des essais. On hésite, en présence de sacrifices importants, lorsque, sans expérience et sans guide, il faut faire des dépenses que l'ignorance du propriétaire et de ses ouvriers rendra plus excessives; on s'abstient, on attend que des essais faits par de plus entreprenants aient éclairé sur les dangers et démontré une méthode meilleure et plus économique. A cette absence d'ingénieurs et d'ouvriers habiles, il faut ajouter le manque du matériel nécessaire. Ainsi et en premier lieu, la possibilité de se procurer les tuyaux à des prix économiques, ensuite les instruments, les outils indispensables pour ouvrir les tranchées, terminer et nettoyer les rigoles. C'est là surtout que pèse la considération d'une économie qui doit être la première condition d'un bon drainage. Ainsi donc, au moyen de ces outils, dans des travaux exécutés en France, dans le département de l'Aisne , on payait l'ouverture de la tranchée et son approfondissement à raison de 12 centimes et demi le mètre courant, dans une profondeur de 1 mètre 16 centimètres. Ce prix était celui d'ouvriers anglais venus de loin, et dans un pays où la main-d'oeuvre est très-chère. Je doute que dans le Morbihan nos ouvriers, avec leurs outils informes, pussent se contenter d'un pareil salaire. Le premier obstacle, absence d'ingénieurs habiles pour diriger, d'ouvriers capables pour exécuter, et de plus le manque de tuyaux et d'outils, a paru l'un des plus graves pour toute tentative sérieuse et importante. » Un second obstacle résulterait du défaut des fonds nécessaires à toute opération de ce genre; car il ne faut pas se faire illusion sur ce point, les travaux de drainage entraînent généralement des frais considérables. Ces capitaux, sans doute, produiront de grands bénéfices; mieux que cela, dans peu d'années l'avance faite sera recouvrée ; mais encore faut-il faire cette avance. Là, Messieurs, est une difficulté qui SESSION DE VANNES. 1 33 semble au premier abord insurmontable pour des travaux d'une certaine importance et pour la généralité des habitants. Cependant il ne faut pas croire que le mal soit sans remède ; plus loin nous aurons à vous indiquer les moyens de surmonter cette difficulté ; en ce moment nous nous bornerons à vous dire que les sacrifices dont nous reconnaissons la nécessité ne sont pas aussi lourds qu'on a pu le supposer. » Un troisième obstacle résulte, selon la Commission, du morcellement de la propriété. Cet obstacle, pour n'être pas inévitable, ne se rencontre que trop fréquemment, et les endroits où l'on peut y échapper font probablement l'exception. » Enfin, deux autres obstacles que nous disons accidentels, parce qu'ils ne se présentent pas dans tous les lieux » 1° L'élévation des eaux des ruisseaux et des rivières par les barrages des moulins. Ces niveaux, dont la possession a sans doute consacré la propriété, entretiennent dans le sous-sol une humidité constante , et rendent à peu près impossibles les drainages qui n'auraient pas un écoulement supérieur. » 2° La présence d'un sous-sol rocheux qui entraîne dans d'énormes dépenses et rend encore inexécutables les travaux ordinaires. » Après avoir ainsi énuméré sans exagération comme sans atténuation les obstacles qu'elle a cru reconnaître, votre Commission s'est occupée des moyens de les surmonter, non pas pour de chétifs essais et des travaux sans portée, mais pour l'ensemble du pays et pour les mettre à la portée de tous les habitants. » En premier lieu, il est nécessaire que des ingénieurs au drainage, des hommes de science et de pratique soient mis à la disposition des propriétaires pour les diriger dans leurs travaux. Ces ingénieurs auront promptement formé des ouvriers, des conducteurs, et ceux-ci se seront bientôt pourvus des outils dont le manque causerait tant de préjudice. Déjà le gouvernement semble entrer dans ce système aux études spéciales des élèves ingénieurs sortant de l'École polytechnique sont ajoutées celles du drainage. Nul doute que d'ici à peu de temps le corps savant des ingénieurs ne puisse fournir aux nécessités du pays. D'ici là, avec les secours votés par les conseils généraux ou par ceux accordés par le ministre, on peut en avoir dans les départements, et l'on en trouve déjà en France, qui donneraient cette direction , ainsi que, dans un autre ordre de travaux, les irrigateurs des Vosges l'ont fait dans ce département. Enfin, Messieurs, une ressource pour vaincre cet obstacle se trouve dans les compagnies qui se forment aujourd'hui à Paris, et qui, entreprenant les travaux de drainage sur un prix donné par hectare, viendront dans nos départements avec un matériel nécessaire. Ces compagnies feront elles-mêmes les tuyaux sur le terrain à drainer, souvent même avec la terre extraite des tranchées, 154 ASSOCIATION BRETONNE. et utilisant les brasinoccupés des habitants de nos campagnes, en feront de bons ouvriers draineurs désormais à l'abri du besoin. Ces données, que je vous présente ainsi, ne sont point éventuelles, elles existent. Le jour où un conseil général le voudra, il trouvera dix hommes pour un à mettre à la tête des travaux de son département. Quant aux dépenses nécessaires pour cet appel, elles ne pourraient être bien considérables; des exemples donnés par de simples particuliers peuvent sans doute être suivis par l'administration d'un département. » Passant au second obstacle la dépense pour les propriétaires..... » Permettez, Messieurs, sur ce point, que je vous énonce le plus brièvement possible ce qui se passe en Angleterre. Lors de l'adoption du système de libre échange pour les produits du sol, l'on sentit la nécessité de venir au secours de la propriété privée ainsi inopinément de la protection qui lui paraissait si indispensable. En conséquence des fonds considérables furent avancés par l'État aux propriétaires qui en avaient besoin pour des travaux de drainage. Ces sommes, montant d'abord à 70 millions de fr., se sont élevés successivement jusqu'à 150 millions, ou même plus. Les intérêts de l'État sont sauvegardés par une administration habile et active qui ne donne de fonds qu'autant que l'opération doive produire des bénéfices suffisants pour rembourser au moyen d'annuités le capital avancé, tout en donnant au propriétaire une augmentation immédiate de revenu. Ce système si simple, si avantageux pour la fortune publique et privée, ne pourrait-il donc pas être adopté en France ? Les fonds de la caisse des dépôts et consignations ne trouveraient ils pas dans ces prêts un placement aussi utile à cette administration qu'à l'emprunteur ? » A l'appui de cette proposition, j'aurais peut-être besoin pour la justifier do vous donner une idée des bénéfices énormes qui résultent presque toujours d'un drainage bien fait et dans de bonnes conditions. Ainsi donc en Angleterre, où il faut toujours aller chercher les exemples , on a vu, et cela fréquemment, le sol qui rapportait une mesure de froment en rapporter deux, trois et même quatre. On conçoit sans peine, en présence de cotte augmentation du revenu du sol, qu'une annuité de 6 p. 100 prélevée laisse encore une plus-value considérable entre les mains du propriétaire et du cultivateur. » Quant à la difficulté résultant du morcellement de la propriété, elle ne sera pas aussi absolue que les deux premières, et l'application aux nécessités du drainage des dispositions de la loi relatives aux irrigations pourra y parer au moins dans beaucoup de cas ; s'il était nécessaire, une mesure législative pourrait être sollicitée du gouvernement. » C'est aussi par des mesures législatives seulement qu'on pourra échapper aux inconvénients de ces niveaux d'eau de nos petites ri- SESSION DE VANNES. 155 vières. Mais cet obstacle n'atteignant que certains terrains, il devient moins urgent de s'y arrêter et l'on peut sur tous les autres points commencer utilement les travaux de drainage. » Enfin, Messieurs, pour le dernier obstacle signalé la présence d'un sous-sol rocheux, votre Commission n'a pu trouver un moyen de le détruire; mais elle croit qu'il sera peu préjudiciable, persuadée qu'elle est que ces mêmes terres auront rarement besoin du drainage, par l'écoulement naturel que les eaux trouvent soit entre les pierres agglomérées, soit par les fissures des masses granitiques. » Encore un mot, Messieurs, avant de finir ; essayant de lever le second obstacle prévu par la Commission, la dépense Je vous disais que malgré son importance réelle il ne faut cependant pas l'exagérer. » Voici des chiffres et des appréciations que je puis vous soumettre » Parkes, l'un des hommes les plus habiles de l'Angleterre, estime la dépense de 120 fr. à 750 fr. l'hectare. » A l'Institut agronomique de Versailles, le drainage a coûté 315 fr. » Dans le Pas-de-Calais, chez un riche propriétaire dont j'ai pu voir naguère les travaux, le prix ne s'est élevé qu'à 220 fr. » Enfin un ingénieur belge, M. Leclerc, envoyé par son gouvernement en Angleterre pour étudier les divers systèmes de drainage, indique comme prix minime 90 fr. l'hectare, non compris le transport des tuyaux. » Un autre paragraphe de la question s'occupe de l'emploi des eaux provenant du drainage, si elles sont bonnes pour les irrigations. La Commission est d'avis que les eaux ayant traversé des masses compactes , doivent avoir perdu par ce filtrage les parties fertilisantes qu'elle pouvaient contenir, en outre, que sortant ainsi du sol à une certaine profondeur, elles doivent être à une température nuisible ; qu'avant de les employer en irrigations elles auraient absolument besoin d'être exposées aux rayons du soleil et à l'action de l'air dans des réservoirs. Quant à l'économie qui résulterait de la combinaison des deux opérations, drainages et irrigations, la Commission répond que le chiffre étant variable suivant les accidents du terrain, elle ne peut rien préciser; mais en même temps elle croit qu'en exécutant un de ces travaux il ne faut pas négliger l'autre, et qu'un bon système économique doit les faire marcher simultanément autant que possible. » Maintenant, Messieurs, résumant en quelques mots les réponses de votre Commission, je signalerai cinq obstacles reconnus par elle » 1° L'absence dans le pays d'ingénieurs spéciaux, la difficulté de se procurer des tuyaux et le manque des outils nécessaires ; 136 ASSOCIATION BRETONNE. » 2° Les frais et les dépenses indispensables auxquels ne peuvent pourvoir les propriétaires sans recourir à des emprunts ; » 3° Le morcellement de la propriété qui souvent rend très-difficile la conduite des eaux vers la pente naturelle du terrain ; » 4° Le niveau des eaux de nos petites rivières élevé par des barrages de moulins ; » 5° Le sous-sol rendant à peu près impossibles les travaux du drainage. » Pour résoudre ces difficultés et surmonter ces obstacles, la Commission croit utile » 1° Qu'un service de drainage soit confié au corps des ingénieurs des ponts et chaussées ; que d'ici à la réalisation do ce voeu les conseil généraux votant les fonds nécessaires donnent aux préfets les moyens de faire venir des ingénieurs spéciaux et expérimentés pour les mettre à la tête des travaux de leurs départements, ainsi que cela a été pratiqué dans le Morbihan pour les irrigateurs des Vosges; » 2° Que le Gouvernement, suivant l'exemple donné par l'Angleterre, mette à la disposition des propriétaires les sommes dont ils auraient besoin pour des travaux de drainage, à des conditions garantissant les intérêts du fisc et en même temps favorables aux emprunteurs; » 3° Que des mesures législatives soient demandées pour lever les difficultés que rencontre l'exécution du drainage dans le morcellement de la propriété, aussi bien que pour combattre l'obstacle qui résulte de l'élévation du niveau des cours d'eau par les barrages de moulins. » M. de Genouillac ajoute quelques explications et insiste sur la nécessité, dans une opération si utile, mais en même temps si coûteuse, d'avoir un ingénieur spécial et de bons instruments. M. le Président met aux voix les conclusions de la Commission. L'art. 1er est adopté. Avant de passer au vote de l'art. 2, M. de Saisy demande à discuter la question générale du drainage et à faire connaître une notice de M. Lesage, régisseur de M. de Janzé, sur cette opération. M. le Président fait observer à M. de Saisy que personne n'ayant demandé la parole pour combattre le rapport, il ne peut lui permettre de rentrer dans la discussion, à moins que l'Assemblée ne l'autorise. SESSION DE VANNES. 157 M. le Président consulte l'Assemblée ; l'épreuve paraissant douteuse , M. de Saisy demande qu'il soit consigné au procès verbal que la discussion sur le drainage n'a pas eu lieu parce que le temps a manqué. M. de Sesmaisons s'oppose à cette rédaction, attendu que lorsqu'aucun membre n'a demandé la parole contre un rapport , la discussion est close et que c'est ce qui est arrivé pour le drainage. Sur cette observation, M. de Saisy retire sa demande. M. de Kergorlay répond à la demande qui est faite de renvoyer une partie de cette question à un autre Congrès, que cela pourrait avoir des inconvénients, celui d'entraver la direction en lui fixant une année à l'avance son programme, et de ne pas la laisser libre du choix des questions à traiter. M. le Président propose, pour sortir de la difficulté, de voter les conclusions de la Commission , qui sans avoir trait à la question générale du drainage, répondent spécialement à des questions formulées au programme, et de réserver la discussion pour l'une des plus prochaines séances. M. le Président met aux voix l'article 2 des conclusions de la Commission, qui est adopté ainsi que l'article 3. M. de Sesmaisons donne lecture d'une note d'un fabricant de tuyaux de drainage ; deux tuyaux sont déposés devant l'Assemblée. Le fabricant, présent à la séance, donne des explications et promet de réduire autant que possible ses prix, à condition d'être assuré de ventes nombreuses 1. 1 M. A. Bruyère, fabricant de faïence et de poteries au Rohu, près Lorient, a présenté aux membres du Congrès des échantillons de tuyaux de drainage, confectionnés par un procédé mécanique; il peut les établir de toutes dimensions. Il produit avec le même procédé des tuyaux de conduite d'eau , avec emboîture, vernis ou non vernis. Ces divers produits varient de prix, suivant les dimensions; mais pour de grandes quantités ils seraient établis à des conditions aussi avantageuses que dans les localités où le drainage est déjà depuis longtemps en pratique. La bonne fabrication de M. Bruyère se recommande par les médailles de bronze, d'argent et d'or obtenues aux diverses expositions industrielles du Morbihan. Renseignements fournis par M. Kerarmel. 158 ASSOCIATION BRETONNE. M. le Président fait connaître à l'Assemblée la composition 1° Du jury pour le concours de charrues; il se compose de MM. DE LAFERRIÈRE, BERTHOIS, CORNIQUEL, , DE POMPERY, Louis DE SAISY, DE MAUDUIT, CLOAREC. Commissaires qui pourront s'adjoindre au jury MM. KERVILER, Inspecteur de l'Association, AUGUSTIN. 2° Du jury pour le concours des chevaux. MM. SALLIOU, DE POMPERY, DE KERMOISAN , PAUL DE SAINT-GEORGES, DE LESCOUET. 3° Des jurys pour les bêtes à cornes. PREMIER JURY. Taureaux et boeufs gras. MM. LANEVAL, BRIOT DE LOYAT, DE LAFERRIÈRE, LÉRIDANT père, POIRIER , BAHIER , OLIVIER DE SESMAISONS. DEUXIÈME JURY. Vaches laitières et génisses. MM. ROPERT, BRIOT DE LA MAILLERIE, KERARMEL, DE LAMBILLY, DE KERGARIOU Ille-etVilaine. 4° Du jury pour le concours des verrats et béliers. MM. DE MAUDUIT, DE LAMOUSSAYE, DE SAISY père, ROBERT DE SESMAISONS. SESSION DE VANNES. 159 M. le Président donne lecture de l'ordre du jour de la séance de demain matin à sept heures. Il procède ensuite au dépouillement du scrutin pour la nomination du trésorier de l'Association, dont le résultat est — 39 votants, majorité absolue, 20. M. de Champagny 38 voix. M. de Pompery. . 1 Total . 39 voix, égal au nombre des votants. En conséquence M. de Champagny est nommé Trésorier de l'Association Bretonne. M. de Sesmaisons fait connaître à l'Assemblée qu'il lui a été remis trois protestations des conseils municipaux de Surz, Ambon et Billiers, contre les entraves que le règlement du 4 juillet 1853 sur la pêche cotière est venu apporter à la récolte du goëmon, si précieux pour la culture , comme engrais. Les pétitionnaires prient instamment le Congrès de faire tous ses efforts pour obtenir du Gouvernement la suppression d'une mesure si désastreuse. Le Congrès accueille avec empressement leur demande , qui vient donner une nouvelle force au voeu qu'il a précédemment exprimé. La séance est levée à cinq heures un quart. L'un des secrétaires, CII. AVROUIN. 160 ASSOCIATION BRETONNE. PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU VENDREDI MATIN, 30 SEPTEMBRE. PRÉSIDENCE DE M. TASLÉ. La séance est ouverte à sept heures et demie du matin , sous la présidence de M. Taslé, l'un des Vice-Présidents du Congrès. MM. de Virelet Avrouin, secrétaires, donnent lecture du procèsverbal de la séance de la veille; ce procès-verbal est adopté. M. de Sesmaisons a la parole pour une communication. Il donne connaissance au Congrès des conclusions du rapport de M. Augustin, qui a été chargé de visiter les exploitations des cultivateurs du Morbihan qui se sont fait inscrire pour améliorations agricoles. Il propose en conséquence de classer les concurrents suivant leur mérite dans l'ordre suivant. Voir la liste de la distribution solennelle des primes. Ces propositions sont adoptées par le Congrès. M. de Saisy père a la parole au nom de la Commission chargée de visiter les belles exploitations de MM. Avrouin et Sept-Livres dans la commune de Sené. Il s'exprime ainsi " Messieurs, » La Commission que vous aviez chargée de visiter les belles exploitations de MM. Avrouin et Sept-Livres, clans la commune de Séné, canton de Vannes, m'a donné la tâche de vous rendre compte des travaux qui y ont été exécutés. Je regrette que le temps ne me permette pas d'entrer dans plus de détails, et de rendre à ces messieurs, devant le Congrès, tout l'honneur qu'ils méritent, l'un pour faire de sa fortune considérable un si noble usage, l'autre pour ses efforts incessants à vaincre par son travail et ses sueurs les obstacles qu'une position plus fortunée aurait fait disparaître. M. Avrouin, receveur général de ce département, a fait de grandes choses avec de grands moyens ; M. SeptLivres a eu à lutter contre de plus grands obstacles, car la propriété SESSION DE VANNES. 161 qu'il exploite est un lais de mer que la chaleur fendille et les pluies pénètrent assez pour que le séjour du bétail dans les prairies et les herbages y laisse des empreintes qui nuisent à la végétation et rendent le sol raboteux. » Votre Commission, par les motifs ci-dessus expliqués, balancerait à porter un jugement, de crainte qu'il ne fût pas assez équitable. Elle laissera donc ce soin à la Direction, qui, munie des documents que nous mettrons devant ses yeux, tranchera une difficulté que, pour mon compte, je ne crois pas devoir décider autrement que par égalité. » Je n'entrerai donc pas ici dans le détail des travaux exécutés dans ces deux exploitations ; mais je crois devoir mentionner les services du contre-maître de M. Avrouin. C'est un ancien militaire qui, malgré ses soixante-douze ans, conserve encore l'activité et la vigueur d'un homme dans la force de l'âge. Il surveille et conduit les travaux de la propriété de Cantizac, dont la contenance est de 183 hectares. Depuis 1849 qu'il est entré au service de M. Avrouin , il a fait défricher 60 hectares, et a considérablement amélioré les 43 hectares de vieilles terres antérieurement labourées. » L'ordre parfait qui règne dans les étables, les greniers, en un mot dans toute cette superbe exploitation, fait le plus grand honneur au sieur Julien Joudé, qui mérite une récompense, ne serait-ce que pour exciter l'émulation des serviteurs qui, comme lui, sont placés à la tête des travaux d'agriculture. Ce brave militaire vient d'être frappé d'une grande affliction son fils, jeune homme de mérite, le seul espoir de ses parents dans leurs vieux jours, qui avait déjà une place dans les ponts et chaussées, vient de mourir. » Je ne demanderai pas pour cet estimable contre-maître une récompense pécuniaire — d'ailleurs les ressources dont dispose le Congrès sont trop restreintes, — mais je demande pour lui une médaille, afin que le sieur Julien Joudé trouve dans cette distinction méritée une preuve de notre estime et un adoucissement au malheur qui l'a frappé! » Les conclusions du rapport sont adoptées par le Congrès , qui décide que malgré l'immense différence des deux exploitations, le mérite des deux concurrents est le même, et les classe ex aequo. Il décide, sur la proposition de M. de Sesmaisons, qu'une médaille de première classe sera décernée à MM. Avrouin et Sept-Livres, et une médaille de deuxième classe à M. Julien Joudé , l'habile contre-maître de M. Avrouin , nommé dans le rapport de M. Augustin. 11 162 ASSOCIATION BRETONNE. M. Bahier obtient ensuite la parole, et au nom de la Commission chargée de l'examen des végétaux exposés, il s'exprime ainsi Messieurs , » Votre Commission des produits végétaux s'est réunie le 29 septembre , à huit heures du matin ; elle n'a pas voulu commencer ses travaux plus tôt, afin de laisser aux cultivateurs le temps d'apporter leurs produits. Cette Commission était composée de MM. Kerarmel, de Lorient; Briot, de Quimper; de Pompery, de Rosnoën, et Bahier, de Saint-Brieuc. M. Kerarmel a été élu président, et M. Bahier secrétaire. » Votre Commission a été satisfaite de l'ensemble de l'exposition ; de beaux et bons produits ont été présentés. Nous avons surtout remarqué en première ligne les collections de MM. de Mauduit, de Moëlan ; Kerarmel, de Kervignac ; Trochu, de Belle-Isle-en-Mer, et le comte de Laferrière, de Bréhan-Loudéac. » M. de Mauduit expose une magnifique collection de racines fourragères, dans laquelle se trouvent des navets de Norfolk, de 4 kilogrammes, et des carottes de 1 kilogramme 500 grammes; de beaux échantillons de céréales et de farines produites par les diverses variétés de froments qu'il a cultivés. » M. de Mauduit a donné un exemple que votre Commission voudrait voir suivre par tous les agriculteurs exposants il a fait connaître le rendement à l'hectare et le prix de revient des produits qu'il a exposés. M. Kerarmel, faisant partie de la Commission, ne voulait pas qu'il fût fait mention de sa belle collection de produits provenant de l'exploitation de Kervignac, qu'il dirige avec tant d'habileté; mais votre Commission n'a pas partagé cette opinion ; cette collection était trop remarquable pour rester dans l'oubli. » M. Trochu, cet habile agriculteur qui a vaincu tant de difficultés, nous a présenté des produits en racines fourragères, plantes, lentilles, etc., qui nous ont prouvé ce qu'on peut obtenir de la persévérance. Dans la collection de M. Trochu se trouve une belle bille de liége, qui prouve victorieusement l'heureuse influence des abris d'arbres verts en Bretagne. » M. le comte de Laferrière nous a présenté des plantes fourragères, des céréales, et ces pommes de terre qui ont été l'objet d'un rapport si intéressant. M. de Laferrière n'a pas oublié l'ajonc, cette plante si utile et si précieuse pour le pays, où la culture des prairies artificielles est encore peu avancée. » Le frère Jules, de la Chartreuse d'Auray, cet homme si intelligent et si modeste, nous a aussi présenté quelques beaux produits. SESSION DE VANNES. 163 » Enfin d'Auray, nous a présenté quatre betteraves pesant ensemble 52 kilogrammes 500 grammes. » Une magnifique collection de citrouilles a aussi attiré notre attention; nous en avons trouvé de 62 kilogrammes. » M. Bahier propose de classer les concurrents dans l'ordre suivant. Voir à la liste de la distribution solennelle des primes. Les conclusions du rapport sont mises aux voix et adoptées par le Congrès. L'ordre du jour appelle le rapport sur les registres d'expérimentation agricole. M. le Président, au nom de la Commission, expose qu'il ne lui a été présenté aucun travail dans les conditions du programme. M. Bahier lui a, à la vérité, présenté un travail intitulé Manuel de comptabilité agricole. Mais quel que soit le mérite du travail de M. Bahier, il ne rentre pas dans les conditions du programme, et la Commission ne s'est pas crue autorisée à proposer au Congrès de décerner à M. Bahier une médaille pour ce travail remarquable. e Rapporteur, au nom de la Commission, invite néanmoins le Congrès à adresser ses remercîments à M. Bahier, tout en réservant la prime qu'il eût certainement méritée pour un autre ordre d'idées. Ces conclusions, mises aux voix, sont adoptées par le Congrès, qui adresse ses remercîments à M. Bahier, pour les communications qu'il a bien voulu lui faire, tout en regrettant qu'elles n'entrent pas dans les conditions du programme. L'ordre du jour appelé un rapport sur les chanvres ; mais sur une observation de M. de Kergorlay, l'Assemblée décide que la priorité sera accordée au rapport sur les voeux, et M. le Président accorde la parole à M. l'abbé Lecrom. M. le Rapporteur dit que la plupart des chemins ruraux sont pendant les trois quarts de l'année réellement impraticables, que c'est là un grand obstacle au développement et à la prospérité de notre agriculture parce qu'ils rendent très-difficile et très-dispendieuse l'exploitation des terres, et qu'il serait à désirer qu'ils fus- 164 ASSOCIATION BRETONNE. sent appelés à participer dans une mesure quelconque aux ressources créées par la loi du 21 mai 1836 ; par ces motifs, il propose le voeu suivant Le Congrès émet le voeu qu'il soit fait un classement des chemins communaux qui n'appartiennent ni à la grande ni à la petite vicinalité, et qu'après ce classement ils soient admis à participer avec ceux-ci aux ressources créées par la loi du 21 mai 1836. » M. de Genouillac, auteur de la proposition, a la parole pour appuyer ce voeu ; il dit que les chemins ruraux sont dans un état déplorable, que la production des céréales en particulier ne s'obtient qu'à un prix élevé, que cet état de choses est dû en partie au mauvais état des chemins, et qu'il accuse notre infériorité sur ce point; il cite l'exemple de l'Angleterre, où tous les cultivateurs ont d'excellents chemins pour conduire à leurs exploitations. On fait, dit-il, des chemins de grande communication , mais on laisse dans le plus fâcheux état les voies les plus importantes pour l'agriculture. Il expose que les ressources créées par la loi de 1836 seraient cependant suffisantes pour parer à tous les besoins; que la valeur des prestations ajoutées aux centimes votés par les conseils généraux, équivaut à plus de vingt centimes par franc des contributions, et dit qu'il voudrait qu'un tiers seulement des prestations fût attribué aux chemins de grande communication, un tiers à ceux de petite vicinalité, et le troisième tiers aux chemins ruraux. M. de Sesmaisons s'oppose à la proposition de M. de Genouillac, et dit qu'il y a impossibilité de diminuer les ressources, déjà si modiques, affectées aux chemins de grande et de petite vicinalité; que si l'Angleterre a de beaux chemins ruraux, elle les doit au zèle des particuliers qui ne se sont pas adressés pour cela à l'État, mais qui ont su les faire soit par eux-mêmes, soit à l'aide d'associations. M. Louis de Saisy pense que les règlements administratifs sont souvent un obstacle à la prompte confection des chemins; il dit que les journées attribuées à la grande vicinalité, qui dispose des deux tiers des rôles, sont fort souvent gaspillées, que l'on voit journellement des cantonniers, la plupart du temps fort incapables SESSION DE VANNES. 165 pour le métier qu'on leur fait faire, employer dans un seul jour et avec fort peu de discernement un très-grand nombre de prestataires qu'on ne peut occuper utilement et qui ne sont pas même toujours munis des instruments ou outils qui leur seraient nécessaires ; il appelle l'attention du Congrès sur la charrue, comme moyen de faire promptement et avec grande économie des terrassements; il voudrait voir employer ce moyen surtout aux chemins ruraux. Comme M. de Sesmaisons, M. de Pompery dit qu'on ne peut rien distraire des ressources déjà bien modiques, qu'il faudrait en trouver d'autres, que la question ainsi posée est grave, car il faudrait grever encore les populations déjà si surchargées ; que si dans le quartier de M. de Saisy les prestations sont mal employées , cela provient d'une mauvaise organisation du service sur ce point, mais qu'ailleurs cela n'est point ainsi ; il cite la rafle ou niveleur, dont il se sert comme d'un excellent instrument pour faire économiquement de bons terrassements, et éviter les charrettes et brouettes. M. de Genouillac entre dans de nouvelles considérations; il insiste en particulier pour qu'une plus équitable répartition des ressources soit faite; il ne comprend pas qu'on oblige les prestataires à aller travailler à l'extrémité de la commune, quelquefois hors de son territoire, lorsque les chemins de la commune, les plus utiles à l'agriculture, sont dans un état tel, qu'on a vu des cultivateurs obligés de semer sans fumier par l'impossibilité d'en transporter en temps utile. M. Briot du Finistère pense que pour avoir des ressources il ne s'agit que d'obtenir le classement par les conseils municipaux, des chemins les plus utiles à l'agriculture. M. Taslé dit que M. de Genouillac n'a fait que la critique de l'administration de son département, et non de la loi qui pourvoit à toutes les exigences ; que dans le Morbihan le service est bien organisé, que le conseil général a pourvu à tous les besoins, que les chemins se font, et que la population paraît satisfaite. M. de Genouillac obtient la parole pour un fait personnel, et dit qu'il n'a nullement eu l'intention de critiquer l'administration de son département ; que tout au contraire il lui rend pleine et entière 166 ASSOCIATION BRETONNE. justice. Mais il a ajouté que dans son opinion la loi a créé des ressources insuffisantes, et surtout partagées d'une manière inique, et qu'il est urgent dans l'intérêt de l'agriculture de s'occuper sérieusement des chemins communaux jusqu'ici abandonnés complétement. La clôture de la discussion, mise aux voix, est adoptée ; la proposition de la Commission est ensuite mise aux voix et n'est pas admise. M. de Sesmaisons a la parole pour une communication, et dit que M. Querret, dont il a vu avec bonheur le nom figurer dans la liste des personnes qui recevront des médailles, vient d'envoyer au Congrès deux petits ouvrages intitulés la Fermière bretonne et le Catéchisme breton, pour être distribués aux cultivateurs, en exprimant toute la contrariété qu'il éprouve de ne pouvoir se rendre au Congrès. L'Assemblée , sur la proposition de son honorable directeur, adresse ses remercîments à M. Querret et les regrets qu'il éprouve de son absence. Sur la proposition de M. de Saisy, le Congrès exprime aussi tous ses regrets de l'absence de M. Haugoumard, que des circonstances malheureuses retiennent impérieusement chez lui. M. l'abbé Lecrom a de nouveau la parole, et au nom de la Commission des voeux il dit que d'après des renseignements pris, plusieurs contrées de la Bretagne pourraient produire des chanvres dans les conditions exigées par la marine, et prie le Congrès d'émettre le voeu que les chanvres bretons soient admis dans les fournitures de la marine, toutes les fois qu'ils seront présentés dans les conditions voulues. Le Congrès s'associe à ce voeu. Quelques membres du Congrès désirant porter remède au mauvais état et à l'insalubrité des maisons de nos cultivateurs, prient le Congrès d'émettre le voeu que le Gouvernement encourage la reconstruction des habitations rurales, en affranchissant, pendant dix ans au moins, de surimposition , toute habitation nouvelle indispensable à une exploitation agricole. Votre Commission, dit M. le Rapporteur, tout en s'associant aux désirs des honorables membres, ne pense pas que la mesure proposée soit un stimulant bien efficace pour la reconstruction des SESSION DE VANNES. 167 mauvaises habitations rurales; d'ailleurs la mesure ne semblerait pas exempte d'inconvénients, car pour la réaliser il faudrait que le Gouvernement réglementât la matière, qu'il déterminât les conditions de salubrité des édifices nécessaires à une exploitation agricole. Par ces motifs, La Commission à l'honneur de proposer l'ordre du jour. M. Briot du Finistère dit qu'un nouvel édifice n'est, d'après la législation actuelle, imposé que la troisième année de sa construction ; que rien ne pourrait empêcher de porter ce laps de temps à dix ans, et affirme que les cultivateurs construiraient bien plus volontiers des maisons commodes et saines s'ils n'avaient perpétuellement la crainte d'une surimposition considérable, faite souvent sans bases fixes. M. Sept-Livres se range à l'opinion de M. Briot. Les conclusions de la Commission sont mises aux voix et rejetées, et le voeu est ensuite admis par le Congrès. M. le Rapporteur de la Commission des voeux continuant, propose au Congrès d'émettre le voeu que la loi qui veut que les opérations du cadastre se continuent au moyen des ressources communales soit abrogée pour lui substituer la législation antérieure, les communes étant trop pauvres pour supporter cette charge. Une discussion s'établit à ce sujet. MM. Taslé, Gaillard et de Kergorlay prennent successivement la parole ; ensuite M. le Président propose d'émettre le voeu de l'abrogation de la loi de 1850 sur le cadastre, et du retour à la législation antérieure. Il propose également d'émettre le voeu qu'une nouvelle estimation soit faite des terres arables et des terres sous bois, afin d'arriver à l'établissement d'une meilleure proportion entre les unes et les autres. Ce double voeu, mis aux voix, est adopté par le Congrès. Un membre de la Commission des voeux demande que le chemin de fer de Rennes à Brest passe, non par le nord, mais par le centre de la Bretagne. Cette demande paraît appuyée de puissants motifs; mais la Commission ne se reconnaissant pas les lumières nécessaires pour pouvoir se prononcer sur cette question, propose, par l'organe de son rapporteur, d'exprimer simplement le voeu que cette voie ferrée soit exécutée le plus tôt possible. 168 ASSOCIATION BRETONNE. M. de Pompery dit que le Gouvernement et la Compagnie de l'Ouest semblent incliner depuis quelque temps pour le tracé par le littoral nord ; qu'ils s'abusent sur les avantages de ce tracé, préjudiciable d'ailleurs aux intérêts bretons; que d'un autre côté le littoral sud le relevé des douanes le prouve fournit deux fois plus de valeurs à l'exportation que le littoral nord, et que la ligne centrale est la seule rationnelle. M. de Kergorlay dit que le Congrès n'est pas suffisamment éclairé pour discuter une pareille question. Le Congrès adoptant les conclusions de la Commission, passe à l'ordre du jour. La conservation des bois et des terrains forestiers du domaine de l'État en Bretagne devant être considérée comme étant d'une impérieuse nécessité en vue des besoins des deux ports de Brest et Lorient et de l'accroissement de leurs ressources, au moyen de l'achat par le Gouvernement de plusieurs milliers d'hectares de lande à affecter à de nouvelles plantations , en présence de la vente en fonds et superficies de 355 hectares de bois taillis dans les forêts de Lanvaux et Florange Morbihan et de Landevennec Finistère, contenant 470 hectares, M. Kerarmel propose au Congrès d'émettre le voeu que pour venir en aide à l'approvisionnement des 150,000 stères de bois d'élite annuellement nécessaires aux ports de Brest et Lorient, dont plus des trois quarts sont fournis par la Russie et la Norwége, la direction générale de l'administration des eaux et forêts soit détachée du ministère des finances pour être rangée dans les attributions du ministère de l'agriculture. La Commission , saisie de ce voeu, ne pense pas , dit M. le rapporteur, que l'émission de ce voeu puisse avoir de résultat ni que le transfert de l'administration générale des forêts d'un ministère à un autre soit la sauvegarde des intérêts en question ; néanmoins le Congrès, consulté, émet le voeu ci-dessus spécifié. M. Bizeul demande que tous les Comices agricoles de la Bretagne reçoivent chaque année, avant la session du Congrès, quelques exemplaires du programme de cette session, et qu'ils soient invités à y envoyer des délégués. SESSION DE VANNES. 169 La Commission a pris en considération la proposition de M. Bizeul, et vous en demande le renvoi à la Direction. M. de Kergorlay dit que la Direction exécute chaque année ce que désire M. Bizeul ; par ce motif cette proposition n'a pas de suite. Le Secrétaire, ROUXEL DE LESCOET. 170 ASSOCIATION BRETONNE. PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU 30 SEPTEMBRE AU SOIR. PRÉSIDENCE DE M. DE SESMAISONS. MM. de Sesmaisons, de Kergorlay et de Virel, secrétaire, prennent place au bureau à sept heures un quart. M. de Sesmaisons, Président, déclare la séance ouverte. M. de Kerampuil donne lecture du rapport suivant sur un livre offert par M. Trochu au Congrès, où il rend compte de ses cultures à Belle-Isle-en-Mer Le livre dont j'ai à rendre compte a pour titre Création de la ferme et des bois de Bruté, sur un terrain de » landes à Belle-Ile-en-Mer ; » Récapitulation de notes et souvenirs sur des travaux de défriche» ments, plantations et cultures , ainsi que sur diverses études d'éco» mie rurale, pendant trente-huit ans, de 1807 à 1845. » » L'auteur y expose ses différents travaux pour la mise en culture d'une lande qui semblait réunir toutes les conditions d'insuccès. On se souvenait encore dans le pays d'une pareille tentative faite quarante ans auparavant et qui avait dévoré, en pure perte, un capital considérable. Tout le monde s'accordait donc à prédire la ruine de la nouvelle entreprise. Cependant M. Trochu se mit résolument à l'oeuvre , d'abord sur 12 hectares qu'il paya à raison de 120 fr. l'un ; le reste ne lui coûta que 76 fr. l'hectare. Jugeant dès le début qu'il devait créer, avant tout, une ferme peu étendue, mais riche d'engrais obtenus avec le moins de frais possibles , pour augmenter ensuite à mesure que les fumiers augmenteraient ; M. Trochu se procura un troupeau suffisant pour la consommation de ses fourrages. Après cinq ans de travaux, il n'avait encore que ses 12 hectares en culture ; mais il crut avoir déjà vaincu la grande difficulté des défrichements ; il les étendit dès lors chaque année, et en moins de vingt ans sa petite ferme, sans l'emploi d'un fort capital, occupait 150 hectares dont les cultures aujourd'hui rivalisent avec les plus riches du pays. Aussi les Belle-Ilois se sont-ils mis à défricher, et malgré l'augmentation de la population, ils exportent jusqu'à Nantes et Bordeaux SESSION DE VANNES. 171 des blés, dont ils n'avaient pas assez autrefois pour se nourrir euxmêmes. Aussi le prix des landes s'est-il bien élevé et monte jusqu'à 900 fr. l'hectare. La petite ferme, origine de cette grande transformation , séparément affermée, donne un produit net de 79 fr. par hectare. » Le désastre du premier et opulent propriétaire de Bruté , et le brillant succès du second, nous rappellent ces vers du bon la Fontaine Patience et longueur de temps Font plus que force et que rage. » Je me serais gardé d'omettre ces détails de préface ; car, à voir les choses à leur origine, on juge mieux de la grandeur des difficultés et de la persévérance qu'il a fallu pour les vaincre. >> Passons à l'emploi des moyens , d'abord pour créer les cultures c'est l'objet de la première partie du livre ; puis pour les perfectionner, ce dont traite la seconde partie. » Les trois premiers chapitres donnent la description géologique du canton de Belle-Ile , et font connaître particulièrement la constitution physique du plateau des landes de Bruté , dont le sol, généralement siliceux, très-léger, variait en profondeur de 15 à 35 centimètres , mais qu'un sous-sol d'argile rendait imperméable pendant la saison humide , et au contraire sec et brûlant pendant les chaleurs de l'été. M. Trochu recommande au cultivateur qui veut créer une ferme d'en faire d'abord le levé topographique et le nivellement, pour apprécier la configuration et les pentes du terrain. Sur ce plan doivent être tracées toutes les divisions de ses cultures, les chemins d'exploitation, l'emplacement des abris, des bâtiments et de leurs dépendances. Suit la description des édifices de la ferme de Bruté , dont tout le luxe consiste dans le soin que l'on a mis à coordonner les choses. Des chemins d'exploitation , de 6 mètres de large, rayonnent autour de ces édifices et facilitent le service des terres. Les clôtures sont encore un article essentiel, ainsi que l'écoulement des eaux , et suivant l'auteur, c'est du soin qu'on y apporte dès le début que dépend encore l'avenir de l'entreprise. >> Le reboisement n'occupe pas moins de cinquante pages du livre. Les semis par bandes alternes, l'une inculte de 1 mètre 33 cent, de large, et l'autre cultivée de 1 mètre, en réduisant la surface labourée à 23 ares par arpent métrique, établissent le prix de l'hectare ensemencé en pin maritime à 24 fr. 23 cent., ou à 35 fr. 23 cent, par une méthode perfectionnée qui nous semble préférable. Je doute que le plus habile forestier y pût rien blâmer, si ce n'est l'époque trop 172 ASSOCIATION BRETONNE. précoce des semis en janvier, et l'élagage des pins dès qu'ils ont cinq à six couronnes. » Trois modes sont en usage pour le défrichement des landes ; le premier et le meilleur, à la pioche, coûte, par hectare, 232 fr. 20 c. ; le second, à la charrue, revient seulement à 101 fr. 77 cent. La grande différence entre ces prix fait préférer le travail à la charrue. L'écobuage est bien plus économique mais les effets n'en sont pas durables. L'assolement, ou la succession des différentes cultures, amène sur les défrichements, d'abord le froment, suivi de pommes de terre ou de navets, puis l'avoine suivie de ray-grass ou de seigle pour fourrage. A ce propos, l'auteur rappelle encore que mieux vaut borner ses défrichements que de les mal fumer. C'est aussi fort longuement qu'il traite le chapitre des engrais et des fourrages ; car de la simultanéité de ces deux produits dépend le succès de toute l'opération. » M. Trochu n'avait d'abord que six vaches , dont il lui fallut acheter la nourriture pendant deux ans ; il y ajouta ensuite dix chevaux , puis un troupeau de cent moutons du pays, dont le plus cher lui coûtait 2 fr. 50 cent. ; mais les soins et une nourriture plus abondante en eurent bientôt changé l'aspect. Outre cela, les vidanges des casernes, jusqu'alors jetées à la mer, les vases, les débris de fabrique de poissons salés, recueillis et mêlés avec les fumiers de la ferme, en augmentèrent la masse et la valeur. M. Trochu fait le détail des différentes espèces d'engrais et amendements ; mais je signale , à la page 168 , une observation bonne à faire connaître aux défricheurs. J'ai connu trop tard, dit-il, les avantages que présente l'enfouis» sement du colza pour l'engrais des terres, et je n'ai pu en profiter » dans le temps où j'en aurais eu le plus grand besoin. Dans mon » opinion, ce chou est l'une des plus précieuses ressources de l'agri» culture contre la pénurie des engrais. » » Les prairies artificielles, auxquelles on ne conseille de songer pour les défrichements qu'après huit ou dix ans de culture comme terres arables, font passer en revue les plantes fourragères les plus usitées. Les animaux domestiques sont le sujet du septième chapitre, d'où il résulte que l'auteur a su pourvoir, avec discernement, à l'amélioration des différentes races ; seulement, il a été obligé de renoncer aux moutons , faute de pouvoir trouver un berger, dont la tâche est mal remplie par des enfants , et dont on n'a aucune idée en Bretagne. Aussi l'auteur voudrait-il qu'on essayât de développer parmi nous cette utile profession. Dans l'Allemagne, en effet, et en France dans les pays de grande culture , ce n'est jamais à un enfant, mais à un homme qu'est confiée la garde d'un troupeau. Un ou deux chiens , dociles à la voix de leur maître, courent faire exécuter ses ordres, et SESSION DE VANNES. 175 empêchent aucune bête de s'égarer, quelque nombreuses qu'elles soient. Le chapitre huitième, qui termine la première partie du livre, traite des plantations, des pépinières , des vergers et des jardins. Les abris, formés au moyen des massifs de pin maritime, devaient nécessairement assurer le succès de ces autres genres de travaux , et l'auteur dit en effet qu'ils ont réussi au delà de ses espérances. » La seconde et dernière partie du livre traite des cultures et des instruments aratoires. Nous ne devons pas oublier que bien avant les perfectionnements inventés par le célèbre Mathieu de Dombasle , notre compatriote avait mis la main à l'oeuvre , et s'était lancé dans une carrière où des instruments si défectueux n'ont pas dû être une des moindres difficultés qui l'attendaient. Le second chapitre concerne les engrais, les irrigations, le soin des animaux et l'assolement des terres. Enfin le dernier chapitre traite des différentes sortes de clôtures , du personnel de la ferme, et enfin de la comptabilité. La simple énonciation de ces sujets suffit pour en faire sentir toute l'importance , et l'auteur, en les traitant, n'est pas resté au-dessous de ce qu'on devait attendre d'un esprit aussi judicieux. » Le livre de M. Trochu me semble donc un excellent traité d'agriculture , qu'il serait utile de répandre et de propager. » En terminant, Messieurs, j'exprime le regret de vous avoir parlé de choses que je n'ai pas vues; mais comme on s'accorde à dire que la description est ici au-dessous de la réalité, je m'attends à y trouver, bien mieux qu'à la célèbre ferme de Roville, le modèle de tout ce qu'on doit faire pour transformer avec assurance la stérilité de nos landes en des terres riches et fertiles. Le Gouvernement, qui a accordé à M. Trochu l'honneur d'une double décoration, a récompensé dignement les utiles travaux d'un homme resté toujours fidèle à sa profession , dans laquelle il n'aura pas rendu moins de service à la patrie que celui de ses enfants qui la protége de sa vaillante épée. » A. DE KERAMPUIL. » M. le Président, après avoir, au nom de l'assemblée, présenté ses remercîments à M. Trochu, exprime le regret qu'un homme aussi distingué ait refusé la présidence du Congrès. L'ordre du jour est la continuation de l'enquête agricole. Voir aux procès-verbaux de l'enquête. L'enquête étant terminée, l'ordre du jour amène la discussion sur la neuvième question relative aux chanvres. Sur cette question, M. Bahier lit le travail suivant 174 ASSOCIATION BRETONNE. Si nos chanvres bretons ne sont admis qu'en petite quantité et seulement pour les manoeuvres courantes dans les approvisionnements de la marine, c'est qu'ils sont trop courts et qu'ils ne sont pas assez forts pour résister aux épreuves de force auxquelles l'administration de la marine les soumet; c'est enfin parce qu'ils sont mal teilles et mal espudés. Le défaut de longueur vient de ce qu'ils sont généralement cultivés sous les pommiers, dans des terres saies et mal fumées, et semés beaucoup trop épais. Le défaut de force provient des mêmes causes et d'une mauvaise méthode de rouissage. Nos chanvres sont presque toujours trop rouis. On attend ordinairement que le chanvre femelle soit mûr pour faire rouir en même temps le chanvre mâle ; mais celui-ci, qui a été récolté longtemps avant, a déjà subi un commencement de fermentation avant d'être mis au routoir, et par conséquent il est roui avant le chanvre femelle et se trouve beaucoup trop roui si on ne le retire qu'en même temps. » Si donc on veut produire des chanvres propres à la corderie, il faut les cultiver dans un terrain découvert, bien net, bien meuble et bien fumé, et semer un tiers moins épais que pour les chanvres destinés à être convertis en fil. Il faut faire rouir séparément le mâle et la femelle, et préparer comme il sera dit ci-après. Le rouissage et le teillage flamands, qui commencent à se propager dans notre pays, conviennent parfaitement pour atteindre le degré de force et de préparation exigé par la marine. » Quand aux chanvres propres pour les toiles à voiles, il faut les semer serrés et bien soigner le rouissage, afin d'obtenir une filasse douce, forte et d'une belle couleur. » Voici, du reste, les conditions exigées par la marine, telles qu'elles sont portées au cahier des charges des adjudications » Art. 7. Les chanvres seront d'origine française. » Art. 8. Les chanvres seront de première qualité ; ils seront sains, » secs, exempts d'avaries et de bonne apparence. » La longueur des brins, dans chaque poignée, devra être d'au » moins 1 mètre 50 cent. ; toutefois on tolérera environ un dixième » au-dessous de 1 mètre 50 cent., pourvu que les brins plus courts » soient bien mélangés avec les longs. Dans aucun cas il ne sera reçu » de brins plus courts en poignées séparées. Les chanvres seront con» venablement purgés de chenevotte; ils seront exempts de pattes » et de corps étrangers; ils ne présenteront jamais de rubans; les » brins seront bien divisés. » Art. 9. Les chanvres broyés seront exigibles dans la proportion de » 40 à 50 pour cent de l'importance du lot. Les chanvres teillés et » ceux qui seront broyés ne pourront être confondus dans les mêmes balles; ils seront éprouvés séparément. Les chanvres devront ré- SESSION DE VANNES. 175 >> sister aux épreuves de force auxquelles ils seront soumis. » » Le prix des chanvres va toujours en augmentant. Les adjudications qui, en 1849, s'étaient faites au prix de 78 fr. 90 cent, les 100 kilog., se sont élevées, en 1852, à 86 fr. 92 cent., et on suppose qu'il y aura cette année plus de 30 pour cent d'augmentation. Il est donc dans l'intérêt de tous que la culture de cette denrée prenne le plus d'extension possible. » M. Sept-Livres ajoute à ces renseignements qu'en général les terres morbihanaises ne conviennent pas à la culture du chanvre parce qu'elles manquent de profondeur. Là où le chanvre se cultive avec succès, en Normandie, dans la vallée de la Loire, la couche de terre végétale a deux et trois pieds. Aussi nos chanvres, qui sont broyés et non teillés, ne servent qu'à la consommation domestique de la population rurale. Cette question étant épuisée, l'assemblée, sur la proposition de M. le Président, statue sur la formation de son ordre du jour du 1er octobre, qui est ainsi fixé A sept heures du matin, séance générale. Rapport du jury des machines. Rapport du jury des charrues. Rapport de la Commission des. comptes du trésorier. A neuf heures, réunion des animaux sur la promenade de la Rabine, et ouverture du Concours. A onze heures, commencement des opérations du jury. L'assemblée reprend son ordre du jour et traite la cinquième question relative au drainage et aux irrigations. M. de Saisy établit la possibilité du drainage sur le sol granitique du Morbihan, par les drainages effectués sur le sol également granitique des Côtes-du-Nord. Il rappelle que le drainage est opéré en Angleterre par deux grandes compagnies auxquelles le Gouvernement a avancé 200 millions, et que, grâce à leurs travaux, la production agricole se développe dans une constante progression, et que le sol britannique, menacé d'épuisement, semble doué d'une vie nouvelle. Plusieurs membres entrent dans le détail des procédés de drainage employés par eux ; M. le Président rappelle la discussion aux 176 ASSOCIATION BRETONNE. termes où elle est posée dans la cinquième question du programme. Il insiste particulièrement sur ce paragraphe — Les eaux provenant du drainage peuvent-elles être employées à l'irrigation immédiatement, ou bien faut-il leur faire subir quelque modification ? » M. de Pompery dit que les eaux de drainage, susceptibles d'être utilement employées à l'irrigation, se reconnaissent à de certains signes particuliers qu'il indique, que du reste l'irrigation ne profite qu'aux prés naturellement secs, qu'elle est nuisible aux prairies humides, même assainies. M. de la Buharage confirme les observations de M. de Pompery. Il arrose avec des eaux de drainage des prairies qui sont très-fertiles, et ne pense pas qu'un sol rocailleux fasse obstacle au drainage, sauf lorsque le roc est à fleur de terre. Il ajoute, sans s'en rendre compte, que les eaux de drainage qui sont ferrugineuses, fertilisantes en hiver et au printemps, sont nuisibles pendant l'été, et donnent naissance à une végétation de joncs et de carex. M. Louis de Saisy n'admet les paroles du préopinant qu'à titre d'expérience purement locale, vu que d'après son expérience personnelle, les eaux de drainage, lorsqu'on a la précaution de les faire reposer dans des bassins, et surtout de les enrichir par des dissolutions de fumiers, sont toujours susceptibles d'un emploi utile. Sur le mauvais effet d'un arrosement d'été, M. de Pompery rappelle ce fait qu'en été les arrosages ne se doivent pratiquer que lorsque le soleil a disparu de l'horizon. M. Bahier explique l'effet signalé par cette considération qu'en hiver la température des eaux est supérieure à celle de l'atmosphère, et en été inférieure, et que cette infériorité est encore accrue par le phénomène de l'évaporation. M. de Saisy ne connaît pas de mauvaise eau. Les pires sont susceptibles d'être améliorées dans des réservoirs en y apportant des fumiers. Il donne lecture d'une note de M. Lesage de la Nouée, sur une prairie de six hectares créée par lui. Une courte discussion s'engage dans le but de décider si la note de M. Lesage sera insérée au procès-verbal des séances. Confor- SESSION DE VANNES. 177 mément à cette observation de M. le Président, que la méthode employée par M. Lesage est décrite dans les ouvrages techniques et soulève des objections, l'assemblée décide qu'elle ne doit faire connaître au public que le succès de M. Lesage et le prix dont il l'a payé. M. Louis de Saisy soumet à l'assemblée cette question — Le drainage doit-il être pratiqué aux frais des propriétaires ou à ceux des fermiers ?» — Son opinion est que, dans l'intérieur de la Bretagne, là où il n'y a pas d'intérêt à drainer parce que l'opération coûterait plus cher que ne vaut la terre, le drainage doit être l'oeuvre exclusive du propriétaire. M. Briot de la Maillerie généralise les conclusions du préopinant, et pense que partout le drainage doit être opéré aux frais des propriétaires. M. de Kergorlay pense qu'il y aurait imprudence de la part du Congrès à voter de telles conclusions. A l'appui des paroles de M. de Kergorlay, M. de Pompery cite des contrées où le drainage est tellement nécessaire, tellement fructueux, que le simple fermier, à bail de neuf ans, ne doit pas hésiter à drainer, surtout en usant d'aqueducs de construction économique en pierres. Mais il ajoute que l'exemple et l'impulsion doivent venir des propriétaires. M. de Saisy et M. Briot de la Maillerie adhèrent à cette opinion. M. le Président résume en ces termes les résultats de la discussion — Les eaux de drainage, surtout modifiées par des engrais, sont toujours susceptibles d'être utilement employées à l'irrigation des terres. » L'assemblée donne à ces conclusions un vote approbatif. La séance est levée à neuf heures et demie. Le Secrétaire, DE VIREL. 12 178 ASSOCIATION BRETONNE. PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU SAMEDI 1er OCTOBRE. PRÉSIDENCE DE M. TASLÉ. La séance est ouverte à sept heures et demie du matin, sous la présidence de M. Taslé, l'un des vice-présidents du Congrès. M. de Lescouët, secrétaire, lit le procès-verbal de la séance d hier matin. Le procès-verbal est adopté sans réclamations. M. le Président donne la parole à M. Kerarmel, qui, au nom de la Commission chargée de l'examen des comptes du trésorier de l'Association, s'exprime ainsi Messieurs, » La Commission composée de MM. Kerarmel, de Pompery et Pocard-Kerviler, que vous avez désignée dans votre séance du 26 septembre, s'est réunie le 29 pour procéder à l'examen d'une irrégularité signalée par M. de Champagny, votre trésorier actuel, dans la reddition des comptes de M. de Madec. » Après avoir examiné les registres de M. de Madec et les diverses pièces de sa comptabilité, la Commission a constaté que le restant en caisse de 2,419 fr. 95 cent., tant en argent qu'en valeurs, établi dans le compte rendu général des recettes et dépenses de l'Association Bretonne pendant l'année 1852, ne se trouvait représenté dans ce qui a été remis à M. de Champagny que par un existant, tant en argent qu'en valeurs de médailles, de 2,248 fr. 50 cent.; différence en moins. 171 fr. 45 cent. Mais, comme dans les pièces présentées à la Commission, plusieurs comptes de M. de Madec n'ont pu être arrêtés à cause de la maladie qui a déterminé la perte cruelle qu'a faite l'Association dans la personne de son digne trésorier, la Commission ne doute nullement que plusieurs dépenses faites par M. de Madec manquent à ces comptes, et n'ont pu y être portées soit par oubli, soit par les préoccupations qu'occasionne une maladie grave. De là provient bien certainement l'irrégularité qui vous a été signalée, et la Commission vous propose de SESSION DE VANNES. 179 porter en non-valeur la somme de 171 fr. 45 cent., montant de la différence existant entre les recettes et les dépenses pour l'année 1852. » M. de Champagny, votre trésorier actuel, ne serait donc chargé pour le restant en caisse de la fin de l'exercice de 1852, que de la somme de 2,248 fr. 50 cent., tant en argent qu'en valeurs de médailles. >> Le Rapporteur de la Commission, » J. POCARD-KERVILER. >> Un membre dit que la somme de 160 francs dont Mme de Madec veut tenir compte à l'Association n'est pas due, et propose au Congrès de ne pas l'accepter. M. de Saisy dit qu'un membre du Congrès a été chargé par madame de Madec de payer cette somme, quia déjà été versée au trésorier de l'Association. M. de Kergorlay ajoute que c'est par un excès de délicatesse que madame de Madec a fait remettre à l'Association cette somme, qui ne peut être considérée que comme un don qui lui est fait par elle. M. de Sesmaisons prend la parole, et dit que le Congrès ne peut refuser cette somme, que madame de Madec, par un excès de délicatesse, comme l'a dit le préopinant, lui a fait remettre. Il propose au Congrès de remercier madame de Madec de ce don, et de l'affecter à des prix qui seront distribués en son nom. Cette proposition est accueillie par acclamation. M. de Langlais a ensuite la parole ; au nom de la Commission chargée de l'examen des machines, il s'exprime ainsi Messieurs, » J'ai l'honneur de soumettre à votre approbation les résultats du travail de la Commission chargée de l'examen des instruments et machines. » M. Bodin a exposé quatre charrues à avant-train, cinq araires, un hache-paille et un tarare. L'excellente confection de ses instruments est trop connue et trop bien appréciée par tous pour qu'il soit besoin ici d'en faire l'éloge. Nous sommes heureux d'ajouter qu'il vient de rendre un nouveau service à l'agriculture en abaissant le taux de ses prix , et en les rendant ainsi accessibles à toutes 180 ASSOCIATION BRETONNE. les bourses, tout en maintenant la qualité supérieure de leur confection. Nous vous proposons donc le rappel d'une médaille de 1er classe pour M. Bodin. Nous avons ensuite examiné avec le plus grand soin les charrues à avant-train et surtout l'araire exposé par M. Ferdinand, de Guer. Ces intruments, construits d'après les meilleurs modèles, sont parfaitement confectionnés, et M. Ferdinand vient de se placer au rang des meilleurs constructeurs. Votre Commission lui a décerné , avec une vive satisfaction et à l'unanimité, une médaille de 1re classe. » M. Hochet, de Malestroit, a exposé une charrue à avant-train ; nous vous demandons une médaille de 2e classe. M. Guillouzic, de Questembert, a exposé une charrue à avanttrain d'un petit modèle et destinée aux terres légères. Cet instrument, du prix modique de 20 fr., témoigne un désir de progrès do la part de son auteur, auquel nous nous permettons de faire remarquer la mauvaise position du soc placé trop à gauche. » La Commission propose une médaille d'argent de 3e classe. » La charrue à avant-train exposée par M. Blanche, de Josselin , prouve aussi de sa part un désir d'amélioration ; nous regrettons d'avoir à constater quelques parties défectueuses, et surtout la mauvaise disposition du soc. Nous engageons M. Blanche à perfectionner encore ses charrues et lui accordons une mention honorable. » Enfin nous vous proposons d'accorder une médaille de bronze à M, Anezo, de Béganne, pour un soc et un coutre d'un très-bon modèle et d'une confection remarquable. » M. Lhuissier, de Bochefort, a exposé, une baratte en bois, avec batteur à ailes, et d'une grande solidité. Médaille de bronze. » Nous proposons d'accorder une mention honorable à M. P. Dugain, pour une baratte en bois de la forme de celles généralement usitées dans nos campagnes. Cette baratte, très-bien confectionnée, nous a paru trop renflée au milieu; cette disposition augmente le prix de façon et nuit à la perfection du battage. » M. Julien Stéphan, du canton d'Hennebon, a exposé un moulin pour broyer la vase de mer et les coquillages. Cet instrument pouvant être appelé à rendre de grands services à l'agriculture, votre Commission propose d'accorder une médaille d'argent de 3e classe. » M. de Laferrière, dont le nom se rattache à tant de travaux et d'améliorations agricoles, a exposé un fauchat et une faux montée, du pays de Chartres le premier sert à couper l'ajonc à piler et les genets, et pourrait utilement remplacer l'étrèpe pour le fauchage des landes. La substitution de la faux à la faucille présenterait de grands avantages pour la moisson des grains. Votre Commission propose d'accorder une médaille de bronze à M. de Laferrière. SESSION DE VANNES. 181 » M. Valiot, de Nantes, expose deux séries de mesures légales en bois, d'une parfaite exécution. Nous vous proposons de lui accorder une médaille de bronze. » Il nous reste, Messieurs, à vous entretenir des machines à battre le grain. Mais avant d'aller plus loin, permettez-moi de dire quelques mots de l'objection que font généralement les cultivateurs contre leur emploi. Tous reconnaissent la bonne qualité et la rapidité du travail do ces machines, mais tous répètent aussi qu'elles sont la ruine des journaliers et des pauvres. Cette assertion n'est pas sérieuse, et pour y répondre il suffit d'indiquer les travaux urgents qui, à cette époque de l'année, réclament les soins du cultivateur par exemple la préparation de la terre pour les semailles d'automne, l'arrachage des pommes de terre, le transport des fumiers, alors que les chemins le permettent, transport coûteux, difficile, et quelquefois impossible, lorsque les pluies d'automne ont rendu les chemins impraticables. Enfin c'est encore le moment de donner une dernière façon aux plantes sarclées, dont la culture offrirait de si grands avantages. » Il est donc évident que l'emploi des machines, loin de retirer du travail aux ouvriers des campagnes, augmenterait au contraire leurs ressources, puisque les économies faites sur la main-d'oeuvre du battage des grains seraient immédiatement employées à d'autres travaux indispensables au perfectionnement de notre agriculture et à son extension. » Nous avons examiné et fait fonctionner devant nous les machines à battre de M. Lotz aîné, et nous en avons constaté les bons résultats. » Avec la machine à manége trente brassées de seigle ont été battues en six minutes, et dix brassées de froment en une minute et demie. Quatre-vingt-dix gerbes ont été battues en douze minutes par la machine à vapeur. » En changeant simplement le batteur de place, la machine sert à teiller le chanvre, et 350 grammes de filasse ont été parfaitement broyés en peu d'instants. » M. Lotz a en outre exposé un tarare, un pressoir à vis et une machine à égrener le maïs. » Votre Commission, reconnaissant le mérite incontestable des machines et instruments de cet habile constructeur, vous propose à l'unanimité de lui accorder une médaille d'argent de 1re classe. » M. de Pompery croit qu'il est fâcheux de primer des charrues à versoir appuyant sur la bande, parce que ces instruments sont 182 ASSOCIATION BRETONNE. très-défectueux, et entre dans quelques détails pour prouver son assertion. M. le Rapporteur répond que la Commission s'est crue appelée à primer non-seulement des instruments parfaits, mais encore à donner des encouragements aux personnes qui ont apporté de notables améliorations aux charrues si défectueuses du pays. C'est dans cet ordre d'idées qu'elle s'est placée, ce qui explique pourquoi elle se propose de primer des instruments qui laissent encore à désirer. M. Briot de la Maillerie dit que le progrès est long, relatif, qu'il faut savoir tenir compte de l'état de chaque pays et encourager les efforts. M. le Rapporteur est de l'avis de M. Briot, il ajoute que si les fabricants ont fait peu aux yeux du Congrès, ils ont fait beaucoup par rapport aux populations, qui commencent à sortir en définitive de leur routine. Une discussion confuse s'établit au sujet de quelques personnes qui auraient exposé tardivement des instruments ; il résulte des explications données par plusieurs membres de l'assemblée qu'effectivement il arrivait encore des instruments lorsque la Commission avait déjà terminé son travail, qu'elle avait cependant retardé de deux jours ; que le délai voulu pour exposer étant expiré depuis le 24, et la Commission ne devant plus se réunir, les retardataires n'avaient pu être compris dans son travail. M. Kerarmel dit que MM. Cloarec de Kervignac et Jiquello de Pluvigner sont de ce nombre, qu'ils avaient l'intention d'exposer de bons instruments. Le Congrès, de qui ces deux fabricants sont connus, rend hommage à leur zèle, à leur activité, et regrette vivement qu'ils soient arrivés trop tard et n'aient pu prendre part au concours. L'ordre du jour appelle le rapport sur le concours des charrues. M. Louis de Saisy, au nom de la Commission, s'exprime ainsi Le jeudi 30 septembre, le Congrès s'est porté sur la ferme de Cantizac, située à 2 kilomètres de Vannes. » Une lice ouverte y attendait les charrueurs. SESSION DE VANNES. 183 » Le tirage au sort des lots de terre, les instructions sur le labour demandé ont précédé le départ, qu'un coup de clairon a sonné. » Trente-huit charrues sont alors parties, et tous les yeux attachés sur elles les suivaient. » Le Congrès remercie les nombreux laboureurs et les habitants de la ville, qui, sous un temps pluvieux et maussade, sont venus témoigner par leur présence de leur intérêt pour les tournois de l'agriculture. » MM. les membres du jury occupaient seuls avec les charrueurs le champ du concours, dont la foule formait le cadre. » L'épreuve a été intéressante, et sur la terre vierge de Vannes signale un progrès que le Congrès doit encourager d'un applaudissement pour ces trente-huit charrueurs ; car si tous n'ont pas été heureux, ils ne pouvaient pas tous l'être. Beaucoup venaient de loin, et, pour des chances risquées, avaient su faire trente lieues. Vous en reconnaissiez quelques-uns à leur costume étranger c'étaient des Cornouaillais. Ceux-ci venaient d'Ille-et-Vilaine; le noble habit de SaintThégonnec attestait vers le Léon les ramifications de l'Association Bretonne. Voici venir d'autres ceintures sous des chupen bleus. Oh ! ceux-là... que les jouteurs y prennent garde! ce sont les fins charrueurs; ils ont à droite de leur attelage un bon cheval, à gauche un localis qui mourra peut-être en route 1 c'est égal. Prenez garde! c'est Rosnoën et le Faou, qui comptent les araires par centaines, et les prix ne les comptent plus. Aussi, voyez avec quelle prévision cette araire a été réglée ; considérez la coupure de cette bande et son renversement qui la laisse entière ; admirez la prudence de cette marche à travers un terrain difficile, qui semble déjà dire que le charmeur vaincra tout si on le laisse faire comme il le veut. Voyez , en finissant, la pureté de cette dérayure ! — Nous demandions un labour d'ensemencement, et les petites araires du Faou avaient une immense difficulté à vaincre. La prudence et l'habileté ont suppléé à tout. Ils étaient venus cinq ; cinq ont eu des prix ; mais à la seconde épreuve, épreuve d'honneur, ils ont laissé passer l'ennemi, et M. Lannezval, Cornouaillais de culture et de famille, enfant du Morbihan par ailleurs, a eu l'honneur de les battre. Honneur à lui et honneur à eux! ! » M. Louis de Saisy déclare les noms des vainqueurs. Voir à la liste générale des lauréats. Les conclusions de son rapport sont adoptées. Le Secrétaire, ROUXEL DE LESCOET. l Le fait est arrivé. ASSOCIATION BRETONNE. PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU DIMANCHE MATIN 2 OCTOBRE. PRÉSIDENCE DE M. DE LA MONNERAYE. La séance est ouverte à sept heures du matin. Sont présents au bureau M de Sesmaisons, M. de Kergorlay, et M. de Langlais faisant fonction de Secrétaire. M. de Pompery donne lecture du procès-verbal de la séance de la veille ; il est adopté. M. Briot de la Maillerie demande qu'il soit accordé une médaille de bronze à M*** 1, minotier, pour avoir établi d'une manière exacte le rendement des grains moulus chez lui. M. de Laferrière lit le rapport de la Commission chargée de l'examen des taureaux. Il fait remarquer que l'exposition des bêtes à cornes a été la plus nombreuse et l'une des plus belles que l'ont eût encore vues dans les Congrès de l'Association. Les jurys ont constaté la présence , sur le champ du concours, de six cent bêtes à cornes appartenant à des types très-divers, mais particulièrement à la petite race du Morbihan. M. de Sesmaisons exprime le désir qu'un livre généalogique soit établi pour les races bretonnes, et voudrait que les comices s'occupassent de la tenue de ce livre. M. de Saisy appuie la proposition de M. de Sesmaisons, et ajoute que pour donner à cette mesure plus d'unité et de force, il serait à désirer que MM. les Préfets en prissent l'initiative et en fissent la recommandation aux présidents des Comices. M. de Laferrière partage l'opinion des préopinants Ce livre, ditil. présenterait un grand avantage aux éleveurs, qui sauraient ainsi où se procurer de bons reproducteurs. 1 L'auteur du procès-verbal n'a pu retrouver sur ses notes, d'une manière exacte, le nom de ce minotier. SESSION DE VANNES. 185 M. Kerarmel demande que le procès-verbal relate que cent cinquante taureaux ont été présentés au concours. Le rapport est mis aux voix et adopté. M. Briot de la Maillerie lit le rapport du jury des vaches laitières. Messieurs, » Rapporteur du jury d'examen, chargé de classer par ordre de mérite les vaches laitières et les génisses présentées au concours, j'ai l'honneur de soumettre à votre approbation le résultat des travaux de ce jury. » Mais avant de vous donner connaissance des choix qui ont mérité l'attention du jury, permettez-moi, Messieurs, de vous dire un mot sur l'ensemble de l'exposition des animaux que vous nous aviez chargés d'examiner. » Sous le rapport du nombre, l'exposition des vaches et des génisses était magnifique plus de deux cent cinquante têtes se sont présentées pour disputer les primes ; et vous concevrez, Messieurs, qu'il a fallu à votre jury beaucoup de temps et de soins pour arriver à un triage consciencieux et juste. » Presque tous les animaux présentés appartenaient à la race bretonne proprement dite ou à ses dérivés ; cependant quelques sujets des différentes races qui peuplent la côte nord y figuraient, et trois ou quatre sujets de la race de Jersey ont été présentés par notre collègue, M. Bernède, de Redon. » Votre jury, à l'unanimité, a reconnu que la race bretonne était celle qui présentait les signes guénon les mieux développés et les plus caractérisés ; aussi la première prime lui a semblé devoir être décernée à une vache bretonne du canton de Vannes. » Après la race bretonne, votre jury a examiné avec beaucoup d'attention une vache de Jersey, présentée par M. Bernède, de Redon. Cette vache, d'une taille un peu plus élevée et d'une charpente qui a de l'analogie avec celle de la race bretonne, présentait aussi tous les caractères d'une excellente laitière elle a obtenu le second rang. » A ce sujet, plusieurs personnes du jury ont exprimé la pensée qu'il serait utile d'essayer sur plusieurs points le croisement de la race de Jersey avec la race bretonne, car ces deux races ont beaucoup d'analogie et semblent sortir d'une souche commune. La race de Jersey, améliorée par une nourriture plus forte, pourrait fournir d'excellents taureaux pour régénérer nos races bretonnes sur certains points. C'est une expérience à tenter, à laquelle le Gouvernement 186 ASSOCIATION BRETONNE. pourrait venir en aide en allouant des fonds aux Comices qui feraient des demandes dans ce but. » Presque toutes les autres primes ont été méritées par la race bretonne pure. » Les génisses présentaient une bien plus grande variété dans les races et sous-races ; aussi votre jury a remarqué que leurs signes caractéristiques pour le lait n'étaient point aussi bien marqués que chez les vaches. » Eu égard au grand nombre d'animaux qui ont été présentés, votre jury d'examen vous propose, Messieurs, d'augmenter de deux le nombre de primes que vous aviez d'abord fixé pour les vaches et les génisses; et si vous voulez bien adopter le travail du jury, les primes seraient alors réparties de la manière suivante. » Suit la liste des primes. Voyez la liste générale. M. de Sesmaisons constate que les vaches de la race bretonne présentent en général, d'une manière très-remarquable, les indices de la production laitière. Le rapport, mis aux voix, est adopté. M. de Pompery donne lecture du rapport de la Commission chargée de l'examen des chevaux. Messieurs, » Votre Commission s'est réunie à l'heure indiquée par le programme, sur le lieu désigné aux prétendants qui se sont disputé les primes offertes par l'Association Bretonne pour l'amélioration de l'espèce chevaline. >> Tous les membres appelés à faire partie du jury chargé de cet examen étaient présents, à l'exception de M. de Lescouët, obligé en ce moment de s'absenter pour remplir d'autres fonctions que la direction lui avait confiées. La Commission s'est constituée en nommant pour son président M. de Saint-Georges, et pour rapporteur M. Th. de Pompery. » Les concurrents se sont présentés au nombre de vingt et un, tous du Morbihan et du Finistère. Cette exhibition serait sans doute minime et laisserait à désirer dans tout autre département que le Morbihan, où l'on s'occupe spécialement de la production du bétail, et seulement comme un accessoire de l'industrie chevaline. >> Néanmoins, les éleveurs du Morbihan ont réalisé des progrès auxquels nous ne saurions trop applaudir; les sujets qu'ils ont amenés devant nous avaient du mérite comme espèce de selle ; mais les con- SESSION DE VANNES. 187 ditions du programme, qui ne nous permettaient pas de nous trop écarter des catégories déterminées dans sa rédaction, nous ont obligés d'exclure, comme étant essentiellement de selle, bon nombre d'animaux dignes d'attention. » Presque toutes les primes ont été enlevées par les éleveurs de l'arrondissement de Morlaix Finistère, et notamment par ceux des environs de Saint-Pol-de-Léon, localité où l'amélioration de l'espèce a tant fait de progrès depuis quelques années. Cependant le Morbihan a obtenu trois primes dans les diverses catégories d'âge. Ce résultat, eu égard aux considérations ci-dessus exposées, est assez beau, et doit encourager les éleveurs morbihannais à faire des efforts pour mériter à l'avenir de plus nombreux succès dans nos concours régionnaux. » Il est à remarquer que la plupart des produits du Finistère qui proviennent du croisement des chevaux de pur sang avec les juments de trait pêchent par leur structure, ou sont affectés de tares fort graves. Les vices de cette seconde sorte nous ont contraints de rejeter au deuxième ou même au troisième rang des chevaux remarquables par leur ensemble et leur conformation. Ces défauts proviennent souvent de la négligence des éleveurs , d'une nourriture insuffisante pendant la période de croissance et des mauvaises dispositions des écuries ; mais n'est-on pas en droit de soupçonner que les accouplements de sujets mal assortis ou disparates , sont aussi pour quelque chose dans ces fâcheuses défectuosités puisqu'on les observe surtout dans les produits des chevaux de sang et des juments du Léon? » Nous reprocherons surtout à ces sujets de manquer de dessous et d'avoir les canons trop grêles, comparativement aux proportions et au poids du corps qu'ils supportent. » Nous croyons que le mal vient de ce que l'Administration des Haras place dans les dépôts destinés à desservir les stations de la Bretagne des étalons de sang trop grêles et trop enlevés. La Bretagne , l'une des régions de la France où l'industrie hippique a acquis le plus de développement et d'importance, semblerait cependant, à ce titre, mériter d'être traitée plus favorablement et mieux partagée en types améliorateurs. >> Il importe, Messieurs, de demander que les étalons de pur sang, destinés à nos départements bretons, soient désormais mieux appropriés à nos besoins, et pourvus des qualités nécessaires pour améliorer réellement notre espèce, seul moyen, d'ailleurs, de remplir le but que poursuit l'Administration des Haras. » En conséquence, nous vous proposons d'émettre le voeu que l'on place des étalons arabes dans les stations de la région sud , comme vous en avez émis l'avis dans vos précédentes discussions ; que les che- 188 ASSOCIATION BRETONNE. vaux de trait destinés à la région nord soient choisis avec plus de soin, légers et bons trotteurs ; enfin que les chevaux de pur sang anglais, qui renouvelleront annuellement le personnel de ces étalons dans les dépôts de Laugonnet et de Lamballe, soient étoffés, compacts, près de terre, c'est-à-dire l'inverse des reproducteurs actuels de cette espèce que possèdent ces établissements. » M. de Saint-Georges cite des faits qui tendent à prouver la défectuosité des étalons achetés par les haras. Le rapport est adopté. M. de Saisy père lit le rapport relatif à l'espèce porcine. Messieurs, » Le jury que vous aviez désigné pour le concours des races porcine et ovine, m'a chargé de vous faire le rapport suivant RACE PORCINE. » Si nous avons été surpris de ne voir qu'un très-petit nombre de reproducteurs de la race porcine , nous avons été dédommagés par le choix des individus. » Neuf verrats fort remarquables ont été présentés au concours. Quatre de ces animaux étaient tellement beaux qu'au premier abord le choix entre eux devenait difficile. Il a donc fallu recourir à l'origine bien constatée , et nous avons cru devoir établir entre eux la classification suivante » D'abord à l'honorable M. Trochu, de Belle-Ile-en-Mer, pour un verrat de race écossaise pure de Coleshill, né le 7 septembre 1851, sur la ferme de Gally, institut de Versailles. » Cette race formée depuis plus de cinquante ans - dit la notice originaire — par lord Batner, est réputée comme donnant, avec une quantité égale de nourriture , plus de viande et de lard d'excellente qualité que n'importe laquelle des autres races anglaises. Son croisement avec nos races françaises produit des animaux remarquables. » Tous les métis de ce croisement, dont un grand nombre a été livré par la ferme de Brute à des éleveurs du canton de Belle-Ile, ont donné à peu de frais, à un an, des animaux d'un poids si élevé et d'une si bonne qualité de viande, qu'on n'en avait jamais vu de pareils jusqu'alors dans le pays. » On peut considérer que le croisement du verrat Coleshill pur avec des truies bretonnes présenterait l'amélioration la plus grande que peut offrir cette race bretonne si défectueuse. SESSION DE VANNES. 183 » En présence d'une telle attestation , le jury demande une distinction hors ligne, et qu'il soit décerné une médaille d'argent de 1re classe à M. Trochu. » La première prime appartiendrait à M. Cormier, cultivateur de la commune de Lanrodan, canton de Plouay, pour un très-rare verrat anglo-saxon. » M. Trochu a aussi présenté un verrat métis né le 28 janvier dernier, provenant du croisement de celui de Coleshill avec une truie de Craon. » Ce croisement prouve une fois de plus ce qui a été dit à ce sujet dans la discussion sur l'espèce porcine, à savoir qu'aucun croisement n'est plus avantageux que celui des races anglaises. Et à ce sujet, qu'il me soit permis d'exprimer le regret qu'un pareil croisement anglo-craonnais , que je comptais présenter au Congrès, soit mort en s'y rendant. Cet animal était une vraie curiosité en ce genre. M. l'inspecteur général d'agriculture de Sainte-Marie le vit, et s'est récrié sur sa grande beauté et sa monstruosité. Il avait eu la première prime au Congrès de Saint-Brieuc , où il ne manquait pas de produits remarquables en ce genre ; et quoiqu'il appartînt à M. de Ploësquellec, à cette époque, il provenait d'un couple de gorins que j'avais donné à M. de Parceveau, l'un de mes amis. Je mettais mon amour-propre , mon honneur à vous le présenter, parce que je suis l'introducteur des deux races anglo-saxonne et craonnaise dans le département des Côtes-du-Nord , et la maladresse de son conducteur ou la fatalité m'a privé de cet avantage; pardon de cette digression. J'aurais été trop fier ; car sans exagération , il pesait plus du double du plus fort verrat du concours de Vannes. Dieu ne l'a pas voulu Sic transit gloria mundi. » La deuxième prime est proposée en faveur de M. Rondeau, de Réminiac Morbihan, pour un verrat craonnais d'une grande beauté. » Enfin la troisième prime est proposée en faveur de M. Talbot Henri, propriétaire à Pont-Sal, commune de Plougoumelen. » Mentions honorables à MM. le marquis de Robien, de Quintin Côtesdu-Nord, pour deux verrats, l'un de race anglo-saxonne , l'autre de race craonnaise ; le Mée, d'Argentré Ille-et-Vilaine, pour un verrat anglo-craonnais, et encore M. Trochu , pour son métis écossocraonnais. » Il a aussi été exposé deux truies de races craonnaise fort belles, et une truie de la race du pays. Enfin le sieur le Blévenec, de la ville de Vannes, a présenté deux truies et un porc pour la boucherie. Ces trois animaux étaient très-gras ; mais le programme ne mentionne pas de primes pour cette catégorie. Néanmoins le jury prie le Congrès d'adresser des remercîments à M. le Blévenec pour les renseignements qu'il a fournis à l'appui de l'exhibition de ces trois animaux. 190 ASSOCIATION BRETONNE » D'après un certificat du receveur de l'abattoir Le porc , âgé de quinze mois, pèse. 154 kilo. Une truie âgée d'un an 137 Et l'autre truie. . 127 Total. ...... 418 RACE OVINE. » Sur une vingtaine de béliers présentés au concours, les trois appartenant aux sieurs Budet Thomas du Feil, près Quintin Côtesdu-Nord, le Mée, d'Argentré Ille-et-Vilaine, pour deux béliers de race Dishley, et Derrien, de Lennon Finistère, pour un bélier croisé Dishley, ont été jugés dignes d'être primés dans l'ordre suivant, que je viens d'établir, c'est-à-dire la première prime à M. Budet, la deuxième à M. le Mée, la troisième à M. Derrien. Mentions honorables. MM. Thuffigo, de Ploemel ; J. Baron, de Brec'h; Ars, de Ploudrin. » On ne saurait trop recommander l'introduction des béliers anglais dans nos troupeaux de chétifs moutons. Je citerai un exemple frappant de la modification subite qu'ils y apportent, et je puis en affirmer l'exactitude, puisque j'en ai fait moi-même l'expérience c'est que des brebis , ne pesant en moyenne que vingt-deux kilogrammes, m'ont donné des produits qui, à un an , en pesaient quarante-six ; que la proportion de la laine a été triplée et d'une qualité infiniment supérieure. La viande aussi était plus tendre, plus grasse et plus succulente. » Le Rapporteur, » Comte de SAISY. » Ce rapport est mis aux voix et adopté. M. de Sesmaisons énumère en quelques paroles les travaux des Commissions, des Inspecteurs, et demande que des remercîments soient votés à ceux des membres de l'Association qui ont pris part à ces travaux, à MM. les rapporteurs, et à M. Augustin, qui a fait en peu de jours une tournée d'exploration longue et difficile. Cette proposition est adoptée à l'unanimité. M. de Pompery rappelle la sollicitude et le dévouement avec SESSION DE VANNES. 191 lesquels les membres de la Direction s'acquittent de leur mission difficile et laborieuse ; il demande que des remercîments leur sont adressés. L'Assemblée accueille avec une vive sympathie cette proposition, qui est votée par acclamation. M. le Directeur de l'Association prie l'Assemblée de se réunir dans la salle des séances à onze heures et demie, pour se rendre en corps à la distribution des primes qui doit avoir lieu à midi, sur la promenade du port. Le membre faisant fonction de secrétaire, A. DE LANGLAIS. 192 ASSOCIATION BRETONNE. EXPOSITION ET CONCOURS. I. C'était le 1er octobre qu'avait lieu le concours qui termine chaque année le Congrès de l'Association Bretonne. Déjà depuis plusieurs jours les salles de l'ancien collége des jésuites à Vannes avaient été ouvertes aux concurrents pour y organiser leurs expositions particulières, et la vaste cour qui servait comme de vestibule présentait l'aspect le plus animé là, dans cette foule bigarrée d'hommes et de femmes, ouvriers, militaires, écclésiastiques, cultivateurs au vêtement pittoresque et au langage étrange, allaient, venaient, parlaient avec un intérêt égal, et se groupant en mille manières, donnaient à cette vieille cour monastique la vie et un peu de la couleur d'un bazar oriental. Là, les mécaniciens de Rennes, de Nantes, de Kervignac, etc., avaient réuni les instruments les plus perfectionnés de la pratique agricole araires, tarares, hacheajoncs, coupe-racines, machines à battre par la vapeur ou le manége, etc.... Chaque matin, Vannes était réveillée par le sourd roulement de ces rudes ouvrières qui égrenaient le seigle par charretées. Neuf portes s'ouvrant sur les côtés de la même cour, conduisaient aux différentes salles ici c'étaient des pyramides de choux, de navets, de carottes ; là des gerbes de blé, de chanvre, de lin , des monceaux de pommes de terre , ou chaque espèce , chaque procédé d'amélioration était distincts ; plus loin c'était une salle élégament transformée en serre chaude par les jardiniers de Vannes , où des fruits magnifiques aux jaunes couleurs, à la peau rose et veloutée, s'étalaient aux pieds de petites forêts d'arbustes en leurs. A côté des agriculteurs et des jardiniers, les industriels bretons, eux aussi, avaient leur exposition des glaces, des étoffes, des fers et des cuirs bruts ou ouvrés , de fines broderies, et les mille SESSION DE VANNES. 193 variétés de l'industrie remplissant trois vastes salles, témoignaient de l'intérêt et de l'action produite par l'Association Bretonne dans toutes les branches des industries locales. Enfin, pour que rien ne manquât dans cette exposition, une salle avait été donnée à l'archéologie ; les morts avaient leur place à côté des vivants. Ici tout change de caractère, plus rien qui rappelle la vie facile, les arts amollis, et les idées riantes de la paix. La vieille et belliqueuse terre du Morbihan a été fouillée, et son sein de granit n'a donné que des armes et des tombeaux. C'est ici le temple de la mort et de la guerre, et quelle guerre ! Non pas la Bellone affadie et gracieuse des Grecs et des Romains, la guerre devenue déesse et femme , mais la guerre titanique indomptable comme le sauvage, et forte comme un Dieu, cette guerre qu'Homère n'a jamais vue , et qui est restée comme un mythe mystérieux dans les traditions du monde. Parcourons l'exposition de Vannes là point de fer, cette arme des peuples affaiblis de la pierre et de l'or ! C'est dans le roc dur qu'ont été creusées ces haches pesantes, ces lourds celtae, ces couteaux affilés comme l'acier, ces colliers d'honneur dont les grains polis ornaient la poitrine des héros ; c'est dans le granit et sous les sombres allées des tombeaux de ce peuple géant qu'ont été tracés ces signes mystérieux, ces dessins incompris dont le fac-simile a été dessiné et exposé par les archéologues du Morbihan. Dans cette salle farouche et guerrière, le sentiment invincible d'un passé de mystères et de grandeurs inconnus vous saisissait à l'âme ; l'imagination se plaisait à rêver des géants, et tous passaient silencieux et à pas lents devant les débris et les restes de cet âge aux lueurs fantastiques ! II. Mais midi sonne ; c'est l'heure où les animaux accourus de tous les points de la Bretagne se réunissent sur les quais du port. Rangés en longues files , classés par espèce et par race , ils forment une haie vivante entre les allées d'arbres de la promenade. Les commissaires, le ruban à la boutonnière, le calepin et le crayon en main, passent, repassent, examinent, discutent ; le choix est 13 194 ASSOCIATION BRETONNE. long, car grand est le nombre des concurrents et la supériorité difficile à saisir. Toutes les races de la Bretagne, tous les essais d'amélioration ont leurs types dans ce vaste concours étalons, boeufs, vaches, taureaux , verrats, béliers sont là au nombre de 641 ; jamais exhibition n'avait été aussi nombreuse en Bretagne. Par là on peut juger l'influence de l'Association sur la province depuis qu'elle a commencé ses pérégrinations bienfaisantes, à chacun de ses pas elle est descendue plus profondément dans le coeur des races agricoles, et son cortége a traversé nos villes toujours plus nombreux et plus populaire. Ses immenses concours sont peut-être ce qui a le plus contribué à ce résultat, non pas tant par l'action des primes que par l'effet incalculable de cet énorme parcours, qui chaque année sur toutes les routes de Bretagne s'établit sous les auspices de l'Association. Ce va-et-vient de tous les animaux de choix de la province excite une curiosité et un intérêt immenses chez les cultivateurs c'est une prédication ambulante et muette à laquelle le pays ne peut échapper, car il ne s'en défie pas ; aussi à Vannes le dernier concours est le plus nombreux. A quatre heures les Commissions ont terminé leur travail, les animaux quittent les allées du port et regagnent lentement leurs étables au milieu de la foule empressée et curieuse. Le Secrétaire, PAUL DE SAISY. SESSION DE VANNES. 193 SÉANCE DE DISTRIBUTION SOLENNELLE DES PRIMES, LE DIMANCHE 2 OCTOBRE. Au milieu de la promenade du port, sous ces beaux arbres où la veille s'était faite l'exhibition des animaux, s'élevait une tente élégante pavoisée de rubans aux mille couleurs, ornée d'emblèmes agricoles, de gerbes et d'instruments gracieusement groupés c'était là que devait avoir lieu la distribution des primes, c'était là que l'Association Bretonne devait se réunir pour la dernière fois avant de quitter Vannes. Le soleil, qui était resté voilé pendant presque toute la durée du Congrès, avait pour le dernier jour percé son voile de nuages, et les rayons à travers les feuilles jetaient sur cette réunion suprême un gai reflet de fraîcheur, de vie et de lumière. Déjà les estrades que la tente abrite de son toit mobile sont remplies M. le préfet du Morbihan, M. le maire de Vannes, MM. de Sesmaisons, de Kergorlay, de Champagny, de Lamonneraye, président du Congrès, occupent leurs fauteuils autour d'une table verte où sont déposés l'argent, les livres et les fleurs qui composent les primes. Autour d'eux sont groupés le R. Père Pillon, supérieur du collége de Saint-François-Xavier; MM. de Saint-Georges, de Saisy. Kerarmel, Rioust de l'Argentaie, de Pompery, Taslé, de Laferrière, etc. Au pied de l'estrade trop petite, à droite et à gauche, se massent les autres membres de l'Association Bretonne. Devant la tente une enceinte avait été réservée pour les dames de bonne heure toute la population féminine de la ville et des environs, gracieuse, élégante, sympathique, l'avait remplie pour applaudir de ses blanches mains aux rudes travaux du peuple laboureur derrière elles, tout un peuple se pressait, qui avait quitté, les uns l'atelier, les autres les champs, celui-là sa barque et ses filets, pour assister à une fête sans précédents pour eux, dans 196 ASSOCIATION BRETONNE. laquelle plus de 15,000 francs allaient récompenser le travail et l'intelligence sur tous les points de la Bretagne. A midi la séance est ouverte par un discours dans lequel M. de Lamonneraye. président du Congrès, remercie la ville de Vannes et les autorités du Morbihan pour le concours bienveillant qu'ils ont prêté à l'Association ; il rappelle aussi que Vannes, la vieille ville des États, est le berceau de nos Congrès. Petite, faible, inconnue à sa naissance, l'Association Bretonne en était sortie hardiment et revenait, après dix ans de pérégrinations, grande, forte, populaire, se mesurer à son berceau et pour ainsi dire reprendre une force nouvelle en touchant la terre où elle est née. A peine les applaudissements qui accueillent ce discours ont-ils cessé, que la distribution des primes commence. Les animaux primés défilent l'un après l'autre devant la tente; leurs têtes sont fleuries de bouquets ; les conducteurs s'éloignent la main pleine d'argent et le visage joyeux. Mais, hélas ! pendant que tous les yeux suivent cette curieuse promenade, un nuage s'est amoncelé sombre dans le bleu du ciel, il est au-dessus de la foule ; tout à coup il crève et laisse tomber de ses flancs ouverts une lourde trombe d'eau que chacun cherche à fuir. La tente est envahie, les dames s'y précipitent, implorant un petit coin de son toit bientôt traversé par les eaux. La séance est un instant suspendue ; mais bientôt le ciel redevient pur, la distribution recommence, et s'achève au milieu des applaudissements qui saluent les vainqueurs. Tel fut le dernier jour du onzième Congrès de l'Association Bretonne. Le Secrétaire, PAUL DE SAISY. SESSION DE VANNES. 197 PRIX DE L'ASSOCIATION BRETONNE. Première division. CONCOURS D'ANIMAUX REPRODUCTEURS. ESPECE BOVINE. PREMIÈRE CLASSE. Taureaux de la race de la Basse-Bretagne au-dessus de 18 mois. fr. 1er prix. M. GOELO Jean-Marie, de Ploemeur, arrondissement de Lorient. 250 2e prix. M. LORIQUET, de Péaule, arrondissement de Guingamp Côtes-du-Nord. 200 3e prix. M. GUILLERMÉ Yves, de Carhaix Finistère. 150 4e prix. M. le comte DEFOURNAS, d'Arzano, arrondissement de Quimperlé Finistère. 100 1re mention honorable. M. LOHÉ Jean, de Saint-Avé, arrondissement de Vannes. 2e id. M. DROAL Jean, d'Erqué-Armel, arrondissement arrondissement Quimper Finistère. DEUXIÈME CLASSE Taureaux de toutes races au-dessus de 18 mois. 1er prix. M. BONNEMANT, de Treulan en Pluneret, arrondissement de Lorient. 250 2e prix. M. LEMÉE, d'Argentré Ille-et-Vilaine. 200 3e prix. M. le marquis DE ROBIEN, de Fosil Côtes-du-Nord. 150 4e prix. M. RADLT Jean-Marie, de Quillio Côtes-du-Nord. 100 198 ASSOCIATION BRETONNE. Prix offerts par Madame de Madec, en mémoire de M. de Madec, ancien trésorier de l'Association Bretonne. fr. 5e prix. M. LE BRAS Jean-Marie, de Saint-Thégonnec, arrondissement de Morlaix Finistère. 90 6e prix. M. LE MORVAN Yves-Marie, de Ploaret Côtes-du-Nord. 70 TROISIÈME CLASSE. Taureaux de races quelconques, de 1 an à 18 mois. 1er prix. Frère JULES, à la Chartreuse d'Auray, arrondissement de Lorient. 50 2e prix. M. BERTHOIS, juge do paix, de Vannes. 50 3e prix. M. GUITTENY, de Vannes. 50 4e prix. de Saint-Martin des Prés Côtes-du-Nord. 50 1re mention honorable. M. LOUET Jean, de Caden, arrondissement de Vannes. 2e id. M. ROCHARD Yves, de Trévé Côtes-du-Nord. QUATRIÈME CLASSE. Boeufs gras. 1er prix. M. LE MOING, d'Inzinzac, arrondissement de Lorient. 80 2e prix. M. LE CoRRE Pierre, de Sulniac, arrondissement de Vannes. 70 3e prix. M. LE ROHELLEC Louis, d'Arradon, arrondissement de Vannes. 50 CINQUIÈME CLASSE. Vaches laitières de 3 à 8 ans. 1er prix. M. GUITTENY, du Vannes. 50 2e prix. M. BERNÈDE, de Redon Ille-et-Vilaine. 40 3e prix. M. BAUCHER, de. Vannes. 30 4e prix. M. HERVIO, de Vannes. 20 5e prix. M. CAUZIC, de Crach , arrondissement de Lorient. 15 SIXIÈME CLASSE. Génisses ayant au moins 1 ans. ler prix. M. LE GUERNEVÉ Germain, de Vannes. 45 2e prix. M. ALANIOU, de Séné, arrondissement de Vannes. 35 SESSION DE VANNES. 193 fr. 3e prix. M. LOHÉ, de Saint-Avé, arrondissement de Vannes. 25 4e prix. M. MALERO, de Camors, arrondissement de Vannes. 15 5e prix. M. ROUSSEAU, de Pluherlin, arrondissement de Vannes. 10 ESPÈCE CHEVALINE. Étalons de trait et à deux fins. PREMIÈRE CLASSE, de l'âge de 3 à 4 ans. 1erprix. M. MOAL Philippe, de Plouénan, arrondissement de Morlaix Finistère . 250 2e prix. M. TANGUY Yves, de Plougoulm, arrondissement de Morlaix Finistère. 200 3e prix. M. LE DOUARIN, de Séné, arrondissement de Vannes. 100 DEUXIÈME CLASSE, de l'âge de 2 ans et demi à 3 ans. 1er prix. M. LE PENNEC Jean, de Prat, arrondissement de Lannion Lannion Côtes-du-Nord. 250 2e prix. M. ROBO, de Vannes. 200 3e prix. M. LEJEUNE Vincent, de Sibiril, arrondissement de Morlaix Finistère. 100 ESPÈCE PORCINE. Verrats de toute race, de moins de 2 ans et demi. Médaille d'argent de 1re classe, distinction hors ligne. M. TROCHU, de Belle-lle-en-Mer, arrondissement de Lorient. 1er prix. AI. CORMIER, de Lanrodon, arrondissement de Lorient. 80 2e prix. AL RONDEAU, de Riminiac, arrondissement de Ploërmel. 70 3e prix. M. TALBOT, de Pont Sal, arrondissement de Lorient. 50 1er mention honorable. M. le marquis DE ROBIEN, de Fosil Côtesdu-Nord. 2e id. M. LEMÉE, d'Argentré Ille-et-Vilaine. ESPÈCE OVINE. Béliers de toute race. 1er prix. M. BUDET Thomas, du Faeil Côtes-du-Nord. 80 2e prix. M. LEMÉE, d'Argentré Ille-et-Vilaine. 70 3e prix. M. DERRIEN , de Lennon , arrondissement de Châteaulin Finistère. 50 200 ASSOCIATION BRETONNE. fr. 1re mention honorable. AI. THUFIGO, de Ploemel, arrondissement de Lorient. 2e id. M. BARON Jean, de Brech, arrondissement arrondissement Lorient. 3e id. M. ARS, de Plaudren, arrondissement de Vannes. Deuxième division. PRODUITS VÉGÉTAUX. Collections de végétaux. MM. DE MAUDUIT, à Moëlan, arrondissement de Quimperlé Finistère. — Une mention hors ligne, une médaille d'argent de 1re classe et 50 PHILIPPE KERARMEL, ancien trésorier de l'Association Bretonne, de Lorient. — Une mention hors ligne, une médaille d'argent de 1re classe et 50 TROCHU, de Belle-Ile, arrondissement de Lorient. —Une médaille d'argent de 1re classe. Comte DE LAFERRIÈRE, au château de Coathuan, en Bréhan-Loudéac, arrondissement de Ploërmel. — Une médaille d'argent de 1re classe. Betteraves. MAL GUYOT, d'Auray, arrondissement de Lorient. 40 JOUAN , de Ploeren, arrondissement de Vannes. 25 Frère JULES , de la Chartreuse, arrondissement de Lorient. — Une médaille de bronze. MORET, de Rosnoën, arrondissement de Châteaulin Finistère. 15 Navets et rutabagas. MM. DANION, de Kerfunteun, arrondissement de Quimper Finistère . 30 MORET, de Rosnoën, arrondissement de Châteaulin Finistère . 25 DAVID , de Surzur, arrondissement de Vannes. 15 SEPT-LIVRES père, de Séné, arrondissement de Vannes.— Une mention honorable. DANIEL , de Vannes. — Une mention honorable. Rio, de Vannes. — Une mention honorable. SESSION DE VANNES. 201 fr. Carottes fourragères. MM. BERNARD-BRETON, de Saint-Thégonnec, arrondissement de Morlaix Finistère. — Une médaille d'argent de 2e classe. ROUSSEAU, de Crach, arrondissement de Lorient. 25 JOUAN , de Ploeren, arrondissement de Vannes. 10 MERY, de Guivarch, arrondissement de Vannes.—Une mention honorable. Panais. MM. KERNOAS, de Rosnoën, arrondissement de Châteaulin Finistère. 30 GUIVARCH, de Roscoff, arrondissement de Morlaix Finistère. 10 Choux fourragers. MM. LE FÉVRIER, de Talhoët en Lantillac, arrondissement de Ploërmel. — Une médaille d'argent de 2e classe. CALLO , de Saint-Avé, arrondissement de Vannes. 20 BOURSICAUT, de Vannes. — Une mention honorable. MARTIN, de Saint-Nolff. — Une mention honorable. Choux potagers. MM. DANNION, de Kerfunteun, arrondissement de Quimper Finistère. — Une médaille d'argent de 2e classe. GUYOT, d'Auray, arrondissement de Lorient. 20 BOUCHER , de Séné, arrondissement de Vannes. 10 LE MENACH, de Séné, arrondissement de Vannes.— Une mention honorable. Pommes de terre. MM. SALUDEN, de Landerneau, arrondissement de Brest Finistère. — Un rappel de médaille. TOULMONT, président du comice agricole de Pont-Labbé, arrondissement de Quimper Finistère. — Une médaille d'argent de 2e classe. CALLOCH , de Biscomte en Plouhinec, arrondissement de Lorient. 40 BONAMY, de Saint-Brieuc Côtes-du-Nord. — Une médaille de bronze. Oignons et artichauts. MM. BOSCHER, de Séné, arrondissement de Vannes. 15 GUIVARCH, de Roscoff, arrondissement de Morlaix Finistère. 10 202 ASSOCIATION BRETONNE. L'Hospice de Vannes. — Une mention honorable. M. GALLOCH, de Biscomte, en Plouhinec, arrondissement de Lorient. — Une mention honorable. Citrouilles. MM. PICAUD , de Theix. — Poids de 62 kilog. 15 LE GUYAUX , de Crach, arrondissement de Lorient. — Une mention honorable. JOUAN, do Ploeren, arrondissement de Vannes. — Une mention honorable. CÉRÉALES. MM. QUERRET Hugues, de Ploujean, arrondissement de Morlaix Finistère. — Une médaille d'argent de 1re classe et mention hors ligne. SALLIOU , de Penvenan , arrondissement do Lannion Côtesdu-Nord. — Une médaille d'argent de 2e classe. DE LANGLAIS, de Kervert en Saint-Gildas, arrondissement de Vannes. — Une médaille d'argent de 2e classe. SEPT-LIVRES père, do Séné, arrondissement de Vannes. — Une médaille d'argent de 3e classe. LE DOUARIN , de Séné, arrondissement de Vannes. 40 LERIDAN, de Vannes. 30 TOULMONT, de Plobannalec, près Pont-Labbé, arrondissement de Quimper Finistère. — Une mention honorable. GUILLAUME, président du comice agricole de Questembert, arrondissement de Vannes. — Une mention honorable. BERNARD-BRETON, de Saint-Thégonnec, arrondissement de Morlaix Finistère. — Une mention honorable. LAENNEC et DAVID, minotiers à Pontaven, arrondissement de Quimperlé Finistère, ont obtenu, chacun, une médaille de bronze pour leurs expériences sur le rendement en farine des blés exposés à Vannes, par M. de Mauduit, de Moëlan. PLANTES TEXTILES. Chanvres. M. RICHARD, de Séné, arrondissement de Vannes. 25 La commune de Theix, arrondissement de Vannes. 15 SESSION DE VANNES. 203 Lins. MM. QUERRET Hugues, de Ploujean, arrondissement de Morlaix Finistère. — Une médaille d'argent de 3e classe. DURAND, de Tréguier, arrondissement de Lannion Côtes-duNord. — Une médaille de bronze. Troisième division. BONNE CULTURE, DÉFRICHEMENTS, DESSÉCHEMENTS, SEMIS, PLANTATIONS, DRAINAGE, IRRIGATIONS. Médailles d'argent de 1re classe. MM. le comte DE LAFERRIÈRE , au château de Coathuan, en BréhanLoudéac, arrondissement de Ploërmel, membre du Conseil général. AVROUIN , père, receveur général, à Vannes. PEYRON Sylvain, négociant et agriculteur, à Quimperlé Finistère , pour Guiscriff, arrondissement de Napoléonville. DE LA BUHARAYE, au château de Calac, en Plumelec, arrondissement de Ploërmel. CAUZIQUE , près Auray, arrondissement de Lorient. SEPT-LIVRES père, à Séné, arrondissement de Vannes. Médailles d'argent de 2e classe. MM. HERVÉ , président de la Société d'agriculture de l'arrondissement de Napoléonville. Le vicomte DUNODAY, conseiller général, au château de Penhoël, en la Croix-Helléan, arrondissement de Ploërmel. GUILLAUME , président du comice agricole de Questembert, arrondissement de Vannes. DE PLUVIER , à Plouay, arrondissement de Lorient. Médailles d'argent de 3e classe. MM. LE ROY, maire de Muzillac, arrondissement de Vannes. DE PARCIEUX , père, à Plaisance, en Saint-Avé, arrondissement de Vannes. TALBOT, au château de Pont-Sal, en Plougoumelen, arrondissement de Lorient. 204 ASSOCIATION BRETONNE. MM. DELOZE, directeur de la Ferme-École de Saint-Gildas-des-Bois Loire-Inférieure, pour les Greffins, en Ruffiac, arrondissement de Ploërmel. Médailles de bronze. MM. LE FÉVRIER, au Talhoët, en Lantillac, arrondissement de Ploërmel. BARGAIN aîné, notaire et agriculteur, au Faouët, arrondissement de Napoléonville. DE LANGLAIS, à Kervert, en Saint-Gildas, arrondissement de Vannes. CARIS, à Kergurion, en Plaudren, arrondissement de Vannes. MADEC, percepteur des contributions directes , à Elven. PATENAILLE , à Grand-Champ, arrondissement de Vannes. DAVY, père, à la Ville-Ferrée, en Campénéac, arrondissement de Ploërmel. LELGOUACH, contre-maître des Bugues, en Meslan, arrondissement de Napoléonville. JOUADÉ père, contre-maître de Cantizac, en Séné, près Vannes. GÉRARDIÈRE, contre-maître des Greffins, en Ruffiac, arrondissement de Ploërmel. MM. LANNEVAL Jean , fermier de Tronjoly, en Gourin, arrondissement de Napoléonville. — Une mention hors ligne et 150 BELLER Patern, propriétaire à Bieuzy, arrondissement de Napoléonville. 100 GALLOCH, de Biscomte, en Plouhinec, arrondissement de Lorient. 100 DÉMÉ, fermier du Petit-Borne, en Ambon et Muzillac. 100 DAVID, de Blavasson, en Surzur, propriétaire et domanier. 60 Métayers de M. de Laferrière, 150 fr., savoir Mme veuve RENARD et enfants, à Coathuan, en Bréhan-Loudéac, arrondissement de Ploërmel. 50 MM. BAYON Mathurin, à Laferrière, arrondissement de Ploërmel 50 LE CLINCHE Etienne, au Bas-Clécouët, arrondissement de Ploërmel. 50 Métayers de M. Deloze, aux Greffins, en Ruffiac, arrondissement de Ploërmel, 140 fr., savoir MM. LEPINAY Laurent. 50 LÉPINAY Pierre. 50 RAVARD Jean. 40 Métayers de M. Dunoday, 100 fr., savoir PICARD Jean, au Digouët, en la Croix-Helléan, arrondissement de Ploërmel. 50 SESSION DE VANNES. 203 fr. MM. PREDECEILLE Ange, au Digouët, en la Croix-Helléan. 50 Métayers de M. de la Buharaye, 100 fr., savoir BROUXEL François, de Kerdaneven, en Plumelec, arrondissement de Ploërmel. 50 GAZIO Pierre, de Bellevue, en Plumelec. 50 EDY Louis, de Kerbeller, en Pluméliau , arrondissement de Napoléonville. 50 LE GALL René, fermier au Haut-Talhoët, en Lantillac, arrondissement de Ploërmel. 40 LE GENTIL Louis, fermier au Talhoët, en Lantillac, arrondissement de Ploërmel. 40 GRIGNON Pierre-Marie, fermier de Kergurion, en Plaudren , arrondissement de Vannes. 40 BAFOIN Pierre, métayer des Barges, en Pénestin, arrondissement de Vannes. 40 ROUSSEL , métayer du Hinlin, en Pénestin, arrondissement de Vannes. 40 HAROUIS Louis, domanier au Polastre, en Plescop, arrondissement de Vannes. 40 JOB Daniel, fermier de Kergo, en Ploemel, arrondissement de Lorient. 40 LE CLERC Joseph, métayer de M. le Roy, à Muzillac, arrondissement de Vannes. 40 GOUPIL Pierre, fermier de Lannouët, en Ambon , arrondissement de Vannes. 40 COUGOULIC, meunier, au Nedo, en Plaudren, arrondissement de Vannes. 40 Mentions honorables. MM. LE CORFF François, de Saint-Jean-Brévelay, arrondissement de Ploërmel. LE TOQUIN Marin, au Mené, en Bignan, arrondissement de Ploërmel. LE RALLIÉ Jean-Louis, au Quelvent, en Bignan, arrondissement de Ploërmel. PEDRONO Pierre, au Naud, en Bignan, arrondissement de Ploërmel. LE MOGUEDEC, au Mené, en Bignan, arrondissement de Ploërmel. LE BRAZIDEC René, à Cozcastel, en Bignan, arrondissement de Ploërmel. GUILLEMET Julien, à Kerbiquet, en Bignan. arrondissement de Ploërmel. 206 ASSOCIATION BRETONNE. MM. DRÉANO Jean-Louis, au Reste, en Bignan, arrondissement de Ploërmel. CAUDAL François, du Govezo, en Saint-Jean-Brévelay, arrondissement de Ploërmel. LE ROCH, de Kernicol, en Saint-Jean-Brévelay, arrondissement de Ploërmel. LEMAY Augustin, au bourg de Saint-Allouestre, arrondissement de Ploërmel. ROBINOT, adjoint, à Guenestre, arrondissement de Ploërmel. ROBERT, contre maître de Kermarc, au Hézo, arrondissement de Vannes. HENRY, père, contre-maître de la Chesnaie, en Arradon, arrondissement de Vannes. GRIGNON , fils aîné, aide-fermier à Kergurion, en Plaudren, arrondissement de Vannes. HENRY, fils, à Kerthomas, en Ploeren, arrondissement de Vannes. LORHO Marc, au Boizy, arrondissement de Vannes. SEPT-LIVRES fils, en Séné, arrondissement de Vannes. DE PARCIEUX fils, à Plaisance, en Saint-Avé, près Vannes. CONCOURS DE CHARRUES. 1re épreuve. fr. MM. BERNARD-BRETON, de Saint Thégonnec, arrondissement de Morlaix Finistère. 90 KERHOAS François, de Rosnoën, arrondissement de Châteaulin Finistère. 75 NEDELLEC Charles, de Quimerch, arrondissement de Châteaulin Finistère. 65 LANNEVAL Jean, de Gourin, arrondissement de Napoléonville. 55 RICHOU Yves, de Lopérec, arrondissement cle Châteaulin. 45 MORÉ Gabriel , de Rosnoën, arrondissement de Châteaulin. 35 CORNEC Louis, du faou , arrondissement de Châteaulin. 25 BOTHEREL Patera, de Trussac, près Vannes. — Une mention honorable. DANION Jean, à Kerfeuntenn, arrondissement de Châteaulin Finistère. — Une mention honorable. SESSION DE VANNES. 207 2e épreuve Epreuve d'honneur. fr. Al. LANNEVAL Jean, de Gourin. — Premier prix, médaille d'argent de première classe et 10 M. NEDELLEC, de Quimerch, arrondissement de Châteaulin. — Une médaille de bronze et 10 Cinquième division. MACHINES ET INSTRUMENTS PERFECTIONNÉS. Médailles d'argent de 1re classe. MM. LOTZ fils aîné, de Nantes. — Pour ses machines à battre les grains et à teiller le ch nvre, son pressoir à vis. BODIN , des Trois-Croix, près Rennes. — Pour charrues. FERDINAND, de Guer, arrondissement de Ploërmel. — Pour charrues. Médaille de 2e classe. M. HOCHET, de Malestroit, arrondissement de Ploërmel. — Pour une charrue. Médailles de 3e classe. MM. GUILLOUZIC, de Questembert, arrondissement de Vannes. — Pour charrue à avant-train, petit modèle. STÉPHAN Julien, près Hennebont. — Pour moulin à broyer la vase de mer et les coquillages. Médailles de bronze. MM. ANEZO, de Béganne, arrondissement de Vannes. — Pour un soc et un coutre. LHUIMÉ , de Rochefort. — Pour barattes en bois. Le comte DE LAFERRIÈRE, à Coathuan , en Bréhan-Loudéac. — Pour une faux pour les céréales et un fauchat pour les ajoncs. VALLIOT, de Nantes. — Pour doux séries de mesures de capacité en bois. Mentions honorables. MM. BLANCHE, de Josselin Morbihan. — Pour une charrue. DUGAIN. — Pour barattes en bois. 208 ASSOCIATION BRETONNE. PRIMES DÉCERNÉES PAR LES SOCIETES D'AGRICULTURE ET D'HORTICULTURE DE VANNES A L'OCCASION DU CONGRÈS. Agriculture. Primes aux domestiques de ferme. fr. 1re prime. Mlle BOCHET Périne, de Rieux. - 40 ans de service. 30 2e prime. Mlle GUINT Marie, de Saint-Martin.—38 ans de service 25 3e prime. M. POTIER Yves, d'Allaire. — 37 ans de service. 20 4e prime. M. ROLLO Joseph, de Saint-Martin.—34 ans de service. 15 5e prime. M. HUERMAN Julien, de Theix. — 33 ans de service. 15 6e prime. La femme HAMON Joseph, do Séné.—33 ans de service. 15 7e prime. GAUTHIER Mathurine, de Theix. — 33 ans de service. 15 Froments d'hiver. 1re prime. M. BRIEN Hippolyte,de Cliscouët,commune de Vannes. 30 2e prime. Jean Pierre, de Cliscouët, commune de Vannes. 15 3e prime. M. DAVID Pierre, de Blavasson, commune de Surzur. 15 AI. SEPT-LIVRES, de Séné. — Une mention honorable. Plantes fourragères et racines pour les bestiaux. 1re prime. M. SEPT-LIVRES, de Séné. — Pour l'ensemble de ses cultures fourragères et potagères. 30 2e prime. M. HEURY, de Kerthomas, en Ploeren. — Pour l'ensemble de ses cultures fourragères et alimentaires. 25 3e prime. M. LE BIHAN Pierre, de Roguédas, en Arradon. — Pour ses betteraves. 20 4e prime. M. CÉLIRERT Henri, du Bondon, en Vannes. — Pour ses rutabagas. 20 5e prime. M. ALLANO Guillaume, de Bernus, en Vannes. — Pour ses choux. 15 6e prime. M. LOTHODÉ, de Kerglas, en Saint-Nolff. — Pour ses betteraves. 10 SESSION DE VANNES. 209 Plantes alimentaires pour l'homme. fr 1re prime. Mme Veuve Rozo, de Séné. — Pour ses belles pommes de terre. 15 2e prime. M. BÉVEN Joachim, de Vannes. — Pour ses betteraves. 15 3e prime. M. TRÉNEAU, de la Magdeleine. — Pour l'ensemble de ses légumes. 15 4e prime. M. BOTHEREL, de Trussac — Pour l'ensemble de ses légumes. 5 5 5e prime. AI. CAUDAL, du Bondon. — Pour ses carottes, 10 6e prime. Ai. PÉRONE Jean-Marie, de Vannes.—Pour ses oignons. 5 0 7e prime. M. GEORGES Joseph, jardinier. — Pour ses oignons d'Alger. 10 Mention honorable à M. DE LAMARZELLE — Pour ses pommes de terre de l'île de Conlo. Défrichements. 1re primo. Ai. DABO Mathurin, cultivateur à Saint-Congard. 60 2e' prime. AI. GOUPIL Pierre, cultivateur à Ambon. 50 3e et 4e primes, ex cequo, Ai. LE BRAZE Jean-Marie, cultivateur à Theix. 35 Ai. RIO Joseph, cultivateur à Saintcongard. Saintcongard. 5e prime. M. LE GOUEFF Mathurin, cultivateur à Surzur. 20 Plantations 1re prime. M. PATENAILLE, agriculteur à Grand-Champ. 60 2e prime. Al. MARTIN Joseph, agriculteur à Treffléan. 50 3e prime. Ai. CARIS, agriculteur à Kergurion, en Plaudren. 40 Irrigations. M. EVENO Mathurin. cultivateur à Theix. 45 Concours pour les charrues. 1re prime. M. JUBIN Joseph, du Coquéric , en Saint-Nolff. 40 2e prime. Ai. BOTHEREL, de Trussac, commune de Vannes. 35 3e prime. M. LE GUÉNÉDAL, de Kervercc, en Ploeren. 30 4e prime. AI. DE LANGLAIS, de Kerver, en Saiut-Gildas. 25 5e prime. M. PERONO, de Bernard, commune de Vannes. 20 6e prime. M. LE MASSON, de Beaupré, commune de Vannes. 15 7e prime. Ai. ADELYS, du Versa, en Séné. 10 14 210 ASSOCIATION BRETONNE. Concours pour les bestiaux. Aux taureaux de 2 et 3 ans. 30 taureaux ont été présentés au Concours. fr. 1re prime. M. JOUADÉ, de Séné chez M. Avrouin. 30 2e prime. AI. PRONO, de Grand-Champ. 30 3e prime. M. CROLAS, de Theix. 30 4e prime. M. FARAUD, de Séné chez M. Avrouin. 30 5e prime. M. LE LOUÉ, de Saint-Avé. 20 6e prime. AI. Rio, de Berric. 20 7e prime. AI. VIAVANT, de Séné. 20 Aux génisses de 1, 2 et 3 ans. 250 génisses ont été présentées au Concours. 1re prime. AL LORJOUX, d'Elven. 25 2e prime. M. QUINTIN, d'Elven. 25 3e prime. M. LEFÉE, de Vannes. 25 4e prime. M. LE NAGUER, de Berric. 25 5e prime. M. BURBAN, de Surzur. 25 6e prime. M. LE LOHÉ, de Saint-Avé. 25 7e prime. M. DACORNE, de Vannes. 20 8e prime. M. PASCO, de Saint-Nolff. 20 9e prime. M BURBAN, de Surzur. 20 10e prime. M. JÉHANNO, de Theix. 20 11e prime. M. ROHELLEC, de Ploeren. 20 12e prime. M. MARTIN Simon, de Plaudren. 20 13e prime. M. BOULO, de Trussac. 20 14e prime. M. EGUIN, de Surzur. 20 15e prime. M. KERN, de Vannes. 20 16e prime. M. BOTHEREL , de Surzur. 15 17e prime. M. ROUSSEAU, de Pluherlin. 10 Aux plus beaux et meilleurs fruits. 1re prime. M. QUENNEC, jardinier à Vannes. 30 2e prime. M. GUYOT, jardinier à Auray. 25 3e prime. M. LEFÉE, jardinier à vannes. 20 SESSION DE VANNES. 211 A l'introduction et à ta multiplication, dans la culture du département, d'espèces de fruits bonnes et nouvelles. fr. 1re prime. AI. LE PORT, jardinier à Vannes, à la Palestine. 25 2e prime. M. JOUBIOUX, jardinier à Vannes, Douves-du-Port. 20 Mention honorable. M. LE MAB, jardinier à Vannes. id. AL JOUBIOUX, jardinier, à Vannes, rue du Mené. id. M. LE CALONEC, jardinier à Limoges Vannes. Aux meilleurs et aux plus nouveaux légumes. 1re prime. M. LE MAB , jardinier à Vannes. 30 2e prime. M. LE TRESTE, cultivateur au Bondon Vannes. 25 3e prime. M. MOREL François, jardinier à Vannes, rue de l'Amitié. 20 Mention honorable. M. BOULICAU, rue de la Loi, à Vannes. id. M. CAUDAL Marc, jardinier à Kercado, commune commune Vannes. A la collection la plus riche et la plus nombreuse en variétés de plantes du même genre en fleurs de pleine terre ou de serre. 1re prime. M. HUCHET Julien, jardinier à Limoges Vannes. — Une médaille d'argent. 2e prime. M. JOUBIOUX, jardinier à Vannes, Douves-du-Port. — Une médaille de bronze. A la plus belle exhibition de plantes et arbustes de serre tempérée en fleurs. Prime unique une médaille d'argent, à M. JOUBIOUX, jardinier, rue Douves-du-Port. La Société d'Horticulture accorde une prime de 15 fr. à M. LA COUR de Poulhaut, pour ses semis de géranium. — Prime de 20 fr. à M. JOSEPH, jardinier de la Société d'Horticulture, pour les bons soins qu'il a donnés à ses cultures.— Prime de 15 fr. à M. LE PORT Pierre, ancien jardinier, qui depuis 44 ans est au service de M. Béluze. Résumé des primes de la Société d'Horticulture 245 fr. en argent, deux médailles d'argent et une médaille de bronze. 212 ASSOCIATION BRETONNE PRIMES DÉCERNÉES PAR LE COMICE AGRICOLE DU CANTON D'ELVEN à la séance solennelle de distribution de primes de l'Association Bretonne le 2 octobre 1853. Domestiques. fr 1re prime. JÉGU Jacques, Kervoisan Sulniac, 31 ans. 20 2e prime. MONNIER Jeanne, Saint-Colombier Saint-Nolff, 23 ans. 20 3e prime. KERGAL Jean, Treffléan , 14 ans. 10 4e prime. ÉVÉNO Joseph, Faouidic Monterblanc, 15 ans. 10 Plantes fourragères et légumineuses. 1re prime. GUÉHO Olivier, Sulniac. 30 ares. 25 2e prime. MARTIN Joseph. Gravoro Saint-Nolff, 27 ares. 20 3e prime. LAMOUR Majol, Lahaie Saint-Nolff, 27 ares. 15 4e prime. LECALONEC Jean-Marie, Boterf Saint-Nolff, 21 ares. 15 5e prime. MARTElOT veuve, 18 ares. 10 6e prime. SURZUR veuve, Lasalle Sulniac, 19 ares. 10 Défrichements de landes. 1e prime. BLAISOT Charles-Baptiste, Trédion, 30 ares, 35 2e prime. LEPAGE Mathurin, Cosquer Sulniac, 75 ares. 30 3e prime. LORGEOUX Jean-Marie, Kerouë Elven, 72 ares. 25 4e prime. GUILLANTON Gabriel, Elven, 60 ares. 25 5e prime. BOURSICAULT Nicolas, Guern Sulniac, 50 ares. 20 6e prime. NOÉ Julienne, Madeleine Saint-Nolff, 38 ares. 20 7e prime. LECALONEC Jean-Marie, Boterf Saint-Nolff, 36 ares. 15 8e prime. LOZENIS Jean, Renneven Saint-Nolff, 72 ares. 15 9e prime. LELUHERN Jean-Jacques, Sclair Monterblanc, 40 ares. 10 10e prime. JÉGO Yves, Grazo Elven, 27 ares. 10 11e prime., LEBRUN Jean. Quegarz Saint-Nolff, 25 ares. 10 SESSION DE VANNES. 213 Taureaux. fr. lre prime. GUILLANTON Joseph, Bocalper Monterblanc. 20 2e prime. LEBRUN Jean, Quegarz Saint-Nolff. 15 3e prime. BOURBASQUET Joseph, Carahé Trédion. 10 Génisses. 1re prime. TRÉMANT veuve, Pont-Guillemet Elven. 20 2e prime. HERVIO Joachim, Camarec Elven. 15 3e prime. PASCO Yves, Luhan Saint-Nolff. 10 4e prime. LEGUÉNAN François, Haie-Dréan Elven. 10 5e prime. LERHED Joseph, Elven. 5 6e prime. GACHET Pierre, Caradec Saint-Nolff. 5 7e prime. MITOUARD Jean-Marie, Vraie-Croix Sulniac. 5 8e prime. LEGRAND Pierre, Elven. 5 214 ASSOCIATION BRETONNE. RESUME DES VOTES DU CONGRÈS DE VANNES. A. —Votes sur les questions au programme. Emigration des campagnes dans les villes. Le Congrès reconnnandc à tous ses membres d'aviser, par tous les moyens que le dévouement pourra leur suggérer, à prévenir l'émigration chez eux en particulier, tant par le bon exemple de la résidence habituelle que par le développement de leurs travaux ruraux et par l'instruction élémentaire. » Séance du lundi 20 septembre. Engrais maritimes. Le Congrès émet les voeux suivants 1° Que l'incinération des goëmons, libre pour les usages agricoles, soit, lorsqu'elle a tout autre but, soumise à la réglementation des préfets, auxquels serait remis ainsi le droit de l'autoriser ou de l'interdire ; »2° Que le délai pour la coupe du goëmon soit prorogé jusqu'au 1er mai ; » 3° Que de plus grandes facilités soient données à la récolte et aux transports des goëmons, par la suppression de l'obligation imposée actuellement d'employer des bateaux pourvus de rôles d'équipages et montés par des hommes soumis à l'inscription maritime ; qu'à défaut de cette suppression on obtienne au moins à cet égard l'extension des tolérances accordées par le règlement.» Séance du mardi 27 septembre. Étrépage. Le Congrès, convaincu de ce qu'a de funeste la pratique de l'étrépage, recommande, comme moyen de faire disparaître cette pratique, la substitution de la faux à l'étrèpe, l'augmentation du bétail et des engrais, l'application des amendements calcaires, les avances et l'exemple des propriétaires. » Séance du mardi 27 septembre. SESSION DE VANNES. 215 Chevaux. Le Congrès demande 1° que les trois cinquièmes des étalons des dépôts de Langonnet et de Lamballe soient composés de chevaux bretons, ou, à leur défaut, de chevaux percherons ou autres analogues; que les deux autres cinquièmes soient formés, l'un d'étalons arabes, le second d'étalons anglais de pur sang et de demi-sang ; » 2° Que les achats de la remonte soient terminés chaque année vers le 1er avril, et maintenus annuellement le plus possible à un chiffre de têtes à peu près égal ; Séance du mercredi 28 septembre. » 3° Que l'on place des étalons arabes dans les stations des régions sud de la Bretagne, et que les étalons de trait destinés à la région nord soient choisis avec plus de soin, légers et bons trotteurs, enfin que les chevaux de pur sang anglais des dépôts de Langonnet et de Lamballe soient choisis étoffés, compactes et près de terre. » Séance du dimanche 2 octobre. Bêtes à cornes. 1° Le Congrès engage les cultivateurs bretons a être très-sobres et très-circonspects dans les croisements de nos races avec celles de l'extérieur et à n'admettre ces croisements qu'après qu'il aura été bien démontré par l'expérience qu'ils peuvent améliorer nos races sans leur faire perdre aucune de leurs qualités primitives et principales. » 2° Le Congrès émet le voeu qu'il soit établi un concours régional de plus pour les animaux gras et un pour les animaux reproducteurs en faveur des cinq départements de la Bretagne.» Séance du mercredi 28 septembre. Espèce porcine. Le Congrès, persuadé que les races porcines bretonnes peuvent remplir les conditions voulues par la marine pour la fourniture des lards, émet le voeu que les lards de provenance bretonne soient admis par elle et qu'une partie des fournitures, qui se font maintenant exclusivement à Nantes ou Cherbourg, se fasse à Brest, Morlaix, Saint-Malo, ou Lorient. » Séance du mercredi 28 septembre. 216 ASSOCIATION BRETONNE. Défrichements. 1° Le Congrès déclare que les crètes des montagnes, les parties de landes non susceptibles d'être converties en terres labourables, devraient être ensemencées en résineux et essences feuillues appropriées au sol. 2° Le Congrès est d'avis que les landes propres à être cultivées en céréales le soient par les moyens indiqués. celui des crucifères et de l'ajonc à couper. » 3° Il juge que les terrains humides doivent être améliorés et convertis en prairies au moyen du desséchement et d'une irrigation bien entendue. » 4° Le Congrès appelle l'attention du Gouvernement sur les travaux de ce genre ; à lui de les encourager par des primes proportionnées à l'importance des travaux et à la position des cultivateurs qui les auront entrepris. » Séance du jeudi 29 septembre. Drainage. Le Congrès croit utile 1° qu'un service de drainage soit confié au corps des ingénieurs des ponts et chaussées ; que d'ici à la réalisation de ce voeu les conseils généraux votant les fonds nécessaires donnent aux préfets les moyens de faire venir des ingénieurs spéciaux et expérimentés pour les mettre à la tête des travaux de leurs départements, ainsi que cela a été pratiqué dans le Morbihan pour les irrigateurs des Vosges; » 2° Que le Gouvernement, suivant l'exemple donné par l'Angleterre, mette à la disposition des propriétaires les sommes dont ils auraient besoin pour des travaux de drainage, à des conditions garantissant les intérêts du fisc et en même temps favorables aux emprunteurs; » 3° Que des mesures législatives soient proposées pour lever les difficultés que rencontre l'exécution du drainage dans le morcellement de la propriété, aussi bien que pour combattre l'obstacle qui résulte de l'élévation du niveau des cours d'eau par les barrages de moulins. » Séance du jeudi 29 septembre. Chanvre. Le Congrès émet le voeu que les chanvres bretons SESSION DE VANNES. 217 soient admis dans les fournitures de la marine toutes les fois qu'ils seront présentés dans les conditions voulues. » Première séance du vendredi 30 septembre. Drainage. 4° Le Congrès pense que les eaux de drainage , modifiées par des engrais, sont toujours susceptibles d'être utilement employées à l'irrigation des terres. » Deuxième séance du vendredi 30 septembre. B. — Votes divers. Canaux de Bretagne. Le Congrès de Vannes renouvelle le voeu émis par le Congrès de Saint-Brieuc que le Gouvernement se hâte d'achever les travaux qui mettront le réseau des canaux de Bretagne dans un parfait état de navigabilité pour une batellerie de 80 à 100 tonneaux, telle qu'elle existe sur une grande étendue de son parcours. » Séance du mardi 27 septembre. Réunion dss prochain Congrès. Le Congrès décide que la prochaine session aura lieu à Rennes. » Séance du jeudi 29 septembre. Logements insalubres Le Congrès émet le voeu que le Gouvernement encourage la reconstruction des habitations rurales en affranchissant pendant dix ans au moins de surimposition toute habitation nouvelle, indispensable à une exploitation agricole. Première séance du vendredi 10 septembre. Cadastre. Le Congrès émet le double voeu 1° de l'abrogation de la loi de 1850, qui veut que les opérations du cadastre se continuent au moyen des ressources communales et du retour à la législation antérieure; 2° D'une nouvelle estimation des terres arables et des terres sous bois, afin d'arriver à l'établissement d'une meilleure proportion entre les unes et les autres. 218 ASSOCIATION BRETONNE. ENQUETE AGRICOLE SUR LE DÉPARTEMENT DU MORBIHAN. L'enquête agricole sur le département du Morbihan a eu lieu dans des séances particulières qui s'ouvraient vers huit heures du matin, et qui ont été tenues les 26, 27, 28. 29 et 30 septembre, sous la présidence de MM. Kerarmel, Gaillard et de Sesmaisons. Les procès-verbaux de la première et de la seconde séance ont été rédigés par M. de Kerampuil, celui de la troisième par M. de Langlais, celui de la quatrième par M. de, Kerampuil, celui de la cinquième par M. de Virel. L'enquête a eu lieu autant que possible par canton, le président indiquant successivement chaque question du programme et recueillant tous les documents écrits et verbaux qui y avaient rapport. Les premiers consistaient en six mémoires Pour le canton de Lorient, par M. Kerarmel, ancien trésorier de l'Association Bretonne ; Pour celui du Faouët, par M. Carré, président de son Comice agricole ; Pour celui de Guéméné, par M. de Launay, président de son Comice ; Pour celui de la Gacilly, par M. de Gouyon, président du Comice de Carentoir ; Pour celui de Questembert, par M. Guillaume, qui préside le Comice de ce canton. Enfin , pour le canton de Gourin. Les renseignements verbaux étaient donnés par divers membres de l'assemblée, parmi lesquels MM. Sept-Livres. de la Monneraye, Taslé, Gaillard, de Langlais, de Genouillac, de Laferrière, Briot, ont surtout pris une part active à l'enquête. SESSION DE VANNES. 219 Pour coordonner nettement ces renseignements particuliers et les grouper autour de chaque question de manière à faciliter une étude comparative, on a dû fondre ensemble, dans une rédaction commune, les procès-verbaux de MM. les Secrétaires et les mémoires des divers cantons. Il en est résulté le travail suivant 1re QUESTION. — Quel est l'état des communications ? Par eau Mer? Rivières? Canaux? Par terre Chemins vicinaux? De grande communication ? Routes départementales et nationales? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — On communique avec le cheflieu du canton de Lorient par l'Océan, par les rivières du Blavet et du Scorff, qui se jettent dans la rade. Les communications par terre ont lieu par la route impériale de première classe qui traverse le faubourg de Kerentrech, en venant de Vannes pour se rendre à Brest. Les routes de grandes communications sont 1° celle de Lorient à Pontscorff, petite ville de quinze cents habitants, qui tire son nom de la rivière qui traverse sa partie basse ; 2° la route de grande communication qui conduit à Quiberon et débouche à Sainte-Catherine, sur la rade de Lorient; 3° la route qui conduit de Lorient au bourg de Ploemeur ; distance, 5 kilomètres. Plusieurs chemins vicinaux conduisent à divers villages de la ban - lieue et aux abords de la route de Brest et de Ploemeur. Canton du Faouët. — On communique par des chemins vicinaux, de grandes communications, des routes départementales et impériales. Il serait utile d'appeler l'attention du département des Côtesdu-Nord sur l'achèvement de la route départementale n° 48. Canton de Gourin. — Les communications dans le canton n'existent que par terre, au moyen d'une route départementale et d'une route nationale qui a reçu beaucoup d'améliorations depuis quelques années, et au moyen de chemins vicinaux de grande communication fort précieux pour le pays, et dont l'exécution est très-avancée. Canton de Guémené. — Par eau, point de communication. Les chemins vicinaux ne consistent guère qu'en petits chemins ruraux. Les parties redressées sont seulement praticables ; il existe de nombreuses lacunes. Le canton est traversé par cinq chemins de grande communication. Un seul, le n° 5 , sera bientôt à l'état de bonne viabilité. Les autres présentent encore, de nombreux passages à l'état de lacunes et de sol naturel. Les parties empierrées ne forment guère qu'un tiers du parcours. Point de routes impériales. Deux routes départementales , les n° 2 et 10. La première est l'objet d'une rectification importante sur 6 kilomètres environ. 220 ASSOCIATION BRETONNE. Canton de la Gacilly. — Un réseau de communications, tant naturelles que créées, promet au canton de la Gacilly, dans un avenir qui ne peut être éloigné, des débouchés suffisants et faciles, soit sur le chef-lieu du département, soit sur les centres voisins de la mer. La rivière d'Aff, affluent de l'Oust, est navigable depuis la Gacilly jusqu'à la Maclair, où elle se jette dans l'Oust canal de Nantes à Brest, pendant quatre à cinq mois de l'année. Cette navigation suffit en grande partie à l'écoulement des produits principaux, bois, grains, feuillards, comme à l'arrivage des vins, des noirs, de la chaux, etc.. Le canal do Nantes à Brest forme la limite sud du canton, dans un parcours de 11 à 12 kilomètres. Quatre routes rayonnent au chef-lieu du canton La route départementale de Redon à Dinan, qui met le canton en communication avec Guer vers le nord, vers le sud avec Redon, le centre d'affaires le plus important, et par Redon, avec Nantes et la mer ; La route de grande communication sur Vannes par Rochefort; Celle sur Ploërmel et Malestroit; Celle sur Pipriac et Guipry, clans l'Ille-et-Vilaine , s'embranchant avec la route départementale de Redon à Rennes. Ces routes ne sont pas achevées pour la plupart, et plus d'une lacune compromet certaines communications dans la mauvaise saison. Elles forment, pour plus de moitié , chemins vicinaux entre les clochers du canton. Pour le surplus des chemins vicinaux , ils n'existent que pour mémoire. Canton de Questembert. — Ni canaux ni rivières, si ce n'est l'Ara et la Claise, non navigables ; par terre, deux routes départementales au nord et à l'est du canton, 8 à 10 kilomètres seulement. Traversé par trois lignes de grande communication. Canton de Séné.— Les débouchés, faciles par eau , ne le sont nullement par terre ; il en est de même dans presque toute la presqu'île de Rhuys où, faute de chemins vicinaux, il est difficile de gagner les ponts et les routes de grande voirie. Arrondissements de Ploërmel et Napoléonville. — Les chemins degrand vicinalité sont en bon état, mais on ne peut en dire autant de ceux beaucoup plus nombreux de petite vicinalité. 2e QUESTION. — Quelle est. moyennement, l'étendue et l'importance des exploitations rurales dans votre canton ? » RÉPONSES.— Canton de Lorient.— Il n'existe dans le canton qu'une seule ferme de 20 hectares. Dix comprennent de 5 à 10 hectares ; SESSION DE VANNES. 221 Vingt-cinq sont de 2 à 5 hectares; Plus de deux cents ne se composent que d'une maison et d'un courtil de 4 à 5 ares. Tous ces fermages se payent en argent. Canton, du Faouët. — Les fermes moyennes du canton sont généralement de 400 à 600 fr. pour des exploitations de 8 à 12 hectares. Canton de Gourin.—Moyennement de 23 à 24 hectares, landes comprises, et du prix de 500 fr. environ. Canton de Guémené. — De 8 à 10 hectares de terres labourables ; de 2 hect. à 2 hect. 50 ares de prairies ; de 4 à 5 hect. de landes ; dans ces dimensions le prix de fermage est de 4 à 500 fr. Canton de la Gacilly. — Les terres en exploitation dans le canton de la Gacilly se partagent en fermes et métairies pour un sixième environ , et pour les cinq sixièmes, en domaines exploités par leurs propriétaires. L'étendue moyenne des fermes et métairies est de 10 à 45 hectares en terres de labour et prairies, avec une portion plus ou moins grande de terres incultes en landes et bruyères. Cette portion de terres incultes est le plus souvent à peu près égale à l'étendue des terres en valeur; assez fréquemment même elle la surpasse. En terme général, et comme trait caractéristique de la situation agricole du canton, une certaine quantité de landes est encore jugée indispensable à l'exploitation ; et une ferme hors de ces conditions , quand par exception il en existe , s'afferme difficilement à un cultivateur du pays. Les petits domaines aux mains de leurs propriétaires sont d'une contenance ordinairement minime rarement elle dépasse un demihectare . Un esprit déplorablement étroit tend à pousser, dans le canton de la Gacilly, la division de la propriété jusqu'à ses plus extrêmes limites. Dans le plus grand nombre des cas, entre plusieurs copartageants, chacun veut être alloti dans les diverses pièces qui composent l'héritage. Très-souvent môme une maison se partage entre deux ou trois cohéritiers. A-t-elle 30 pieds, l'un en aura dix avec la cheminée commune , un autre se trouvera possesseur de l'unique fenêtre , le troisième est nanti de la porte. Quand vient l'heure des réparations, si tant est que la bonne harmonie ait pu durer jusque-là, il est difficile de s'entendre la plupart du temps c'est impossible. Les réparations les plus urgentes sont ajournées , et bientôt cette espèce de communauté se dissout par l'abandon forcé de l'édifice. La plupart des ruines fort nombreuses que l'on voit dans les villages du canton de la Gacilly, n'ont pas d'autre cause. L'extrême division des terres a aussi ses inconvénients. Les parcelles étant presque toujours trop petites pour être closes séparément, un certain nombre est toujours réuni dans un champ d'étendue va- 222 ASSOCIATION BRETONNE. riable, ordinairement déterminée par les exigences de la viabilité on quelque accident naturel du sol. Ces champs se nomment ici domaines à consortage. Ils varient communément entre 2 et 10 hectares. Les clôtures en sont presque toujours abandonnées l'intérêt privé, forcément mêlé d'une certaine dose d'intérêt commun, ne suffit plus à les entretenir. Cette situation, qui entraîne nécessairement la vaine pâture, au moins dans une certaine mesure, ne permet à personne aucune pensée d'heureuse innovation ; tous sont cloués à la routine séculaire. Canton de Questembert.— Peu de fermes de 60 à 70 hectares, beaucoup de 10, 20, 30 et 40. Canton de Sarzeuu. — II n'y a pas de ferme proprement dite, Les terres sont louées pièce par pièce et au tiers des récoltes. Canton de Séné. — Il n'y a que de petites fermes pour la plupart inconnues à leurs propriétaires et louées à raison de 60 francs l'hectare de terre chaude. Les landes ne comptent pour rien dans le prix de fermage. Département du Morbihan. — Le minimum de la contenance d'une ferme y est en général de 5 à 6 hectares ; le maximum de 15 à 18. 3e QUESTION.— Quel est, en moyenne, le capital d'exploitation par hectare? » RÉPONSES.—Canton de Lorient.—La moyenne du capital employé pour le labour, la culture, l'ensemencement et la moisson, etc., etc., d'un hectare de terre sous céréales, est de 180 fr. Ce capital pour les légumineuses est en moyenne de 250 fr. Canton de Faouët. — Le capital d'exploitation est de 200 à 250 fr. par hectare. Canton de Gourin. —Environ 18 fr. Canton de Guémené. — De 140 à 150 fr., y compris les frais de roulement. Canton de la Gacilly. — Le capital d'exploitation réside uniquement ici dans le matériel indispensablement nécessaire il est presque toujours insuffisant, et surtout dans les bras et l'aptitude au travail de la famille qui exploite. Le fonds de roulement est pure abstraction dès qu'un fermier a quelque argent il achète de la terre. Le capital d'exploitation dans une ferme de 12 hectares, prés et labour je ne tiens pas compte des landes, pourrait, spéculativement, s'évaluer à peu près ainsi SESSION DE VANNES. 223 1° Valeur représentative de la nourriture et du salaire de trois hommes et trois femmes, les hommes à 250 fr., les femmes à 200 fr. par an 1,350 fr. 2° Valeur des instruments aratoires 500 3° Valeur de 2 boeufs, 4 vaches, 1 cheval, 2 porcs, 30 moutons. 1,100 4° 150 charretées de fumier 300 5° Semences 13 hectolitres de seigle, 3 d'avoine, 3 de blé noir. 169 6° 7,500 kilog. de foin à 30 fr., 6,000 kilog. de paille à 20 fr 345 Total 3,764 Soit en moyenne et en nombre rond, un capital d'exploitation de 300 fr. par hectare. Canton de Questembert. — On dépense en moyenne, par hectare, 45 à 50 fr. Canton de Sarzeau. — Le capital consiste dans la valeur du bétail et des ustensiles de travail ; il a une valeur bien réduite à cause du morcellement de la propriété. Département du Morbihan. — Le chiffre des frais d'exploitation serait en moyenne, pour le département, de 300 à 350 francs par hectare. 4e QUESTION. —- Quel est le système de baux et quelle est leur durée ? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Plus de la moitié des baux sont passés sous seings privés, beaucoup sont passés sous conditions verbales , très-peu sont notariés. La durée du bail est de six à neuf ans pour les terres à grains, et d'un à trois ans pour les jardins. Canton du Faouët. — Les baux sont faits à prix d'argent et d'une durée ordinaire de sept à neuf ans. Canton de Gourbi. — Les baux sont presque tous notariés; ils sont faits pour six ou neuf ans et sont tous à prix fixe, et la redevance en argent, en un seul terme, le 29 décembre. Canton de Guémené. — Les baux sont à prix d'argent; leur durée ordinaire est de neuf ans ; il en existe néanmoins de six et sept ans , d'autres sont de trois, six ou neuf ans, avec faculté réciproque de résiliation. Canton de la Gacilly. — La. formule de durée des baux, dans le canton de la Gacilly, est habituellement de trois, six ou neuf années, à moins de motifs graves ; le terme le plus court est rarement invo- 224 ASSOCIATION BRETONNE. que. Le plus grand nombre des fermiers fait plus d'un bail sur la ferme , et il n'est pas rare d'en voir exploitées par plusieurs générations d'une même famille. Le fermage par argent est l'exception. Le plus grand nombre suit le système à moitié fruit. Ce mode de fermage , dans lequel les pertes sont partagées , aussi bien que les profits, nous semble mieux approprié à la situation d'un pays peu riche, où le capital d'exploitation n'est le plus souvent qu'une abstraction pure Il a encore l'avantage de conserver entre le possesseur du sol et celui qui l'exploite , entre le capital et le travail, pour parler un langage qui a eu sa vogue, des rapports nombreux, incessants, basés sur la confiance et l'estime réciproques, il oblige le propriétaire à résidence, ou au moins à de fréquents séjours , et intéresse plus immédiatement à la bonne direction do la ferme celui des coïntéressés, qui presque toujours possède le plus de lumières et d'aisance. Ce système nous paraît donc le plus propre à ouvrir la voie aux progrès agricoles , dans un pays où l'extrême morcellement interdisant à la petite propriété les essais et toute initiative do dérogations aux vieux usages, les améliorations ne peuvent arriver que par la ferme. Mais pour être complètement vrais en ce qui concerne le canton de la Gacilly, ainsi que beaucoup d'autres on Bretagne, nous devons ajouter qu'ici le métayage est incomplet et pratiqué do telle sorte qu'il serait un obstacle plutôt qu'une voie ouverte aux progrès de l'agriculture , si la population était en état de les aborder sérieusement. Chez nous le système, à moitié se borne aux récoltes. On partage les grains et les pommes le, fermier a les bestiaux à son compte , et il paye, pour la location dos prairies , une somme, déterminée , sous le nom de petite ferme. Cette seule restriction dans le fermage à moitié paralyse tous ses avantages. Le fermier ne peut distraire, pour augmenter ses fourrages, la moindre parcelle des terres destinées à porter la récolte commune. Donc, point do prairies artificielles; il faudrait qu'il les demandât à son courtil, à peine suffisant pour les besoins de la famille , en lin, en chanvre, en légumes, etc.. ou bien qu'à prix d'argent, comme pour les prairies naturelles, il acquît le droit d'essayer, à ses risques et périls, des cultures assez coûteuses et qui luisent le plus souvent inconnues .. Dans cet état de choses il s'abstient et s'abstiendra longtemps. Le seul moyen rationnel de tirer du système à moitié tout l'avantage dont il est susceptible, serait, selon nous, d'y comprendre le bétail. Beaucoup ou conviennent, personne à peu près ne le tonte. Canton de Questembert. -— Les baux ont une durée de trois, six ou SESSION DE VANNES. 225 neuf ans ; on paye en grains seigle particulièrement un nombre déterminé d'hectolitres par année; quelques-uns louent à prix d'argent ou à la moitié. Canton de Vannes. — Les fermes se louent pour neuf ans et à prix d'argent. Canton de Mauron. — Les bestiaux et les récoltes sont à moitié. Canton de Sarzeau.— Toutes les terres sont louées à l'année ; s'il y a quelques baux, ils sont de neuf ans. Il n'existe aucun domaine congéable. Canton de Napoléonville.— Les fermes se louent pour neuf ans et moyennant une redevance pécuniaire. Pour les domaines congéables, cette redevance est à peu près nulle et sans baillée au renouvellement des baux ; aussi beaucoup de propriétaires fonciers exercent-ils leurs droits de congément; cela n'améliore pas la condition du colon, au contraire ; devenu fermier, il est obligé de payer, au lieu d'une redevance minime, un prix de ferme bien supérieur à la rente du capital qu'il a reçu en indemnité. Département du Morbihan. — Le domaine congéable n'y existe que dans la portion où l'on parle la langue bretonne. La culture du domainier est souvent plus perfectionnée parce qu'il recueille tout le bénéfice de son progrès et qu'il ne paye ni plus ni moins que sa faible redevance en argent ou en nature. 5e QUESTION.— Les habitations rurales et les constructions accessoires laissent-elles plus ou moins à désirer ? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Les habitations de ferme laissent encore beaucoup à désirer sous le rapport de l'espace, de la distribution et du manque d'air. Le purin des étables se perd presque partout; les bestiaux sont salement tenus. Là où on ne devrait loger que quatre vaches on trouve toujours de la place pour six. Canton du Faouët. — Les habitations ne sont pas généralement assez aérées , les écuries sont mal disposées et manquent d'air et de greniers suffisants pour les grains. Canton de Gourin.—Les habitations rurales et surtout les constructions accessoires laissent beaucoup à désirer on manque dans le pays surtout de granges convenables. Canton de Guémené. — Les habitations sont généralement mal aérées et peu éclairées. Les étages ne sont pas assez élevés. Les greniers ne sont pas assez spacieux pour permettre de ventiler les grains. Les écuries n'ont pas toujours de plafond et sont exposées au danger du feu. 15 226 ASSOCIATION BRETONNE. Canton de la Gacilly. — Les constructions rurales laissent en général beaucoup à désirer sous les rapports de la propreté et de l'aération; les étables plus encore que les maisons d'habitation. Néanmoins, dans chaque construction nouvelle, l'étage gagne en élévation , la fenêtre en dimension sur les vieilles habitations ; ce qui prouve que leurs défauts les plus saillants sont reconnus. Canton de Questembert. — Les habitations sont pour le plus grand nombre de fermes trop petites et beaucoup trop basses d'étage, un grand nombre couvertes en chaume ou paille, cause d'incendie et de diminution d'engrais pour les champs; les habitants de l'exploitation sont logés étroitement et souvent obligés d'habiter tous le même appartement, qui n'est, dans plus de la moitié des fermes, séparé de l'étable que par une mauvaise cloison ; point de grange, ou bien elle est trop petite ; tout l'ensemble laisse beaucoup à désirer, surtout pour la santé des habitants, qui sont continuellement exposés aux causes de maladies souvent épidémiques. 6e QUESTION. — Quel est le taux moyen des salaires en temps ordinaire et à certaines époques exceptionnelles, telles que la moisson? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — En temps ordinaire, le journalier se paye 50 c. par jour, nourri, et 1 fr. non nourri. Pendant la moisson , le même journalier se paye 1 fr. 50 c, plus le trempage du pain de soupe. La femme se paye 30 c. par jour, nourrie, et 50 c. non nourrie. Elle reçoit pendant la moisson un tiers de plus de salaire par jour. Canton du Faouël. — Le journalier, en temps ordinaire, reçoit 75 c., en temps de moisson, 1 fr. Les faucheurs, 1 fr. 50 c. Canton de Gourin. — En temps ordinaire, de 70 à 75 c. en moyenne ; en temps de moisson, 1 fr. 20 c. environ ; en temps de fauchaison, 1 fr. 50 c. Canton de Guémené. — Hommes, en temps ordinaire, de 50 à 60 c; pendant la moisson 1 fr. environ ; femmes, en temps ordinaire, de 40 à 45 c. ; pendant la moisson 60 c. La nourriture est comprise dans cette évaluation. Canton de la Gacilly. — Le prix moyen d'une journée d'homme , en temps ordinaire, est de 75 c. ; d'une journée de femme, de 50 c. Pendant la moisson, la journée d'homme se paye habituellement 90 c. Les foins se fauchent le plus souvent à forfait, à raison de 7 à 8 fr. l'hectare. Ces prix sont plus spécialement applicables aux travaux du SESSION DE VANNES. 227 propriétaire aisé. Ils concernent moins les relations du fermier et de l'ouvrier, et ne s'appliquent guère aux travaux de la petite culture. Dans la petite culture , presque sans exception , et dans la ferme, pour le plus grand nombre, les journées nécessaires à la moisson ne, se payent pas en argent c'est un service qu'on rend ou qu'on prête. De petits cultivateurs , en assez grand nombre , n'ont; pas toute l'année les boeufs ou le cheval nécessaires à leur culture, et doivent avoir recours à l'attelage d'autrui ils font leur cidre , ils cuisent leur pain chez leur voisin. Au temps de la moisson surtout, tous ces comptes de bonne fraternité se règlent, et l'argent comptant entre pour trèspeu de chose dans la balance. Canton de Questembert. — Salaire de l'homme en temps ordinaire 60 à 75c., non nourri; celui de la femme, 50 à 60; pendant la moisson la nourriture en plus. 7e QUESTION. — Quelle est la nature géologique du sol et du sous-sol ? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Le sol est en partie sablonneux. Le sous-sol est schisteux et quelquefois argileux en se rapprochant de la côte. La terre est essentiellement végétale. Canton du Faouët. — Siliceux et quartzeux, granitique et un peu argileux. Canton de Gourin.—Dans les communes de Gourin, le Saint et Roudouallec, argile profonde, sans que le sol soit lourd; sous-sol schisteux. Dans les communes de Langonnet et Plouray, sol sablonneux, granit, peu de fonds. Canton de Guémené. — Couche arable sablo-argileuse, sous-sol granitique; dans quelques parties schiste modifié. Canton de la Gacilly. — Le sol du canton n'est pas uniforme , non plus que le sous-sol. Dans une partie du nord et do l'ouest, on rencontre un sol caillouteux et léger, le sous-sol est passablement perméable. Au centre et au midi le sous-sol schisteux domine, recouvert d'un sol trop léger. Dans les communes sud du canton et dans la direction de l'est à l'ouest, presque parallèlement au cours de l'Oust, et à une distance de 1 à 2 kilomètres, règne un gisement de minerai de fer assez riche, exploité depuis douze à quinze ans par les usines de la Nouë et de Paimpont. Le long du cours de l'Aff et de l'Oust, sont des terres d'alluvion riches et profondes, dont la plus grande partie est sous prairies naturelles. 228 ASSOCIATION BRETONNE. Canton de Questembert. — L'humus repose sur un sol sablonneux et argilo-sablonneux, le sous-sol de même nature, quelquefois des pierres ou du schiste ; dans quelques villages du canton le sous-sol est argileux. Canton de Mauron. — On trouve dans le sol beaucoup de cailloux roulés. Département du Morbihan. — Le calcaire fait en général défaut ; le granit, le schiste, l'argile, le sable et le quartz forment les éléments constitutifs du sol. 8e QUESTION. — Quelle est l'épaisseur moyenne de la couche arable? Quelle est la profondeur habituelle des labours? » RÉPONSES.—Canton de Lorient. — L'épaisseur de la couche arable varie de 40 à 50 centimètres. Les céréales, les racines, les prairies artificielles et les légumes y réussissent très-bien. Canton du Faouët. — L'épaisseur moyenne de la couche arable est de 36 à 40 centimètres. La profondeur des labours varie de 12 à 24 centimètres. Canton de Gourin. — Dans les trois communes dont le sol a pour base l'argile, la profondeur moyenne de la couche arable est de 40 centimètres au moins; dans les autres communes ayant un sol granitique; de 15 centimètres; la profondeur moyenne des labours est de 12 à 15 centimètres. Canton de Guémené. — L'épaisseur moyenne de la couche arable est de 30 centimètres, la profondeur habituelle des labours de 16 centimètres. Canton de la Gacilly. — La couche arable, très-variable selon les accidents du sous-sol, peut être évaluée à une épaisseur moyenne de 16 à 24 centimètres ; quelques terrains ont beaucoup plus de profondeur, peu de terres parmi celles qu'on cultive en ont moins. Les labours, en général, ont de 12 à 16 centimètres ; presque partout ils pourraient être d'un tiers plus profonds, au grand avantage de notre agriculture, si les engrais étaient suffisants. Canton de Questembert. — L'épaisseur de l'humus est de 15 à 20 centimètres; la profondeur habituelle des labours est de 10 à 12 centimètres, à l'exception de trois ou quatre cultivateurs éclairés qui font avant l'hiver des labours profonds de 20 à 25 centimètres. Cantons de Mauron et de Matestroit. — Il y a une grande variété dans la profondeur des labours, comme aussi dans l'épaisseur de la couche arable. SESSION DE VANNES. 229 9° QUESTION. — Quelle est la largeur des planches ou bidons? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Les céréales se cultivent en billons de la largeur d'environ 66 centimètres. Canton du Faouët. — 66 centimètres, terme moyen. Canton de Gourin. — La largeur des sillons est de 80 centimètres environ. Canton de Guémené. — 70 centimètres. Canton de la Gacilly. — Le labour le plus usité dans le canton est le billon en sillon de deux raies, qui n'a pas plus de 30 à 35 centimètres de largeur. C'est presque de la culture à plat. Cette dernière a beaucoup gagné depuis quelques années dans le canton les planches ont alors de 3 à 5 mètres, séparées par un simple trait de charrue, ordinairement insuffisant pour l'écoulement des eaux hivernales. La semence , dans le cas de la culture à plat, se recouvre à la herse. Nos cultivateurs trouvent dans cette méthode économie de semences , et l'avantage, notamment après un été pluvieux , de mieux enterrer l'herbe. Mais leur sol est rarement suffisamment égoutté. L'expérience tend à démontrer ici que la culture à plat, convenable pour la plupart des céréales dans les terres légères, surtout pour le blé noir, ne suffit pas à égoutter convenablement certaines terres portant le seigle et l'avoine, et que dans presque toutes elle est inférieure anx billons un peu forts pour la culture du froment. Canton de Questembert. — La généralité des cultivateurs du canton font des petits billons de 35 à 40 centimètres, quoique l'usage des planches d'un mètre soit bien préférable. 10e QUESTION. — " Quelle est la nature des charrues et autres instruments aratoires habituellement employés? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Les instruments en usage pour la culture des terres sont la herse carrée en bois, le rouleau en pierre et la charrue à un mancheron, à soc en pointe et à versoir en bois plat. La charrue Dombasle, la herse Valcourt et le ventilateur ne sont encore entre les mains que de quelques fermiers. Canton du Faouët.— On emploie généralement les charrues du pays et des instruments aratoires également confectionnés dans le pays ; les instruments nouveaux ou perfectionnés sont l'exception. Charrues à soc rond et pointu. 230 ASSOCIATION BRETONNE. Canton de Gourin.—La charrue généralement employée est la charrue en bois à soc rond, et par conséquent très-défectueuse. Les autres instruments ou outils sont pou nombreux, petits, et en général mauvais. Néanmoins, grâce aux efforts du Comice qui existe depuis neuf ans, une transformation tend à s'opérer sous ce rapport. Le Comice ayant distribué annuellement de nombreux outils et des instruments, tels qu'araires Pombasle n°s 2 et 3, et des tarares de grange, avec obligation de s'en servir et de les reproduire , les cultivateurs intelligents ont reconnu l'immense avantage qui existe à se servir des instruments nouveaux; ils les recherchent, les propagent ; ils sont appréciés de tous, et se répandent aujourd'hui assez rapidement. Canton de Guémené.—L'ancienne charrue en bois, à soc rond, est d'un usage général. La charrue perfectionnée est la rare exception. Canton de la Gacilly. — La charrue du pays, instrument fort défectueux , est en bois, à un seul mancheron, et à avant-train le tout très-petit et très-léger. Son soc est rond , en forme de coin , déchirant la terre sans la retourner; le versoir n'est qu'une planchette de 12 à 15 centimètres de hauteur. Heureusement elle n'est plus aujourd'hui qu'aux mains des plus pauvres cultivateurs et de quelques attardés qui ne font plus difficulté de reconnaître son insuffisance. Tous les cultivateurs un peu aisés, tous les fermiers, possèdent un petit modèle de la charrue Dombasle , approprié aux terres du canton et aux moyens du plus grand nombre. On l'a aujourd'hui au prix de 20 fr. Cet excellent instrument, qui dans peu de temps sera la véritable charrue du pays , est dû au comice agricole de Carentoir, qui est enfin parvenu à le populariser, après vingt années de soins persévérants. Les herses sont légères, plus fréquemment à dents de bois qu'à dents de fer. Le rouleau ne se rencontre que par exception. Canton de Questembert.— De petites charrues à soc rond et pointu, tout à fait défectueuses. Herse à dents aiguës en fer ou en bois d'un mètre carré les dents ont de 8 à 12 centimètres. Canton de Sarzeau. — Les instruments aratoires sont en général très-défectueux ; la herse est composée de deux pièces de bois parallèles réunies par deux autres pièces de bois rond. Les charrues sont analogues, mais elles ont l'avantage d'être très-légères, au point qu'on voit parfois des hommes revenir de leur champ la charrue sur leurs épaules, comme ils auraient pu faire d'une bêche. SESSION DE VANNES. 251 11e QUESTION.— Quel est l'assolement usité ? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — La culture des légumes, qui a pris une grande extension pour les conserves de petits pois et de haricots verts , a conduit les cultivateurs à adopter la culture quadriennale première année, choux et pommes de terre avec forte fumure; deuxième année, haricots, pois et carottes ; troisième année, froment ; quatrième année, trèfle incarnat ou deuxième froment avec nouvelle fumure, puis retour au choux avec forte fumure pour deux ans. Canton du Faouët. — L'assolement triennal pour seigle, avoine et blé noir, genêts et ajoncs. Canton de Gourin. — L'assolement triennal blé noir, seigle et avoine ; une partie des terres labourables, variant du tiers à la moitié, reste en jachères. Canton de Guémené. —Blé noir, seigle, avoine. Canton de la Gacilly. — L'assolement biennal, à peu près seul ; la moitié des terres de labour reçoit des grains blancs à l'automne , et invariablement du blé noir dix-huit mois plus tard, pour reprendre ensuite immédiatement des grains blancs. Les terres sous chaume ont ainsi un repos de huit à dix mois, pendant lequel elles sont livrées à la vaine pâture. La terre préparée pour les blés noirs reçoit trois labours en plusieurs hersages ; pour les grains blancs après blé noir, le plus grand nombre est semé sur un seul labour. Dans la sole des grains blancs , le seigle occupe presque toute la terre l'avoine y entre pour un dixième environ ; quelques essais de froment se rencontrent de loin en loin. On commence à voir dans le canton quelques planches de navets sur chaumes retournés. Nous avons vu même , l'année dernière , dans des champs à consortage et sans protection do clôtures, quelques essais de choux et de trèfle ; aventureuse initiative qui doit se briser contre l'esprit général de routine , et surtout contre la nécessité que la grande division de la propriété impose au plus grand nombre de ne faire que des céréales ; mais elle n'en prouve pas moins que les idées d'amélioration germent, et la persévérance de ces essais pendant quelques années abolirait infailliblement le parcours. Canton de Questembert. — L'assolement alterne ou bisannuel 1re année, seigle; 2e, sarrazin ou avoine; 3e, seigle. Canton de Sarzeau. — Le froment est la principale récolte. Canton de Mauron. — L'assolement est triennal, mais la culture du froment empiète sur celle du seigle. Canton de Malestroit. — Deux soles égales sous seigle et blé noir; un huitième des terres prélevé pour avoine et froment Canton de Rohan. — Assolement triennal ; la culture du froment y 232 ASSOCIATION BRETONNE. gagne sur celle du seigle. Le trèfle, le chou et le navet occupent un espace de plus en plus considérable. Canton d'Auray.— Assolement triennal, seigle, mil et blé noir. 12e QUESTION. — De quelle manière traite-t-on les fumiers? En quelle quantité, à quels intervalles et pour quelles cultures en fait-on usage ? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Les matières fécales de la ville de Lorient, exploitées par les cultivateurs de la banlieue, font la base de leurs engrais. On les emploie en composts pour la décomposition des végétaux ou pour faire des terreaux. On les emploie aussi combinées avec les boues de la ville, dont les fermiers sont les adjudicataires. Ces engrais sont utilisés pour tous les genres de culture, soit prairies naturelles ou artificielles, soit céréales ou légumineuses. On ne s'en sert habituellement que par intervalle de deux ans dans le même terrain, à raison de 150 quintaux métriques par hectare. Canton du Faouët. — L'usage n'emploie que des composts formés d'une partie de fumier d'étable, de feuillage, d'herbes et du produit de l'étrépage ; le temps de la confection de ces fumiers varie en raison des besoins de faire fermenter et consommer les objets prédominants dans les composts dont l'importance varie suivant la nature des céréales auxquelles on les destine et la quantité de terrain que l'on veut ensemencer. Ces fumiers sont faits en plein air. Canton de Gourin.—Les fumiers employés sont des fumiers couplés, c'est-à-dire formés de couches de fumier d'étable et de lande ou bruyère, genet, etc.. On en fait usage pour la semence du seigle seulement; l'avoine est semée sans fumer, et pour le blé noir, la plupart du temps on ne se sert que de cendres. Canton de Guémené. — Les fumiers restent généralement très-longtemps dans les étables ; on les retire au plus quatre fois par an. On les mélange avec des genets, landes et litières qui sont répandues sur les cours. On fait aussi pour la culture du seigle des fumiers composés de mottes et de trois couches de fumier d'étable seulement. Canton de la Gacilly. — Les fumiers séjournent des mois entiers dans les étables. Ils en sortent pour être mis en tas avec une quantité double et souvent triple d'ajoncs , de bruyères, de feuilles, etc., et on les laisse ainsi fermenter pendant plus ou moins de temps , d'un à trois mois, rarement assez pour obtenir une décomposition suffisante des matières qu'on y a mêlées. Les fumiers alors sont secs, chargés de bois, qui soulèvent des terres déjà trop légères en général et les maintiennent souvent dans un état fâcheux de dessiccation. SESSION DE VANNES. 233 La quantité de fumier, dans l'emploi, est très-variable ; 12 à 15 mètres cubes par hectare ne peuvent pas souvent être dépassés. Toutes les récoltes, à moins d'impossibilité absolue, sont fumées. Canton de Questembert. — Il y a beaucoup à désirer dans la confection des fumiers ; le mode est d'étréper une grande quantité de mauvais ajonc et de bruyère qu'on mêle aux deux tiers avec un fumier d'étable, souvent composé lui-même des mêmes plantes mélangées avec un peu de chaume ou de paille, arrosé par l'eau du ciel, et quelquefois tellement sec que le feu consumerait un tas de plusieurs mètres cubes. On fume à toutes les semailles ; quinze à seize petites voitures pour 50 ares. Canton de Sarzeau.— On ne fait guère de fumier ; on donne la paille aux bestiaux, et le goëmon, qui leur sert de litière, est lent à s'imprégner d'humidité. Canton de Malestroit. — On ne se sert, comme engrais, que do fumier d'étable. 13e QUESTION.— Quels amendements emploie-t-on ? Quel est leur dosage et quelle est la fréquence de leur application ? D'où les tire-t-on ? » 14e QUESTION.— Use-t-on du noir animal, et dans quelles proportions ? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — La chaux d'épuration de l'usine à gaz ainsi que la cendre de chaux commencent à être employées sur les prairies après la coupe du foin à raison de huit barriques par demi-hectare, au prix de 75 c. à 1 fr. la barrique. On fabrique à la même usine, avec du gallet calcaire que la mer rejette sur la côte de Gavre par de gros temps , une espèce de chaux grise, très-bonne pour l'agriculture, dont le prix est de 4 fr. la barrique. Le sable coquillier calcaire du fort bloqué est aussi en usage dans plusieurs cultures. Il est employé avec les céréales à raison de 20 à 25 barriques par hectare au prix de 75 c, rendu à Lorient. Le noir animal a été essayé avec succès il y a quelques annés dans plusieurs exploitations ; mais la fraude, qui s'est introduite dans le commerce de cet engrais, en a dégoûté les cultivateurs. Canton du Faouët. — Il n'est fait aucun usage d'amendements. La cendre est seule employée pour la semence des blés noirs. Le noir animal n'est point employé ; il ne convient pas à nos terres trop légères ; l'expérience en a été faite. 234 ASSOCIATION BRETONNE. Canton de Gourin. — On ne se sert ni de noir animal ni d'autres amendements. Canton de Guémené. — Le seul amendement est la charrée employée même à faible dose pour la culture du blé noir. On ne se sert pas de noir animal. Canton du la Gacilly. — L'emploi des amendements est ici tellement restreint, qu'il n'est guère possible d'en tenir compte dans la situation agricole générale. Cependant quelques propriétaires et quelques cultivateurs aisés emploient le noir, surtout avec le blé noir. Le dosage habituel est de k à 5 hectolitres à l'hectare. La fraude, qui s'est promptement introduite dans la fabrication du noir, a nui à son usage. Il serait à désirer que dans le Morbihan, à l'exemple de départements voisins, les négociants en noir animal fussent tenus de présenter leur marchandise sous la garantie de la formule d'analyse. Depuis l'ouverture du canal de Nantes à Redon, la chaux commence aussi à être essayée dans le canton, et son usage gagne un peu chaque année. Elle est d'un très-bon effet sur les froments et les trèfles principalement le succès d'un trèfle n'est même bien certain ici qu'avec la chaux. Au point où nous en sommes, il est difficile d'être fixé sur son dosage. Je puis dire cependant qu'elle est employée communément à raison de huit à dix barriques à l'hectare. On pourrait citer une ferme du pays où elle est employée avec une demi-fumure, à raison de la proportion indiquée ci-dessus, son emploi revenant ainsi dans le même terrain chaque cinquième année. Les terres de cette ferme ont déjà subi deux rotations de ce système, et chaque année un effet assez remarquable a pu être constaté. La chaux des bords de la Loire s'obtient ici à un prix modéré. Nous l'avons à 4 fr. la barrique , sur le quai de Redon , et l'on espère, que ce prix pourra être réduit prochainement encore. En somme, c'est l'opinion des agriculteurs de ce pays que la chaux est la base offerte à tous les progrès dont notre agriculture est susceptible. Canton de Questembert. — Deux ou trois cultivateurs font usage de la chaux et du sablon de Vannes, à la dose de quinze à vingt-cinq barriques par hectare, une fois sur le même terrain pour sept années ; ils s'en trouvent bien, surtout pour le froment. Les autres cultivateurs du canton n'ont aucun amendement. Cependant la chaux conviendrait bien pour affaiblir les principes trop astringents et acides développés par les bruyères et ajoncs employés continuellement ; mais le prix et la distance empêcheront d'ici SESSION DE VANNES. 235 bien longtemps nos cultivateurs, dont la majeure partie n'a point d'aisance, d'employer ce précieux amendement, qui, aidé du sablon ou de la vase de la mer, est indispensable pour relever l'agriculture du canton. Il n'y a que l'administration supérieure qui puisse hâter ce bienfait en faisant établir des dépôts dans les chef-lieux de canton éloignés de plus de 25 kilomètres de la mer ou des canaux. On ne se sert pas de noir animal. Canton de Sarzeau. — L'engrais maritime que l'on enfouit tout vert est un amendement employé dans ce canton, mais il est peu durable parce qu'il est ordinairement composé de longues herbes maigres et non visqueuses, chargées de pustules. Il faudrait interdire de ramasser le goëmon le dimanche, car ceux qui veulent observer la loi du repos dominical sont privés d'un produit bien utile et que rien ne remplace dans le pays. Le Conseil général a, au surplus, déjà pris des mesures à cet égard. Cantons de Mauron et de Rohan. — L'usage du noir animal se généralise do plus en plus pour la culture du sarrazin. On estime qu'il s'en est vendu cette année pour 30 à 40,000 francs dans le canton de Rohan. Il arrive par la voie du canal, et on l'obtient sans être falsifié. Dans le canton de Rohan, on brûle toutes les vanneries de céréales et autres débris pour en répandre la cendre sur les prairies et sur les champs. 15e QUESTION. — Quelles sont les variétés de froment que l'on cultive? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Les variétés de froment cultivées dans le canton sont, depuis environ douze ans, le richelle de Naples, le froment saumon et le froment rouge de côte sans barbes. On ne cultive ni seigle ni avoine dans le canton. Canton du Faouët.— Le froment tendre dit de mars. Canton de Gourin. — La culture du froment n'entre pas dans l'assolement; il est fort peu cultivé, quoiqu'il réussisse bien dans la commune de Gourin en particulier. Canton de Guémené. — Aucune culture de froment. Canton de la Gacilly. — Le gros blanc et rouge principalement, avec et sans barbe. Les semences sont rarement d'une variété pure. Le froment ne se cultive dans ce canton qu'en proportion trèsminime. Canton de Questembert. — Les froments d'hiver et de mars, le premier en petite quantité. 236 ASSOCIATION BRETONNE. Canton de Sarzeau.— On ne cultive que le froment rouge qui est de bonne qualité. Canton de Josselin.— Les deux tiers des froments sont des froments d'hiver. Canton de Rohan.— La culture du froment a décuplé depuis dix ans. Canton de Ploërmel.— La culture du froment de printemps a beaucoup gagné. 16° QUESTION. — Quel est le rendement moyen en froment, seigle, avoine, etc.? Quel est le poids de l'hectolitre? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Le produit moyen des froments est de douze hectolitres pour deux hectolitres de semence leur poids moyen est de 78 kilogrammes par hectolitre quand il est bien récolté. Canton du Faouët. — Le froment rend sept fois, le seigle huit fois et l'avoine six fois la semence. L'hectolitre de seigle pèse 61 k. 55 g. Id. de sarrazin 64 66 Id. d'avoine 48 36 Canton de Gourin. — Le rendement du seigle, de l'avoine et du blé noir est en moyenne de 1,500 kilogrammes par hectare dans les trois communes de Gourin, le Saint et Roudouallec ; de 950 kilogrammes dans les communes de Langonnet et Plouray, dont le sol est granitique. L'hectolitre de seigle pèse 68 kilogrammes, l'hectolitre de blé noir 62 kilogrammes; l'hectolitre d'avoine d'hiver, seul cultivé dans les trois communes de Gourin, le Saint, Roudouallec, pèse en moyenne 51 kilogrammes ; l'avoine dite d'été cultivée dans les deux autres communes pèse environ 47 à 48 kilogrammes. Canton de Guémené. — Le rendement moyen de l'hectare en seigle est de 11 hectolitres, en avoine de 24 hectol., on blé noir de 15 hectol. Le poids de l'hectolitre est pour le seigle de 72 kil., pour l'avoine de 50 kil., pour le blé noir de 60 kil. Canton de la Gacilly. — Le rendement est assez variable dans les diverses communes du canton. — En moyenne, le froment rend 12 à 15 hectolitres à l'hectare ; le seigle, 12 ; l'avoine, 20 ; le blé noir, 30. L'hectolitre de froment pèse 75 kilogrammes; le seigle, 66; l'avoine, 46; le blé noir, 54. Le poids de ce dernier grain, cette année, est de 60 à 64. Canton de Questembert. — Le rendement habituel ou moyen du froment est de cinq à six fois la semence; le seigle, six à sept ; l'avoine, SESSION DE VANNES. 237 huit à dix cette année le froment d'hiver et le seigle n'ont donné que trois, le froment de mars cinq. Le poids de l'hectolitre de froment, 72 à 75 kilogrammes ; de seigle, 65 à 70 ; de l'avoine, 40 à 50. Canton de Sarzeau.— Le rendement moyen du froment est de dix à douze hectolitres par hectare, le poids de l'hectolitre de 78 à 80 kilogrammes. Cantons de Josselin et Ploërmel. — Le rendement moyen est de douze hectolitres, le poids de l'hectolitre de 75 à 80 kilogrammes. Le blé noir qui occupe un tiers du terrain, et est ordinairement fumé avec de la charrée, rend vingt pour un. La quantité de semence est de 0,50 à l'hectare. 17e QUESTION.— Quels sont les procédés de récolte et de battage des céréales? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Les fermiers ne se servent que du fléau pour battre le grain. On coupe les grains à la faucille à quinze centimètres au-dessus du sol. Canton du Faouët. — La coupe à la faucille et le battage au fléau. Canton de Gourin. — Les céréales sont récoltées au moyen de la faucille et battues au moyen du fléau uniquement. Canton de Guémené. — On coupe à la faucille , au ras de terre ; le battage a lieu au fléau. Canton de la Gacilly. — La faucille et le fléau rond ou plat, sans exception. Canton de Questembert. — On coupe les céréales avec la faucille et le battage s'opère au moyen du fléau. Canton de Sarzeau. — On coupe ras et on bat au fléau rond. M. de Langlais possède une machine abattre à manége, dont quelques cultivateurs ont fait usage. Cantons de Ploërmel et de Josselin. — On laisse des chaumes et on bat au fléau. Canton de Rohan. — On coupe ras et on bat au fléau. 18e QUESTION. — Quels sont les débouchés ouverts au commerce des grains consommation locale, vente à l'intérieur de la France, exportation ? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Les grains récoltés dans le canton de Lorient sont vendus aux minoteries de Quimperlé ou aux boulangers de la ville pour la consommation des habitants. 238 ASSOCIATION BRETONNE. Canton du Faouët. — Consommation locale, marchés de Hennebont et Quimperlé. Canton de Gourin. —Les seigles et blés noirs sont rarement exportés; l'avoine est chaque année exportée à Morlaix, où elle est embarquée. Canton de Guémené. — Outre la consommation locale, les cultivateurs approvisionnent de seigle et blé noir les marchés de Plouay, Napoléonville et Rostrenen. On exporte pour Hennebont et Napoléonville plus de la moitié des avoines. Canton de la Gacilly. — Le marché de la Gacilly et celui de Redon pour la consommation locale ; le commerce de Nantes et celui de Redon pour les envois à l'intérieur et l'exportation à l'étranger, notamment pour l'Angleterre et la Hollande. La consommation locale n'absorbe pas beaucoup plus dos deux tiers de nos seigles et blés noirs. Canton de Questembert. — Consommation locale, le trop plein exporté par voitures à Muzillac, Vannes et la Roche-Bernard, pour être transporté par mer dans l'intérieur de la France, quelquefois pour l'Angleterre. Canton de Sarzeau.— Les grains se vendent sur les marchés de Sarzeau et de Vannes. Canton de Josselin.— Les grains s'embarquent sur le canal de Redon ou se vendent à Josselin et Ploërmel. Canton de Rohan.— Vend ses blés à Redon et Napoléonville. Canton de Vannes. — Ne produit pas assez de grains pour sa consommation. 19e QUESTION.— Quelles sont les causes qui peuvent contribuer à obstruer ces débouchés? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Les grains que produit le canton ne s'exportent pas. Canton du Faouët. — Rien ne s'oppose aux débouchés qu'offrent les marchés ci-dessus désignés, mais les distances qui nous en séparent sont une gêne. Canton de Gourin. — La seule cause serait le cas de guerre. Canton de Guémené. — L'abondance des récoltes dans les autres pays. Canton de la Gacilly. — L'abondance et le bas prix des céréales, la concurrence que la Russie méridionale fait par la Méditerranée aux céréales de toute l'Europe occidentale. Lorsque le commerce de Nantes n'a pas de commandes importantes, nos grains sont toujours à vil prix sur nos marchés. SESSION DE VANNES. 239 Canton de Questembert.— Le mauvais état des routes pendant l'hiver ou le défaut de commerce. Gantons de Josselin et Ploërmel.— Le chômage du canal de Nantes à Brest nuit au débouché de leurs grains. Canton de Sarzeau.— Le principal obstacle est dans le mauvais état des chemins. 20e QUESTION. — Quelles sont les prairies artificielles usitées? Quelle est leur étendue proportionnelle ? Quel est leur rendement moyen ? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Les cultures de prairies artificielles auxquelles se livrent les cultivateurs du canton sont celles du trèfle ordinaire, du trèfle incarnat et de la luzerne. L'étendue proportionnelle de ces cultures porte sur un dixième des terres de l'exploitation. Elles produisent en moyenne de deux à trois coupes de verts, à l'exception du trèfle incarnat, qui n'entre dans l'assolement que comme culture dérobée. Canton du Faouët. — Celles en trèfle, trop peu nombreuses et qui ne sont encore qu'à l'état d'exceptions. Canton de Gourin. — Les prairies artificielles sont peu usitées dans le pays; on cultive seulement, pour couper en vert successivement, du seigle, du blé noir et de l'avoine. Les cultures sont faites presque exclusivement dans les courtils de la ferme ou dans une pièce de terre touchant à l'habitation, et peuvent être évaluées au vingtième tout au plus des terres arables. Canton de Guémené. — La culture du trèfle sur une échelle trèsrestreinte. Canton de la Gacilly. — Les prairies artificielles dans le canton sont insignifiantes quant à l'aspect général, et hors de toute proportion assignable avec la totalité du sol. Le trèfle commun y vient bien , notamment dans un terrain chaulé. Il donne de 3 à 4,000 kilog. par hectare. Quelques essais répétés de trèfle incarnat n'ont pas été satisfaisants jusqu'ici. Canton de Questembert.— La culture du trèfle ordinaire commence à prendre dans le canton ; ce n'est pourtant encore que quelques ares de terrain par commune employés à cet usage, à l'exception de trois à cinq cultivateurs qui le font en grand. Le rendement comme fourrage vert a été très-abondant cette année. L'étendue ensemencée en trèfle ordinaire et incarnat, dans le canton, peut être évaluée à 4 ou 5 hectares. 240 ASSOCIATION BRETONNE. Canton de Sarzeau. — On sème un peu de trèfle incarnat, mais pas d'autre fourrage. Cantons de Ploërmel et Josselin. — H y a peu de prairies artificielles ; on sème quelques navets pour couper comme fourrage au printemps. 21e QUESTION.— Quelles sont les racines ou autres plantes sarclées que l'on cultive ? Étendue proportionnelle de ces cultures ; rendement moyen. » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Les racines cultivées dans le canton sont la betterave, le turneps, la carotte rouge. Les plantes sarclées sont les pois, les haricots, les choux, etc. Ces cultures comprennent une étendue de 60 hectares. Canton du Faouët.—Le canton a beaucoup à faire sous ce rapport ; il progresse peu, et les cultures de ce genre sont trop peu répandues pour leur assigner une valeur déterminée. Canton de Gourin. — Les racines commencent seulement à s'introduire dans le canton ; cette culture prend faveur, mais elle n'est pas encore assez répandue pour pouvoir être appréciée ici. Les turneps et les choux du Poitou réussissent très-bien dans les défrichements. Canton de Guémené. — Des turneps, des navets, des choux, des rutabagas, la pomme de terre. 80 hectares environ dans tout le canton sont sous racines ou plantes sarclées. Canton de la Gacilly. — Le chou du Poitou , culture exceptionnelle dans le canton, comme le trèfle, y vient bien et a beaucoup d'avenir. Le fermier et le petit cultivateur le cultivent depuis un temps immémorial , mais dans leur courtil et sur une très-petite échelle. Il y manque toujours de l'espace nécessaire à son développement voilà pourquoi il est vrai de dire que la culture du chou dans do bonnes conditions est exceptionnelle dans le canton de la Gacilly. On fait des navets de printemps, mais en quantité insuffisante; cette culture tend néanmoins à se développer. La culture des pommes de terre avait pris, il y a douze à quinze ans, des développements assez remarquables. La persistance de la maladie l'a réduite aujourd'hui à des proportions minimes. Canton de Questembert.— La culture du chou cavalier et branchu a considérablement augmenté cette année, ainsi que celle du rutabaga et des navets; près de 100 hectares ont été mis sous ces diverses plantes dans le canton. On y trouve aussi la pomme de terre et la betterave. La culture de la pomme de terre a beaucoup diminué depuis l'ap- SESSION DE VANNES. 241 parition de la maladie; celle du choux et du navet a augmenté. On emploie à ces récoltes environ un trentième des terres labourables. Canton de Sarzeau. — Sauf chez quelques propriétaires, on ne cultive aucune plante sarclée à l'exception de la pomme de terre. Canton de Josselin.— Presque point de racines. Canton de Rohan. — Quelques choux et navets. 22e QUESTION. — Quelle est l'étendue et la qualité, quel est le rendement des prairies naturelles ? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — L'étendue des prairies naturelles du canton est de 70 hectares. Elles produisent, en raison de la bonne qualité des engrais qu'elles reçoivent, de 4,500 à 5,000 kilogr. de foin par hectare. Canton du Faouët. — Les prairies naturelles sont dans la proportion du quart au cinquième de l'exploitation. L'hectare ne produit guère que 3 milliers métriques de foin. Canton de Gourin. —L'étendue des prairies naturelles est du sixième environ des terres arables; la qualité est médiocre; le rendement moyen est de 3,500 kilogrammes à l'hectare. Confonde Guémené. — L'étendue des prairies est de 2,675 hectares ; le rendement moyen de 2500 kilog. à l'hectare. Canton de la Gacilly. — L'étendue des prairies naturelles est, moyennement, le cinquième des terres productives de la ferme. Ce chiffre peut s'appliquer aussi à la petite culture. Ces prairies sont en général mal tenues, et ne rendent guère eu moyenne que 2,500 à 3,000 kilog. à l'hectare. Quelques communes du canton possèdent sur les bords de l'Aff et de l'Oust des prairies assez vastes et d'un rendement très-variable tant en qualité qu'en quantité. Ces prairies sont entièrement livrées à la nature. Leur produit annuel dépend des inondations qu'elles ont à subir dans le cours do l'année, et surtout de l'époque plus ou moins opportune du retrait des eaux. En général la quantité et la qualité y marchent de pair quand les eaux se retirent de bonne heure après inondations abondantes , grande et bonne récolte. C'est le contraire lorsque le niveau d'eau ne s'abaisse que tard. Cette année est pour ces prairies une année d'abondance, et le foin y est d'excellente qualité. Le prix du foin est ici pour le moment, de 12 à 14 fr. les 500 kilog. Il n'est pas rare de le voir à 20 et 25 fr. Le prix moyen du pays est de 18 à 20 fr. Canton de Questembert.— 2,140 hectares en prairies naturelles dont 4 à 500 sont arrosés, mais avec peu do discernement et sans méthode. 10 242 ASSOCIATION BRETONNE. Il serait bien à désirer que l'administration envoyât gratuitement un ou deux irrigateurs faire une tournée dans le canton dont plusieurs parties sont traversées par des rivières et petits cours d'eau. Le rendement moyen 20 à 25 quintaux métriques ou 4 à 5 milliers par hectare. Canton de Sarzeau. — Il y a peu de prairies naturelles, mais elles sont bien soignées et fumées; le rendement est de 5 à 6 milliers à l'hectare. Canton de Josselin. — Il y a un quart des terres en prairies; le rendement est de 5 milliers à l'hectare. Canton de Rohan. — Il y a un septième des terres en prairies qui sont en général médiocres. 23e QUESTION.— Quelles facilités naturelles rencontre-t-on pour les irrigations? Quel parti en a-t-on tiré? » REPONSES. — Canton de Lorient. — L'irrigation de quelques prairies basses se fait au moyen du courant des sources découvertes dans le sol. Elles ne, sont baignées par aucun ruisseau ou étang, parce que le sol n'en possède pas. Canton du Faouët. — Les facilités d'irrigation sont nombreuses; chacun irrigue sa prairie sans ensemble concerté. Un meilleur emploi devrait être fait. Canton de Gourin.— On rencontre les plus grandes facilités pour les irrigations, le pays étant accidenté, et chaque vallon ayant son ruisseau qu'on peut élever facilement, on irrigue beaucoup, mais sans intelligence; du reste, il faut connaître la nature dos eaux quelques eaux sont malfaisantes, d autres sans valeur. Canton de Guémené. — L'abondance des sources, les reliefs et les déclivités du terrain facilitaient les irrigations; mais on eu a tiré peu do parti jusqu'à présent. Les arrosements sont dirigés sans intelligence. Canton de la Gacilly. — La nature n'a pas doté le canton de la Gacilly de très-larges moyens d'irrigation. Les ruisseaux et les sources n'y sont pas très-communs ; les principaux cours d'eau ont en général pou de pente. Cependant chaque fois qu'un petit cours le permet, les propriétaires do prés voisins ont bien soin d'en tirer avantage. Mais en général, si l'on ne. manque guère ici de s'approprier un filet d'eau utile , on ne sait pas s'en débarrasser à propos. Los parties basses dos prés arrosés sont presque toujours fangeuses et imprégnées d'une eau stagnante qui y développe des herbes de mauvaise qualité. SESSION DE VANNES, 21 5 On peut conclure en somme que l'irrigation est mal entendue dans le canton. Canton de Questembert.— Les deux rivières de l'Arn et de la Claise et plusieurs petits ruisseaux traversent le canton; mais le cultivateur n'a aucune idée des irrigations et n'en retire que peu de profit. Canton de Malestroit.— Les irrigations y sont encore à l'état le plus élémentaire ; on laisse les eaux suivre leur cours naturel, sans chercher à les multiplier au profit des pâturages qu'elles pourraient améliorer. Canton de Ploërmel. — Les irrigations y sont assez mal entendues. 24e QUESTION.— Pratique-t-on le drainage ? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Le drainage a été essayé par une seule personne au moyen de tuyaux en terre fabriqués au Rohu, près de Lorient, clans un fond marécageux qui a été desséché , et où les avoines et le trèfle sont cette année d'une grande beauté. Canton du Faouët. — Le drainage n'est point tenté. Canton de Gourin. —Un seul propriétaire l'a jusqu'ici employé avec succès. Canton de Guémené. — Le drainage n'a pas été essayé. Canton de la Gacilly. — Aucunement. Des rigoles à ciel ouvert et d'une exécution facile suffiraient dans presque tous les cas. Ce moyen même n'est point suffisamment mis en oeuvre. Canton de Questembert.— Deux cultivateurs ont commencé à drainer dans les lieux bas et humides de leurs exploitations. Cantons de Malestroit et Ploërmel. — Aucune espèce de drainage n'a encore été tentée. 25e QUESTION. — S'occupe-t-on de cultures industrielles ? Quelle en est l'importance ? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — On ne se livre dans le canton à aucune culture industrielle. Canton du Faouët. — On no s'occupe pas de cultures industrielles. Canton de Gourin. — Pas de culture industrielle. Canton de Guémené. — Il n'existe aucune culture industrielle. Canton de la Gacilly. — Point de cultures industrielles proprement dites. Canton de Questembert.— Non, si ce n'est un peu de chanvre pour les corderies. 244 ASSOCIATION BRETONNE. 26e QUESTION. — S'occupe-t-on de la culture du lin ? Quelle en est l'importance ? Quelles sont les débouchés? Mêmes questions pour le chanvre. » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — On ne sème point de lin , et le chanvre ne se cultive que pour les besoins du ménage. Canton du Faouët. — On ne cultive pas le lin. Le chanvre n'est cultivé que pour les usages domestiques. Canton de Gourin. — Le lin n'est pas cultivé dans le canton; le chanvre ne l'est que pour les besoins du ménage; point d'exportation; la graine seule du chanvre est exportée. Canton de Guémené. — On ne cultive pas de lin ; la culture du chanvre a lieu sur 200 hectares environ elle a pour débouchés Morlaix et Hennebon. Canton de la Gacilly. — On cultive le lin et le chanvre pour les besoins seulement de la famille ; culture de courtil. Canton de Questembert.— La culture du lin se fait en petit, seulement dans les jardins ou courtils, pour les besoins locaux; la culture du chanvre plus en grand. Les trois quarts sont employés pour vêtir les habitants de la ferme, et l'autre quart vendu partie aux cordiers de Peaule et l'autre aux marchands de toile de Malestroit. Cantons de Malestroit et Ploërmel. — Les cultures de chanvre et du lin sont fort restreintes et ne sortent pas de l'étoite enceinte des courtils. 27e QUESTION.— Quelle est l'importance de la production du cidre ? — Quelles sont les variétés de pommiers? Plante-t-on en bordures ou en vergers? Quel est le mode de récolte des pommes ? Quel est celui de fabrication du cidre ? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — La production du cidre est d'une faible importance, attendu que dans la première zone des fortifications, qui est de 500 mètres , on ne cultive pas le pommier. Canton du Faouët. — La production du cidre a une valeur marquée ; les variétés de pommiers sont nombreuses. Les plantations anciennes sont en vergers, les nouvelles en ceintures. Le pressoir et le pilon sont employés à la fabrication du cidre. Canton de Gourin. — La production du cidre est peu importante et ne suffit pas à la consommation du canton ; les variétés de pommiers sont nombreuses et peu choisies; on plante le plus généralement en vergers. Les pommes sont abattues à l'aide de grandes perches; elles sont broyées à bras, et on se sort do pressoirs en bois à vis. SESSION DE VANNES. 243 Canton de Guémené. — La production du cidre est de 7,660 hectol. Voici les noms bretons des principales variétés de pommiers douce ovaige, douce rouxbras. douce rouxbihan, douce called, douce mamgo'h, poche breh, douce guen, douce ribot, citron, caseau et pommes aigres. La proportion de ces dernières est de 1/10. On plante et en bordure et en verger. Pour l'abatage on se sert do la gaule, on emploie les pilons en bois, et aussi quelquefois le moulin à bras pour broyer le fruit. Le pressoir est en bois. Canton de la Gacilly. — Le cidre est un des produits importants du canton. Il serait difficile de donner la nomenclature des variétés de pommiers. La plupart du temps les dénominations changent d'une commune à l'autre, et souvent même dans doux localités un peu éloignées de la même commune. Le bédan, le gros et petit doux, dénomination reçues partout, forment la majorité dans les variétés douces. Le cidre a sensiblement gagné en qualité dans le canton depuis une vingtaine d'années. Autrefois les variétés aigres en formaient la base. Les variétés douces dominent aujourd'hui, et y entrent environ pour les deux tiers. Le pommier se plante généralement en bordure. Beaucoup de domaines à consortage n'en ont pas moins l'aspect de vergers, chaque propriétaire de parcelles, quelle qu'en soit la contenance, tenant à avoir des pommiers, et plantant sur sa limite. Dans les champs les plus divisés , il arrive fréquemment que les pommiers sont trop nombreux, et que les récoltes sont mal à l'aise. Pour la récolte des pommes, on secoue et l'on gaule le pommier ; opération assez vicieuse quant au gaulage. Si la récolte des pommes a lieu de bonne heure , ce qui arrive lorsque les blés noirs sont précoces , le pommier souffre toujours beaucoup de cette méthode. Le cidre se fait au moulin à engrenages, mené à bras chez tous les propriétaires , fermiers et cultivateurs aisés. Dans la petite propriété, et c'est le grand nombre , on écrase les pommes au pilon. Canton de Questembert. - Dans les années ordinaires on fabrique dans le canton de 4 à 5,000 hectolitres, ce qui devient une grande ressource pour le cultivateur ; un tiers dans les années d'abondance ou les deux tiers dans les autres sont consommés par le cultivateur;le reste est vendu aux débitants de la localité et des environs. Il y a plusieurs variétés de pommiers ; les deux plus communes sont, le doux et l'aigre ou aigrelet. On plante généralement le, pommier en bordure dans les champs et prairies. Dans toutes les fermes d'une certaine importance, il y a un verger de 60 à 80 ares planté de pommiers. 246 ASSOCIATION BRETONNE. Aux mois de septembre et d'octobre on fait la récolte des pommes ; la plupart des cultivateurs font usage de la perche ou gaule pour abattre les pommes, ou un homme monte dans le pommier et secoue fortement les branches; méthode pernicieuse qui contribue à empêcher le même pommier de rapporter deux années consécutives, les boutons étant; rompus par ce procédé. Pour la fabrication du cidre, les uns font usage du moulin et les autres du pilon, puis du pressoir; le cidre retiré est mis dans des cuves pendant un ou deux jours, puis dans do petits tonneaux ou barriques ; souvent on ajoute un peu d'eau pour tremper le marc. Au bout, de deux ou trois mois il est soutiré et vendu. Carton de Malestroit. — Les espèces de pommes à cidre sont trèsnombreuses ; il serait d'autant plus difficile do les désigner toutes qu'elles changent do, nom d'une commune à l'autre. Le mode de plantation en bordure est le, plus usité. Le cidre se consomme dans la localité. On emploie des moulins à bras pour écraser les pommes. Pour les cueillir, on se sert de porches et de gaules, qui ont le très-grand inconvénient de briser les boutons à fruit, ce qui explique pourquoi les pommiers donnent rarement deux années de suite. 28e QUESTION.— Quelle est l'importance de la production des châtaignes ? Quelles sont les variétés? Comment les obtienton ? Quel est le mode de greffe? Plante-t-on en bordures ou en vergers? Quel est le mode de récolte ? Quels sont les débouchés? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Le peu d'importance de la production dos châtaignes tient à la même cause qui restreint la production du cidre. Canton du Faouët. — La production des châtaignes suffit à la consommation locale qui est plus de fantaisie que d'intérêt de subsistance. Les variétés se multiplient par la greffe ordinaire qui promet dans un avenir prochain un approvisionnement de plus de valeur. Il n'y a pas d'exportation, la récolte se concentre dans le pays. Canton de Gourin. — Point de châtaignes. Canton de Guémené. — La récolte des châtaignes est insignifiante ; la greffe est une rare exception les châtaigniers se plantent ordinairement en bordure. Canton de la Gacilly. — La châtaigne est un produit, d'une importance considérable dans le canton de la Gacilly, moindre toutefois que dans quelques cantons voisins, celui d'Allaire par exemple. Depuis quinze à vingt ans, le nombre des châtaigniers de rapport a SESSION DE VANNES. 247 continuellement augmenté ; chaque année il s'accroît dans une progression rapide, et quand on envisage ce que le pays a, dans les accidents de son sol, de terrains qui ne peuvent être plus utilement employés, et la facilité avec laquelle le châtaignier croît dans presque toutes nos terres dont il semble être l'arbre essentiellement indigène, on est tout naturellement amené à en conclure qu'il est destiné à constituer pour longtemps une des principales branches de l'aisance de nos campagnes. Nous avons la châtaigne chambrée, c'est-à-dire à plusieurs compartiments le marron proprement dit ne se rencontre pas ici en quantité appréciable. On greffe le jeune châtaignier en fente. Mais un mode beaucoup plus usité aujourd'hui, et qui a bien autrement contribué, à multiplier la châtaigne, est la greffe en tuyaux, vulgairement désignée sous le nom d'entuetlage entuyollage. Par ce moyen tout châtaignier, défectueux, vieux , presque caduc, est mis rapidement à fruit. Voici comment on opère Au printemps , le châtaignier destiné à l'entuyollage est émondé. Il se couvre de jeunes rameaux. A la séve suivante, au mois d'avril, on le greffe en tuyaux. On fait choix des branches les plus vigoureuses et disposées de manière à donner à l'arbre une tête suffisamment garnie. Ces branches sont coupées à quelques centimètres du tronc de 5 à 10 cent , on fend l'écorce au-dessous de cette coupure, et on la rabat en deux ou trois lanières dans une longueur de 3 à 4 centimètres environ. A la place de cette écorce et sur la branche ainsi dépouillée, on introduit un tuyau de même dimension enlevé sur un sujet greffé ce jeune bois se prend ordinairement sur des souches destinées à le fournir, et appelées mères. Le tuyau est légèrement assujetti en le forçant à descendre jusqu'à la rencontre des lanières dépouillées que l'on relève alors , en les rendant aussi adhérentes que, possible au nouveau tuyau. Pour que ces lanières ne retombent pas on les raccourcit alors , ne leur laissant que les quelques millimètres adhérents au nouveau tuyau ; l'opération est terminée. Il n'est pas nécessaire de dire que le tuyau qu'on veut mettre en place doit avoir au moins un oeil. Peu de temps après l'opération , on supprime le surplus des branches qu'on n'a pas jugé nécessaire d'entuyoller. Quand tout le bois n'est pas trouvé assez fort la première année, on réserve quelques branches à traiter l'année, suivante. Pendant les premières années le châtaignier doit être surveillé, et il faut supprimer soigneusement tout ce qui n'est pas greffé. 248 ASSOCIATION BRETONNE. Éviter d'entuyoller par la pluie ; si le tuyau est mouillé si peu que ce soit, il y a dix contre un à parier qu'il ne prendra pas. Ainsi traité, un châtaignier de nulle valeur comme bois d'oeuvre , s'il est d'un certain âge et passablement vigoureux , donne dès la quatrième année des produits de quelque valeur, et au bout de dix ou douze ans il est en plein rapport. C'est par cette méthode principalement que la châtaigne est devenue un produit considérable dans les coins du Morbihan, de l'Illeet-Vilaine et de la Loire-Inférieure , dont Redon est le centre. L'opinion généralement admise dans ce pays est qu'il s'y fait annuellement pour un million environ de châtaignes les plus modérés disent 600,000 fr. Quoi qu'il en soit de ce chiffre, sur lequel nous n'avons pas de renseignements suffisants, on peut affirmer que la châtaigne est une production fort importante pour quelques cantons des trois départements qui avoisinent Redon et que , lorsqu'elle vient à manquer, comme il est arrivé en grande partie l'année dernière, il en résulte dans l'aisance de nos campagnes un déficit que tout le monde peut toucher au doigt. Maintenant une question se présente. Le débouché jusqu'ici a été suffisant; mais soit que le commerce de la châtaigne existe pour le moment parmi nous un peu à l'état de monopole, soit que sous l'empire d'un accroissement rapide de la production , les besoins soient près d'être dépassés, le marché commence à paraître obstrué à plus d'un observateur. La châtaigne d'ailleurs ne se conserve pas et n'a qu'un moment de défaite. Que doit-il arriver dans un avenir très-prochain , si la production augmentant toujours, d'autres débouchés ne sont pas ouverts? On est ainsi amené à désirer vivement, clans l'intérêt de ces cantons, l'établissement à Redon d'une féculerie de châtaignes. Cette industrie peut conserver le produit beaucoup plus longtemps sous la nouvelle forme qu'elle lui donne , en attendre la défaite , et l'expédier beaucoup plus loin qu'il ne parvient aujourd'hui. Elle assurerait notre débouché pour longtemps. La fécule de châtaignes, aujourd'hui trop peu répandue, est d'ailleurs un aliment excellent. Sans avoir des données précises sur les frais d'installation d'un pareil établissement, je no les crois pas très-considérables, et je suis étonné qu'au milieu de la matière première aucun spéculateur n'en ait eu la pensée , lorsque nous avons vu tenter aventureusement à Redon un essai d'industrie déjà encombrée, et dont on tirait à grands frais la matière première des environs de Fontainebleau. Si, à l'exemple de plusieurs départements faisant appel à une industrie utile, des Côtes-du-Nord par exemple, dans l'importante SESSION DE VANNES. 249 question des lins et des toiles , les trois conseils généraux du Morbihan , de la Loire-Inférieure et de l'Ille-et-Vilaine votaient une légère prime à l'établissement d'une féculerie de châtaignes à Redon, ils implanteraient peut-être facilement cette utile industrie parmi nous , et auraient résolu pour l'avenir du pays une question qui n'est pas sans importance. Canton de Questembert. — Depuis quelques années le châtaignier est beaucoup mieux cultivé, et le commerce de la châtaigne prend de l'extension. On le plante communément en bordures, quelquefois en vergers. Il y a deux ou trois variétés châtaigne de Saint-Jean ou précoce, belle espèce tirée de la commune de Saint-Jean, près Redon ; grand et petit poil; commune. Le mode de greffe employé est l'écusson ou flûte et la greffe en couronne. Pour la récolte on emploie la perche ou gaule. ; on laisse la châtaigne pendant quelque temps en tas afin de la retirer plus facilement de l'écusson ou coque. Une partie est consommée par les habitants de l'exploitation et l'autre vendue pour les besoins de la localité ou peur Redon, afin d'être exportée à l'intérieur de la France ou en Angleterre. Canton de Malestroit. — On greffe beaucoup de châtaigniers et on tire ainsi avantage de ceux qui croissent dans les landes et qui, battus des vents, sont presque tous roulifs. La châtaigne sert à la nourriture des habitants. Cantons de Ploërmel et Josselin.—On y cultive beaucoup de châtaigniers et on y a essayé des greffes sur des brins de taillis ; mais ce n'est pas la méthode la plus avantageuse. 29e QUESTION. — Existe-t-il des landes dans votre canton ? Sur quel sol existent-elles? Quel est le rapport de leur étendue avec celui des terres en culture? Combien en a-t-on défriché depuis trente ans? Quelques portions de ces défrichements sont-elles redevenues landes? Le défrichement a-t-il été l'oeuvre des grands propriétaires ou des fermiers? Quelle méthode a-t-on suivie? Dans quelles conditions générales de culture des anciennes terres, de vieille force accumulée dans leur sol, et de ressources en capitaux , ces entreprises ont-elles réussi ? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — On comptait, il y a trente ans, 40 et quelques hectares de landes et terres incultes dans le canton de Lorient. Il n'en reste plus à défricher en 1853 qu'environ 3 hec- 250 ASSOCIATION BRETONNE. tares. Ces terres, converties en prairies, en jardins et en vergers, sont dans un parfait état de rapport. Canton du Faouët. — Beaucoup de landes, leur sol est rocheux pour une notable partie ; c'est le même sol que celui des terres labourées; mais inculte depuis des siècles, il s'est appauvri par l'enlèvement périodique de sa superficie , employée à l'engrais des autres terres. La proportion des landes avec celles-ci est d'un quart, d'un tiers, quelquefois de moitié. Les landes de Guiscriff sont généralement humides et par exception à la généralité des autres. On peut estimer qu'un trentième de landes a été défriché depuis trente ans. Méthode on enlève la motte avec l'étrèpe, on la mêle avec du fumier d'écurie, puis on ouvre à la charrue et on ensemence comme les vieilles terres. Canton de Gourin. — Il existe des landes, surtout dans la partie est du canton de la chaîne des montagnes noires ; elles existent sur le sol argileux pour la plus grande partie; leur rapport avec celui dos terres cultivables est celui de 1 à 4. On a défriché depuis trente ans environ 150 hectares de terres, dont la plus grande partie depuis les dix dernières années; aucune portion de ces défrichements n'est redevenue lande; le défrichement a été l'oeuvre des petits propriétaires et fermiers ; les défrichements ont été faits au moyen de la. charrue du pays, sauf depuis quelques années que, la charrue Dombasle introduite ici a pu donner à cet égard de plus grandes facilités, ce dont on a profité. Canton de Guémené. — Il existe des landes sur des terres do bruyères. Depuis quelques années des défrichements sont opérés par les propriétaires , mais sur de petites proportions. On peut compter depuis dix ans de 7 à 8 hectares par an. Ces défrichements sont tous conservés en culture et ont bien réussi. Ils sont l'oeuvre de petits propriétaires. Travail à la charrue, après un mottage, sans incinération généralement. Canton de la Gacilly. — L'étendue des landes dans le canton est à peu près égale à celle des terres en valeur. Elles sont en grande partie susceptibles de défrichement, ou au moins, sauf quelques portions où le roc est à nu , capables de porter des bois, comme la tradition et de nombreuses preuves restées sur le sol même attestent qu'elles en ont porté autrefois. Dans ces dernières années surtout, on en a défriché quelques parcelles , mais pas en assez grande quantité pour modifier d'une façon un peu sensible le bilan agricole du pays. Il faut, croyons-nous , s'en féliciter, quoique les allocations spécialisées accordées aux comices poussent généralement au défrichement , sans tenir un compte suffisant peut-être de l'état du pays. Nous n'avons point de prairies artificielles; nous ne savons pas encore augmenter nos fourrages. Quel avantage y aurait-il à diviser nos SESSION DE VANNES. 251 engrais déjà à peine suffisants ? Le vent aux défrichements nous paraît prématuré. Nul doute que nous n'ayons beaucoup à gagner un jour sous ce rapport; mais le défrichement ne nous semble pas le premier anneau de l'enchaînement si fatalement logique des progrès agricoles , et nous tenons pour un axiome des mieux éprouvés que , si les engrais sont en agriculture le point d'appui avec lequel on fait des prodiges, faute de ce point d'appui on no peut guère faire que des écoles. Les défrichements opérés dans ce canton sont dus à toutes les positions de fortune. Les plus petits propriétaires en ont fait ainsi que les plus considérables. Presque tous ces essais ont réussi, parce qu'ils ont été faits sur une petite échelle, et sans apporter un grand fardeau à celui qui les opérait. Le défrichement se fait communément à la charrue. On lui donne le blé noir pour première récolte; avec du noir il réussi passablement avec le fumier, cette première récolte est presque toujours à peu près nulle. On fait suivre le seigle ou l'avoine. Quand le défrichement est fait à la bêche , les premiers produits sont toujours supérieurs ; en pareilles circonstances , nous avons vu débuter, et avec un succès complet, par la pomme de terre avec demi-fumure, suivi de froment chaulé. Après le froment la terre était en parfait état de labour. Canton de Questembert. — Il existe beaucoup de landes. Le sol est argilo-sablonneux, quelquefois tourbeux ou granitique, perméable dans beaucoup d'endroits, imperméable dans quelques autres, le sous-sol étant de la pierre ou terre blanche. Il y a en landes, marais et terres incultes, dans le canton, 13,675 hectares; En terres labourables et cultivées, 6,941 hectares; Prairies, herbages et vergers, 2,450 hectares; Total des parties cultivées, 9,391 hectares. Il y a donc un total de terres incultes, supérieur aux terres cultivées et prairies, de plusieurs milliers d'hectares. On a défriché dans le canton, depuis trente ans, plusieurs morceaux de la contenance de 10, 20, 30 à 50 ares, dont plusieurs sont redevenus landes. Un seul de la contenance de 30 hectares a été entrepris et exécuté dans le canton par M. Guillaume, petit propriétaire; il a acheté à raison de 160 à 175 fr. l'hectare, la lande qu'il voulait défricher et qui est située à 1 kilomètre 3 hectomètres de la ville de Questembert. Il a opéré sur un sol dépourvu de tout, sol couvert de bruyères et de petits ajoncs, dont la partie nord était marécageuse et tourbeuse. Aussi ce défrichement a exigé beaucoup de soin et de capitaux com- 252 ASSOCIATION BRETONNE. menée en 1830, il est aujourd'hui dans un état de prospérité qui étonne les culivateurs du canton. Il donne annuellement 50 milliers de foin de bonne qualité, beaucoup de fourrrage vert, trèfle, choux cavalier, rutabaga, betterave et navette, plus de 150 hectolitres de grains, froment, seigle, avoine et sarrazin, et plusieurs hectolitres de pommes de terre, mais en beaucoup moins grande quantité que précédemment, la maladie faisant des ravages. 10,000 pieds d'arbres plantés et semés en espèces communes dans le pays ; 5 kilomètres de fossés et murs de clôture et de séparation ; 50 mètres de maisons d'exploitation. Mode employé Il a défriché de deux manières, en labourant tout simplement à la charrue dans la partie élevée et sèche, et en faisant précéder le labour d'un écobuage dans les lieux tourbeux et humides; il a fait usage d'instruments aratoires perfectionnés, inconnus jusqu'alors dans le pays charrue Dombasle, charrue araire grand et petit modèle, herse Valcourt, butteur et herse à cheval. La terre élémentaire est de nature argilo-sablonneuse, l'humus ou terre végétale d'une épaisseur de 8 à 12 centimètres, de nature acide et astringente; sous-sol, partie argile mêlée de sable, partie granitique; dans d'autres endroits, une terre blanche, dure et très-ténue ou tourbeuse, d'une épaisseur d'un mètre par places. Pendant plusieurs années il a dû pratiquer des labours profonds et amender le sol au moyen des cendres de tourbe et du produit de l'écobuage et de la chaux , du noir animal et de l'engrais Lainé ; il joignait d'ailleurs à ces amendements beaucoup de fumiers pailleux et mélangés avec de la tourbe séchée et pulvérisée, des gazons mêlés avec de la chaux. Les parties tourbeuses et humides ont été converties en prairies après cinq à six ans de culture; les autres sont restées en champs. D'abord il n'obtenait que peu de produits, si ce n'est des pommes de terre en abondance; le sarrazin a toujours assez bien réussi; maintenant, les froments d'hiver et de printemps, le seigle, l'avoine, le trèfle viennent bien. Il emploie l'assolement alterne ou quadriennal 1re année, choux, betteraves, pommes de terre ou sarrazin; 2e, trèfle sur céréale de mars ou sur sarrazin ; 3e trèfle ; 4e. froment, seigle. La luzerne a fait défaut et ne vient pas. Les parties dont la couche arable ou végétale n'était pas profonde ont été, après plusieurs années de culture, semées en foin, raygrass, ajonc épineux et arbres verts. Le bétail dont il se sert est le suivant 1° Espèce chevaline poulinière de race croisée du bas Léon, qua- SESSION DE VANNES. 253 tre élèves provenant des étalons du Gouvernement, cinq de chevaux vendus pour la remonte; 2° Espèce bovine races suisse, léonnaise et bretonne améliorée par le croisement; 3° Espèce porcine cochons anglo-chinois. Cette entreprise a nécessité une dépense de 26,000 fr. Désormais le succès est assuré, la terre est meuble et bonne, les arbres beaux et de belle venue , les pommiers donnent déjà de 20 à 25 hectolitres de cidre, les châtaigniers 1 et 2 hectolitres de belles châtaignes. Canton de Malestroit. — Il y a autant de landes que de terres labourables. Canton de Ploërmet.— Même proportion ; avec les pâtis des landes, on pourrait faire de bonnes prairies, mais ils appartiennent aux communes, et les troupeaux y sont constamment. Département du Morbihan. — On peut évaluer à 6,000 hectares les défrichements opérés dans le département depuis le cadastre, dont les opérations remontent à quarante ans. 30e QUESTION. — Quelle est l'étendue proportionnelle des terres sous bois? A-t-on créé de nouveaux bois? Par quelles méthodes et avec quel profit? » REPONSES. — Canton de Lorient. — Il n'existe de bois dans les deux zones du canton que les belles avenues de quatre rangs d'ormeaux de Chazelles, de Merville, de Carnel, et deux ou trois petits bois d'agrément d'habitations de maître. Canton du Faouët.— Cette étendue est minime. Quelques bois ont été créés par ensemencement de sapins et plantations d'autres essences ; ils sont encore trop jeunes pour donner du produit. Canton de Gourin. — Il n'existe dans le canton que peu de bois taillis, environ le vingtième de la superficie totale du canton ; ce sont des taillis de chêne on n'a pas créé de nouveaux bois. Canton de Guémené. — L'étendue des terres sous bois est de 337 hectares ; celle des nouveaux bois créés, de 87 hectares ; ceux-ci sont en général en ligne et en potée le profit en est encore inconnu. Canton de la Gacilly. — Les terres sous bois , de date un peu ancienne, sont dans le canton dans la proportion d'un vingt-cinquième environ. De récents semis d'arbres verts doivent l'augmenter notablement. Ces semis d'arbres verts pin maritime presque exclusivement se font sur rigoles faites à la bêche. Elles ont une largeur de 20 centi- 254 ASSOCIATION BRETONNE. mètres environ sur une quinzaine de défoncement, et sont établies parallèlement sur le sol, à une distance variable, communément 2 mètres, pour que le terrain soit fortement garni. Ce mode d'ensemencement réussit très-bien, il est peu coûteux. Les rigoles se payent de 25 à 30 cent, les 100 mètres, l'ensemencement 6 à 8 cent, le 100. L'ensemencement d'un hectare les clôtures non comprises ne coûte pas plus de 15 à 20 fr. Dans les bois taillis du canton , les tailles à cercles châtaigniers figurent pour un vingtième environ. Nous expédions des feuillards par le port de Redon. Mais les bois de toute espèce sont en baisse ce qu'il faut attribuer probablement, pour le bois d'oeuvre , à l'introduction des bois étrangers et à l'usage du fer qui s'essaye dans beaucoup de constructions; pour le bois de corde, à la concurrence de plus en plus active du charbon de terre ; et pour les feuillards, aux créations récentes de tailles à cercle dans le Bordelais et le Périgord, ainsi qu'à la diminution du travail et par suite de nos relations commerciales, dans nos colonies des Antilles qui recevaient une bonne partie de nos feuillards. La Bretagne a tant à faire sous le rapport des bois, qu'il faut regretter au point de vue de ses intérêts particuliers toutes ces causes de dépréciation d'un de ses produits les plus naturels , et surtout l'expansion de plus en plus considérable des charbons de terre , source de richesses pour quelques contrées privilégiées et que ne recèle pas notre sol. Canton de Questembert. — Il y a dans le canton, sous bois et taillis, 1,275 hectares; semis de pins, 400 hectares, dont 300 semés dans de mauvais bois taillis. Méthode employée semis en place ou au moyen de la transplantation avec la motte, au bout de deux à trois ans ; pour cela on laboure une ou plusieurs planches qu'on sème. Les plants sont de belle venue. Canton de Malestroit.— Il n'existe de plantations que sur les fossés. Canton de Sarzeau. — Il n'existe ni bois ni plantations dans ce canton jadis couvert de forêts. Quelques pins maritimes s'élèvent seulement aux environs do Surzur. Canton de Rohan. — Des semis de pins par bandes ou par potets ont réussi. Canton de Vannes. — On évalue les reboisements opérés à 170 hectares en plantations, 437 hectares en taillis, et 319 en résineux. 31° QUESTION. — Quelles sont les races de bêtes à cornes existant dans votre canton, leurs aptitudes, les méthodes suivies pour les perfectionner ? » SESSION DE VANNES. 235 RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Le nombre des vaches existant dans le canton est de 200. On fait peu d' compte trois ou quatre taureaux , reproducteurs de race bretonne, d'un beau type , trèsrecherchés pour la monte. Les veaux qui en proviennent ont beaucoup de prix pour la boucherie. Canton du Faouët.— Une petite race bien faite, fortement constituée, énergique et sobre; elle est digne d'être perfectionnée par elle-même, sur place; le choix de ses produits est recherché et enlevé pour l'intérieur. Canton de Gourin. — Les races de bêtes à cornes existant dans le pays sont celle originaire du pays et celle de Saint-Pol-de-Léon. Ces races ont de précieuses qualités qui augmenteraient encore si elles étaient plus convenablement nourries. Ou n'a suivi aucun système de perfectionnement. Canton de Guémené. — La petite race bretonne, bonne pour le lait et le beurre. Les reproducteurs sont négligés. Canton de la Gacilly. — Les vaches appartiennent à peu près exclusivement à la race bretonne. Les boeufs sont aussi de cette race en majorité. Les cultivateurs les plus aisés ont des boeufs de race poitevine, ils peuvent entrer pour un cinquième ou pour un quart dans les attelages du canton. On n'élève guère que pour les besoins du pays, et cette mesure d'élevage ne suffit pas à les couvrir. On a peu d'émulation à améliorer la reproduction le premier taureau venu est trouvé bon. Presque toujours les reproducteurs sont trop jeunes. Canton de petite race bretonne, d'assez bonne nature, mais exigeant plus de méthode pour arriver à la perfection désirée ; le cultivateur est indifférent sur le choix des reproducteurs et sur le soin des élèves; seulement quatre ou cinq agronomes font tous leurs efforts pour l'amélioration de la race en élevant et faisant venir des taureaux de choix. 32° QUESTION. — Quel est le système d'alimentation et le régime auquel elles sont soumises ? Stabulation ; pâturage. » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Les vaches laitières sont nourries au trèfle et aux feuilles de choux pendant l'été. L'hiver, elles reçoivent du foin , des racines et des lavures de son. Elles paissent dans les prairies et les champs au piquet, et ne sont point assujetties au régime de la stabulation. Canton du Faouët. — Stabulation seulement la nuit ou lorsqu'il y a intempérie, froid, neige ou chaleur excessive; hors ces cas, pas d'alimentation autre que celle du pâturage. 256 ASSOCIATION BRETONNE. Canton de Gourin. — Le foin et la paille à l'étable l'hiver; fourrages verts à l'étable l'été, pour les boeufs à l'engrais, et la pâture pour les autres animaux. Canton de Guémené. — Les vaches et le jeune bétail végètent pendant le printemps et l'été dans les champs et les landes et n'y rencontrent que la plus maigre nourriture. La stabulation n'a lieu que pendant la nuit. La quantité de fourrage pendant la stabulation est insuffisante. Canton de la Gacilly. — Le pâturage autant que possible. L'hiver le bétail reçoit à l'étable du foin , de la paille d'avoine ; au printemps , des navets et de l'herbe. Les vaches fraîches de lait reçoivent en outre une potion tiède avec quelques poignées de farine. En général, les boeufs sont mieux traités à l'étable que les vaches. Canton de Questembert.— Le système d'alimentation généralement suivi par nos cultivateurs consiste, pour les boeufs gras, le printemps, l'été et une partie de l'automne, en pâture des prairies naturelles il n'y en a pas d'artificielles, un peu de foin matin et soir; l'automne et l'hiver foin et breuvage tiède, avec de la farine d'avoine et de sarrazin, qu'on donne deux et trois fois par jour, sur la fin de l'engraissement. Pour les boeufs maigres et de travail et les vaches, pâturage toute l'année , breuvage l'hiver, le matin, quelquefois le soir, avec des navets coupés par tranche; foin et paille, ajonc épineux pilé. Pour les élèves d'un et deux ans, peu de foin, de la paille. Canton de Rohan. — L'alimentation est défectueuse et insuffisante et la stabulation nulle. 33e QUESTION. — Quelle est l'importance de leur production en lait, beurre, bestiaux gras, boeufs de travail? Quels sont les débouchés ouverts au commerce de ces divers produits consommation locale, vente à l'intérieur de la France, exportation ? » REPONSES. — Canton de Lorient. — La vache bretonne, nourrie comme l'indique la réponse à la précédente question, produit en moyenne, pendant sept à huit mois de l'année, quatre litres de lait et 110 grammes de beurre par jour. On ne se sert point de boeufs de travail dans le canton , et il ne s'en fait aucun commerce pour la boucherie. La culture des terres se fait dans toutes les fermes avec des chevaux. Canton de Guémené. — Le lait de vache suffit grandement aux besoins de la population ; sur la quantité de beurre qui est de 56,000 SESSION DE VANNES. 257 kil., un quart est exporté. Le canton produit 200 bestiaux gras, il possède 3,012 boeufs de travail, et a pour débouchés les marchés de Rostrenen, Kernascleden, Plouay, Napoléonville, Saint-Laurent, Silfiac, Saint-Fiacre. Canton de la Gacilly. — Une vache donne en moyenne 1 kilog. de beurre par semaine, à 1 fr. 60 cent 67fr. 60 Lait pour le ménage . 24 » Un veau 8 » Total 99 60 Soit en nombre rond 100 fr. Le canton n'engraisse pas. On achète des boeufs à l'âge de trois ans, on les revend vers six ans, dans les foires du pays, comme boeufs de travail. Les animaux tarés par suite d'accidents se vendent pour la boucherie. Canton de Questembert.— Tous les ans chaque fermier un peu aisé vend une paire de boeufs gras ; les uns vendent pour l'intérieur; les autres pour l'Angleterre. La plupart des boeufs maigres ou de travail sont achetés aux foires du nord de notre département, à l'âge de cinq à six ans ; peu de cultivateurs du canton se livrent à l'élève du boeuf, mais on élève beaucoup de génisses. Le lait est généralement consommé dans la ferme à quelques exceptions près, dues à la situation de la ferme près d'un centre d'agglomération. Le beurre est vendu aux foires et marchés. Canton de Rohan. — La production en beurre de chaque vache est d'un kilogramme par semaine. On exporte les vaches pour le midi ; les boeufs sont consommés dans le pays, ceux destinés au travail sont au surplus dans la proportion d'un quart avec le nombre total. 34e QUESTION.— Quelles sont les causes qui contribuent à paralyser le développement de ces divers débouchés? » RÉPONSES. — Canton de Guémené. — Le peu de poids du bétail. Canton de la Gacilly. — Toutes celles qui réagissent sur cette branche du mouvement commercial en général. Canton de Questembert.— L'incurie et souvent la paresse des cultivateurs. Canton de Rohan. — La cause principale qui paralyse le débouché est le poids trop petit de l'animal, d'où résulte l'impossibilité d'exporter en Angleterre. Les boeufs du pays ne donnent que 130 à 140 kilogrammes de viande nette. Les boeufs anglais fournissent le double. 17 238 ASSOCIATION BRETONNE. 35e QUESTION. — Quelles sont les diverses stations d'étalons nationaux existant dans le département du Morbihan? Quelle est la région desservie par chacune de ces stations? » 36e QUESTION.— Quel est le nombre approximatif des juments poulinières de chacune de ces régions ? A quelles races appartiennent-elles ? » 37e QUESTION.— Quelle a été, en 1853, la composition de chacune de ces stations relativement au nombre et aux races diverses des chevaux qui y ont fait la monte ? » 38e QUESTION. — Quel est le système d'élevage des jeunes chevaux? Alimentation; soins; écuries. » 39e QUESTION.— Quels sont les débouchés ouverts au commerce des chevaux ? Quelles sont les causes qui nuisent à leur développement? » RÉPONSES. — Canton de Lorient. — Le dépôt impérial d'étalons de Langonnet fournit chaque année à Landevant une station de trois reproducteurs pour l'arrondissement de Lorient. Sur le nombre de 328 chevaux qui existent dans le canton, on compte 80 juments, dont une vingtaine seulement pourraient faire des poulinières, et que l'on ne présente pas à la monte. Tous ces chevaux appartiennent à la race légère de trait du Finistère. La station de Landevant, en 1853, était composée d'un carrossier, d'un cheval de grosse cavalerie et d'un cheval léger. Le cheval qui convient à l'arrondissement est celui de cavalerie légère et de trait léger. Nos juments sont d'une trop petite stature pour porter des carossiers, et nos pâturages sont trop peu abondants pour le cheval de grosse cavalerie. Les jeunes chevaux sont élevés avec le troupeau de la ferme et dans les mêmes pâturages, mangeant plus de paille que de foin, et plus rarement encore de l'avoine. Les éleveurs les plus soigneux sont ceux des communes du littoral, mais ils sont en petit nombre , et les chevaux y sont logés dans des écuries très-mal tenues , et où ils se trouvent trop peu espacés des vaches ; ils ne reçoivent pas d'autres soins que ces dernières. Les débouchés ouverts aux chevaux élevés dans l'arrondissement tiennent à la remonte de la cavalerie de l'armée les prix fixés par le Gouvernement sont avantageux aux éleveurs, mais les primes sont trop faillies en raison des conditions imposées pour exciter l'émulation. Il SESSION DE VANNES. 259 en résuite que l'amélioration de la race chevaline fait peu de progrès dans l'arrondissement de Lorient. Canton du Faouët. — La race chevaline du pays devrait se régénérer par elle-même, elle a de l'analogie avec la race bovine dans les qualités qui lui sont propres. Un dépôt d'étalons existe dans le canton voisin , à Langonnet cet établissement fournira, pour sa spécialité, des renseignements plus précis que qui ce soit. Il n'y a pas de station dans la circonscription de ce canton. Canton de Guémené. — La station la plus voisine est Napoléonville. Canton de la Gacilly. — Depuis plusieurs années il n'existe pas de stations d'étalons nationaux dans le canton , ni même dans son voisinage immédiat. On s'y adonne peu à l'élève du cheval, et les juments du pays ne sont pas en général dignes d'être livrées à des étalons de distinction. Cependant quoique de petite taille et de conformation souvent défectueuse, bon nombre, par la sécheresse remarquable de leurs membres, leur vigueur relative et leur légèreté, seraient propres à un commencement de sous-race ; avec le mélange de sang arabe, on amènerait en assez peu d'années ce pays à fournir de bons sujets à notre cavalerie légère. Mais la population n'a aucun souci du cheval, et sans cet indispensable point de départ il n'y a rien à faire. Quelques propriétaires et cultivateurs conduisent des juments à la station de Redon ; mais le nombre en est fort restreint. Le cheval ici n'est qu'un accessoire qui entre pour fort peu dans les préoccupations d'approvisionnement en fourrages. Il doit vivre à la pâture presque toute l'année, et si au printemps les prés étant fermés, et la pâture dont les boeufs ont le privilége lui étant interdite, il n'y a rien à lui donner à l'écurie, il a pleine liberté d'explorer les chemins et les coins de terres vagues , et de s'en tirer comme il l'entend. Ce qu'il y a d'admirable avec un pareil régime, c'est qu'il est plein de vigueur dans sa petite taille ; il ne manque pas de vivacité ni d'un certain feu, il est dur à la fatigue au delà de toute expression, et rend de très-grands services bien moins appréciés qu'ils ne valent. Canton de Questembert. — Il n'y a pas do station dans le canton, il est desservi par la station de Muzillac. Deux ou trois cultivateurs seulement se livrent à l'élève du cheval. On laisse le poulin teter six mois, puis on lui donne matin et soir, pendant trois mois, un breuvage avec la farine d'orge ou d'avoine et du foin; au bout d'un an, pâturage, foin, paille, un litre d'avoine ; l'hiver un peu d'avoine le matin, et le soir ajonc pilé. Écuries pavées et blanchies au lait de chaux, bien éclairées. 260 ASSOCIATION BRETONNE. L'industrie chevaline trouve un débouché dans la remonte pour les beaux élèves, dans le commerce pour les produits d'un ordre inférieur. Ce qui contribue à empêcher le développement de cette branche de l'industrie agronomique, c'est 1° le défaut do fourrage, ensuite les pertes ou accidents ; un cheval de quatre ans, ayant coûté près de 450 fr. à l'éleveur, vient à être refusé par l'officier de remonte de là perte de la moitié des frais. Canton de Rohan. — N'ayant pas de station d'étalons, il envoie à Josselin et Napoléonville. L'élève du cheval a peu d'importance dans ce canton. 40e QUESTION. — A quelles races appartiennent les bêtes de l'espèce porcine ? Quels croisements ont été essayés, et quels en ont été les résultats ? Quels sont les débouchés ouverts aux produits de cette espèce ? » RÉPONSES. — Canton du Faouët.— Différentes races existent ; les plus communes sont celles ordinaires du pays ; bonne qualité les croisements n'ont point été tentés. La consommation locale est à peu près la seule absorption. Canton de Guémené. — Race bretonne ; aucun croisement ; les débouchés sont Lorient et Napoléonville. Canton de la Gacilly. — La race porcine du canton est la bretonne. Le commerce qui s'en fait est pour nous dans le mouvement des foires du pays. C'est, de tous les animaux qui s'y vendent, celui dont le prix est le plus variable et le plus sujet à des alternatives considérablement dissemblables. Canton de Questembert. — Une grande partie appartient à la race du pays, de haute taille, à colonne dorsale arquée; le croisement avec la race anglo-chinoise a donné de beaux produits, ainsi qu'avec la race du Tonquin. Ils servent à la consommation do la localité et ont Nantes pour débouché. Canton de Rohan. — Abonde en porcs de l'espèce du pays qui font un tiers du commerce de la localité. 41° QUESTION. — " Quelles sont les différentes races de moutons? Quelle est l'importance du rôle qu'ils jouent dans l'exploitation agricole? A quel commerce donnent lieu leurs produits ? » RÉPONSES. — Canton du Faouët. — Les races de moutons sont SESSION DE VANNES. 261 multiples sans que celles étrangères soient introduites, les produits de laine sont peu significatifs, la vente cependant s'en opère à prix modéré. Canton de Guémené. — Petite race bretonne très-recherchée par la boucherie de Lorient et des villes circonvoisines. Les moutons jouent un rôle très-peu important dans l'exploitation agricole. Ils fournissent au commerce de la boucherie et à un commerce de laine assez étendu. Canton de la Gacilly. — La race ovine de nos landes est la plus chétive et la plus misérable qu'il soit possible d'imaginer. Elle vit dehors toute l'année et n'a jamais rien à la crèche. Aussi quand ils ont souffert de la faim pendant un hiver un peu rigoureux, nos malheureux moutons crèvent en grand nombre au printemps. On en tire peu de laine. Quand la bête donne une livre , c'est un rendement trèssatisfaisant. Toutefois, nos moutons ont une valeur assez notable dans la somme des engrais de la ferme. Cette chétive espèce commence à être en défaveur. Les cultivateurs aisés la remplacent volontiers par la race d'Anjou, qu'on appelle ici des Berrys. Une demi-douzaine de moutons de cette espèce remplace avantageusement trente indigènes. Espérons que cette bonne pensée prévaudra. Nos champs en seront moins dévorés et nos cultivateurs apprendront à ne négliger aucun des animaux qu'ils entretiennent, et à porter sur chacun de ces utiles auxiliaires la part de soins et d'intelligente reconnaissance à laquelle il a droit. Canton de Questembert. — Il y a deux races, la petite du pays, facile à prendre la graisse et celle croisée avec la race du Poitou. Dans les fermes d'une certaine étendue il y a un troupeau de 40, 50 à 60 bêtes ; la laine donne une ressource aux fermiers, qui la plupart la vendent en totalité à raison de 1 fr. 50 centimes à 2 fr. le demikilogramme ; la moitié et souvent la totalité du troupeau est vendue l'hiver aux bouchers de la localité et pour l'intérieur de la France. 262 ASSOCIATION BRETONNE. COMPTE RENDU GÉNÉRAL Des Recettes et Dépenses de l'Association Bretonne Pendant l'année 1803. DÉTAILS TOTAUX RELIQUAT. des des RECETTES. RECETTES. fr. c. fr. c. Reste en caisse au 31 décembre 1852, en argent. . 2,258 95 2,419 95 — en médailles non distribuées mais soldées. . 161 » RECETTES DE L'EXERCICE 1853. CHAPITRE PREMIER. SOUSCRIPTIONS PARTICULIÈRES. fr fr. c. fr. c. 25 Souscriptions de 100 francs. 2 500 » 3 idem de 40 fr 120 » 8 Souscriptions de 5 fr. reçues directement par le Trésorier 40 » 9 idem. par M. Thoinnet, inspecteur à Ancenis 65 » 2 idem par M. Louis de Kerjégu, inspecteur à Brest 10 » 5 idem par M. Flagelle, inspecteur à Brest 25 » 19 idem par M. de Cornullier, inspecteur à Châteaubriant 95 » 5 idem par M. de Pompery, inspecteur à Châteaulin 25 » 10 idem par M. Cohan, inspecteur à Dinan Dinan » 23 idem par M. de Saisy, inspecteur à Guingamp 115 » 21 idem par M. Salliou, inspecteur à Lannion 105 » 6 idem par M. Lequéméner, arrondissement arrondissement Lorient 30 » 11 idem par M. Briot de Loyat, inspecteur inspecteur Loudéac 55 » 56 idem par M. Querret, inspecteur à Morlaix 280 » 19 idem par M. de Sesmaisons, à Nantes. 95 » I A reporter. ...... 3,590 » SESSION DE VANNES. 263 DÉTAILS TOTAUX RECETTES DE L'EXERCICE 1853. des des RECETTES. RECETTES. fr. c. fr. c. Report 3,590 » 31 Souscriptions par M. de la Monneraye, inspecteur à Ploërmel 155 >> 3 idem par M. Rouxel de Lescouët, inspecteur à Pontivy 15 » 8 idem par M. de Fresne, inspecteur à Quimperlé 40 » 8 idem par M. Bernède, inspecteur à Redon Redon » 6 idem par M. Legall, inspecteur à Rennes 30 » 11 idem par M. Haugoumar des Portes, inspecteur à Saint-Brieuc. ... 55 » 12 idem par M. de Kergariou, inspecteur inspecteur Saint-Malo 60 " 5 idem par M. Deloze, inspecteur à Savenay Savenay » 14 idem par M. Kerviler, inspecteur à Vannes 70 » 21 idem à domicile dans la ville de Vannes. 105 » 9 idem à l'entrée de la salle des séances du Congrès 45 » 3 idem par M. de Courte, inspecteur à Vitré. . . . 15 » Total du premier Chapitre des Recettes. . . 4,245 » 4,245 » CHAPITRE II. SUBVENTIONS DES DÉPARTEMEMS. Subvention du département du Morbihan 1,500 » idem du département des Côtes-du-Nord. . 300 » idem du département du Finistère 300 » idem du département de l'Ille-et-Vilaine. . . 300 » idem du département de la Loire-Inférieure. 300 » Total du deuxième Chapitre des Recettes. . . 2,700 >T 2, 700 " CHAPITRE III. SUBVENTIONS DE LA VILLE DE VANNES ET DE COMICES. Subvention de la ville de Vannes. 1 500 » idem du Comice d'Auray, reçue par M. Bonneman Bonneman >> idem du Comice de Napoléonville, reçue par M. de Lescouët 100 » idem du Comice de Quimper, reçue par M. Briot de la Maillerie 30 » A reporter. ..... 1,730 » 6,945 » 264 ASSOCIATION BRETONNE. DÉTAILS TOTAUX RECETTES DE L'EXERCICE 1853. des des RECETTES. RECETTES. fr. c. fr. c. Report 1,730 » 6,945 » Subventions du Comice de Brest, reçue par M. de Kerjégu 25 » idem du Comice de Quimperlé, reçue par M. de Fresne 25 » idem du Comice de Redon, reçue par M. Bernède 25 » idem du Comice de Callac, reçue par M. de Saisy 10 » idem du Comice du Faouët, reçue par M. de Lescouët 10 » idem du Comice de Gourin , reçue par M. de Lescouët 10 » idem du Comice de Landerneau, reçue par M. Flagelle 5 » Total du troisième Chapitre des Recettes. . . 1,840 >> 1,840 » CHAPITRE IV. ALLOCATION DU GOUVERNEMENT. Allocation du Gouvernement 4,650 » Total du quatrième Chapitre des Recettes. . . 4,650 » 4,650 » CHAPITRE V. RECETTES PROVENANT DE SOURCES DIVERSES. Payement de souscriptions payées en 1853 pour l'année 1852 et non inscrites au dernier Compte rendu 55 >> Total du cinquième Chapitre des Recettes. . . 15 >> 15 » CHAPITRE VI. ALLOCATIONS EN NATURE D'OBJETS DIVERS. Livres donnés par le Ministère d'État 170 volumes, formant 159 ouvrages, dévalués approximativement à 860 >> Total du sixième Chapitre des Recettes. . . . 860 » 860 » CHAPITRE VII. ENCOURAGEMENTS DISTRIBUÉS PENDANT LE CONGRÈS PAR DIVERSES SOCIÉTÉS. Encouragements distribués par le département du Morbihan 990 >> idem distribués par la Société d'agriculture de Vannes 1,480 » Report 2,380 » 14,310 » SESSION DE VANNES. 265 DÉTAILS TOTAUX RECETTES DE L'EXERCICE 1853. des des RECETTES. RECETTES. fr. c fr. c. Report 2,380 » 14,310 » Encouragements distribués par le Comice d'Elven. 490 » idem. distribués par la Société d'horticulture du Morbihan. . 26O » Total du septième Chapitre des Recettes. . 3, 130 » 3,130 » Total de l'exercice 1853 17,440 » RÉCAPITULATION DE L'ACTIF. Reliquat de l'année précédente 2, 419 95 Recettes. Chapitre 1er 4 245 » idem Chapitre II 2, 700 » idem Chapitre III 1, 840 » idem Chapitre IV 4, 650 » idem Chapitre V 15 » idem Chapitre VI 860 » idem Chapitre VII 3, 130 » Total de l'Actif. 19,859 95 19,859 95 266 ASSOCIATION BRETONNE. DÉTAILS TOTAUX DÉPENSES DE L'EXERCICE 1853. des des DÉPENSES. DÉPENSES. fr. c. fr. c. CHAPITRE PREMIER. PRIMES EN ARGENT. Primes à l'espèce bovine 2,345 » — à l'espèce chevaline 1,100 » — à l'espèce porcine 280 » — à l'espèce ovine 200 » — aux produits végétaux de toutes sortes. . 565 » — à la bonne culture, aux défrichements, drainages et irrigations 1,350 » — au concours de charrues 410 » Total du premier Chapitre des Dépenses. . . 6,250 » 6,250 » CHAPITRE II. PRIMES EN MÉDAILLES. Médailles distribuées au Congrès de Vannes 15 argent, 1re classe 326 25 11 — 2° classe 156 76 8 — 3e classe 74 » 18 bronze 85 50 Total du deuxième Chapitre des Dépenses. . . 642 50 642 50 CHAPITRE III. INDEMNITÉS DE ROUTE ET DE LOGEMENT POUR LES ANIMAUX CONDUITS AU CONCOURS. Indemnités de route 1,315 80 Frais de logeaient 100 50 Total du troisième Chapitre des Dépenses. . . 1,476 30 1,476 30 CHAPITRE IV. FRAIS D'INSTALLATION DU CONGRÈS. Honoraires d'une messe du Saint-Esprit 15 » Frais relatifs à la salle où se tenaient les séances du Congrès 247 60 Frais pour l'exposition des légumes 286 20 Installation de la tente et frais pour la cérémonie de distribution des primes 500 75 Achat de rubans et installation de poteaux pour le concours de charrues 15 85 Total du quatrième chapitre des Dépenses. . 1,065 40 1,065 40 A reporter 9,434 20 SESSION DE VANNES. 267 DÉTAILS TOTAUX DÉPENSES DE L'EXERCICE 1853. des des DÉPENSES. DÉPENSES. fr. fr. c. Report. ........ 9,434 20 CHAPITRE V. FRAIS DE DIRECTION ET D'INSPECTION, Voyage d'un inspecteur expert dans les exploitations exploitations 628 » Frais d'une inspection spéciale de cultures faite par M. Kerarmel 14 30 Frais de voiture de M. Kerviler 50 Frais de bureau et ports de lettres de M. le Secrétaire général. 141 50 Frais de bureau de M. le Trésorier 51 79 Frais de bureau de divers inspecteurs 28 33 Port de paquets et commissions diverses 177 58 Gratification aux employés de la mairie de Vannes pour divers services rendus 40 » Frais pour la circulation de la liste de souscription dans la ville de Vannes et autres services " Total du cinquième Chapitre des Dépenses, . 1,104 » 1, 104 " CHAPITRE VI. FRAIS D'IMPRESSION. Frais d'impression du Compte rendu du Congrès de Saint-Brieuc, de publications diverses, de cartes d'entrée pour les membres du Congrès , de diplômes pour les lauréats , etc 1,937 25 Total du sixième Chapitre des Dépenses. . . 1,937 25 1,937 25 CHAPITRE VII. SOURCES DIVERSES. 9 souscriptions promises et non payées pour 1852. 45 » Total du septième Chapitre des Dépenses. ... 45 » 45 » CHAPITRE VIII. ALLOCATIONS EN NATURE D'OBJETS DIVERS. Livres donnés par le Ministère, évalués approximativement à 860 » Total du huitième Chapitre des Dépenses. . . 860 » 860 » A reporter. ....... 13,380 45 268 ASSOCIATION BRETONNE. DÉTAILS TOTAUX DEPENSES DE L'EXERCICE 1853. des des DÉPENSES. DÉPENSES. fr. c. fr. c. Report 13,380 45 CHAPITRE IX. ENCOURAGEMENTS DISTRIBUÉS PENDANT LE CONGRÈS PAR DES SOCIÉTÉS ET COMICES. Encouragements distribués par le département du Morbihan 900 » idem idem par la Société d'agriculture de Vannes. . 1,480 » idem idem par le Comice d'Elven. 490 » idem idem par la Société d'horticulture du Morbihan. 260 » Total du neuvième Chapitre des Dépenses. . 3,130 » 3,130 » RÉCAPITULATION DU PASSIF. Dépenses. Chapitre 1er 6, 250 >> idem Chapitre II 642 50 idem Chapitre III. 1,476 30 idem Chapitre IV 1, 065 40 idem Chapitre V 1,104 >> idem Chapitre VI 1,937 25 idem Chapitre VII 45 >> idem Chapitre VIII 860 >> idem Chapitre IX 3, 130 >> Total du Passif 16,510 45 16,510 45 BALANCE. Actif 19,859 95 Passif 16,510 45 Reste en caisse à la fin de l'exercice 1853. .... 3,349 50 50 Le présent compte avec les pièces justificatives à l'appui, rédigé et certifié par le Trésorier de l'Association Bretonne, le 31 décembre 1853. PAUL DE CHAMPAGNE. SESSION DE VANNES. 269 LISTE DES MEMBRES DE L'ASSOCIATION AGRICOLE BRETONNE, qui ont souscrit pour le Congrès de Vannes. Souscriptions de 100 fr. MM. Avrouin, receveur général à Vannes. Bonneman, à Treulan, près Sainte-Anne d'Auray. Emmanuel de Brissac. Napoléon de Champagny, à Loyat, près Ploërmel. Jules de Francheville, à Truscat, près Vannes. De Gouvello, à Kérantré, près Auray. De Janzé. Louis de Kergorlay, secrétaire général de l'Association Bretonne. De Kéridec, à Hennebon. Do la Bourdonnaye. Le Mintier de Léhélec , à Limoges, près Vannes. De Léon, à Josselin. De Maillé. Marziou. Du Noday, à Josselin. Adolphe de Perrien. Arthur de Perrien. Léonce de Perrien. De Pluvier. Rouxel de Lescouët, à Tronjoly, près Gourin. Paul de Saint-George, à Keronic. Olivier de Sesmaisons, directeur de l'Association. Alfred de Soussay. Vigier. De Virel. 270 ASSOCIATION BRETONNE. Souscriptions de 40 fr. MM. Jollivet-Castelot, député au Corps législatif, à Vannes. De Kerjegu, à Trévarez Finistère. De Lantivy, à Meudon, par Vannes. Souscriptions de 5 fr. Recettes directes. MM. Briot de la Maillerie, à Quimper. Chartier, à Monfort. De Genouillac. L'abbé Lecrom, à Vannes. Lotz fils aîné, à Nantes. Du Noday, à Josselin. De Saint-George père, à Keronic. Adolphe deTroguindy, à Lannion. ARRONDISSEMENT DE VANNES. M. POCARD KERVILER , inspecteur. MM. Pocard-Kerviler, inspecteur. Caradec , président du tribunal à Vannes. Gaillard , ancien conseiller de préfecture à Vannes. De Gouyon, président du Comice de Carentoir. Guillaume, médecin à Questembert. De Korampuil, à Vannes. De Kergaradec , recteur de l'Académie à Vannes. De la Fruglaye, au Restau , près Locminé. De Lantivy, ancien maire de Vannes. Frédéric Lefebvrier, à Vannes. Pollard , à Saumur. Taslé, à Vannes. Thumerel. Trochu , à Belle-Isle. SESSION DE VANNES. 271 Souscriptions recueillies à domicile. MM. Berthois, juge de paix à Vannes. Boulage, préfet du Morbihan. Général Boullé. De Cappe, sous-intendant. Claret père, ancien conseiller. Corniguel, tanneur. Dufeigna, directeur de l'enregistrement. Dupuis, procureur impérial. Paillant. Gruel, curé de Saint-Pierre. Huchet, notaire. Jacquemet, directeur des contributions indirectes, Kern, brasseur. Le Mintier de Léhélec. Magnier de Maisonneuve. Marquer, avocat. Melcion d'Arc, chef de bataillon. Piron, inspecteur des contributions directes. Robo, commissionnaire de roulage. Ropert, vétérinaire. Thétiot, chanoine. Souscriptions recueillies à l' entrée de la salle des séances. MM. Jules Besqueut, maître de forges à Trédion. F. Élie , propriétaire à Grandchamp. De Lantivy, de Meudon. J. de Miollis, à la Morlaye, près Malestroit. Sévère du Noday. Camille Peyron , à Vannes. De Kermoisan , à Kerose en Sainte-Sève. Isaac Sept-Livres, à Séné, près Vannes. Sept-Livres, à Saint-Malo. 272 ASSOCIATION BRETONNE. ARRONDISSEMENT DE LORIENT. Inspecteur. — M. BONNEMAN , à Treulan, près Auray. MM. Bonneman, inspecteur. Goëlo, à Ploemeur. Lacroix-Herpin, à Ploemeur. De Larcher, a Ploemeur. La Plume, président du Comice agricole de Ploemeur. Le Quéméner, à Ploemeur. De Raime, maire de Ploemeur. NOTA. — M. l'Inspecteur de l'arrondissement n'a pas encore fourni les autres noms qui complètent cette liste. ARRONDISSEMENT DE PLOERMEL. Inspecteur.— M. CHARLES DE LA MONNERAYE , au Cléyo, près Malestroit. MM. Charles de la Monneraye, inspecteur. Charles Avrouin, conseiller général. H. du Boisbaudry. De Carheil. Armand de Castel. Arthur de Castel. Crespel de la Touche, maire de la Roche-Bernard. L'abbé Daniélo, curé. P. Dubois de Beauregard. De Fouché , conseiller général. Am. do Franchevillo, maire de Sarzeau. L'abbé Haumaître, vicaire à Malestroit. De la Bourdonnaye Cocandec, conseiller général. De la Caunelaye. De la Fonchais père. De la Fonchais fils. De la Foye, conseiller général. De la Haichois, maire de Lorient. De la Morlais, conseiller général. De Lambilly. Legall. Lorieux, président du tribunal à Ploërmel. Alex, du Noday, conseiller général. SESSION DE VANNES. 273 MM. Peuchant, conseiller général. Gabriel de Beaudeau, maire de Ploërmel. Rondeau. Laurent de Saint-Gonant. Onézime de Saint-Gonant. A. de Savignhac. Thépault, maire de Pont-Louis. ARRONDISSEMENT DE NAPOLÉONVILLE. Inspecteur. — M. ROUXEL DE LESCOUET, à Troujoly, près Gourin. MM. Rouxel de Lescouët, inspecteur. Carré, maire du Faouët. Hervé, président de la Société d'agriculture de Napoléonville. Pério, propriétaire à Napoléonville. ARRONDISSEMENT DE DINAN. Inspecteur. — M. COHAN, à Hénanbihen. 10 souscripteurs dont les noms ne sont pas indiqués. ARRONDISSEMENT DE GUINGAMP. Inspecteur. — M. DE SAISY, à Glomel. MM. De Saisy, inspecteur. De Boisboissel, à Guingamp. Brunot, ancien sous-préfet. Baherre de Lanlay, conseiller général. De Carpentin, président du Comice de Rostrenen. Jean-Baptiste du Créhu, à Paule. Gourdin, président du Comice de Carhaix. Guyomar, trésorier du Comice de Callac. Guyot, conseiller général. Auguste Desjars, à Guingamp. De Kergariou , à Plouagat. Claude l'Ancien, président du Comice de Callac. Le Camus, conseiller d'arrondissement à Guingamp. Jean-Marie le Gallou, cultivateur à Grâces. L'abbé le Meur, aumônier à Castellaouonan. 18 274 ASSOCIATION BRETONNE. MM. Le Moine, conseiller général à Maël-Carhaix. Albert de Lesguern, président du Comice de Saint-Nicolas. Amédée du Humain, à Saint-Gelven. Louis de Saisy, directeur de la ferme-école de Castellaouenan. Paul de Saisy, à. Glomel. De Saint-Pierre, à Lanvollon. Vauchel, vice-président du Comice de Callac. Louis Villeféron, armateur au Légué. ARRONDISSEMENT DE LANNION. Inspecteur. — M. HYACINTHE SALLIOU, à Penvénan. MM. Salliou, inspecteur. H. du Boisriou, au Trévou-Trégumer. Pierre Dagorn, à, Penvénan. Daniel, curé de Lannion. Paul Dieuleveult, à Tréguier. Durand, curé de Tréguier. Pierre Fichant, cultivateur à Minihi-Tréguier Gélard, prêtre à Lannion. Huon, conseiller général à Lannion. Charles de Kéréver, à Tréguier. Le Gac, recteur de Penvénan. Le Goff, conseiller général à la Roche-Derrien. Leroux, à Coatréven. Mineur, négociant à Tréguier. Théophile de Miniac, à Lannion. Jean Pennée, à Prat. De Peyberre, sous-préfet de Lannion. Prigent, juge de paix à Perros-Guirec. Le colonel de Roquefeuil, à Plougrescan. Edmond de Roquefeuil, à Plougrescan. Yves Tassel, à Louaunec. ARRONDISSEMENT DE LOUDÉAC. Inspecteur. — M. BRIOT DE LOYAT, à la Chèze. MM. Briot de Loyat, inspecteur. Baron Dutaya, à l'Hermitage. SESSION DE VANNES. MM. Carré Kerisouet, conseiller général. De Laferrière, à Bréant-Loudéac. Théodore de Kerperdron , juge de paix à la Chèze. Joseph de Lesgueru, à Plémet. Nourry, vice-président du Comice d'Uzel. Pencolet, curé de Plémet. Perrin, recteur de Saint-Étienne-du-Gué-de-l'lle. Racinet, président du Comice de Goarec. Joseph Villalon , à Saint-Étienne-du-Gué-de-l'Ile. ARRONDISSEMENT DE SAINT-BRIEUC. Inspecteur. — M. HAUGOUMAR DES PORTES, à Noyal. MM. Haugoumar des Portes, inspecteur. J. Andrieux, à Saint-Aaron. Du Clésieux, receveur général à Saint-Brieuc. De Closmadeuc, conseiller général à Lamballe. Ludovic de Foucaud, à Saint-Brieuc. Fraval aîné , à Quintin. Garnier de Kerigant, à Quintin. Général comte de Goyon. Jacques Ruellan, à Lamballe. De Saint-Mirel, à Lamballe. Sevoy, président du Comice de Lamballe. ARRONDISSEMENT DE BREST. Inspecteur. — M. Louis DE KERJÉGU , à Trevarez. MM. Louis de Kerjégu, inspecteur. Bersolle, attaché d'ambassade. Paul Huyot, à Landerneau. Inspecteur. — M. FLAGELLE , à Landerneau. MM. Flagelle, inspecteur. Joseph Goury, à Landerneau. Achille le Biez, receveur des domaines à Landerneau. Leforestier de Quilien, maire de la Martyre. Saluden, horticulteur à Landerneau. 276 ASSOCIATION BRETONNE. ARRONDISSEMENT DE CHATEAULIN. Inspecteur. — M. THÉOPHILE DE POMPERY, à Rosnoën. MM. Théophile de Pompery, inspecteur. Halléguen, médecin à Châteaulin. Lodin, sous-préfet de Châteaulin. Lucas, conseiller général. Péréault, pharmacien à Châteaulin. ARRONDISSEMENT DE MORLAIX. Inspecteur. — M. QUERRET , au Cosquérou. MM. Querret, inspecteur. Bazin, directeur de la poste à Morlaix. Bernard-Breton, conseiller général à Saint-Thégonnec. Bizien du Lézard, à Morlaix. Le général de Champagny. Paul de Champagny, trésorier de l'Association Bretonne. De Cillart père, à Garlan. Dein cadet, à Plounevez-Lochrist. Demont, sous-préfet de Morlaix. Deschamps, juge de paix à Roscoff. Desloges père, négociant à Morlaix. Du Dresnay, à Morlaix. Elléouet, médecin-vétérinaire à Morlaix. D'Érm, à Morlaix. Foucault père, à Morlaix. De Gestas, à Morlaix. De Gouzillon, à Sainte-Sève. Grall, à Cléder. De Guerdavid, à Morlaix. Ange de Guernizac, à Morlaix. Homon, président du tribunal de commerce à Morlaix. Huon de Kermadec, en Plouézoch, Morlaix. De Keranflech , ancien représentant. De Kerdanet, avocat à Morlaix. De Kerdrel, à Plouvorn. De Kerhorre, à Saint-Pol-de-Léon. SESSION DE VANNES. MM. De Kerliviou, à Lannon. De Kerminguy, à Cléder. Kervern père, président honoraire à Morlaix. Kervern , ancien maire de Morlaix. De la Boëxière frères, à Saint-Pol-de-Léon. De la Monneraye, à Lannéanou. Launay de Pontgirault, à Plouézoch. Lauzach, juge de paix à Morlaix. De Lauzanne père, à Morlaix. De Lauzanne fils, à Morlaix. Paul du Laz, à Saint-Pol-de-Léon. Le Bris, à Morlaix. Le Corgne , à Morlaix. Vincent Lejeune, à Sibiril. Leroux, négociant à Landivisiau. Macé frères, négociants à Saint-Pol-de-Léon. Joseph Mahé, capitaine de commerce à Morlaix. Mège, ancien représentant, à Morlaix. Morvan frères, agriculteurs à Plounevez-Lochrist. H. de Ploësquellec , à Morlaix. Frigent, maire de Plouneventer. Riou, à Cléder. Amédée de Rocquefeuil, à Plougonven. Ernest de Rocquefeuil, à Plougonven. Charles de Saint-Prix, à Morlaix. Philippe de Saint-Prix, à Morlaix. Silliau frères, à Lanmeur. De Tromelin , député au Corps législatif. Vallée, président de la chambre de commerce. De Villart, à Pleyber-Christ. ARRONDISSEMENT DE QUIMPERLÉ. Inspecteur. — M. DE FRESNE , à Quimperlé. MM. de Fresne, inspecteur. De Casteray, sous-préfet de Quimperlé. Du Couëdic, conseiller général. Kersulec, conseiller général à Pont-Aven. Antoine de Mauduit, à Plaçamen. 278 ASSOCIATION BRETONNE. MM. Peyron, négociant à Quimperlé. Victor du Quilio, à Melgwen. De Solminihac, à Quimperlé. ARRONDISSEMENT DE REDON. Inspecteur. — M. BERNÈDE , à Redon. MM. Bernède, inspecteur. De Chappedelaine. V. Dufretay. H. de Gibon. De Laferrière père. De la Fonchais. Le Bastard du Mesmeur. Mounier du Pavillon, sous-préfet de Redon. ARRONDISSEMENT DE RENNES. Inspecteur. — M. LEGALL , à Rennes. MM. Legall, conseiller à la Cour impériale, inspecteur. Bodin , directeur de la ferme-modèle des Trois-Croix. Chevalier do la Teillais, inspecteur d'agriculture. Amaury Dréo, vice-président de la Société d'agriculture de Rennes. Fénigan jeune, trésorier de la même Société. Michel Morvonnais, à Rennes. ARRONDISSEMENT DE SAINT-MALO. Inspecteur. — M. DE KERGARIOU , à Bonnaban. MM. de Kergariou , inspecteur. Biaise aîné , à Trémigon en Combourg. Biaise cadet, à Trémigon en Combourg. De Bréda , au Montmarin, en Pleurtuis. De la Buharaye, à la Buharaye , en Plesder. De la Foye, au Launay, en Châteauneuf. Do la Noue de la Mettrie, à Langevinière, en Pleine. De Laubespin , à Gouillon, en Châteauneuf. E. de la Ville-Huchet, au Bois-Martin. SESSION DE VANNES. 278 MM. Raffrou de Val, à la Gouësnière. Ruzzo, à la Vicomte, en Dinard. Thierry du Fougeray, à Saint-Malo. ARRONDISSEMENT DE VITRÉ. Inspecteur. — M. DE COURTE , à Saint-M'Hervé. MM. de Courte, inspecteur. Rubin, maire de Vitré. De la Saudrais, conseiller général à Vitré. ARRONDISSEMENT D'ANCENIS. Inspecteur. — M. CHARLES THOINNET, à Nantes. MM. Thoinnet, inspecteur. D'Audiffret, receveur général à Nantes. Bongérard de Grandmaison, à Ancenis. Brager, à Ancenis. Emmerand de la Rochette, à Nantes. Lemarié de Champtenay, à Oudon. Papin, à Ancenis. Sifflait, au Celtier. Théobalt, à Nort. ARRONDISSEMENT DE CHATEAUBRIANT. MM. de Boispéant, à Châteaubriant. Clément de Carcouet, à Héric. Henri de Cornulier, à Nantes. Stanislas de Cornulier. Victor de Cornulier, au château de Lucinière. Victor d'Estrées, à Saint-Philbert-de-Grandlieu. Giraud, maire de Bouaye. Amaury de Goyon , à Joué-sur-Erdre. Arsène de Goyon, au Ponthu. Camille de Grandville, à Port-Saint-Père. Guyet, à Bouaye. Benjamin de la Biliais, à Aigrefeuille. 280 ASSOCIATION BRETONNE. MM. De la Fleuriays, à Carquefou. De la Haye-Jousselin, au Fouët-des-Bois. De la Roche-Quayrie , à la Motte-Glain. Lebeschu, à la Geslinais. De l'Épinay, au Gé. Rivet de la Chaulière, à Ligné. De Soussay, à Doulon. ARRONDISSEMENT DE NANTES. MM. le R. P. abbé de la Trappe de Meilleraie. Abadie, vétérinaire à Nantes. De Berthou de la Galissonière, à Nantes. Bobierre, chimiste vérificateur des engrais à Nantes. Frédéric Braheix, conseiller général. Caillaud, à Nantes. René de Cornulier, capitaine de frégate. De Goulaine. Graton, chef de division à la préfecture de Nantes. Guilloré, à Nantes. Henri de la Gournerie, capitaine d'état-major. Josse, courtier de navires à Nantes. Lotz aîné, mécanicien à Nantes. Lotz et Renaud, mécaniciens à Nantes. Marcé, chef de bureau à la préfecture à Nantes. Do Mauduit du Plessis, à Nantes. Neveu do Rotrie, inspecteur départemental d'agriculture. Quéral, courtier de navires à Nantes. Simonneau, à Saint-Étienne-de-Montluc. ARRONDISSEMENT DE SAVENAY. Inspecteur. — M. DELOZE, à Saint-Gildas. MM. Deloze, inspecteur. Bézier, à Thouaré. De la Brosse, à Nantes. De Langlais, à Kervert. Mitailler, à Saint-Étienne, SESSION DE VANNES. 281 Souscriptions de 1852 non inscrites et payées en 1853. MM. Bastard du Mesmeur, à Redon. La Plume, président du Comice de Ploemeur. L'abbé Lecrom, à Vannes. SESSION DE VANNES. 283 TABLE DES MATIERES. Pages. AVANT-PROPOS V Programme des questions à traiter 1 SÉANCE D'OUVERTURE DU DIMANCHE 25 SEPTEMBRE. Discours d'ouverture de M. de Sesmaisons, Directeur de l'Association . 6 Rapport de M. de Kergorlay, secrétaire général . 11 Discours de M. de Champagny, trésorier 17 Discours de M. de Blois, Président de la Classe d'archéologie. . 19 Fixation des heures des séances. 22 Formation des commissions 22 Elections du président du Congrès, des vice-présidents et des secrétaires. 23 SÉANCE DU LUNDI 26. Discours de M. le Préfet du Morbihan. . 25 Discours de M. le maire de Vannes. 26 Rapport de M. de Kerampuil sur les mémoires adressés au Congrès 29 Rapport de M. de Sesmaisons sur un ouvrage de M. Bahier. . . 35 QUESTION DE L'ÉMIGRATION DES CAMPAGNES DANS LES VILLES. — Mémoire de M. de Pompery. .38 Rapport par M. de Kerampuil 47 Discussion 52 Vote. . 60 284 ASSOCIATION BRETONNE SÉANCE DU MARDI 27. Pages. Voeu de M. de Genouillac sur la viabilité rurale 62 Nomination d'une commission pour l'examen de ce voeu. . . . 62 Lecture par M. de Laferrière, de son mémoire sur la maladie des pommes de terre 63 Discussion 66 Vote de l'insertion du mémoire au compte rendu 68 QUESTION DE LA RECHERCHE DES ENGRAIS DE MER ET DU TRANSPORT DES ENGRAIS, AMENDEMENTS ET MATIÈRES PREMIÈRES. — RAPport par M. de Sesmaisons 68 Discussion et votes 69 QUESTION DE L'ÉTRÉPAGE ET DES TOMBES D'ENGRAIS. — Discussion sur cette question 77 Vote 82 SÉANCE DU MERCREDI 28. Lecture de plusieurs lettres adressées au Congrès 84 Rapport de M. Taslé sur un ouvrage de M. Neveu-Derotrie. . . 85 QUESTION DE L'ESPÈCE CHEVALINE. — Rapport par M. de Pompery. 85 Discussion et votes 87 QUESTION DE L'ESPÈCE BOVINE. — Rapport de M. Briot 94 Discussion 96 Vote 98 QUESTION DE L'ESPÈCE PORCINE. — Rapport de M. Bahier 98 Discussion 100 Vote 101 SÉANCE DU JEUDI 29. Lecture de plusieurs lettres adressées au Congrès. 102 Discussion sur le lieu où se tiendra le prochain Congrès 103 Vote 104 Rapport de M. Augustin sur des défrichements et bonnes cultures dans le Morbihan 104 QUESTION DU DÉFRICHEMENT DES LANDES. — Rapport par M. de Saisy 129 Discussion 155 Vote 140 SESSION DE VANNES. 285 Pages. Rapport de M. Kerarmel sur des exploitations agricoles 140 QUESTION DU DRAINAGE ET DES IRRIGATIONS. — Rapport de M. de Genouillac 151 Incident.— Vote. 156 Lecture d'une note d'un fabricant de tuyaux de drainage, par M. de Sesmaisons 157 Composition des jurys 158 Nomination du trésorier de l'Association 159 Communication de réclamations relatives au règlement de 1853 sur la pêche côtière 159 SÉANCE DU VENDREDI MATIN 30. Communication par M. de Sesmaisons des conclusions du rapport de M. Augustin.—Adoption par le Congrès. . .' 160 Rapport de M. de Saisy père sur des exploitations agricoles dans la commune de Séné 160 Vote et adoption 161 Rapport de M. Bahier sur l'exposition de végétaux 162 Mise aux voix et adoption 163 Ajournement du rapport sur les chanvres 163 Rapport sur les voeux, par M. l'abbé Lecrom 163 Discussion et votes 164 SÉANCE DU VENDREDI SOIR 30. Rapport de M. de Kerampuil sur un ouvrage offert au Congrès par M. Trochu et relatif à ses créations agricoles 170 QUESTION DES CHANVRES. — Lecture par M. Bahier d'un travail sur cette question 174 Reprise de la discussion sur le drainage et les irrigations. . . . 175 Vote. . 177 SÉANCE DU SAMEDI MATIN 1er OCTOBRE. Rapport par M. Kerarmel sur les comptes du trésorier 178 Vote approbatif. 178 Rapport par M. de Langlais sur les instruments et machines exposés 179 280 ASSOCIATION BRETONNE. Pages. Discussion 181 Rapport par M. Louis de Saisy sur le concours de charrues. . . 182 Adoption des conclusions. 183 SÉANCE DU DIMANCHE MATIN 2. Rapport par M. de Laferrière sur le concours de taureaux.. . . 184 Mise aux voix et adoption 185 Rapport de M. Briot de la Maillerie sur le concours de vaches laitières , 185 Mise aux voix et adoption 186 Rapport par M. de Pompery sur le concours de chevaux 186 Adoption 188 Rapport par M. de Saisy père sur le concours des espèce porcine et ovine . 188 Mise aux voix et adoption 190 EXPOSITION ET CONCOURS 192 SÉANCE SOLENNELLE DE DISTRIBUTION DES PRIMES ET MÉDAILLES LE DIMANCHE 2 195 Liste des prix de l'Association Bretonne 197 Liste des primes décernées par les Sociétés d'agriculture et . d'horticulture de Vannes 208 Liste des primes décernées par le Comice agricole du canton d'Elven 212 Résumé des votes du Congrès de Vannes 214 Enquête agricole sur le département du Morbihan 218 Compte rendu général des recettes et dépenses de l'Association Bretonne 262 Liste des membres de l'Association agricole Bretonne. ..... 269 Paris.— Imprimé par E, THUNOT ET Ce, 26, rue Racine.
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